La rivalité entre
Stéphanois et Lyonnais s'est exacerbée ces dernières années mais
à travers trois anecdotes insolites, retour sur une période
où les deux meilleurs ennemis se sont serrés les coudes. Vous allez
voir c'est assez étonnant.
Quand les verts viennent
rendre service aux lyonnais
Tout d'abord comme le
rappelait, Chrisitan LANIER dans le Progrès du vendredi 28 mars
2014, dès la création de l'Olympique Lyonnais en 1950, le premier
club à lui venir en aide est l'AS Saint-Etienne. En effet le premier
match de l'OL au stade de Gerland a été disputé le 11 août 1950
face au voisin stéphanois en guise d'entraînement pour inaugurer la
nouvelle configuration de Gerland et surtout pour préparer les
échéances qui attendaient le tout nouveau club lyonnais. En août
1950, Oscar Heisserer l’entraîneur (mais aussi joueur de l'OL)
doit préparer la première saison de l'histoire de l'OL qui démarre
en Division 2 mais avant de commencer pour la première fois dans un
championnat professionnel, il lui faut des matchs dans les jambes.
Donc il demande à l'ASSE si le club était prêt à venir à Lyon
pour un match amical qui serait le test parfait pour jauger le niveau
de ses joueurs. Camille Ninel, un des derniers témoins du début des
années 50 et jamais avare de confidences sur l'OL raconte : « Ce
n'était pas loin, en plus les joueurs de Saint-Etienne qui venaient
jouer à Lyon savaient qu'ils allaient bien manger ».
Alors ce 11 août 1950, l'OL dispute son premier match à Gerland et
va l'emporter 2-0. La fin de match est symbole d'une autre époque où
les lyonnais invitent leurs adversaires du jour au resto après le
match. Camille Ninel, toujours lui, répète souvent que les derbies
à cette époque, bien que très chaud sur le terrain, se disputait
dans un autre état d'esprit : « Avec les stéphanois, il
y avait beaucoup de respect. Plus que de respect même, une véritable
amitié. Il faut dire que ce n'était pas comme maintenant, où les
mecs prennent l'avion à peine le match terminé. Non, à l'époque,
on se retrouvait à la buvette après la rencontre, autour d'une
bière. On buvait un coup, et se donnait rendez-vous pour le prochain
derby. C'était bien. Mais attention, quand on était sur le terrain,
ça ne plaisantait pas, on mouillait le maillot ».
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Camille NINEL auteur de l’unique but de la première victoire lyonnaise à Geoffroy-Guichard (2 oct. 1955) |
Lyonnais et Stéphanois
sous le même maillot pour affronter la Hongrie de Puskas
Hélas il y a peu d'informations disponible sur cette
rencontre pour le moins incroyable quand on connaît l'évolution
historique de la rivalité entre les deux clubs. Dans leurs livre sur
l'histoire du derby, Cyril Collot et Sébastien Vuagnat reviennent sur
ce match qui eu lieu dans les années 50, sans malheureusement en donner la
date précise. Ce que l'on sait c'est que le match a eu lieu peu de
temps après la coupe du monde 1954, où la Hongrie perdit en finale face à la RFA à la surprise générale. Et c'est cette même grande équipe de
Hongrie qui débarque au stade de Gerland pour affronter une
sélection des meilleurs joueurs de l'OL et de l'ASSE ! La sélection
ASSE/OL porte les couleurs de l'OL et son capitaine est René
DOMINGO, joueur emblématique de l'ASSE. Pour ce match où les deux
meilleurs ennemis jouèrent côte à côte on ne peut pas dire que
Lyonnais et Stéphanois pesèrent bien lourd face à la Hongris de
Puskas et Kocsis. Domingo se souvient : « On a perdu 7-2 mais
la Hongrie à cette époque était au sommet du football mondial et
venait de disputer la finale de la coupe du monde. Jouer face à
Puskas reste un moment immense dans ma carrière. Et puis, si je n'ai
jamais marqué lors d'un derby, je me suis rattrappé ce jour-là en
inscrivant de la tête l'un des deux buts de notre équipe ».
Voici une des rares photos de ce match avec l'entrée des deux
équipes sur la pelouse de Gerland
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Les deux capitaines René DOMINGO et Ferenc PUSKAS pénètre sur la pelouse de Gerland |
Des stéphanois sous le
maillot lyonnais
La troisième anecdote
nous est conté par Didier Braun. Sur son blog le journaliste de
l'Equipe et France Football nous raconte un autre match improbable
avec encore une fois la venue de la Hongrie à Gerland (décidément).
Nous sommes le 12 février 1969. Au stade de Gerland, l’équipe de
France affronte la Hongrie. Vous n’en trouverez aucune trace dans
les listes des matches internationaux parce que ce match n’est pas
officiel. La Fédération hongroise a accepté de venir jouer en
France à condition que le match ne soit pas considéré comme une
rencontre internationale. Pourtant, c’est bien la sélection A
hongroise qui entre sur la pelouse de Gerland pour affronter l'équipe
de France A. Dans l’Equipe du jour, qui présente la rencontre, on
lit que les Français joueront tout en blanc et les Hongrois en
rouge. Mais à une heure du coup d’envoi, les Hongrois font savoir
qu’ils joueront en blanc. Panique dans le camp français qui n’a
pas prévu de tenue de rechange. Neuf ans plus tard, contre la même
équipe de Hongrie, les Français connaîtront la même scène, lors
de la Coupe du monde 1978 en Argentine et parcourront toute la ville
de Mar del Plata pour récupérer un jeu de maillots (rayés vert et
blanc) du club amateur de Kimberley (Voir le sujet : le jour où lesbleus ont joué avec des maillots de pêcheurs). A Gerland, Michel
Hidalgo (qui fait partie de la délégation en tant que représentant
du Conseil fédéral) n’a pas à faire autant de chemin pour
dégoter de nouveaux maillots. Ce sont les Lyonnais qui lui
fournissent un jeu compatible avec la tenue des Hongrois et qui
permettra la retransmission du match à la télévision (Michel Drey
et Michel Drucker au commentaire). C’est ainsi que l’équipe de
France arborera, pour la seule fois de son existence, un lion à la
place du coq. Et que les Stéphanois Bereta, Bosquier, Larqué et
Revelli auront porté une fois dans leur vie le maillot de l’OL.
Voici quelques clichés de l'Equipe sur cette rencontre incroyable et
à noter qu'il n'y a aucun lyonnais dans l'équipe pourtant ! (E 1969, Jean Djorkaeff est parti à Marseille et Jean Baeza n'a pas encore signé à l'OL)
Et il est amusant de voir Georges Beretta et Hervé Révelli, sans aucun doute les deux Stéphanois qui ont le plus brillé dans l'histoire du derby (voir le sujet : Paroles de Derby), avec le maillot lyonnais au moment de la Marseillaise :
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De g à dr : Bras, Bereta, Revelli, Michel, Loubet, Novi, Rostagni, Baeza, Djorkaeff, Baratelli, Bosquier |
Sources
Le Progrès (Christian Lanier)
OL-ASSE, histoire d’une rivalité de Sébastien Vuagnat et Cyrille Collot (Ed. La Taillanderie)
Le blog de Didier Braun : "Une autre histoire du foot"
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