« Quand le jeu devient dur, les durs deviennent bons » Paolo
ROSSI.
Depuis quelques saisons tout le
monde vante le beau jeu à la barcelonaise, toutes les louanges tombent sur Pep
Guardiola, digne héritier des méthodes de Rinus Michels dans les années 70 et de sa majesté Cruyff dans les années 90. Pourtant l’histoire du club a aussi eu
ses heures sombres mais néanmoins vitales dans la construction et la réussite du
club. Si j’aime bien ce dessin pour expliquer le football total version
blaugrana durant les 40 dernières années, il est un brin réducteur comme on va
le voir :
Dans les années 70, le Barça se met
à rêver après le titre de 1975 et une saison fantastique emmené par ses deux
génies, Johan Cruyff, le hollandais volant et sa star péruvienne Hugo « ElCholo » Sotil. Cependant le club n’arrive pas à digérer les frasques de
Chotil et surtout ne se remet pas du départ de Cruyff en 1978. Alors le club, si
il ne peut plus briller en faisant parler ses artistes va laisser la parole aux
bouchers. Si à la fin des années 70 et début des années 80, le football
espagnol est dominé par ses équipes basques (La Réal Sociedad et l’Athletic
Bilbao se partage les couronnes de champions), le Barça va tout miser sur les
coupes (du Roi et de coupes d’Europe) pour se reconstruire et pour arriver à
ses fins, le club catalan va former une véritable armée commando qui de 1979 à
1983 va remporter 3 coupes du Roi et 2 coups d’Europe des vainqueurs de coupes
mais en scandalisant l’Europe entière. Retour en plusieurs actes, entre 1982 et
1983, qui vont pousser l’UEFA à agir et à sanctionner comme jamais elle ne l’avait
fait auparavant.
Acte 1 : 1982, les bouchers catalans scandalisent l’Angleterre et
l’Europe entière
« Chaque fois que j’avais le
ballon, il fallait que je saute à deux mètres de haut pour éviter le risque de
l’amputation ! ». C’est ainsi que Glenn HODDLE, meneur de jeu
de Tottenham et de l’équipe d’Angleterre, résume sa demi-finale aller de coupe
d’Europe des vainqueurs de coupe à White Hart Lane en 1982 face au FC
Barcelone. Un résumé assez fidèle de tous les observateurs présents dans les
tribunes, qui ont été effarés par l’engagement physique tout à fait excessif
des joueurs catalans. L’enjeu pour Barcelone a pris le dessus sur les nerfs des
joueurs. En effet cette année là, la finale de l’épreuve devait se dérouler
dans leur magnifique stade du Camp Nou et si on savait que les barcelonais
était prêts à tout pour la disputer, personne ne s’attendait à voir débarquer
11 bouchers sur le terrain. Personne et pas le champion du monde de boxe, Alan
MINTER, supporter invétéré des Spurs et qui était en tribune ce soir-là. Avec
toute sa délicatesse, le boxer décrit sa vision du match : « J’ai
été surpris qu’il n’y ait aucune bagarre. A leur place, je n’aurais pas pu
résister à l’envie d’envoyer un ou deux marrons ». Bien que dominé
dans le jeu, Barcelone avec ses méthodes de bad
boys a réussi à arracher un bon match nul 1-1 surtout à cause d'une faute de main du gardien des Spurs, voici un exemple des tacles
façon sécateur des barcelonais ce soir là pour conserver le score :
Pour le match retour, tout le monde s’attendait à voir un autre Barcelone après que les journaux de plusieurs pays (Angleterre bien sûr mais aussi Belgique, RFA et France) aient condamné unilatéralement les méthodes de ces garçons bouchers. Pourtant ces derniers sont de moins en moins regardant sur la manière d’accéder à tout prix à leur finale. Ainsi ce fut une nouvelle surprise quand débuta la manche retour, de voir ces joueurs catalans allés encore une fois aussi loin dans le registre de l’intimidation. Car c’est bien d’agression, de coupe-gorge, voire de hold-up, qu’on a pu assister dans les premières minutes de la seconde manche opposant le Barça aux Spurs. Dès la première minute de jeu, ce teigneux Carrasco, qui a pourtant d’autres cordes à son arc, plantait férocement ses crampons sur la jambe d’appui de Perryman, seulement coupable de lui avoir soufflé le ballon. Le ton était donné à défaut de cartons, car pour la seconde fois, Barcelone va bénéficier de la clémence du corps arbitral, dépassé par un tel flot d’agressions. Et à force de se faire « cisailler » sous les yeux indulgents de l’arbitre est-allemand, les londoniens perdirent, sinon leur sang-froid, du moins leur efficacité. Du coup Barcelone l’emporte 1 à 0 et obtient ce qu’il désirait le plus, jouer la finale de coupe d’Europe dans son stade du Camp Nou, pour autant ce n’est pas signe de la fin des hostilités comme on va le voir.
Acte 2 : 1982, les bouchers catalans remportent la C2 en passant
« un contrat »
En 1988, quand le PSV Eindhoven
éliminait les Girondins de Bordeaux où le boucher Gilhaus « assassinait » Jean Tigana sous les louanges de son
capitaine Ronald KOEMAN, on parlait d’un véritable contrat ! (voir le sujet : Bordeaux-PSV Eindhoven 1988 :Le contrat). Mais les hollandais on peut être une excuse, c’est que quelques
années plus tôt lors le la finale de la coupe d’Europe des vainqueurs de
coupes, ils avaient vu leur compatriote, Simon Tahamata, joueur vedette du
Standard de Liège, se faire découper dès les premières minutes de la rencontre.
Ce qui arriva ce soir là à Tahamata était précurseur du sort que les hollandais
allaient réserver à Tigana des années plus tard. Tahamata, petit, agile, vif ne
sait que jouer au football et n’a que son talent à mettre en face des
agressions mais le malheureux était séché à chacune de ses initiatives, il fut
peu à peu écœuré au point de ne même plus lutter pour le ballon. Dans un Camp
Nou qui ressemblait à une poudrière, le Barça allait remporter cette finale
(2-1) en transgressant froidement les règles du jeu, malgré les efforts d’un
arbitre pourtant vigilant, mais impuissant dans un tel déferlement de passion
chauvine. Au-delà de cette victoire, dont tous les médias européens ne
s’attardent pas tant le jeu à la barcelonaise reboute, se pose la question du
mondial espagnol quelques semaines plus tard et à quel jeu de massacre le
public allait assister ? Jaques Ferran, fine plume pendant des années à
France Football témoigne de son dégoût ce soir là : « A Barcelone, j’ai vu ce
que je redoutais de pire : un affrontement impitoyable devant une foule
immense et fanatisée, et un des plus sûrs arbitres du monde consentir
finalement à la victoire non pas du meilleur, mais du plus agressif. De
football, il n’a pas été question ».
Tout le monde est offusqué, seulement les arbitres, l’UEFA ne bougent pas, mais il va falloir que
les bouchers aillent un peu plus loin dans la barbarie pour que cela change. Voici l'équipe de Barcelone 1981-82 version Cromos espagnol (Editions ESTE) :
Acte 3 : 1983, supercoupe d’Europe, les bouchers dépassent les bornes
Voici ce que
titrait France-Football au lendemain de la finale de Supercoupe d’Europe. Cette fois-ci, ça suffit. Le FC Barcelone
est indigne des confrontations internationales, et si l'Union européenne ne
sévit pas contre lui, c'en est fait à la fois de sa crédibilité et de
l'honnêteté du football d'élite. Une nouvelle fois, « les bouchers de
Barcelone» (titre de The Sun) ont sévi sur un terrain de jeu. Cela se
passait le 26 janvier 1983 à Aston Villa pour le compte de la Supercoupe, plusieurs
pays d'Europe (l'Italie, la Suisse, la Belgique notamment) retransmettaient la
rencontre en direct et l’Europe du football va être une nouvelle fois
scandalisée. Barcelone, vainqueur 1-0 du
match aller, ne venait pas pour faire de la dentelle, alignant tous ses gros
bras dont le célèbre Migueli, Tarzan pour les Intimes, et casseur de Tahamata
en finale de Coupe des Coupes 1982. Après trente secondes de jeu, l'arbitre
belge M. Ponnet avait déjà sifflé trois coups francs contre tes Catalans, dont
deux fautes de main volontaires. Il dut ensuite sortir trois cartons jaunes
durant la première mi-temps dont les bénéficiaires furent Alberto et Urbano
d'un côté, Gibson de l'autre. Mais on n'avait rien vu, puisqu’il allait y avoir
au total des cent vingt minutes - il y eut en effet une prolongation - neuf
cartons Jaunes et trois rouges : Alessanco et Schuster s'ajoutaient à Alberto
et Urbano, McNaught Imitait Glbson, les trois bannis étant Alberto et Marcos
(Barcelone) et Evans (Aston Villa). Mais tous ces cartons n’étaient pas
suffisant, la preuve, le gardien Urruti sèche, frappe, Cowans, pourquoi ?
Il vient de marquer le 2ème but de Villa sur péno dans les
prolongations. Admirez toute la haine du portier basque, qui ne sera même pas
expulsé pour cet attentat vu que l’arbitre lui tourne bien le dos.
Allan Evans, lui côté anglais sera expulsé sur la pression des joueurs espagnols, son seul crime ? Répondre à l'agression de Migueli en lui explosant le nez d’un coup de coude. Le boucher espagnol le maillot ensanglanté joue les victimes et l'arbitre qui n'a vu aucune des deux agressions, faute de preuve d'un côté mais pas de l'autre, expulse l'anglais. Ce dernier, n'en revenait pas et témoigne de sa vision du match et du jeu barcelonais : « Je n'ai Jamais vu un match comme celui-là. Un arbitre anglais aurait expulsé six joueurs de Barcelone. Je me demande même où ils trouvent le sang-froid et les nerfs pour faire des tacles aussi sauvages ». De son côté l’arbitre donne sa version de sa « clémence », et affirme pourtant avoir fait un rapport à l’UEFA intransigeant sur l’attitude des barcelonais, condamnant fermement leur attitude : « Je ne pense pas qu'en expulsant cinq Barcelonais ça aurait changé quoi que ce soit. Je crois que les Espagnols ont perdu leurs nerfs quand Schuster a tiré sur le poteau, mais s'Ils avaient joué l'attaque, je pense qu'ils auraient marqué les buts dont ils avaient besoin ». Le lendemain du match, l’infirmerie anglaise est pleine avec 6 joueurs aux soins, suite au traitement de faveur qu’ils ont reçus des bouchers catalans. Que va faire l'UEFA? « J'ai vu le match il la télévision et je suis dégoûté, a déclaré René Eberlé, secrétaire de l'UEFA. Certaines scènes m'ont rendu malade et nous allons devoir nous pencher sur le dossier barcelonais. Je ne préjuge pas notre décision mais, après leur avoir Infligé 70 000 francs suisse d'amende et un blâme après leur match contre Tottenham, la saison dernière, nous pouvons parfaitement les suspendre de compétition européenne ».
Tout le monde pense que ce serait une certainement une bonne décision. Tout le monde ? Non, la parole est à la défense. Voici ce qu’on pourra lire dans Marca après cette finale qui fera couler beaucoup d’encres. Un vieux refrain espagnol dit que « chacun parle du bal selon la chance qu'il y a trouvée », cela peut s'appliquer au match retour de la finale de la supercoupe. L'équipe catalane a été accusée, après cette rencontre, de tous les défauts du monde, et certains commentaires n'ont pas épargnés les mots les plus durs. Mais les joueurs barcelonais racontent la chanson d'une tout autre façon. D'abord, le changement d'arbitre, le Belge Alex Ponnet remplaçait à la dernière minute l'arbitre italien, était déjà étrange selon les espagnols. Les footballeurs barcelonais, d'autre part, affirmaient que les terrains britanniques en plein hiver, lourds, rendus gras par l'humidité et la pluie, sont propices au jeu dur, physique et violent que les Anglais savent si bien pratiquer. La preuve en était, selon les Joueurs catalans, que l'ailler Carrasco avait dû abandonner le terrain au début de la finale, à cause d'une blessure causée par un arrière anglais. Les deux expulsions du FC Barcelone avalent été provoquées par un arrêt du ballon avec la main, celle de Julio Alberto, et par les mots grossiers de Marcos envers un juge de touche. Mais pas, selon les dires des espagnols, â cause de brutalités ou d'agressions. Enfin, ce qu'affirmaient unanimement les joueurs de Barcelone, c'est que le but d'égalisation d'Aston Villa avait été obtenu après qu’un anglais eut mis K.-O, le stoppeur Migueli d'un coup de coude à la bouche, qui devait entraîner la pose de trois points de sutures. Ce serait ce K.O qui aurait fait péter les boulons au gardien URRUTI, regardez le geste qu'il fait à la fin de la vidéo. c'est sans équivoque :
Bon ce que les joueurs espagnols oublient, c’est que le Migueli en question a juste eu la réponse du berger à la bergère. Et puis ces arguments sont un peu fallacieux par rapport à la série en cours des barcelonais en coupe d’Europe. Voici la planche Panini de l'équipe du FC Barcelone 1982-83
Acte 4 : La Fédération espagnole soupçonne les bouchers d’être
dopés !
Le premier à
réagir, est le président de la fédération espagnole, Pablo PORTA, qui ne
supporte plus non seulement de voir se clubs pointés du doigt pas les autorités
européennes mais également de voir son championnat miné par la violence. Car
Barcelone à un très grand rival dans ce domaine, il s’agit de l’Athletic
Bilbao. Mais c’est toute la Liga qui est gangrenée pas les tacles assassins,
les arbitres insultés… et Porta ne vas pas avoir peur de porter de lourdes
accusations, pour lui l’augmentation de la violence sur les terrains espagnols
à une seule origine : le dopage ! Le sujet éternellement tabou,
surtout chez les plus hautes instances, est lâché. La Fédération espagnole,
avant que l’UEFA ne statue sur le sort de Barcelone (il n’y a jamais de hasard),prend
des mesures exceptionnelles pour lutter contre le dopage et n’attends pas le
fin de l’exercice en cours pour les appliquer. Le président de la fédération
espagnol n’y vas pas par quatre chemins et justifie sa position par rapport aux
clubs assez réfractaires au départ ainsi : « La dureté qui existe Ici
sur les terrains entraînera la mort du football espagnol ».
Acte 5 : L’UEFA sanctionne les bouchers.
Les mesures exceptionnelles de la Fédération espagnole a peut être joué un rôle dans le jugement de l’UEFA. Pas d’exclusion du club catalan des compétitions européennes mais tout de même une première pour l’UEFA qui à l’aide de la vidéo va suspendre les joueurs aux comportements inadmissibles sur le terrain et qui était passé à travers les mailles du filet du corps arbitral ce soir-là. Il s’agit par exemple du gardien Urruti qui pour son coupe de pied sur le joueur d’Aston Villa prend 4 matchs de suspension fermes. Trois autres joueurs de Barcelone prennent entre 5 et 1 matchs de suspensions pour avoir confondu le terrain de football avec un ring. En outre le club a reçu une mande de 200 000 francs suisses. Mais finalement peut-être que la solution pour réduire au silence les bouchers du FC Barcelone, il fallait faire appel à un autre boucher ?
Conclusion : « qui vit par le tacle par derrière périt par le
tacle par derrière ».
Le 24 septembre 1983, quelques mois après les évènements relatés ici, le Barça reçoit son grand rival des dernières saisons, l’Atlético de Bilbao et mène facilement 2-0, quand à l’heure de jeu (59ème précisément), Goikoetxea décide de découper Diego. Voici la vidéo, âmes sensibles des chevilles s’abstenir.
Diego
quitte le terrain sur une civière et suivra une longue indisponibilité
(fracture de la cheville) qui va le faire basculer du côté obscur. Diego absent
des terrains de longs mois commence alors ses frasques nocturnes pendant sa
rééducation et avouera que c’est à Barcelone qui commencera à toucher à la
cocaïne. L’agresseur lui, prendra tout de même 16 matchs de suspension suite à
ce tacle assassin mais il ne regrettera jamais ce geste au contraire : Il a
encore le soulier qu’il avait utilisé pour le tacle dans une vitrine en verre
chez lui …dans son salon! Remarquez
quitte à être un bon salaud autant assumé ses actes. N’empêche que cette
attitude va mettre le feu aux poudres lorsque les deux équipes se retrouvent en
fin de saison pour la finale de coupe d’Espagne et que Diego est retrouvé
l’usage de sa cheville (et surtout la maîtrise de son crochet du genou dans le
menton) comme on va le voir dans cette scène irréaliste, sous les yeux du Roi
d’Espagne, Juan CARLOS, Totalement médusé.
Voilà comment le fait de passer du statut de bourreau à victime à sûrement changer la façon de jouer du Barça dans les années 80 et cela se traduira en 1988 avec l’arrivée de Johan CRUYFF comme entraineur mais ceci est une autre histoire. En attendant voici les vainqueurs de la coupe d'Europe des vainqueurs de coupes 1982, les bouchers du Barça en Panini :
Udo lattek... c'était pas le coach à succès du 1. FC Köln du début des année 80'... avec 1 certain Harald 'Toni' Schumacher dans les buts (pas sûr, mais je pense...)
RépondreSupprimer... pour la finale de C2 face aux Standard de Liège, le 2ème buts est bizarre aussi ... 1 CF rapidement joué alors que Preud'homme place son mur... limite pour 1 finale de Coupe d'Europe... de plus, l'attitude du referee est bizarre aussi... il semble semble aussi surpris que les belges, mais accorde le but...
quant à Goecotchea, son surnom était 'le boucher de san mames' si je me souviens bien...
RépondreSupprimerSacré Yvon Le Roux, t'as pas dégommé le bon !
RépondreSupprimerBon, je suis partial, parce que je n'ai jamais aimé Barcelone.
Quelques joueurs par ci-par là, mais le club, niet.
J'ai regardé hier un docu sur El Pibe, en effet, surréaliste cette baston en finale de coupe du Roi...petit et trapu, le Diego, mais p... quelle rage ! Il savait vraiment tout faire avec ses pieds celui-là.
Et on parle d'arbitres corrompus de nos jours, à la moindre erreur de sifflet...entre la Liga & le Calcio, quelle belle époque que celle décrite plus haut !