L'histoire de la Juventus de Turin est truffée d'exploits et bon nombre
ont été inscrits par le Roi Michel, mais celui de 1983 à Rome fût son tout
premier avec le maillot bianconero. Quatre jours après avoir battu le
champion d'Europe, Aston Villa, avec déjà à un Michel Platini en état de
grâce, la Juve se rend à Rome croit-on pour déposer les armes mais c'était
sans compter sur le meilleur joueur d'Europe. Pour trois petites minutes,
le championnat d'Italie a été complètement relancé en cet après-midi du 6
mars 1983. Tout s'est joué au stade Olympique par un dimanche de printemps
sous le soleil romain. Leader incontesté du Calcio, la Roma venait d'être
battre chez elle par le Benfica et doutait un peu pensait-on avant ce choc
au sommet. Pourtant, à sept minutes de la fin il semblait bien que le
championnat était bel et bien terminé. La Roma avait changé son
dispositif, elle si joueuse avait fait preuve de prudence et Liedhom avait
largement fait tourner son effectif pour avoir un effectif sur le terrain
avec un maximum de fraîcheur pour contrer la Juventus. Tactique payante
car en seconde mi-temps Falcao de la tête sur un centre de Conti ouvrait
la marque, un but qui valait son pesant d'or. D'autant que dans le même
temps ses rivaux dans la course au titre chutaient. L'Inter se faisait
battre à domicile par l'avant dernier du classement Pise et Vérone
trébuchait aussi contre la modeste formation de Catanzaro.
Une journée
historique s'annonçait donc pour la Roma et les 80 000 spectateurs
surchauffés du Stade Olympique qui exultaient déjà. Une vraie marée jaune
et rouge qui n'arrêtait pas de s'agiter, qui constituait un véritable
spectacle à elle seule. Sept points de retard donc pour la Juventus à la
82ème minute de cette 22ème journée. La fin en somme des illusions
turinoise de conserver leur titre. Et la juste consécration, pensait-on,
de l’équipe qui produit le meilleur football depuis un an de l'autre côté
des Alpes. Mais un match, on le sait, se joue 90 minutes et la Juventus
avait et a toujours ceci de particulier qu'elle ne renonce jamais, qu'elle
possède une grinta à toute épreuve, comme l'enseigne l'histoire du Calcio.
Certes la Juve n'était pas à son avantage jusqu'ici, sans doute marquée
par le contre-coup de sa performance en Angleterre au milieu de la
semaine. Mais elle avait tout de même quelques chose en plus : Michel
PLATINI. Depuis le début de la seconde période Michel, agressif à
l'extrême, coupable d'ailleurs d'un coup dur sur Pruzzo, jouait son rôle
de leader malgré son rang de nouveau venu et ses difficultés depuis le
débuts de la saison (Voir le sujet : Quand Platini n'était pas Platinissimo) et il n'arrêta pas d'exhorter ses troupes, de pousser ses
partenaires à l'attaque. Puis après le but de Falcao, pris définitivement
ses responsabilités, n'hésitant pas à se placer à la point de l'attaque
aux côtés du ballon d'or Paolo Rossi. Et alors que tout le monde pensait
que la cause de la Juve était entendue ce fut le coup de théâtre. A la
83ème minute en effet, Michel était abattu froidement par Pietro
Verchwood. Si le rugueux stoppeur de la Roma avait fait du carresage de
maléolle son habitude, il aurait du savoir que celle de Platini était de
marquer les coup-francs. Michel PLATINI nonobstant de la barrière compacte
qui se dresse devant lui, réussit l'impossible. Une trajectoire banane
incroyable qui laisse pantois le portier romain. Michel PLATINI garde ce
but comme l'un de ses préférés au cours de sa carrière : "Coup franc à la
limite de la surface. Légèrement sur la gauche. Comme je les aime. Je
frappe de l'intérieur du pied et la balle brossée vole quasiment jusqu'à
la lucarne. Les images de la télé m'en procurent encore des frissons".
Les deux équipes sont à égalité. Rome avait toujours la main mise sur le
championnat et verrouillait encore plus la partie, on crut alors que plus
rien ne se passerait, mais c'était compter sans l'insatiable Platini qui
allait encore faire des siennes trois minutes plus tard.
En effet
récupérant une balle qui lui avait été adressée par Bettega à la limite du
hors-jeu, il exécuta un centre précis au profit du grand Brio, qui traversant à toute allure tout le terrain culbutant tout sur son passage. Lancé à toute vapeur le défenseur central donnait la victoire à la Juve. Stupéfaction dans le grand stade Olympique. Le championnat d'Italie était totalement relancé. En trois minutes, la Juventus était passé de - 7 à - 3 points. Essentiellement grâce à Michel Platini plus que jamais maître de la manœuvre et footballeur-messie dans la capitale piémontaise. Un Platini satisfait de la tournure des événements : "Je suis évidemment content d'avoir contribué à cette victoire dur le fil mais nous sommes toujours derrière la Roma au classement. En ce qui me concerne, je pense avoir vécu une semaine inoubliable : gagner en Angleterre contre le champion d'Europe sortant, puis à Rome au détriment du leader qui paraissait avoir course gagnée, ce sont des résultats qui me comblent et que je n'oublierais pas de sitôt". La suite ce sera une Roma qui conservera son avance et une Juve qui perdra en finale de la coupe d'Europe des clubs champions, mais la Vieille Dame aura sa revanche battant en finale de la coupe d'Italie, cette même AS Roma qui décidément leur sourit plutôt bien. Michel PLATINI gagne son premier trophée avec la Juve mais surtout cette première semaine de Mars 1983 et ce match à Rome seront le moment où Platini est devenu Platinissimo ! Voici le résumé de ce match avec le superbe coup franc du Roi Michel :
Et pour conclure, voici comment le caricaturiste de la "Gazetta dello Sport" Franco Bruna, annonçait ce choc entre l'AS Roma et la Juve : Un duel de rois !
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