L'affaire BERETA


Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le football professionnel français est réformé et dispose notamment du "contrat à vie" qui lie un joueur à son club jusqu'à ses trente-cinq ans, âge qui correspond d'une manière générale à la fin de carrière. En 1963, une contestation des joueurs menée par Just Fontaine sont les prémices qui aboutissent en 1969 à la mise en place des "contrats à temps" qui s'apparentent à des CDD et permettent au joueur une fois le contrat expiré de choisir de prolonger ou de quitter le club sans l'accord du président, unique décideur jusqu'alors. Lors de la saison 1972-1973, les présidents de club décident sans compromis de revenir au "contrat à vie" et cela conduit à une grève des joueurs en décembre 1972. Cette liberté de choix amène à des transferts de joueur de Saint-Étienne vers Marseille, les deux clubs phares du football français lors des années 1970. Ces transferts interviennent en fin de saison comme Bernard Bosquier ou Salif Keita ou en milieu de saison comme Georges Bereta. Les mœurs du grand public envers les transferts sont réticents et ces départs sont considérés, au mieux, de manière incompréhensive, ou au pire, comme des trahisons. La presse sportive entretient ces affaires en en faisant les unes de ces titres. L'affaire Bereta désigne l'ensemble des faits entourant le transfert de Georges Bereta de l'AS Saint-Étienne vers l'Olympique de Marseille. 

Né à Montreynaud, licencié à l’ASSE dès onze ans, il a remporté la Gambardella chez les jeunes et joue avec les pros à partir de ses vingt ans. Depuis, il règne sur son aile gauche, fait parler la puissance de son pied (gauche, monstrueux), accumule les succès et les titres et fait lever le public de Geoffroy-Guichard. L‘apothéose? En novembre dernier, son penalty tiré en force au centre de la cage aide à faire capituler Hadjuk Split, dans ce qui est peut-être encore aujourd’hui le plus beau match vu au stade. Mais quelques jours plus tard, Roger Rocher ne lui laisse pas le choix: pas de prolongation à l’ASSE. En revanche, il a fignolé avec son homologue marseillais Méric un amour de petit contrat assorti d’une indemnité bienvenue pour le club stéphanois. Bereta cède et signe, à la surprise du grand public, chez le rival. "Le transfert, je ne l’ai pas vu venir. On avait battu Split. Je savais qu’il y avait des propositions de Benfica, Moenchengladbach et surtout le Standard Liège. Mais Rocher a tout refusé". Et puis l’offre marseillaise est rapidement acceptée sans l’avis du joueur. Depuis, il s’est murmuré que le marché du chantier du métro marseillais (Rocher est entrepreneur de travaux publics) avait joué dans la balance. Pour le grand public, et les journalistes de l’époque en sont également fautifs, l’ASSE n’a pas transféré Bereta à Marseille, c’est Bereta qui est parti dans les Bouches-du-Rhône. "Je suis devenu le premier joueur français transféré au mercato". Entre Rocher et lui, c’est fini. "Je ne lui ai plus jamais reparlé ni serré la main. Je suis d’origine polonaise et les Polonais sont revanchards". Mais le plus risible dans cette affaire ce fût le match entre l'Olympique de Marseille et l'OGC Nice qui a suivi ce transfert en décembre 1974. Si Fernand MERIC et Roger ROCHER ont trouvé un accord, la fédération elle n'a encore rien validé et décide de reporter cette rencontre. En colère contre cette décision, le président Marseillais, Fernand MERIC, a demandé à son équipe et au public de se présenter au stade Vélodrome à l'heure du match et a fait constaté par un huissier l'absence de l'équipe niçoise. Dans ce contexte insolite, les Marseillais ont même donné le coup d'envoi et  bien sûr marqué dans le but vide en réalisant une vraie action. Il faut à tout prix voir cette vidéo hallucinante et se poser une vraie question, sans adversaire, l'attaquant qui marque dans le but vide peut-il être sifflé en position de hors-jeu ?  Pour la petite histoire Fernand Sastre en rentrant de Polynésie tapera du poing sur la table et le match se rejouera en mars 1975 avec une victoire de l'OM 4 à 1 et Georges BERETA dans les rangs olympiens. Tout est bien qui finit bien. 

1 commentaire:

  1. que dire , sinon que c'est d'une médiocrité absolue . Seul Georges Bereta qui a été le dindon de la farce de Rocher et de Meric a les mots justes . Le pire dans cette histoire sordide on a fait passer Bereta pour un traitre et moi du haut de mes 14 ans à ce moment la je l'avais pris comme ça et avec une soi disant menace de démission de Roger Rocher . J'écoutais tout ça à la radio de la voiture de mon père lord des matchs de championnat de France . Déjà à ce moment la les magouilles et les manipulations étaient déjà monnaie courante .

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