Au cœur de l'été 1994, la France prépare ses éliminatoires pour l'Euro
96 avec un match amical face à La République Tchèque. Un match très
bizarre et qui pourtant va rentrer dans l'histoire grâce à un seul
homme. Dans la chaleur estivale le public du Parc Lescure ne frémissait
guère d'envie, la faute sûrement à des joueurs qui n'y étaient pas non
plus. Aucune envie, même chez les cadres que sont Cantona et Ginola,
transparents ce soir-là et qui ont peur-être scellé, ce soir là leur
destin sous les bleus d'Aimé Jacquet. Le futur coach des champions du
monde fait des essais, notamment en défense avec une charnière à deux
stoppeurs Desailly-N'Gotty et derrière le libéro Laurent Blanc. La
formule est une catastrophe et les tchèques marquent deux fois juste
avant le repos (42ème et 45ème). Aimé Jacquet fait alors quelques
changements, faisant monter d'un cran Laurent Blanc mais même si les
bleus souffrent moins, dans le jeu c'est toujours le néant absolu. Donc
c'est dans ces conditions qu'Aimé va lancer dans le grand bain le
régional de l'étape, Zinedine ZIDANE. Zizou rentre à l'heure de jeu à la
place de Corentin Martins, qui dira, sans le savoir, adieu ce jour-là à
sa place de meneur de jeu de l'équipe de France. L'histoire retiendra
aussi que Zidane ne figurait pas dans la première liste d'Aimé Jacquet
pour ce match amical.
En effet, Zizou, 22 ans, n'a été appelé à la
dernière minute seulement parce que Youri DJORKAEFF s'est blessé
quelques jours avant le match et a été obligé de déclarer forfait à la
dernière minute. Une aubaine pour ZZ, qui entamait un début de saison
très compliqué avec les Girondins, « à la ramasse depuis le début de
saison » selon ses dires même ! Si l'entrée de Zizou n'a pas d'influence
profonde sur le jeu tricolore, c'est ses exploits personnels dans les
dernières minutes qui vont réveiller tout le monde à Lescure et devant
les écrans de TV. 85ème minute, Zizou est lancé à pleine vitesse, deux
feintes de corps et un une frappe du gauche, un bijou des vingt mètres
qui fait mouche. Mieux moins de 120 secondes plus tard, il place un coup
de boule puissant sur corner (un avant goût du 12 juillet 98 !). Il aura
suffit de 120 secondes à Zidane pour rentrer dans l'histoire de l'équipe
de France. Une première sélection et deux buts qui sauvent les bleus
d'une défaite jusque là humiliante, tant le jeu était pauvre pour une
rencontre à domicile. Et le principal intéressé comment il a vécu sa
soirée ? « Je suis content. cela c'est vraiment très bien passé. Mieux
que je ne pouvais l'imaginer. Je dois même avouer que la nuit suivant le
match j'ai eu beaucoup de mal à trouver le sommeil. Bien plus que
d'habitude ». Un doublé salvateur pour un Zizou qui était en colère
contre son début de saison « Je n'étais pas très brillant depuis le début
du championnat. Je n'étais pas du tout satisfait de mes matchs avec les
Girondins. Physiquement j'étais émoussé et je manquais clairement de
vivacité. je jouais à deux à l'heure et quand on a pas de jus, il est
difficile de surprendre l'adversaire ». Voici ces deux buts, qui
faisaient la une des journaux déjà à l"époque, quatre ans avant un autre
doublé en plein cœur de l'été bien plus important cette fois-là.
Le mot de la fin, pour Zizou qui raconte ces deux buts : « C'est grâce à une super passe en profondeur de Laurent Blanc que j'inscris le premier. Le ballon arrive vite et c'est indispensable pour enchaîner les passements de jambes. Après le but de la tête pfff. De cette façon en extension, je crois que cela ne m'était jamais arrivé, c'est vrai comme c'est la première fois de ma carrière, en pro, que je réussis, un doublé ». On peut dire que Zizou a su prendre des bonnes habitudes ce soir-là pour la suite de sa carrière chez les bleus.
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