L'histoire d'un incroyable gâchis : Sead SUSIC

Sead Susic est le jeune frère du légendaire Safet Susic, qui s'est tant illustré en France du côté du Parc des Princes sous la tunique du PSG. Sead Susic effectue une grande partie de sa carrière sous le maillot de l’Etoile Rouge de Belgrade. Souvent remplaçant, il n’y apparaît de façon régulière qu’à partir de 1974, il faut dire que l'attaquant doit faire face à une rude concurrence notamment avec le légendaire Dragan Dzajic à la pointe de l’attaque. Néanmoins nombreux sont ceux qui considèrent le jeune frère comme plus talentueux que son aîné Safet, pourtant considéré comme le meilleur joueur de tous les temps en Bosnie. Seulement Sead montre un caractère difficile et mène une existence peu compatible avec la carrière d’un sportif de haut niveau. Sead Susic est alors dépeint comme un joueur menant la vie de Bohème et manquant cruellement d’ambitions. Son départ pour les Etats-Unis dès qu’il sera débarrassé des obligations militaires en est le meilleur exemple. Pourtant vers la fin des années 70 on pensait que le jeune SUSIC allait enfin percer, en effet il s'impose régulièrement comme un titulaire en puissance sous l’autorité de l’entraîneur à poigne Gojko ZEK, d’ailleurs c’est à cette époque qu’il honore sa seule sélection en équipe de Yougoslavie, le 30 novembre 1977, contre l’Espagne. Arrivé à seulement 18 ans au sein du prestigieux club de l’Etoile Rouge de Belgrade, on pense alors que fort de son solide palmarès, il remporte trois titres de champion et deux coupes de Yougoslavie, il va s’imposer dans un des meilleurs clubs européens mais à la surprise générale, il privilégie les dollars de la NASL au choix sportif. C’est à ce moment qu’il retombe dans ses travers et la suite de sa carrière va souffrir de son mode de vie dissolu. En 1978, il rejoint les Etats-Unis en compagnie de son coéquipier Branko Radovic. Il partage sa seule saison en NASL entre Colorado et Toronto. Il termine deuxième meilleur buteur des Caribous (14 réalisations) alors qu’il n’y joue que 15 matches, sacré performance qui prouve que le plus jeune des frères Susic est un cran au-dessus de la NASL, qui constitue alors pour les européens une pré-retraite dorée et n'est pas adapté aux joueurs encore dans la force de l'âge. Donc logiquement Sead SUSIC met ensuite le cap sur la Belgique. Il termine meilleur buteur du FC Liège en 1978-79 avec 13 buts en seulement une moitié de saison. En effet s’il se montre extrêmement talentueux quand il veut bien jouer à son niveau, il arrivé fréquemment au joueur yougoslave de disparaître totalement de la circulation et ne donner aucun signe de vie. Pour preuve, il dispute son dernier match en janvier et on le verra plus sur un terrain de la saison ! 

Dans ces conditions il est transféré au R.W.D Molenbeek où il répète les exploits sur le terrain entrecoupés de longues absences inexpliquées. Il termine ainsi sa carrière en Belgique en 1982, en laissant le sentiment d’un incroyable gâchis, mais celui qui parle le mieux de Sead Susic, c’est son grand frère Safet, actuel sélectionneur de la Bosnie : « Sead avait un talent fou, mais il est difficile pour moi de dire qui était le meilleur de nous deux ? Si j’essaye d’être objectif, je dirais que Sead était le plus talentueux mais moi j’étais plus sérieux et surtout plus ambitieux. Lui c’était un talent pur, c’est pour ça qu’à 18 ans il jouait à l’Etoile Rouge à côté du grand Dzajic mais même si il aimait énormément le football, il aimait aussi beaucoup trop d’autres choses dans la vie. Il ne s’est jamais consacré à 100% au football et c’est pour ça qu’il n’a jamais pu jouer dans un grand club européen alors qu’il en avait largement les capacités ». Son ancien coéquipier à Molenbeek, Alain Cneudt, confirme les propos de l'actuel sélectionneur bosnien « Susic passait parfois toute la nuit à jouer aux cartes avec ses copains yougoslaves et le lendemain, il n’était pas toujours très frais à l’entraînement. Mais il était très très fort. Je me souviens du match à domicile contre Berchem. J’étais assis sur le banc à ses côtés et il ne semblait pas avoir trop envie de jouer. Le score était de 2-1 en notre faveur et Berchem poussait pour revenir. Notre entraîneur, Jean-Pierre Borremans, lui dit de s’échauffer, ce qu’il fit sans beaucoup de conviction, se contentant de trottiner jusqu’au point de corner et de s’y arrêter pour regarder la suite du match. En montant finalement sur le terrain à 3 minutes de la fin, il ne fit qu’une action. Mais quelle action! Un petit crochet du gauche et un terrible tir du droit dans la lucarne. 3-1, le match était plié. C’était du Susic tout craché… ». La preuve une fois de plus que le talent ne suffit pas pour faire une grande carrière de footballeur.
Mais l’histoire de famille ne s’arrête pas là. Car si Sead Susic a stoppé prématurément sa carrière à 29 ans, il est resté en Belgique où son fils Tino a ainsi été formé au Standard de Liège (entre autres). Le fiston fait ses débuts professionnels en Jupiler League en 2010 à l’âge de 18 ans en signant son premier contrat pro avec son club formateur. Mais comme il ne s’impose pas, il file alors en Croatie et signe à L’Hadjuk Split. Milieu offensif comme son oncle il s’impose comme l’un des grands espoirs du football bosnien et en mars 2014, le sélectionneur national, qui n’est autre que Tonton Safet l’appelle pour affronter l’Egypte en match amical où il honore sa première sélection. Et Tino SUSIC est également dans la liste des 24 présélectionnés par Safet SUSIC pour le mondial brésilien. Au Brésil, le jeune Tino, si il est retenu dans la liste définitive des vingt-trois joueurs, sera un des espoirs à suivre et à lui maintenant de choisir son mode de vie de joueur professionnel, à savoir à la bohémienne comme son paternel ou sérieuse et tournée à cent pour cent vers le football comme celle de son oncle. Pour rappel, voici l'intégrale Panini de Safet SUSIC, que beaucoup de gens considéraient comme le meilleur joueur de l'histoire du PSG, aujourd'hui avec l'omniprésence de Zlatan dans les médias, cela pourrait être remis en cause mais ceci est un autre débat.

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