Le dimanche 12 février
1995, L'Italie vivait un dimanche sous le signe de la non violence et
du fair play. Mais pouvait il en être autrement ? L'émotion était
si forte après les incidents de Gênes du 29 janvier précédent. Ce
jour-là, un jeune homme est mort à quelques minutes du match
Genoa-Milan AC. Vincenzo Spagnolo, supporter génois de vingt-cinq
ans a été poignardé à l'abdomen, alors qu'il se rendait au stade
en famille avec sa sœur et quelques amis. Le jeune Génois s'est
retrouvé pris au piège et assailli par une poignée de hooligans
qui venaient de provoquer des incidents avec les forces de l'ordre.
Transporté d'urgence à l'hôpital, les médecins n'arriveront pas à
le sauver et le jeune homme décède, pratiquement sous les yeux de
son père, Cosimo, sous le choc : « Ce n'est possible de
mourir pour un match de football, il avait à peine vingt-cinq ans ».
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Cosimo Spagnolo devant la stèle à la mémoire de son fils près du stade Luigi Ferrari |
La nouvelle de la mort de
Vincenzo est parvenue au stade Luigi Ferrari alors que la rencontre
était déjà entamée. On venait à peine de dépasser la demi-heure
de jeu. La suite des événements est irréel. Tout d'abord le stade
est plongé dans un impressionnant silence, puis les supporters du
Genoa retiraient les banderoles, rangeaient les écharpes et les
drapeaux pour laisser place aux larmes. Les joueurs se demandant ce
qu'il passe, sont avertis de la mort d'un jeune supporter et l'équipe
du Genoa se fige, comme si ils ne voulaient plus jouer au football.
Puis c'est la mi-temps et la violence reprend du plus belle. Voulant
empêcher la reprise du match, les Génois bombardent avec tout ce
qu'ils trouvent les Milanais présents dans la Curva et surtout le
terrain. Les forces de l'ordre interviennent et les affrontements
sont violents. L'arbitre Gianni Beschinn consulte alors les deux
capitaines des deux équipes et il est décidé que le match ne
reprendrait pas. La décision n'est pas forcément la plus judicieuse
et la suite des événements va donner raison à ceux qui disaient
qu'il fallait joueur la finale de 1985 au Heysel pour éviter que les
supporters se battent de dehors du stade. En effet, ce dimanche-là
les affrontements entre ultras et force de l'ordre vont durer jusque
tard dans la nuit. Gênes bascule dans une véritable atmosphère de
guérilla urbaine. Il faut l'intervention de blindés et des unités
anti-émeute pour dégager la zone qui mène à la gare afin
d'assurer la sécurité des supporters rossoneri qui rentraient à
Milan.
Le football italien est
sous le choc. Ottavio Bianchi l'entraineur de l'Inter déclare : « Si
c'est la direction que prend le football en Italie, il serait
préférable de tout arrêter et de changer de métier ».
Sur la même longueur d'onde, son collègue de la Roma, Carletto
Mazzone : « Face à de tels épisodes, on perd l'envie de
s'investir dans le jeu. Je ne peux pas m'empêcher de penser aux
parents de ce pauvre garçon ». Et justement la rédemption
du football va passer dans un premier temps par ces deux formations
de l'Inter de Milan et de l'AS Roma. Quinze jours plus tard donc,
lors de ce fameux dimanche du fair play et de la non violence,
l'Inter de Milan se déplace chez l'AS Roma et ce sera l'image de
cette campagne de non violence, les joueurs de l'Inter portent le
maillot des romains et inversement les romains portent la tunique des
Nerazzuri. Tout un symbole. Je pense que pour une question de
règlement, chaque équipe jouera le match avec ses propres couleurs
mais le message que voulait faire passer les deux équipes étaient
clair "Nos couleurs ne doivent pas nous diviser".
Pour le reste ce sera un match remporté dans une ambiance curieuse
où l'AS Roma l'emporte 3-1 grâce à un triplé de son attaquant
argentin Abel Balbo et ce n'est qu'à partir de son troisième but
qu'on va enfin entendre les 50 000 supporters du stade olympique
manifester leur joie. Voici les deux
équipes de l'AS Roma et l'Inter en Panini avec, à noter, la
première vignette Panini du jeune Francesco Totti.
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Bergomi et Gianini, les deux capitaines qui entrent sur la pelouse avec les couleurs de leurs adversaires |
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