France - Angleterre 1984

1984 est une année bissextile et en ce 29 février la France reçoit l'Angleterre qu'elle n'a plus réussi à battre depuis vingt et un ans. Avant de parler de cette rencontre si déterminante pour lancer l'Euro des français, voici quelques infos pour se replonger dans le contexte d'avant match.
Le contexte : 
1) Platini avec un doublé offre le derby dela molle à La Juventus. Les Bianconeri battent les voisins du Toro 2-1 au Stadio Communale pour le compte de la 21ème journée. A neuf journées du terme, personne ne semble pouvoir arrêter la bande de Platoche vers le scudetto.

2) En Angleterre Everton a éliminé Aston Villa en demi-finale de coupe de la ligue et s'en va affronter à Wembley en finale les voisins des Reds de Liverpool pour un derby de la Merseyside. Des Reds qui dominent de la tête et des pieds ce championnat 1983-84.

3) Mais l'information principale outre-manche est le fabuleux contrat que la Fédération aux trois lions a signé avec la marque Umbro pour financer la rénovation du mythique stade Wembley. Umbro devient l'équipementier de la sélection aux trois lions en lieu et place d'Admiral Sportswear.

4) 21 ans que l'Angleterre n'a plus joué en France. Hasard du calendrier la veille le tirage au sort a donné un Angleterre - France en espoirs (Quart de finale du championnat d'Europe) et trois jours plus tard c'est le clunch entre français et anglais au tournoi des cinq nations. On met entre parenthèse l'entente cordiale en ce début mars 1984 car par trois fois en quatre jours, les français vont affronter la perfide Albion

5) Il ne reste que six joueurs de la dernière confrontation entre les deux équipes chez les bleus (Défaite 3-1 au premier tour de la coupe du monde 1982 à Bilbao) : Platini, Giresse, Rocheteau, Tigana, Bossis et Battiston

6) Première titularisation de José Touré

7) Hidalgo préfère retenir Touré et Stopyra au profit de Bernard Lacombe,  pourtant le bordelais est en vedette le week-end précédent. Le bordelais offre la victoire aux siens à Nantes avec son 217ème but en championnat (Il bat le record de Révelli). Le lien pour voir ce but, ce record et surtout la superbe moustache de Nanard en train de découper le gâteau : Le record de Bernard Lacombe.

Les deux groupes avec leurs clubs respectifs :
Honneur aux visiteurs avec les 19 sélectionnés anglais. On est loin de la domination du Big Four :
Et voici le groupe français et les 16 appelés par Michel Hidalgo
L'avant-match : 
A la fin de l'hiver 84, le football français est en plein marasme. C'est le retour de la coupe d’Europe début mars et aucun club français n’a passé l’hiver dans les trois joutes européennes (Et oui feu la Coupe des coupes était encore bien présente). En outre la veille à Sheffield, les espoirs ce sont fait étriller par des anglais emmené par un éblouissant Mark HATELEY, auteur d’un quadruplé et qui a fait vivre un cauchemar à un certain Basile Boli pour son baptême avec les espoirs. L’Angleterre écarte les français du championnat d’Europe espoirs avec une victoire écrasante 6 à 1. Pourtant Platini y croit et voici ce qu'il déclare la veille de la rencontre : « Non il n'y aura pas un esprit de revanche par rapport à Bilbao mais ce ne sera pas un match amical, aujourd'hui ce terme ne veut plus dire grand-chose. Ce n'est d'ailleurs pas dans les habitudes des anglais de jouer à la "baballe". Ce sera un match difficile et pour notre part nous allons rentrer sur le terrain avec l'intention de tout faire pour les battre. Ce match doit être notre point de départ du championnat d'Europe ».
Bryan Robson, Peter Shilton, Mike Duxbury, Sammy Lee, Kenny Samsom, Paul Walsh, Steve Williams, Glenn Hoddle, Biran Stein, Terry Butcher & Graham Roberts
Joël Bats, Manuel Amoros, Yvon Le Roux, Maxime Bossis, Patrick Battiston, Jean Tigana, Luis Fernandez, Bruno Bellone, Alain Giresse, José Touré & Michel Platini
Le Match :
Platini seul au monde après son incroyable loupé
Les Français ont eu beaucoup de mal à s'installer dans le match que leur imposait l'Angleterre et à y produire leur propre football. C'était comme s'ils avaient oublié de quel bois se chauffait une rencontre de ce niveau. Ils étaient tellement pris de court, tellement désorientés par la pression adverse que les balles qu'ils récupéraient étaient aussitôt lâchées ; et qu'un joueur comme Jean Tigana, réputé pour la justesse de ses choix et la précision de ses passes, les adressait systématiquement à un adversaire, comme s'il avait perdu le sens de l'orientation et ses repères dans le fameux « carré magique ». C'est que la technique en sport, n'est pas une notion absolue, mais relative. Elle ne s'exerce qu'en fonction de la vitesse de jeu et du rôle de l'équipe adverse. Un joueur adroit devient maladroit dans certaines conditions. Le premier mérite de l'équipe de France est d'avoir su garder son sang froid dans la tempête, d'avoir plié sans rompre et d'avoir peu à peu, courageusement, réinventé son football face à une impressionnante formation anglaise. Il y a dans le comportement des Anglais en sport quelque chose de naturel, de familier, que les français ne possèdent pas. Comme si les français étaient toujours en quelque manière surpris par l'effort à fournir : comme s'il n'était pas irrémédiable. La grande force de cette « bande à Platoche » c'est qu'au-delà de la maturité acquise depuis le mondial espagnol, elle rivalise désormais avec les grandes nations et résiste à l'impact physique imposé par les britanniques contrairement au match de Bilbao deux ans auparavant. Et surtout l'équipe de France quand elle parvient à réalisé ces efforts physiques, à résister elle peut toujours ajouter ce « plus » qu'elle détient en elle et qui se traduit inexorablement par un coup de génie signé Platini. Platini goleador, Platini conquistador, les superlatifs ne manquent plus dans la presse en cette année 84 et tous les articles se résument toujours au même joueur mais comment faire autrement ?
José Touré butte sur un Shilton inspiré à la Gordon Banks
Ils emmènent les bleus sur une voie royale vers leur championnat d'Europe mais tout ne fût pas si facile pour le Roi Platini en ce soir glacial de février 1984. La France l'emporte 2-0 grâce à un doublé du turinois et le sélectionneur Hidalgo aura beau parlé après-match des promesses montrées par José Touré, de la solide prestation de Bossis malgré un état grippal qui menaçait sa titularisation. Fariboles et billevesées. Tout part de Platini,,les occasions en or pour Battiston, Bellone ou Touré, tout arrive par Platini, ravi de se charger de l'exécution quand les autres font fi de la préparation. « Je n'ai pas l'impression d'être spécialement en forme en ce moment, dit Michel, mais il se trouve que je n'ai qu'à tirer pour marquer ». C'est à demi vrai. Car la plus grosse occasion vendangée de la partie est bien de son fait. Alors que les deux équipes sont toujours à 0-0 il suit un rush impressionnant du débutant José Touré qui bute sur Peter Shilton, la balle rebondir au 6 mètres, Platini en renard des surfaces n'a plus qu'a poussé le ballon dans le but vide mais...à la plus grande stupéfaction des spectateurs du Parc des Princes, il envoie le ballon dans la tribune Auteuil. Platini hébété par sa maladresse, se raccroche au poteau comme un naufragé se raccroche à une branche, sur les images on voit un José Touré, qui n'en revient pas d'avoir vu ce qui paraissait impossible. Mais Platini n'attendra quelques minutes pour rassurer tous ces coéquipiers et supporters, le vrai Platini ne peut pas perdre dans son Parc des Princes. Deux minutes seulement après son incroyable bévue, il trompe Shilton d'un superbe coup de tête sur un ballon millimétrée de Giresse.
Le second, comme d'habitude est sur coup-franc moins d'un quart d'heure plus tard. Enfin pas tout à fait comme d'habitude. Platini s'est rendu compte que les gardiens anticipait ses coup-francs désormais alors après match il s'explique sur son second but : « J'ai constaté que la saison précédente j'avais fini par rater énormément de coup-francs et en ce début d'année (1984), j'ai recommencé à les travailler à l’entraînement mais en variant mes feintes et mes tirs ». Un choix gagnant car après celui inscrit face au Torino le dimanche précédent c'est au tour du gardien anglais de n'y voir que du feu. Voici le résumé de cette rencontrer qui n'avait d'amical que le nom :  


Le Bilan : 
Ce match, avec le recul va vraiment lancé la campagne française vers le titre de champion d'Europe. Avec la présence d'un homme capable de transformer en deux coup de baguette magique le gouffre de Padirac en cathédrale gothique flamboyante, comme l'écrivait France Football, le groupe en France va se servir de cette rencontre pour emmagasiner de la confiance et comme le dit son sélectionneur Michel Hidalgo : « C'est quand on s'y attend le moins que Paltini change le cours d'un match ». Sauf que désormais c'est quand on s'y attend le moins qu'on s'y attend le plus et ses neufs buts lors du championnat d'Europe ne feront que confirmer ce sentiment né un 29 février 1984.

Les Hooligans :
Malheureusement la soirée ne fût pas un logn fleuve tranquille pour les supporters français ce soir-là. Un peu plus d'un an avant le Heysel, les hooligans anglais allaient s'illustrer de bien triste manière dans les tribunes du Parc. Petit extrait des journaux de l'époque pour parler d'un phénomène encore pas trop connu en France même si déjà une frange des supporters du PSG de la tribune Boulogne ont quelques fait d'armes à leur actif.  

La fiche du match
France bat Angleterre : 2-0 (0-0)
45 554 Spectateurs
Arbitrage de M. Van Langenhove (Belgique)
Buts : Platini (58e, 71e)
France : Bats - Battiston (Tusseau, 72e), Le Roux, Bossis, Amoros - Fernandez, Tigana, Giresse, Platini - touré, Bellone (Rocheteau, 83e). Entr : Hidalgo
Angleterre : Shilton - Duxbury, Roberts, Butcher, Sansom - Lee( Woodcovk, 78e), Robson, Hoddle, Williams, Stein (Barnes, 78e), Walsh. Entr : Robson.

4 commentaires:

  1. Le coup franc de Platoche, il a de bonnes similitudes avec celui de Zidane contre ces mêmes anglais en 2004...

    Zidane était plus loin et un peu plus excentré, mais la frappe va au même endroit.

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  2. J'étais au Parc ce soir-là avec mon père (j'avais 11 ans) ! Et à côté de moi, un CRS casqué et derrière lui... le grillage et les cinglés anglais... Ce soir-là, j'ai bouffé de la lacrymo ! ^^ Mais sinon, un grand plaisir de découvrir Platoche, Gigi et les autres "en vrai" !!!

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    1. Merci pour ce commentaire des tribunes. Cela manquait dans le sujet d'avoir des gens qu'y étaient et si tu t'en souviens après tant d'années c'est que ça devait être bien marquant

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