Saison 1992-93, on joue
la 9ème journée de championnat en ce début du mois d'octobre et on
assiste au premier choc de la saison entre l'Olympique de Marseille
et l'AS Monaco. Les deux clubs viennent de disputer deux finales de
coupes d'Europe lors des deux saisons précédentes et pour l'OM, ce
match est un test important comme l'explique le boss, Bernard Tapie,
juste avant la rencontre : « Il y a de nombreux
points de satisfaction cette saison, mais il y a aussi des points
interrogation. Nous sommes à un moment charnière, avec un effectif
renouvelé. J'ai hâte de jouer des matches comme celui-ci, ça
permet de voir où on en est ». Du côté marseillais on se
méfie de cette rencontre car si l'OM réussit plutôt bien à Louis
II, elle est du mal ces dernières saisons à faire plier
l'adversaire monégasque au Vélodrome. Et dès le début du match,
l'équipe marseillaise, s'emploie à tordre cette légende naissante,
au prix d'une belle débauche d'efforts mais rapidement tout le monde
se rend compte que les phocéens vont avoir à faire avec le diable
en personne avec Jean-Luc ETTORI. Ce que le gardien monégasque va
réussir au Vélodrome va tenir du prodige. Pour ne parler que des
neuf première minutes, il va réaliser quatre parades décisives sur
des essais de Boksic, (une tête et un tir), de Deschamps ou de
Völler, ce qui ne l'empêcha pas de confier à la mi-temps au micro
de Canal + : « Le plus dur reste à faire ». Une
manière comme une autre de revenir sur terre et de ne pas perdre sa
concentration. A 37 ans, on évite la parole de trop et la
dispersion. Ettori venait de gagner une bataille mais pas le match.
Et le plus terrible restait effectivement à venir pour le capitaine
monégasque. Impérial et insolent face aux tentatives de Völler, de
Durand et de Pelé, il allait concéder, à l'approche du dernier
quart d'heure, le but le plus bête qui soit pour un portier de son
expérience. Le tir de Didier DESCHAMPS, d'une vingtaine de mètres,
n'avait en effet rien d'un coup de foudre, et pourtant il se logea
dans le coin droit d'Ettori, surpris par une balle fusant sur la
pelouse humide. Du déjà vu et un homme déçu : « C'est
sûr que je m'en veux. Nous n'étions pas loin du match nul, nous
avions même eu juste avant une belle occasion avec Klinsmann...Tout
ce que j'ai pu faire avant n'a servi à rien, et nous voilà
désormais à 4 points des marseillais, un écart important ».
Du côté Marseillais, en revanche on a la satisfaction du devoir
accompli et d'y avoir mis la manière. Le héros du jour, qui ne se
souvenait plus très bien à quand remontait son dernier but en match
officiel « Je sais que ça fait longtemps, au moins trois ou
quatre mois. Ça devait être contre Cannes. J'avais vraiment envie
de marquer, j'en avais même besoin pour me débloquer
psychologiquement. C'est arrivé devant Monaco, cela nous a permis de
gagner, tant mieux. Mais les Monégasques sont des adversaires
difficiles, bien organisés, et que nous les ayons battus sur leurs
points forts, le pressing et la récupération, est la preuve que
nous progressons bien ». Voici le but de DD en vidéo et en
dessin :
C'est amusant mais j'ai
toujours pensé que ce but avait été un déclic dans la carrière
de Didier DESCHAMPS, comme si il s'était prouvé qu'il pouvait être
décisif dans un match au sommet et qu'à partir de ce moment il
allait se consacrer à la récupération du ballon et à la première
relance au détriment des phases offensives. Car il faut se souvenir
que Deschamps à Nantes était un milieu de terrain qui n'hésitait
pas à se projeter à l'avant et même lors de ses débuts en équipe
de France, il n'hésitait pas à tenter sa chance devant le but. Son
transfert, compliqué, à Marseille et son prêt à Bordeaux l'ont
perturbé et il avait du mal à trouver sa vraie position dans ces
différentes équipes (difficile pour les pensionnaires de la
Jonelière de toute façon de s'adapter un autre système que celui
couvé par le tandem Suaudeau/Denoueix mais ceci est une autre
histoire...). Et c'est vraiment à partir de cette saison 1992/93
qu'on va voir le vrai Deschamps, celui qui va devenir le capitaine
des Champions d'Europe à Munich, puis de nouveau champion d'Europe
avec la Juve et surtout avec les Bleus jusqu'au sacre du 12 juillet
98. A partir de ce but face à Monaco, Deschamps ne marquera plus ou
presque mais deviendra le métronome du milieu de terrain. Il faudra
attendre la fin de sa carrière et l'Euro 2000 pour le voir de
nouveau « offensif » dans les phases de jeu. Critiqué de
l'intérieur par la jeune garde de l'équipe de France qui, sous
couvert, disait qu'il était vieux et dépassé, « la dèche »
avait été touché dans son orgueil et avait livré un très grand
Euro 2000. Durant ce championnat d'Europe on l'avait vu jouer plus
haut quand les français avait le ballon mais ça l'avait éreinté,
souvenez vous de son écahnge avec Roger Lemerre dans le rond central
après le but en or de Trézeguet...Là aussi il s'était prouvé à
lui-même qu'il pouvait être au top lors d'une grande compétition,
à la fois défensivement et offensivement et sûrement qu'il n'avait
plus rien à se prouver lui-même avec l'équipe de France, d'où sa
décision d'arrêter sa carrière internationale. Je sais que
j'interprète ces différentes situations mais je ne dois pas taper
très loin de la vérité....
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