Karl-Heinz Rummenigge a disputé trois coupes du monde en 1978, 1982 et 1986 mais
le double ballon d'or 1980 et 1981 ne connaîtra pas la joie d'être champion du
monde malgré deux finales disputées. Trop jeune en 1974, trop vieux en 1990 il
est le capitaine de cette NationalManschaft qui ne joue pas bien mais qui arrive
toujours à se qualifier en finale. Vérifiant le dicton "quand l'équipe ouest-
allemande a une mauvaise équipe elle va en finale et quand elle en a une bonne
elle l'a gagne". Pourtant ses trois coupes du monde, Karl-Heinz Rummenigge va
les vivre différemment. La première en Argentine, il est un jeune espoir chez
les champions du monde en titre. Il faut dire qu'il est dur de s'imposer à
l'époque pour un jeune attaquant que ce soit avec son club du Bayern de Munich
ou en sélection où la concurrence est rude en attaque. Dans une équipe de RFA
décevante, il est la révélation de ce mondial chez les champions du monde en
titre. Trois buts mais surtout le monde entier découvre un attaquant puissant
avec une vitesse d’accélération balle au pied incomparable. Si le parcours de la
RFA est à oublier, le mondial argentin permet à Karl-Heinz Rummenigge de lancer
véritablement sa carrière. De retour au Bayern il explose et devient le meilleur
joueur d'Europe.
Quatre ans plus tard, c'est un autre joueur qui arrive en Espagne. Karl-Heinz
Rummenigge est le capitaine de la NationalManschaft et il vient de conclure deux
saisons de haute volée avec le Bayern où il a inscrit pas moins de 54 buts en
Bundesliga. Ces performances pesant très lourd dans l'attribution de ces deux
ballons d'or. Avec la sélection allemande il réalise un parcours parfait
remportant les huit matchs de qualification sur la route du mondial espagnol,
Rummenigge marquant à neuf reprises d'ailleurs au cours de ces huit rencontres.
Pourtant ce mondial va très mal débuté pour la RFA. Outre la défaite surprise
deux à un face à l'Algérie (où Kalle marque le seul but de son équipe), le plus
embêtant pour le capitaine allemand est sa blessure au cours du match. Pourtant
malgré la blessure, Karl-Heinz Rummenigge continue de jouer ce qu'il regrettera
plus tard : « Une chose est sûre : je ne ferai plus la même faute qu'en Espagne.
Là, je m'étais blessé lors du premier match contre l'Algérie et j'ai continué à
jouer malgré cette blessure. J'étais capitaine et, à l'époque, je pensais qu'il
fallait que j'assume mes responsabilités. Ça voulait aussi dire jouer blessé.
C'était une erreur ». Pourtant même diminué le capitaine allemand est un joueur
de classe mondiale, où il inscrit 5 buts et contribue grandement à qualifier son
équipe pour la finale, notamment dans son attitude lors de la fameuse demi-
finale de Séville. Il raconte : « J'ai d'abord été sur le banc de touche, et
j'ai souffert. La France menait par 3-1 et nous étions cuits. Mais ça ne leur
suffisait pas, ils ont voulu nous humilier. J'ai dit à Jupp DerwalI: "faites-
moi entrer, je dois jouer. Maintenant. Sur-le-champ!" Puis, j'ai touché le
ballon pour la première fois et j'ai marqué. Le reste fut gigantesque. Un match
qui m'a marqué plus que tout autre ». La RFA épuisé par son match, ne fera que
pâle figure face aux italiens en finale.
Au Mexique en 1986, Karl-Heinz Rummenigge est toujours le capitaine de la RFA
emmené par le nouveau sélectionneur Franz Beckenbauer. Pourtant c'est un
euphémisme de dire que Karl-Heinz Rummenigge est contesté. IL faut dire que
depuis son arrivée en Italie il n'a cessé d'avoir des pépins physiques et il l'a
terminé la saison sur une jambe, comme il le dit : « A la fin de la saison, les
matchs importants se sont succédé à un rythme diabolique. Je ne voulais pas
rater ces rencontres, car. Même blesse, je suis important pour le club ». Du
coup en privilégiant son club à la sélection, il s'attire les foudres des
critiques dans son pays et d'ailleurs. Sepp Piontek, sélectionneur du Danemark,
futur adversaire des allemands au mondial dira ceci après avoir supervisé son
futur adversaire : « J'ai eu l'impression que Rummenigge ne connaissait pas
exactement sa position sur le terrain. Il a vieilli. A mon avis, ce n'est plus
un attaquant de pointe. D'autre part, il n'évolue pas non plus comme un milieu
de terrain ». Même son sélectionneur y va de son pamphlet devant les médias : «
Kalle est un joueur tellement expérimenté que je ne veux pas renoncer à lui.
Pourtant, je ne suis pas satisfait de ses dernières sorties officielles. Je vais
parler avec lui. Un capitaine doit se défoncer pour son équipe. Là, il y a
encore un manque chez lui. ». C'est dans ce contexte que Rummenigge débute la
coupe du monde au Mexique et le plus souvent sur le banc de touche. La RFA fait
uen coupe du monde très moyenne et passe chaque tour de manière rik-rak. Mais en
fin d'exercice, la RFA retrouve son capitaine courage et encore une fois c'est
lui qui sonne la révolte quand son équipe est menée 2-0 en finale de coupe du
monde face à l'Argentine. La RFA reviendra à 2-2 sous l'impulsion de son
capitaine mais s'inclinera pour la seconde fois de suite au pied de la dernière
marche. Malgré les blessures, Rummenigge a toujours répondu présent et on
comprend mieux son fighting spirit quand on l'écoute parler sur la façon dont
les allemands se préparent lorsqu'ils disputent une coupe du monde : « Malgré
les blessures, ce qui me rend optimiste, c'est que toutes les équipes
allemandes, quelle que soit la manière dont elles sont bâties, savent lutter,
faire front à la pression si l'enjeu est grand. Là où d'autres craquent, nous
nous surpassons ».
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