L’information fût révélée à France
Football en 1994, (n° 2491 du 4 janvier 1994 pour être précis). Dans ce numéro
le journaliste Xavier Barret et les correspondants yougoslaves de FF mènent une
enquête sur le désert que traverse les toutes nouvelles fédérations de l’après
Yougoslavie. Depuis la sanction en mai 1992 contre l’ancienne fédération de
Yougoslavie, les sélections indépendantes ont du mal à trouver un écho sur la scène
internationale. Mais en cette fin d’année 1993, il y a un grand changement puisque
l’UEFA invite la Croatie à participer aux éliminatoires de l’Euro 96. Du coup, c’est
le moment choisi pour faire une radioscopie du football dans l’ex-Yougoslavie
et l’hebdomadaire français interview un des agents de joueurs les plus renommés,
Zoran Matijevic, qui se plaint u manque de visibilité de ses joueurs depuis qu’ils
ne peuvent plus exercer leur métier dans les coupes d’Europe ou les matchs
internationaux. Pour vous donner une idée du travail de Matijevic, c’est l’agent
responsable des transferts de Boban et Savicevic au Milan A.C ainsi que celui
de Prosinecki au Real de Madrid pour ne parler que des plus prestigieux. Et
bien en ce début d’année 1994, Matijevic rumine les difficultés pour les
joueurs yougoslaves de s’exporter depuis l’embargo, voici ce qu’il raconte sur
l’un des joueurs les plus doués de sa génération, Predrag MIjatovic : « Lorsque
Valenciennes est remonté en première division, en 1992, le club voulait
recruter Predrag MIjatovic, qui jouait alors au Partizan de Belgrade. Le club
du nord n’avait pas les moyens mais Jean-Louis Borloo était prêt à payer de sa
poche. Le problème, c’est que la Serbie est sous embargo. Pour y amener des fonds,
nous sommes obligés d’utiliser des circuits détournés. Or, certains dirigeants
de clubs ne sont pas disposés à les emprunter. Le transfert de Mijatovic ne s’est
donc pas fait, ni à Valenciennes, ni à Monaco qui était également intéressé ».
Bon déjà on apprend quand ce
début de saison 1992-93 les dirigeants de Valenciennes sont plus honnêtes et droits
dans leurs bottes que certains joueurs de leur effectif mais ceci est une autre
histoire. Ensuite comme nous avons désormais que le club espagnol de Valence à
lui, réaliser le transfert un an plus tard… peut-être qu’ils ont été moins regardants
que Borloo et consorts sur les circuits de financements de cette transaction. En
tout cas le club espagnol a réalisé une sacrée affaire, c’est Matijevic qui
raconte encore : « Pour dix millions de Francs, c’est
cadeau !! Mais que voulez-vous les clubs ne peuvent plus voir les joueurs
en compétition à cause de l’embargo ; alors ils veulent d’abord les
prendre à l’essai. Pour un joueur de la trempe de Mijatovic, c’est inadmissible !
Souvenez-vous comment Cantona avait réagi quand Sheffield Wednesday lui avait
demandé de faire un test d’une semaine ». Là on apprend deux
choses, que le FC Valence a recruté l’un des meilleurs joueurs d’Europe pour
seulement 1.5 Millions d’€ !! Et que certains clubs sont passés à côté de
Mijatovic à ce prix là car ils voulaient d’abord le prendre à l’essai. L’agent
ne communique pas ses clubs mais je ne pense pas que depuis, ces derniers aient
voulu ébruiter cette info. En tout cas Valenciennes avait un an d’avance sur
les clubs espagnols et aurait pu réaliser un grand coup sur le marché des
transferts…En recrutant un attaquant international confirmé au lieu de ça le
club nordiste recruta un international confirmé (Jorge Burruchaga) et un
attaquant (Christophe Robert) et on sait tous comment ça s’est terminé.
Sources : France Football n° 2491 du 4 janvier 1994
En 1979, Maradona et sa bande
remportaient au Japon la première coupe du monde juniors ; sept ans plus
tard, l’Argentine enlevait le Mundial des grands, au Mexique. En 1982, en
Australie, c’était au tour des allemands de s’imposer chez les moins de vingt ans ;
huit ans plus tard, sous la conduite de Franz Beckenbauer, ils gagnaient à Rome
le mondial italien. En 1987, une génération surdouée de yougoslaves domine le
championnat du monde juniors au Chili ; sept ans plus tard, elle n’aura
aucune chance d’être championne du monde aux Etats-Unis car elle ne sera pas
présente. La Yougoslavie n’existe plus. Elle avait pourtant fière allure cette
équipe avec Prosinečki, élu meilleur joueur du tournoi, Boban, Jarni,
Mihaijlović, Šuker, Vucević ou encore Boksic, alors trop jeune pour être
titulaire. Elle aurait eu fière allure en Amérique avec le concours de Stojković,
Savićević, Panćev, Jugović sans oublier les expérimentés Hadžibegić ou Baždarević. Elle aurait eu fière allure mais cette équipe s’est éteinte en 1992 à quelques
semaines de l’Euro suédois. La folie humaine est passée par là, dévastant des
années de passion et de travail. Le foot yougoslave, l’un des plus prolifiques
du vieux continent, s’est abîmé sur les écueils de l’histoire, oublié dans sa
détresse par les grands de ce monde.
C’est au printemps 92 que le
crépuscule s’est abattu sur le football yougoslave, plus précisément au terme
d’une soirée glaciale en Hollande le 25 mars 1992. Ce soir-là 1992 c’est à
Amsterdam qu’on verra la dernière équipe de l’ex-Yougoslavie foulé une pelouse
avant l’explosion du pays et les sanctions qui priveront cette génération dorée
de championnat d’Europe et d’autres rêves plus grands. Ce match amical qui
aujourd’hui se veut historique fut l’un des plus banals et ennuyeux de son temps.
Coincés entre des fins de championnats à enjeux très forts et des demi-finales
de coupes d’Europe, l’équipe de Hollande est une équipe bis. Gullit vient de se
faire opérer, son coéquipier milanais Van Basten pourtant apte, prétextera une
douleur le matin du match l’empêchant de jouer mais tiendra sa place le
dimanche suivant avec les Rossoneri.
Il reste néanmoins la grande révélation du football néerlandais, Dennis
Bergkamp mais l’Ajax doit jouer une demi-finale de la coupe de l’UEFA la
semaine suivante, il ne sera pas de la partie. Et du côté yougoslave ?
La dernière sélection de l'ex-Yougoslavie ce 25 Mars 1992 :
Debouts :Faruk Hadžibegic , Meho Kodro, Budimir Vujacic, Vujadin Stanojkovic, Fahrudin Omerovic, Ilija Najdoski Accroupis : Mehmed Baždarevic, Branko Brnovic, Dragan Stojkovic, Dejan Savicevic, Vladimir Jugovic
Là aussi il n’y a pas l’équipe
habituelle mais les raisons bien qu’à l’époque semblent à peu près semblables
sont en réalité bien différente. Et pourtant quand on voit Dejan Savicević se
tenir le haut de la jambe au bout d’un quart d’heure et laisser sa place au
jeune Pedrag Mijatović, les observateurs de l’époque se disent que ce match
amical ne sert à rien et que les joueurs préfèrent se ménager pour leurs clubs
mais l’histoire se veut différente. Ivica Osim le sélectionneur yougoslave va
quelque part devoir composer une dernière sélection qui sera déjà sans croates.
Boban est suspendu depuis 1990 et surtout en 1991, une sélection non officielle
de Croatie a disputé deux matchs amicaux contre la Roumanie (victoire 2-0) et
contre les Etats-Unis (victoire 2-1). En effet en mars 1991, alors que des
troubles politiques agitent la Yougoslavie, le football croate décide de faire
sécession en mars 1991, Mladen Verdis, président el a fédération croate déclara
: «
Nous ne voulons pas la destruction de la Fédération, mais nous souhaitons
suivre l'exemple britannique et devenir une entité indépendante. Là-bas, il y a
une nation mais quatre équipes nationales. Nous n'avons rien à faire dans un
pays où la police tire sur les gens dans la rue. Il s'agit d'une décision ferme
et définitive. Nous sommes prêts à attendre des années pour obtenir
satisfaction. » Mais pourtant le sélectionneur national, Ivica OSIM, compte
rassembler les joueurs selon toutes les nationalités pour préparer le prochain
championnat d’Europe. OSIM souhaite que le foot réussisse là où la politique a
échoué.
Son capitaine, Dragan Pixie Stojković
tient le même discours avant le match contre la Hollande : « On
ne pense pas à nos malheurs, on ne parle que football. De cet Euro où nous
resterons compétitifs. Parce qu’au dernier moment nous réussirons l’union
sacrée ». Ce 25 décembre il manque à l’appel seulement 3 joueurs
sur la liste des appelés. Le premier est le slovène de la Sampdoria Srečko
Katanec et si ce dernier à l’aval de la fédération slovène pour défendre les
couleurs de la Yougoslavie en juin en Suède, son club est en passe de se
qualifier pour la finale de la première ligue des champions de l’histoire et
est resté à disposition de son club. Plus délicat est le cas des deux Roberts. Prosinečki
et Jarni tous deux des joueurs cadres de la sélection yougoslave post mondial
italien. La fédération croate n’autorise pas Prosinečki et Jarni à intégrer
l’équipe de Yougoslavie contre l’avis des principaux intéressés si on en croit
les témoignages de leurs ex-coéquipiers en sélection. Ils ne seront pas du
voyage en Hollande mais Ivica Osim ne désespère de les emmener en Suède. Donc
c’est sans croates mais avec des slovènes (Milani, Novak…), des bosniens (Hadžibegić,
Baždarević,…), des monténégrins (Brnović, Savićević …) et une majorité de
serbes, l’ossature de cette équipe étant basée sur la grande équipe de l’Etoile
Rouge de Belgrade des dernières années. Cette équipe s’inclinera 2-0 dans un
match à oublier mais ce qui inquiète son sélectionneur ce n’est pas ce match
mais comment organiser son Euro. Après ce match, aucun match amical n’est prévu
au programme. Osim face à la presse déclare : « Nous une petite
chance de jouer contre l’Inter en mai à condition de trouver une date. Et puis
on fera comme d’habitude. Improviser est une qualité typiquement
yougoslave ». Nous sommes le 25 mars 1992, le sélectionneur, les joueurs
pensent se revoir le 25 mai avant de décoller le lendemain pour la Suède et sur
place disputer 2 ou 3 matchs contre des équipes locales avant le début de la
compétition officielle. Mais le mois suivant, en avril, suite à la reconnaissance
de l'indépendance de la Bosnie par l'Union européenne, la guerre de Bosnie
éclate. En mai 1992, le Conseil de sécurité des Nations Unies par la résolution
757, met en place un embargo contre la Yougoslavie, l’UEFA suivra et la
Yougoslavie restera à quai faisant le bonheur footballistique des danois. On ne peut pas réécrire l'histoire mais en revanche on peut imaginer la sélection potentielle qu'Osim aurait pu emmener en Suède, OSP s'est prêté à cet exercice de retenir 21 joueurs de l'ex-Yougoslavie, cela donne le vertige :
Et voici en vidéo le résumé de la rencontre. La Yougoslavie s'incline 2-0 en craquant à deux reprises en quatre minutes. Kieft et Wouters qui marquent pour les bataves à la 64ème et 68ème minutes.
Et la fiche de la rencontre puis quelques clichés de cette rencontre historique :
Le 10 avril 1988 le Real Madrid se dirige tranquillement vers un troisième titre de champion d'Espagne d'affilée. On joue la 32ème journée et les madrilènes comptent 10 points d'avance sur le second du championnat, les basques de la Real Sociedad (Pour rappel la victoire est alors à 2 points). Mais l'ambiance n'est pas forcément euphorique en ce dimanche après-midi à Santiago Bernabeu. En effet plus tôt dans la semaine, les madrilènes, à la maison, ont buté, en demi-finale aller de la coupe d'Europe des clubs champions sur un os néerlandais. Face à un très solide PSV Eindhoven, le Réal a concédé un très fâcheux match nul un partout qui s'avéra fatal au retour en Hollande quinze jours plus tard. L'avant-centre Mexicain, Hugo SANCHEZ avait eu beau ouvrir la marque dès la 5ème minute sur Penalty, il avait par la suite été incapable de tromper l'immense Van Breukelen. Ainsi au moment de recevoir Logroñes, qui lutte pour le maintien, l'avant-centre madrilène a soif de revanche aux yeux de son public. Il faut dire que l'attaquant Mexicain est en passe d'écrire une belle page dans l'histoire du football espagnol. En effet, il est en passe de se voir attribuer son quatrième Pichichi, titre de meilleur buteur de la Liga, et qui est, de façon consécutive, deux avec l'Atlético de Madrid et deux avec le Réal de Madrid. Il démontre si besoin était qu'il est un des meilleurs avants-centres qui ne soient jamais passés dans le football espagnol. Chaque dimanche, Hugo Sanchez marque des buts plus beaux les uns que les autres. Mais le mexicain cherche toujours à innover et essayer de faire profiter le public madrilène d'un spectacle de toute beauté. Et ce dimanche 10 avril 1988, il avait encore plus à cœur de le faire après ses échecs face au PSV. Dès la 10ème minute, il va inscrire le 27ème but de sa saison, le plus beau de sa carrière, comme il le reconnaitra d'ailleurs à la fin de la rencontre. Une balle aérienne centrée par Martin Vasquez fut reprise de façon acrobatique par Hugo Sanchez qui l'expédia dans la lucarne opposée. Les 70 000 spectateurs de Bernabeu, debout, sortir leurs mouchoirs un peu comme aux arènes acclamant leur héros.
Ce but fut à travers les années, commenté et analysé et encore plus l’année dernière pour ses 30 ans et surtout, souffrant de la comparaison avec celui de Cristiano Ronaldo face à la Juventus en Ligue des Champions. Comme si cela ne suffisait pas au Portugais d’effacer un par un tous les records qu'Hugo Sanchez avait inscrit dans les annales de la Maison Blanche, il fallait aussi qui le prive du plus beau but de l’histoire du club. A ce titre, les journalistes de Marca ont tenté de démontrer que CR7 était monté plus haut que le Mexicain, je vous laisse en juger (cliquer sur les images pour une meilleure résolution) :