Il y a 20 ans, le 5
septembre 1993, l'équipe de Colombie quittait le Monumental de
Buenos Aires sous les vivats du public argentin. Ce jour-là, les
protégés de Maturana avaient atteint le paradis du jeu et affligé
à la sélection argentine la plus grande claque de son histoire.
Pourtant tout avait commencé sous le signe de la plus grande
hostilité pour les colombiens sur le sol argentin. Car à peine
Carlos VALDERRAMA avait franchi la douane, qu'on lui cracha au
visage, on lui tira les cheveux, on le traita de trafiquant de
drogue. Plus qu'ailleurs, en Argentine (à l'époque), les clichés
ont valeur de références. Le veille du match c'est encore pire,
fausse alerte à la bombe dans l'hôtel des joueurs colombiens,
ballet incessant et irréel d'une centaine de supporters qui ont
défilé sous les fenêtres des Colombiens pour rendre leur sommeil
cauchemardesque. Le lendemain, le match à lieu à 21h mais le
monumental se remplit avant la fin de l'après-midi, il faut dire
qu'au delà de la rivalité historique, c'est une véritable finale
avec à la clef un billet pour la coupe du monde 1994. Ce match
oppose une Colombie qui n'a besoin que d'un match nul. Tandis que
pour les ciels et blancs, seule une victoire les emmènerait
directement aux USA et un revers les condamnerait à une élimination
honteuse si le Paraguay s'impose au Pérou dans le même temps. Mais
ça aucun des 50 000 spectateurs présent dans le Monumental n'y
pense et deux heures avant le match c'est une foule en liesse qui
chante, qui crie « Ohé Argentina, chaque jour qui passe, je
t'aime un peu plus. Et c'est un sentiment que je ne peux pas
maîtriser ». Le Monumental entonne cet hymne en boucle ;
un chant d'amour qui expulse, enfin, toute la haine qui entoure le
match de l'année en Amérique du Sud. Tout le monde enlève son
tee-shirt et le fait tournoyer quand arrive les hommes d'Alfio Basile
pour l'échauffement, tout le monde se demande si les colombiens vont
oser entrer dans cette arène chauffer à blanc.
Et on repense à cette phrase de Maturana le sélectionneur colombien à la veille de ce choc quand on le questionnait sur l'enfer qui allait attendre ces joueurs au Monumental : « Je ne connais pas une tribune qui ait marqué un but ». On peut en douter tant l'ambiance doit être pesante sur les adversaires mais pourtant il n'en sera rien, bien au contraire. Ce soir-là Asprilla et Valderrama vont faire le match de leurs vies. 41ème minute, Valderrama lance parfaitement Rincon, qui se joue facilement, comme dans un rêve, de Goycochea. La Colombie ouvre la marque et toute l'Argentine devient muette, le Monumental si bouillant devient glacé. Et les menaces fièrement claironnées à l'aube du match résonnent déjà de la glaciale réalité. L'écho semble se perdre au bout d'illusions presque perdues. « On va voir la différence entre grande équipe et une bonne équipe » avait osé Goycochea. Se doutait-il, alors, qu'il se trouverait dans la peau du second rôle, impuissant devant les répliques du héros principal. Cette voix qui lui chante aux oreilles le bonheur d'un jeu développé et aéré est celle de Carlos Valderrama.
La Colombie dans autour de son leader et il trouve en Asprilla son parfait lieutenant. L'attaquant d'abord exclu puis récupérer par la sélection prouve qu'il n'est pas qu'une grande gueule mais aussi un grand joueur. Il survole la rencontre et plombe le Monumental définitivement en seconde période, deux but et un caviar pour son pote Valencia. La Colombie est belle dans cette harmonie de rythme et d'arabesques. Elle s'amuse, elle joue. Seulement. Et le Monumental va applaudir son ennemi de la veille, le public argentin s'engage dans l'étreinte, il a choisi le jeu et rejeté sa fibre patriotique. Il a préféré la fête aux pleurs qu'il pourrait couler sur le cadavre de l'Argentine. Cette sortie sous les hourras et bravos pour leurs adversaire est pour les onze joueurs argentins, sûrement le pire souvenir de leur carrière. En tout cas il avait raison, Maturana, quand il disait qu'une tribune ne marquerait jamais de but. Il avait raison lui, de mordre dans le jeu. D'adapter ce sport à une chanson de geste. Raison encore de maintenir un groupe révélé lors de la Copa America 1987 et raison de confier les clefs de la maison à ce joueur hors normes qu'était El Pibe Valderrama. C'était il y a 20 ans et on pensait que la Colombie allait gagner la coupe du monde puis l'histoire balbutia. On peut y trouver des explications à travers l'histoire d'Andres ESCOBAR (Voir le sujet : flingué pour un but contres son camp) mais en ce 20ème anniversaire, on va juste se faire plaisir en regardant le récital du Monumental :
Et on repense à cette phrase de Maturana le sélectionneur colombien à la veille de ce choc quand on le questionnait sur l'enfer qui allait attendre ces joueurs au Monumental : « Je ne connais pas une tribune qui ait marqué un but ». On peut en douter tant l'ambiance doit être pesante sur les adversaires mais pourtant il n'en sera rien, bien au contraire. Ce soir-là Asprilla et Valderrama vont faire le match de leurs vies. 41ème minute, Valderrama lance parfaitement Rincon, qui se joue facilement, comme dans un rêve, de Goycochea. La Colombie ouvre la marque et toute l'Argentine devient muette, le Monumental si bouillant devient glacé. Et les menaces fièrement claironnées à l'aube du match résonnent déjà de la glaciale réalité. L'écho semble se perdre au bout d'illusions presque perdues. « On va voir la différence entre grande équipe et une bonne équipe » avait osé Goycochea. Se doutait-il, alors, qu'il se trouverait dans la peau du second rôle, impuissant devant les répliques du héros principal. Cette voix qui lui chante aux oreilles le bonheur d'un jeu développé et aéré est celle de Carlos Valderrama.
La Colombie dans autour de son leader et il trouve en Asprilla son parfait lieutenant. L'attaquant d'abord exclu puis récupérer par la sélection prouve qu'il n'est pas qu'une grande gueule mais aussi un grand joueur. Il survole la rencontre et plombe le Monumental définitivement en seconde période, deux but et un caviar pour son pote Valencia. La Colombie est belle dans cette harmonie de rythme et d'arabesques. Elle s'amuse, elle joue. Seulement. Et le Monumental va applaudir son ennemi de la veille, le public argentin s'engage dans l'étreinte, il a choisi le jeu et rejeté sa fibre patriotique. Il a préféré la fête aux pleurs qu'il pourrait couler sur le cadavre de l'Argentine. Cette sortie sous les hourras et bravos pour leurs adversaire est pour les onze joueurs argentins, sûrement le pire souvenir de leur carrière. En tout cas il avait raison, Maturana, quand il disait qu'une tribune ne marquerait jamais de but. Il avait raison lui, de mordre dans le jeu. D'adapter ce sport à une chanson de geste. Raison encore de maintenir un groupe révélé lors de la Copa America 1987 et raison de confier les clefs de la maison à ce joueur hors normes qu'était El Pibe Valderrama. C'était il y a 20 ans et on pensait que la Colombie allait gagner la coupe du monde puis l'histoire balbutia. On peut y trouver des explications à travers l'histoire d'Andres ESCOBAR (Voir le sujet : flingué pour un but contres son camp) mais en ce 20ème anniversaire, on va juste se faire plaisir en regardant le récital du Monumental :
A noter que le Paraguay
ne fera que 2-2 au Pérou laissant l'Argentine finir 2ème de sa
poule et de s'offrir un barrage face à l'Australie. Le sauveur Diego
sera rappelé à cette occasion lui qui était présent dans les
tribunes du Monumental et qui aura entendu l'appel du public après
le 5ème but Colombien et les « Diego » qui sortait des
travées. Voici le tableau complet de ces éliminatoires concernant
Colombiens et Argentins.
Et voici les planches des deux équipes avant la coupe du monde 1994, à noter que pour l'Argentine il ya une grossière erreur. Il ne s'agit pas de Medina Bello sur la dernière ligne mais d'Alberto Costa l'ancien joueur de Toulouse.
Et voici les planches des deux équipes avant la coupe du monde 1994, à noter que pour l'Argentine il ya une grossière erreur. Il ne s'agit pas de Medina Bello sur la dernière ligne mais d'Alberto Costa l'ancien joueur de Toulouse.
No es Victor Gorosito, es Néstor. Y en la foto de Medina Bello aparece Alberto Acosta.
RépondreSupprimerSuperbe action sur le cinquième. L'extérieur en profondeur de Carlos V, la petite ouverture dans la surface, le petit coup de pied pour tromper le gardien...la grande classe !
RépondreSupprimerGrâce à toi je redécouvre tous ces merveilleux moments de foot sud-américain, merci Alex...