Jimmy MAILLARD, itinéraire d'un enfant gâché

C'est l'histoire d'un rêve gâché, celui de Jimmy Maillard. Né à côté de Marcel-Picot, le jeune Jimmy n'a qu'une seule idole : Michel Platini. Il rêve de suivre les traces du Roi Michel mais ne les a suivies qu'à moitié, s'égarant en chemin pour passer du banc de touche à celui du palais de justice. Le mercredi 12 février 1997, le joueur de l'AS Nancy-Lorraine est mis en examen pour attaque à main armée et détention de stupéfiants et directement placé en détention à la prison Charles III de Nancy. Rappel des faits : le 7 décembre vers 18 heures, trois hommes armés braquent une bijouterie de Corcieux près de Saint-Dié dans les Vosges à une centaine de kilomètres de Nancy. Environ 100 000 francs en bijoux sont dérobés. L'enquête permet l'interpellation de deux hommes et conduit les policiers au domicile de Jimmy MAILLARD à Jarville en banlieue nancéienne. Là ils découvrent une arme que les bijoutiers reconnaîtront mais plus confondant encore, une partie du butin et des nombreuse doses d'héroïnes. Mais qui est ce jeune homme de 24 ans ? Jimmy Maillard est né à Tomblaine, à quelques centaines de mètres du Stade Marcel Picot. Sa famille est modeste mais il n'a jamais connu la misère et Jimmy a un rêve devenir footballeur professionnel. Si il est limité techniquement, Jimmy affiche une grande détermination, il veut jouer un jour pour Nancy et il y arrivera bien que refusé au centre de formation de l'ASNL. Le garçon s'accroche et joue en cadets à Tomblaine, puis en DH à Vandoeuvre. Et à vingt ans il part avec un sac à dos à Epinal (national) et demande à y être testé. Quelques semaines plus tard, il est intégré dans l'effectif et participe activement à la montée du club des Vosges en division 2. Il va voir la chance lui sourire lors de l'été 1995. Lors d'un match amical de préparation Nancy-Epinal, il montre tout ce qu'il sait faire. Laszlo Bölöni, l'entraineur de l'ASNL, le remarque et l'engage pour pallier l'absence de Cédric Lécluse, qui blessé, ne pouvait débuter la saison. Jimmy Maillard s'en sort honorablement à chaque apparition sous le maillot nancéien dans cette Ligue 2 acharnée. Il travaille comme un fou à l’entraînement, est appréciée de ses coéquipiers et marque même son premier but chez les professionnels contre Amiens, le 29 juillet 1995. Nancy remonte en première division au terme de cet exercice. Et même si il n'a pas forcément le niveau pour le plus haut niveau à Nancy on le conserve, en le faisant re-signer pour une année supplémentaire et les relations avec sa direction sont d'une rare transparence dans ce milieu : « Objectivement, nous n'avions plus vraiment besoin de lui, admet Gérard Parentin, le président de l'ASNL. On lui a donné sa chance. Mais je ne suis pas certain qu'il ait le niveau pour jouer en division 1. Mais il nous avait rendu service et nous lui avions promis de lui renvoyer l'ascenseur. Nous sommes des hommes de paroles. les choses étaient claires et nous l'aurions aidé à trouver une équipe dès la fin de la saison ». La preuve que Jimmy Maillard était un joueur dont le comportement professionnel était irréprochable jusque-là pour que les dirigeants de Nancy soit si conciliants avec lui et ce, même quand Jimmy va faire ses premières conneries. Le 6 septembre 1996, alors qu'il est remplaçant pour le derby lorrain face au FC Metz et qu'il n'a même pas joué, un contrôle anti-dopage détecte des traces de cannabis dans ses urines. Il est suspendu pour six mois par la fédération. Le club ne l'accable pas mais ne ferme pas les yeux non plus. Son salaire est réduit de moitié mais cette perte est compensé par un CDD au centre de formation de Nancy. Lui le jeune barré du centre de formation s'occupe des jeunes et met à point d'honneur à tenir éloigné les pensionnaires des dangers de la drogue. Le problème c'est que Jimmy serait dépendant depuis des années, pour ses proches tout remonte à son enfance à Tomblaine, une banlieue pas très sélecte où Jimmy avait des mauvaises fréquentations, avec des copains habitués aux petits deals et à la prison. D'ailleurs c'est sûrement cette enfance qui l'a rattrapé en décembre 1996 et qui va le conduire derrière les barreaux. En effet le 2 décembre 1996, soit cinq jours avant le braquage de la bijouterie, Jimmy Maillard se rend avec d'autres coéquipiers en visite à la prison de Nancy, dans le cadre des activités sociales du club, il est reconnu par plusieurs détenus, des mais d'enfance. L'enquête démontrera que si il n'a pas participé au braquage, ses "amis" lui ont demandé de revendre les bijoux. Pour ceci il fera cinq mois de prison. A sa sortie il s'engagera avec Saint-Dizier puis Raon-L'Etape, redevenant un footballeur amateur. Il avait réussi à quitter la rue pour réaliser son rêve mais la rue l'a rattrapé et dévoré ses espoirs et ambitions.
Jimmy en visite à la prison de Nancy, avant d'y avoir sa chambre quelques semaines plus tard

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