1er octobre 1995,
Manchester United reçoit son plus grand rival Liverpool mais ce
jour-là c'est Cantona qui éclipse l'enjeu de ce match au sommet.
Aux abords d'Old Trafford il n'y en a que pour lui. Du Cantona à
toutes les sauces, sous toutes les couleurs, sur tous les tee-shirts.
Canto, vénéré, Canto adulé. Les imprimeurs ont laissé libre
cours à leur imagination. Les nouveaux slogans « Eric a
assez payé, maintenant c'est aux autres de souffrir »
ou encore « Il revient et il va se venger »
voisinent avec les anciens comme le déjà fameux « 1966
fut une grande année pour le foot anglais, Eric est né ».
En ce 1er octo, les autres joueurs de Manchester n’existent pas.
Cole, Giggs n'ont droit qu'à quelques bouts de tissu au milieu de
cette gigantesque confection made in France. Le premier effet de la
rentrée de Cantona est économique. La saison dernière United à
réalisé un chiffre d'affaire de 186 millions de francs sur le
merchandising. A lui seul, Canto pèse 40 millions de Francs. Soit
trois fois plus que ce qu'engrange le PSG à l'époque sur l'ensemble
de ses produits dérivés en un an. De quoi penser en partie la plaie
financière ouverte par l'élimination en Coupe de l'UEFA face au
Rotor Volgograd cinq jours auparavant.
Le deuxième effet est
médiatique et tout aussi spectaculaire. Jamais on n'avait autant
parlé d'un joueur qui n'a plus décroché un mot en public depuis
huit mois. Des tabloïds aux journaux d'opinion, le phénomène a été
décortiqué à longueur de pages et d'antennes. Le club a fait
tourner une vidéo spéciale d'une heure sur le week-end du grand
pardon, pendant que la BBC diffusait sur son antenne radio, une
interview exclusive de Cantona, dont l'unique défaut est d'avoir été
enregistrée un an auparavant. David Meek, qui suit Unied depuis 37
ans pour le Manchester Evening News, n'en revient pas. « Il
y a eu plus d'articles, d'émissions de télévision et de radio pour
le retour de Cantona que pour le titre conquis en 1993 après 26 ans
d'abstinence ou la Cup en 1994. Cette journée est l'une des plus
fortes de l'histoire du club sur le plan émotionnel ». Aussi,
lorsqu'à 15h58 Cantona déboule en queue de peloton sur la pelouse
d'Old Trafford avec un cameraman dans les pattes, le peuple de
Manchester expulse deux cent quarante-huit jours de frusration. Les
« Ooh, aah, Cantona »
résonnent plus fort que jamais dans une enceinte pourtant amputée
d'une tribune pour cause de travaux d’agrandissement en vue de
l'Euro 96. Dans le stade comme en dehors, il y en a que pour lui. A
croire que c'est un Cantona-Liverpool qui va être servi chaud. Des
dizaines, des centaines de drapeaux français à son effigie flottent
dans les airs, alors qu'en général le supporter anglais n'emporte
que sa voix au stade. En France on a vu ça dans le grand format de
l'Equipe du dimanche et je m'en souviens d'en avoir eu la chair de
poule à son entrée sur la pelouse ! Le king est de retour,
revivez ce qu'on a vécu ce dimanche là :
Après
tout ça il y eut le match et la folie ! 67 secondes après le
coup d'envoi, Cantona touche son troisième ballon. Alerté sur
l'aile gauche par Cole, il centre pour le jeune Nicky Butt qui
s'arrache et ouvre la marque. Old Trafford explose. Il ne lui a pas
fallu plus d'une minute au King pour reprendre sa place dans le
trafic, pour montrer à quel point son influence est déterminante.
Mais le Manchester d'United du mois d'octobre 1995 n'est plus celui
qui faisait jeu égal avec Blackburn avant que Cantona ne se prenne
pour un Karatéka acrobate des gradins. Les départs de Ince à
l'Inter et de Kanchelskis à Everton ont laissé un trou béant au
milieu de terrain et en face ce n'est pas n'importe qui. Liverpool
est une des meilleures formations du Royaume et les Reds se montrent
beaucoup plus mature que les Red Devils dans son expression
collective, emmené devant par un Robbie FOWLER prodigieux de
spontanéité. Auteur d'un doublé, le jeune crack de Liverpool a
failli voler la vedette à Cantona. Mais le King avait assez de
ressources physiques et de lucidité pour rétablir l'équilibre à
vingt minutes de la fin. C'est lui qui donne à Giggs un ballon en
profondeur qui débouchera sur un pénalty après que le gallois soit
bousculé dans la surface. Cantona ne laisse le soin à personne de
tirer le péno à sa place. Canto le transforme et permet à United
d'arracher le nul 2-2 dans un match spectaculaire. Si Canto n'a pas
fait gagner son équipe pour son retour, il a indéniablement
empêcher de perdre. Une passe décisive, un but mais surtout il va
redonner confiance à l'équipe qui cette année là, remportera le
titre malgré une incroyable compétition avec des cadors tels que
Newcastle et Liverpool. Voici le résumé de ce match qui perpétue
la légende et la rivalité entre M.U et Liverpool :
P.S : Cantona et la pub !
Bien sûr si il n'accorde pas d'interview pou son retour, Cantona est
un homme qui a toujours su vendre son image et son équipementier
Nike va encore une fois frapper un grand coup. Le week-end précédant
le match contre Liverpool, le King est apparu sur les écrans TV dans
le nouvelle publicité de Nike. Habillé en civil, il fait face aux
téléspectateurs et voici la traduction de ce qu'il leur dit :
« L'an dernier, lors de notre victoire 5-0 conte City, je n'ai
marqué qu'un seul but. Contre Newcastle, j'ai tiré à quelques
centimètres du poteau. Et en finale de la Cup, je n'ai pas réussi
le hat-trick. Je sais que ce comportement est inacceptable et je m'en
excuse. Merci ». Bien sûr à peine diffusé, le spot a
provoqué de nombreuses polémiques mais il est évident que c'est ce
que cherchait l'équipementier américain. Bon ou mauvais peu importe
comment on parle du produit du moment qu'on en parle !!
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