« Les buts ne se
méritent pas, ils se marquent » Alfredo DI STEFANO
Turin, 24 Juin 1990
l'Argentine affronte le Brésil au Stadio dello Alpi. Un classique
entre ces deux géants du football mondial pourtant on est loin des
clichés entre l'opposition d'un football samba contre « le
toque » argentin. Depuis le début de la coupe du monde, les
deux formations balbutient leur football. Si le Brésil a remporté
ses matchs sans trop convaincre, l'Argentine elle fait honte à tout
son peuple. Au premier tour une qualification arrachée lors du
dernier match, avec un triste match nul face à la Roumanie qui ne
lave aucunement l'affront de la défaite lors du match d'ouverture
face au Cameroun. Pourtant ces 90 minutes face aux brésiliens vont
tout changer, bien que paradoxalement, l'Argentine soit toujours
aussi médiocre dans le jeu. En effet les questions, la déception
devant une équipe dans laquelle la majorité des Argentins ne se
reconnaissait pas, sont remises à plus tard. L'heure est venue de
fêter le miracle, car c'en est un. Et de remercier San Diego, martyr
de Turin, sans lequel rien de tout cela ne serait arrivé. Sifflé,
conspué, il était là. Sur une jambe ou presque. Sa cheville gauche
toujours blessée. Quatre infiltrations faites le matin même du
match. Les bandages qui doivent lui être retirées. Avec eux la
douleur est si forte qu'il ne peut même pas tenir debout. Diego qui
souffre, Diego obligé de se replier pour échapper au coups, mais
Diego qui se bat. Prêt à jouer la carte du miracle contre ces
brésiliens qui ne lui ont jamais porté chance. Diego, enfin, qui
sur une action géniale, bat à lui tout seul une équipe trois fois
plus forte. Un Slalom dans il a le secret, il s'enfonce dans le cœur
de la défense Auriverde, évitant les tacles et les coups et
délivre une merveille de passe décisive pour Caniggia qui n'a plus
qu'à éliminer Taffarel et inscrire le seul but du match à la 82ème
minute. Ce but je vous le laisse le revoir avec les commentaires
argentins de l'époque, mettez le son au maximum pour bien savourer
l'euphorie de bouter hors du mondial, le voisin, l'ennemi de
toujours :
Car les Argentins ne sont
pas dupes. Ils peuvent fêter, exulter, ressortir les drapeaux de
1986, ils savent bien au fond d'eux-mêmes que l'Argentine n'a pas
mérité cette victoire sur le Brésil ? Ceux qui ont poussé un
soupir de soulagement à la fin de la première mi-temps, satisfaits
d'avoir un 0-0 à la place d'un 3-0 que les brésiliens auraient
alors sûrement mérité, ne peuvent pas ignorer que l'Argentine n'a
rien derrière Maradona. C'est la première fois en coupe du monde
que l'Argentine battait le Brésil, après la défaite de 1982 et
l'expulsion de Diego, la défaite l'année précédente en
demi-finale de Copa America, l'Albiceleste avait une revanche
à prendre mais manquait des hommes pour l'emploi. Et elle craignait
le pire, à l'aube de ce dimanche 24 juin que beaucoup croyaient le
dernier de l'ère Bilardo. La fin d'une épopée indigeste entamée
avec l'humiliation camerounaise deux semaines plus tôt. Mais ce fût
tout le contraire. Les retrouvailles d'un peuple avec son idole, plus
chère que jamais, rehaussée par l'expression de la souffrance. Les
argentins si prompts à retourner leur veste, sont nombreux à
encenser ceux que, hier encore, ils vouaient aux gémonies. Les
journalistes qui avant le match cherchaient déjà les mots pour
expliquer la débâcle ont changer leur fusil d'épaule en moins de
quatre vingt dix minutes pour multiplier le lendemain les titres
triomphalistes, le culte du résultat et l'éloge de la médiocrité.
Et la tâche ne vas pas s'arrêter là, car par la suite ce ne sera
plus San Diego mais San Goyco qui va sortir la boite à miracle pour
mener l'Argentine jusqu'en finale du mondial.
Comme en 1982 en Espagne
ou 1986 au Mexique, le Brésil va quitter la compétition bien trop
tôt au goût des supporters de la Seleçao. Entre un Brésil
qui attaque avec des défenseurs et une Argentine plus opportuniste
que jamais, les poteaux de Dieu ont choisi l'Argentine. Mais la
providence ne doit pas masquer les errances du système brésilien.
Lazaroni critiqué de toute part avant le match, doit disparaître en
cati-mini et il n'est même pas sûr qu'il est refoulé le sol
brésilien depuis ce 24 juin 1990 !!Avant le choc sud-américain,
on se souvient de ces paroles criantes de vérité de Gilberto Gil,
le populaire chanteur de Slavador de Bahia : « Notre
football a perdu son identité. C'est lamentable. Ce n'est pas ainsi
qu'on redeviendra champions du monde... ». Même si la défaite
est injuste au vu de la rencontre, c'est le pseudo-réalisme prôné
par Lazaroni qui a succombé ce jour-là. Alors Lazaroni a raison
quand il déclare « On n'a pas eu de chance. On a joué notre
meilleur match et on l'a perdu injustement. Je ne trouve pas de mot
pour expliquer cela... ».
Mais si on analyse le jeu brésilien que sur les faits de cette rencontre on peut le comprendre. Une tête de Dunga sur le poteau, deux tirs de Careca et d'Alémao sur la barre. Une domination de tous les instants. Le Brésil ne méritait pas de perdre. Mais, au-delà des faits qui traduisent donc une grosse part de malchance, il y a l'analyse qu'on peut dresser et la conclusion qui s'impose : Lazaroni s'est planté. Favori des bookmakers avant le mondial, le Brésil aura énormément déçu malgré ses trois succès au premier tour face à la Suède, le Costa-Rica ou l’Écosse tous étriqués avec des choix curieux de Lazaroni, prônant toujours la défense. Contre l'Argentine il continue d'avoirl e cul entre deux chaises, voulant jouer l'offensive mais sans se donner les moyens de l'être. Avec huit joueurs d'ordinaire habitués à protéger leur but et trois spécialistes seulement à la création (Valdo, Careca, Muller). Quand Lazaroni se décida enfin à corriger le tir, il était trop tard. Il enleva Mauro Galvao, son libéro symbole, et lança Silas milieu offensif à sa place. Il ôta Alémao pour lancer un troisième attaquant, Renato. Mais il ne restait que six minutes à jouer et surtout Ricardo venait juste de se faire expulser et Caniggia avait ouvert la marque trois minutes plus tôt. Six minutes à attaquer avec l'énergie du désespoir en guise de lucidité ou d'imagination. Toute la théorie de cet ancien gardien de but qui mit un terme à sa carrière dès l'âge de vingt ans pour étudier la profession d'entraîneur dans un institut d'éducation physique s'écroulait, et il y avait une logique. Car elle s'appuyait sur une double erreur.
D'abord, une erreur sur l'hypothèse de départ : « Le Brésil commet trop de fautes défensives. Cela nous a coûté cher lors des dernières Coupes du monde. En assurant derrière, le talent fera la différence », disait l’entraîneur brésilien. Ce prétexte au réalisme s'appuyait sur une mémoire bien courte : en 1986, le Brésil n'encaissa qu'un but en cinq matchs, celui de Platini. Ensuite, une erreur sur la nature profonde de ses joueurs. Gilberto Gil, comme tous les brésiliens qui n'ont jamais arrêté de critiquer Lazaroni, avait compris que l'on je noue pas imunément avec l'identité. Cinq défenseurs et deux milieux défensifs n'ont pas suffi à arrêter Maradona. Ni à éviter l'erreur de marquage sur Caniggia. Ils ont par contre empêché ce Brésil de jouer à fond sur son meilleur atout : l'inspiration offensive. Romario, Bebeto, Renato ou Silas n'ont pratiquement pas pris part à cette coupe du monde. Dunga, Alemao, Mauro Galavao ou tous les libéros du monde ne remplaceront jamais ce qu'ils étaient capables d'apporter : la fantaisie dans le jeu pour déséquilibrer le béton argentin, une présence sur le front de l'attaque pour étirer le mur dressé dans l'axe par les joueurs de l'albiceleste. Le Brésil de Lazaroni quitte la coupe du monde et contrairement à ces prédécesseurs de 82 ou de 86, il ne restera pas dans nos mémoires.Dans cette équipe il n'y avait qu'un seul artiste et c'est Diego lui-même qui pensera à lui, sitôt la rencontre terminée « Le Brésil était plus fort. Il ne méritait pas de perdre. D'ailleurs,dès le coup de sifflet final, je n'ai pas ressenti tout de suite l'envie d'exprimer ma joie, mais surtout celle de consoler mon ami Careca, pour lequel j'étais triste ». Voici un résumé de la rencontre assez complet :
Mais si on analyse le jeu brésilien que sur les faits de cette rencontre on peut le comprendre. Une tête de Dunga sur le poteau, deux tirs de Careca et d'Alémao sur la barre. Une domination de tous les instants. Le Brésil ne méritait pas de perdre. Mais, au-delà des faits qui traduisent donc une grosse part de malchance, il y a l'analyse qu'on peut dresser et la conclusion qui s'impose : Lazaroni s'est planté. Favori des bookmakers avant le mondial, le Brésil aura énormément déçu malgré ses trois succès au premier tour face à la Suède, le Costa-Rica ou l’Écosse tous étriqués avec des choix curieux de Lazaroni, prônant toujours la défense. Contre l'Argentine il continue d'avoirl e cul entre deux chaises, voulant jouer l'offensive mais sans se donner les moyens de l'être. Avec huit joueurs d'ordinaire habitués à protéger leur but et trois spécialistes seulement à la création (Valdo, Careca, Muller). Quand Lazaroni se décida enfin à corriger le tir, il était trop tard. Il enleva Mauro Galvao, son libéro symbole, et lança Silas milieu offensif à sa place. Il ôta Alémao pour lancer un troisième attaquant, Renato. Mais il ne restait que six minutes à jouer et surtout Ricardo venait juste de se faire expulser et Caniggia avait ouvert la marque trois minutes plus tôt. Six minutes à attaquer avec l'énergie du désespoir en guise de lucidité ou d'imagination. Toute la théorie de cet ancien gardien de but qui mit un terme à sa carrière dès l'âge de vingt ans pour étudier la profession d'entraîneur dans un institut d'éducation physique s'écroulait, et il y avait une logique. Car elle s'appuyait sur une double erreur.
D'abord, une erreur sur l'hypothèse de départ : « Le Brésil commet trop de fautes défensives. Cela nous a coûté cher lors des dernières Coupes du monde. En assurant derrière, le talent fera la différence », disait l’entraîneur brésilien. Ce prétexte au réalisme s'appuyait sur une mémoire bien courte : en 1986, le Brésil n'encaissa qu'un but en cinq matchs, celui de Platini. Ensuite, une erreur sur la nature profonde de ses joueurs. Gilberto Gil, comme tous les brésiliens qui n'ont jamais arrêté de critiquer Lazaroni, avait compris que l'on je noue pas imunément avec l'identité. Cinq défenseurs et deux milieux défensifs n'ont pas suffi à arrêter Maradona. Ni à éviter l'erreur de marquage sur Caniggia. Ils ont par contre empêché ce Brésil de jouer à fond sur son meilleur atout : l'inspiration offensive. Romario, Bebeto, Renato ou Silas n'ont pratiquement pas pris part à cette coupe du monde. Dunga, Alemao, Mauro Galavao ou tous les libéros du monde ne remplaceront jamais ce qu'ils étaient capables d'apporter : la fantaisie dans le jeu pour déséquilibrer le béton argentin, une présence sur le front de l'attaque pour étirer le mur dressé dans l'axe par les joueurs de l'albiceleste. Le Brésil de Lazaroni quitte la coupe du monde et contrairement à ces prédécesseurs de 82 ou de 86, il ne restera pas dans nos mémoires.Dans cette équipe il n'y avait qu'un seul artiste et c'est Diego lui-même qui pensera à lui, sitôt la rencontre terminée « Le Brésil était plus fort. Il ne méritait pas de perdre. D'ailleurs,dès le coup de sifflet final, je n'ai pas ressenti tout de suite l'envie d'exprimer ma joie, mais surtout celle de consoler mon ami Careca, pour lequel j'étais triste ». Voici un résumé de la rencontre assez complet :
Merci Alex, tout article sur ce Mondiale mal-aimé est le bienvenu...
RépondreSupprimerQuant aux brésiliens, qu'ils se souviennent de tous les attentats commis sur Pibe pendant ce match. Un commentateur UK disait même qu'il avait arrêté de compter...
Je suis brésilien et je n'ai pas des bonnes souvenirs de cette coupe hehe. L'image de Maradona avec le maillot du Brésil, c'est super!
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