Comme on l’a vu dans le dernier
sujet sur Alan SHEARER, les Blackburn Rovers furent champion d’Angleterre 1994-95. Si on
excepte le titre de Manchester City en 2012, c’est la seule fois en 20 ans d’existence
de la Premier League, que le titre échappera au Big Three (Manchester United,
Arsenal, Chelsea). Cet exploit c’est l’œuvre d’un homme, le propriétaire du
club, le regretté Jack WALKER. Jack WALKER c’est un personnage de roman, il
quitte l’école à 13 ans et va finir milliardaire. Fils d’ouvrier, ce natif de Blackburn
commence dans la vie active comme son paternel, ouvrier dans la sidérurgie
sitôt qu’il a quitté les bans de l’école. Ensuite il rejoint avec son frère l’entreprise
familiale que son père vient de créer, une entreprise de sidérurgie évidemment.
En 1951, après le décès de so père il reprend la petite entreprise familiale, qu’il
va faire prospérer. Quand il reprend l’affaire familiale le chiffre d’affaire
annuel est alors de 46 000 livres, quand il revend l’affaire c’est une
entreprise de 3 400 employés générant des profits de 48 millions de livres !
La fortune de Walker va s’élever à plus de 600 millions de livres (plus de 6 milliards
de Francs à l’époque) après qu’il est vendu l’entreprise familiale à la multinationale
British Steel. Mais pourquoi vendre ? Parce que Jack WALKER a un rêve, le
magnat de la sidérurgie a choisi en 1989 de vendre son entreprise pour s’offrir
alors son rêve de jeunesse : l’équipe de foot de sa ville, les Rovers. A l’époque,
la maire de Blackburn, la conservatrice Edna Arnold, a très vite compris que sa
ville « déserté par les industries
du textile avec la crise (et oui déjà), allait revenir sur le devant de la
scène grâce au football et grâce à Jack Walker ». Et dès sa première
année de présidence, Jack WALKER a bâti. D’abord un stade : 200 millions
de francs (les chiffres que j’ai de l’époque sont en francs alors je les
conserve pour le sujet à vous de vous faire une idée et une conversion) dépensés
pour transformer les vieilles tribunes d’Edwood Park. Elles avaient le charme
boisé des écrins d’avant-guerre, il façonnera une arène toute de métal,
business-loges et places couvertes. Rasé le bois pour du métal, on n’efface pas
50 années dans la sidérurgie du jour au lendemain mais WALKER est un
visionnaire et Blackburn se dote alors d’un des stades les plus modernes du
royaume. Voici une petite comparaison avant et après lifting métallique d’Edwood
Park, qui aurait pu être rebaptisé Edsteel Park :
Puis Walker frappera un grand
coup, en réussissant à convaincre le grand Kenny DALGLISH d’entrainer les
Rovers, alors en deuxième division, après que celui-ci a décidé de mettre un
terme à sa fructueuse autant que pesante collaboration avec Liverpool. Dalglish
manager et Walker président c’est la recette qui fonctionne à la tête du club.
Dalglish recrute et Walker paie. Ils débauchent Alan Shearer pour 30 millions
de francs, puis 50 pour Chris Sutton, arraché à Norwich. Quand il est arrivé au
club la masse salariale était de 15 millions de Francs, l’année du titre elle
sera de 54. Et les dépense ne s’arrêtent pas là puisque Walker rachète le vieil
asile de fou de la ville, le fait rénover et le transforme pour accueillir le
centre de formation du club ! Alors quand en 1995, Blackburn est sacré
lors de la dernière journée à Anfield Road, le vieil homme ne peut s’empêcher de verser
une larme et de déclarer : « Ce rêve de gosse est devenu réalité
au prix d’un vrai miracle ». Un miracle oui et non car oui le
scénario de cette dernière journée est favorable aux Rovers (défaite à
Liverpool mais Manchester tenu en échec à West Ham). Mais ce titre marque la
progression de Blackburn depuis des années,
au travers de ses infrastructures comme on a pu le voir mais aussi dans
le jeu prôné par les hommes de Dalglish avec une 4ème puis une 2ème
place avant le sacre de 1995. Et pourtant Dalglish a failli rater le coche.
Alors que son équipe caracole en tête du championnat (8 points d’avance en
avril) et que Manchester voit Cantona sanctionné jusqu’à la fin de saison pour
un désaccord avec un supporter adverse, Blackburn va s’enliser. Et tout ça à
cuase des choix de l’entraîneur écossais qui modifie son équipe type en fin de
saison pour intégrer le joueur prêter par Bordeaux, Richard Witschge. L’erreur
de Dalglish était manifeste et Blackburn prend l’eau de son côté gauche et oui
celui du hollandais. La presse s’en inquiète et le fait remarquer, à un
DALGLISH qui a la réponse toute trouvée : « Je n’ai pas à justifier
mes choix et surtout pas à en discuter avec les journalistes ». Je
pense qu’à ce moment Blackburn, qui avait été en tête du championnat tout la
saison souffrait de la pression exercé par le come-back des Reds Devils. Mais
heureusement pour les amoureux des Rovers, United craquera lors du dernier
virage, ce qui est assez exceptionnel dans l’ère Sir Alex Ferguson et Blackburn
peut fêter son troisième titre de champions après ceux de 1912 et 1914 (plus de
8à ans d’attentes tout de même !!). Les Rovers font la fête dans un stade
d’Anfield Road qui les acclame pour deux raisons. Tout d’abord car les
supporters des Reds n’ont pas la mémoire courte et que Kenny DALGLISH est ici
une légende vivante, ensuite et surtout parce que les Rovers ont privé le grand
rival, MU, d’un titre de champion. Pour vous replonger dans le bain de ce titre des Rovers, voici tous les buts de leur
saison historique :
Quand Blackburn refusa Laurent
BLANC
Avec le recul ce qui est amusant
c’est de voir les interviews post-titre de Kenny DLAGLISH qui lui est déjà tournée
vers l’exercice 1995-96 et la future ligue des champions (domaine où à l’époque
les clubs anglais ne brillaient pas). Pour Dlaglish c’est sûr il lui faut du
renfort et surtout en charnière centrale où il veut un vrai libéro pour l’associer
avec son stoppeur écossais Colin HENDRY. Pour Dalglish il faut que ce soit un
joueur du continent car sa légion étrangère est trop maigre selon lui pour les
joutes européennes et c’est là la principale raison de l’échec de de Blackburn
cette saison là en UEFA (Eliminé au 1er tour face aux suédois de
Trelleborg). Donc DALGLISH en quête d’un libéro va faire comme tout le monde à
cette époque, c’est-à-dire qu’il va faire son marché en France. Enfin même si à
l’époque on l’ignorait il ne fera que rentrer dans le magasin sans consommer. Il
se renseigne sur Frank VERLAAT d’Auxerre mais juge finalement que le joueur est
trop peu physique pour se frotter aux attaquants du championnat d’Angleterre. Alors
on lui propose Laurent BLANC (St-Etienne) mais DALGLISH refuse aux mêmes motifs,
que le président n’est pas assez puissant pour s’imposer en Premier League. En fait
DLAGLISH qui regardé énormément le championnat français avait déjà coché deux
noms et c’est l’un des deux qu’il voulait : Bruno N’Gotty (Olympique
Lyonnais) et Lilian THURAM (AS Monaco) mais l’histoire s’arrêtera là pour les
frenchies avec Blackburn même su quelques saison plus tard il y aura la
signature de Sébastien Perez. Blackburn se fera griller par Paris pour N’Gotty
et Thuram restera une saison de plus sur le
rocher avant de partir à Parme. Blackburn lui vendra pour un transfert
record SHEARER en 96 à Newcastle et rentrera progressivement dans le rang avant
de voir en 2000 son président Jack WLAKER nous quitté après avoir perdu la
bataille contre le cancer à l’âge de 71 ans. SA famille et ses héritiers sont
toujours propriétaires du club.
L’œil de Robbie SLATER
Avant de voir l’effectif au
complet des champions d’Angleterre, une petite parenthèse avec l’ancien joueur
du RC Lens, l’australien Robbie SLATER. En fait il s’agit d’une interview faite
par France Football après le titre du champion que je trouve très intéressante
à relire aujourd’hui. La question tourne autour des performances des équipes anglaises
en coupe d’Europe et le contexte de l’époque est alors totalement différent de
celui qu’on connait aujourd’hui. Depuis le retour des clubs anglais sur la
scène européenne, après les sanctions suite aux évènements du Heysel, les
résultats ne sont plus aux rendez-vous et surtout dans la plus prestigieuse des
coupes européennes, celle aux grandes oreilles. Alors que l’Angleterre avait
remporté la coupe d’Europe des Clubs Champions 7 fois en 8 ans avant le Heysel
(Liverpool 1977, 1978 ; 1981, 1984, Nottingham Forest 1979, 1980 et Aston
Villa 1982), depuis 1991 les clubs anglais plient rapidement. En fait seul
Arsenal se révèle performant et à l’époque (post Arsène Wenger) il est le
dernier club adepte du traditionnel « Kick
& Rush » et vient de disputer deux finales consécutives de C2.
Donc la question qui est posé à l’australien est de savoir si la réussite des
clubs anglais ne doit-elle pas reposer sur un retour aux sources comme le font
les Gunners ? « Les clubs continentaux ne sont plus habitués à faire face à ce
type de jeu. Et puis Arsenal dispose de quelques excellents joueurs qui, eux,
sont parfaitement rodés aux schémas et possèdent une mentalité de battants. Mais
Saragosse a montré les limites du jeu à la Gunners. L’avenir n’est plus au « Kick
and Rush » même si certains pensent que c’est encore la meilleure façon de
contrer les grands clubs italiens, espagnols ou français ».
Et il trouve une autre explication aux échecs anglais et vous allez voir c’est très intéressant : « Blackburn ne connaitra pas la même mésaventure que Manchester car les Red Devils avaient un gros handicap : le nombre de joueurs étrangers ! Alex Ferguson devait modifier son équipe type lorsqu’il jouait en Coupe d’Europe alors que chez nous, Kenny Dalglish n’aura pas le même problème et pourra aligner son équipe type en Ligue des Champions ». Sacré visionnaire, le Robbie SLATER, il a vu la fin du « Kick & Rush » même si depuis la création de la Premier League en 1992 et l’arrivée massive de joueurs étrangers c’était dans l’air du temps mais la deuxième partie de son interview est encore plus intéressante même si les évènements n’ont pas suivi sa réflexion. Si les clubs anglais vont par la suite redevenir performants en coupe d’Europe ce n’est pas parce que les équipes alignaient que des joueurs britanniques, non c’est juste qu’un certain Bosman va modifier l’Europe du football et que Sir Alex et les autres n’auront plus à s’embêter à faire deux équipes, une pour le championnat et une pour la coupe d’Europe. Bon je me suis un peu écarté du sujet mais avec le recul je trouvais amusant de voir à quel point cet arrêt Bosman a changé la face du football en Europe. Et maintenant l’effectif au complet des champions 1994-95, pas en Panini mais avec son concurrent anglais, l’éditeur Merlin :
Et cette redoutable formation sur une seule et même planche :
Et il trouve une autre explication aux échecs anglais et vous allez voir c’est très intéressant : « Blackburn ne connaitra pas la même mésaventure que Manchester car les Red Devils avaient un gros handicap : le nombre de joueurs étrangers ! Alex Ferguson devait modifier son équipe type lorsqu’il jouait en Coupe d’Europe alors que chez nous, Kenny Dalglish n’aura pas le même problème et pourra aligner son équipe type en Ligue des Champions ». Sacré visionnaire, le Robbie SLATER, il a vu la fin du « Kick & Rush » même si depuis la création de la Premier League en 1992 et l’arrivée massive de joueurs étrangers c’était dans l’air du temps mais la deuxième partie de son interview est encore plus intéressante même si les évènements n’ont pas suivi sa réflexion. Si les clubs anglais vont par la suite redevenir performants en coupe d’Europe ce n’est pas parce que les équipes alignaient que des joueurs britanniques, non c’est juste qu’un certain Bosman va modifier l’Europe du football et que Sir Alex et les autres n’auront plus à s’embêter à faire deux équipes, une pour le championnat et une pour la coupe d’Europe. Bon je me suis un peu écarté du sujet mais avec le recul je trouvais amusant de voir à quel point cet arrêt Bosman a changé la face du football en Europe. Et maintenant l’effectif au complet des champions 1994-95, pas en Panini mais avec son concurrent anglais, l’éditeur Merlin :
Et cette redoutable formation sur une seule et même planche :
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