Il était une fois David TREZEGUET

L’histoire de l’éclosion et de la réussite de David TREZEGUET à Monaco est une belle histoire de famille, comme on n’en rencontre presque plus. En effet si David TREZEGUET est devenu champion de France, meilleur buteur du championnat avec Monaco et dans le même temps champion du monde avec les bleus c’est avant tout le résultat d’un pari familial.  En effet, le père de David Trezeguet avait alors tenté un sacré coup de bluff. Pour comprendre ce choix familial il faut remonter à l’été 1995, où la famille TREZEGUET fait le choix de bouleverser son existence pour le fils ainé, David qui décide de partir en Europe. Le jeune David raconte : « Moi, au début, je ne me rendais pas trop compte, je n’avais que 17 ans. A cet âge-là tu ne fais pas gaffe. Mais rapidement j’ai compris les sacrifices consentis pour moi, mon père avait à travail là-bas, ma mère aussi. Ma sœur avait 11 ans et allait à l’école. Tout le monde avait ses mais, sa vie… ». Et son père, Jorge, d’ajouter « Même si la vie est dure à Buenos Aires, elle était aussi difficile à quitter ».  Sacrée responsabilité en tout cas pour un adolescent de 17 ans que d’embarquer les siens dans une telle aventure transatlantique. Son père Jorge, ancien joueur professionnel avec notamment trois saisons à Rouen entre 1976 et 1979, ne doute pas. « Je connais le métier, je n’ai pas douté, j’étais sûr des qualités de David, je n’avais pas de pression. Par contre je savais que si David venait en Europe il fallait qu’on vienne avec lui ». Ce que confirme le fiston, né à Rouen en 1977 pendant le passage du paternel chez les Diables Rouges de Normandie, « La priorité pour moi, c’était d’amener ma famille…. ».  Mais avant cela, au printemps 1994, il faut savoir que David du haut de ses 16 ans fait déjà sa première apparition avec l’équipe Pro de Platense en première division Argentine, ensuite lors de la saison 1994-95 il fera 4 autres apparitions bien des années avant qu’il ne retrouve ce championnat avec River Plate. Voici quelques clichés de cette époque :
Ce club de Platense, c’est là où il a appris ses gammes avec les équipes de jeunes du club et je vous propose un petit jeu. Sur cette photo, une des premières de David Trezeguet avec son club formateur, sauriez-vous le retrouver ? La réponse à la fin de ce sujet ?
Donc le jeune David dispute 5 matchs de première division en Argentine avant d’être approché par un impresario, Raphaël Santos qui évoque avec son père et lui, la possibilité de faire carrière en France. L’homme les mets en relation avec l’ancien joueur Omar Da Fonseca qui connait très bien le football français pour y avoir joué pendant des années. Parmi les nombreux clubs qu’a connu Omar da Fonseca, il y a le PSG et c’est là que l’agent argentin fait jouer ses relations pour que son jeune compatriote intègre le stage d’avant saison de l’exercice 1995-96. David débarque à Pouligny, accompagné seulement de son père, pour l’instant. Trezeguet raconte : « J’ai fait vingt-cinq jours de stage, dans un bel endroit, où il y avait un golf. Ça s’est bien passé. Mon père avait discuté avec le coach Luis Fernandez. Lui, il m’avait dit que j’allais rester, Bravo et Raï aussi ? Moi, j’étais sûr d’avoir convaincu ». Et bien non, c’est la peau de banane…. « Cinq jours avant la fin de la période des transferts, on me dit "Non, tu ne restes pas ". Je ne savais plus quoi faire ». Mais Jorge Trezeguet et Omar da Fonseca ont un plan de secours. Trézeguet senior se souvient : « Le jour où on a appris la décision de Paris, on a filé aussitôt à Monaco ».

La légende veut que le destin de Trezeguet se soit réglé en 30 minutes sur le Rocher. Le temps d’un petit cinq-cinq avec les coaches et les remplaçants, à la Turbie. Comme l’équipe une avait joué la veille en Suisse en match de préparation, la première équipe de Trezeguet fût : Piveteau, Valery, Puel et l’entraineur de l’ASM, Tigana. A la fin de la rencontre, l’entraineur monégasque s’approche de David et lui dit « tu peux rester ». Le lendemain matin, David TREZEGUET signait son contrat d’aspirant, 15 000 francs par mois et un appartement pour toute la famille Trezeguet. Jorge TREZEGUET confie « c’est exactement ce qu’on demandait à Paris, mais j’ai appris par la suite que c’est Jean-Michel MOUTIER, le directeur sportif du PSG qui avait mis son véto. Apparemment, il n’acceptait pas qu’un joueur de 17 ans gagne 15 000 francs et demande un appartement ». A la loterie de l’avenir, Paris n’a pas misé et si Luis FERNANDEZ avait senti le numéro gagnant hélas pour Paris, ce n’est pas lui qui avait les jetons en main. Pour David TREZEGUET l’histoire ne s’arrête pas là et le plus dur reste à faire. Outre la barrière de la langue, David doit s’imposer avec l’équipe réserve, dans un groupe rongé par les jalousies et l’angoisse des lendemains sans football pour tous ses aspirants.

L’ambiance au sein de la réserve monégasque au cours de la saison 1995-96 est délétère et David se souvient : « Ce n’était pas facile, on n’était pas bien ensemble. D’ailleurs, cette année-là, on a fini 15ème du championnat ». Pour Jorge, son fils à créer des jalousies sen débarquant : « Il arrive, personne ne le connait et il joue tout de suite, normal que ça crée des tensions dans un groupe ». Et c’est un Trezeguet amer qui revient sur cet épisode de sa carrière qui a dû être douloureux quand on entend ces propos revanchards, tranchant avec le caractère posé et doux qu’on connait du franco-argentin : « A la fin, on est cinq, six à être pros, et les autres ils sont tous partis. Des fois tu ne les retrouves même pas en national ». Mais heureusement pour lui dans le lot, il y a quand même des potes comme Philippe CHRISTANVAL et surtout Thierry HENRY, dont le soutien et l’amitié ont beaucoup compté. « Au départ, quand je ne parlais pas un mot de français, on communiquait comme on pouvait. Il m’expliquait tout, il m’emmenait avec lui… ». Et pendant longtemps à Monaco Titi fera le chauffeur pour un David sans permis. Des deux c’est Thierry HENRY qui va prendre le départ le plus rapide alors que pour David il faudra une demi-saison pour intégrer le groupe pro à l’entrainement, en janvier 1996. Il raconte : « Les entrainements avec les pros ont coïncidé avec une période où je me sentais mieux en début d’année. Ma mère et ma sœurs étaient arrivé à Noël, après la fin de l’année scolaire en Argentine ». Un équilibré familial nécessaire à l’épanouissement du footballeur.
La famille TREZEGUET à Monaco
Un mois plus tard, à 18 ans il fait ses grands débuts en première division, le 7 février 1996 contre … le Paris Saint Germain, connaissant Jean Tigana c’est tout sauf un hasard si il lance le jeune revanchard face au club qui lui a claqué la porte au nez. Lors de cet exercice 95-96 il disputera 4 bouts de rencontres et 5 autres la saison suivante, celle du titre de champion de France. Mais le buteur n’a toujours pas débloqué son compteur. Il le fera face à Cannes le 5 septembre 1997 et après on ne l’arrêtera plus et finira la saison 1997-98 avec 18 réalisations et aussi un formidable coup de canon à Old Trafford face à Manchester United en quart de finale de la Ligue des Champions :


Des performances qui lui voudront son billet pour le mondial 98 car entretemps David TREZEGUET est devenu un international français. C’est Gérard Houiller qui le convoque pour la première fois en 1996 avec les moins de 19 ans. C’est l’année de ses 18 ans et il doit faire un choix : « Mon père m’a expliqué ce que cela signifiait ». Et c’est assez simple à expliquer, si il décidait de jouer pour les bleus il ne pourrait plus jamais porter le maillot bleu et blanc de l’Argentine. Argentin par le sang, Français par le sol, Trezeguet fait le choix du cœur et décide que désormais comme sa vie, sa famille est en France alors il sera français : « Déjà un an auparavant j’avais été appelé pour un rassemblement par Pekerman, le sélectionneur des jeunes argentins. J’avais refusé d’y aller car je savais qu’un parcours en sélection chez les jeunes c’est très aléatoire et que ça peut être très court,  alors qu’une carrière ça  se gère sur le long terme, d’où mon choix de venir en France ». Car si David est né sur le territoire pendant la carrière pro de son père, il avait rejoint l’Argentine à deux ans, trop petit pour garder des souvenirs : « Pourtant, alors qu’on ne lui avait jamais parlé de la France, il avait huit ans et il était un fanatique d’Alain Prost ou de l’équipe de France de rugby », se souvient Jorge. « Je me sentais très attiré par la France sûrement pas que mon père avait joué ici ».

Du coup dans sa jeunesse argentine, il gagne un surnom sur les terrains qu’il apprécie plus que tout : « El Françès ». C’est ainsi que Trezeguet répond favorablement à cette convocation pour affronter le Slovaquie en U19. 90 minutes plus tard et après deux buts et deux passes décisives pour un triomphe 6-1, David débute sa belle romance avec l’équipe des moins de 20 ans.  En une saison et demie, Trezeguet va jouer 30 fois avec les U19 et marquera 39 fois !! La génération Trezeguet-Henry-Anelka sera championne d’Europe puis partira disputer les championnats du monde en Malaisie. Ce championnat du monde 1997 sera un déclic dans la carrière de Trezeguet. Même si au final c’est l’Argentine emmenée par le jeune Juan Roman Riquelme et entrainée par Pekerman qui l’emporte, Trézeguet lui trouve des motifs de satisfaction : « Le niveau était très fort, et je termine deuxième buteur, avec cinq buts. Alors je me suis dit, si tu marques ici pourquoi pas en championnat, pourquoi pas en Ligue des Champions ? ». Et c’est exactement ce qu’il fera en 1997-98 comme on l’a vu précédemment et une fois qu’il a eu ouvert son compteur but, il ne s’est plus jamais arrêté de marquer. Que ce soit avec Monaco, La Juve, Malaga ou River, seul les blessures ont été un frein dans sa carrière, celui que Bernard LAMA désignera en 1998 comme « le meilleur attaquant du monde dans la surface de réparation ». Avant de conclure ce sujet sur la version de Luis Fernandez sur le passage de Trezeguet au PSG, voici le but qui a rendu fou tout un pays en Juillet 2000 :


L’œil de Luis FERNANDEZ

C’est Omar Da Fonseca qui m’avait amené Trezeguet d’Argentine. C’était lors de ma deuxième saison avec le PSG. Il m’avait demandé : « J’ai un jeune, là ; tu peux le prendre en stage d’intersaison ? ». Il avait fait quelques apparitions en championnat d’Argentine en première division à 17 ans et il possédait la nationalité française. J’ai dit : « Pas de problème », et je l’ai pris avec moi à Puligny. Il est trois semaines avec nous, et, pour un gosse de 17 ans, il a nous a fait une grosse impression. Mais pas seulement par l’aspect technique de ses qualités. Bien sûr, il était très adroit devant le but quand je songe aux petits jeux qu’on faisait là-bas. Mais quel foncier ! Quel Physique ! Il a parfaitement tenu le choc. Dans les efforts physiques, dans les changements de rythme, dans les tests d’endurances, aux côtés de Vincent Guérin et Daniel Bravo, il était le mieux. C’est rare chez un attaquant d’avoir ses qualités là. J’étais émerveillé par un gosse de 17 ans et tous les joueurs avec moi. Il faisait chambre commune avec Bernard Allou. Je demandais : « Alors Bernard, comment il est ? » Et Allou me répondait : « Il ne bronche pas ». Trezeguet à cet âge-là était déjà dur au mal. Du coup j’ai donné un avis sportif favorable à Jean-Michel Moutier. J’ai demandé qu’on le garde. Avec Anelka, ça me faisait deux grands attaquants de grand avenir qu’on aurait pu amener au sommet petit à petit. Ensuite il est parti pour Monaco. Da Fonseca n’a pas compris et moi non plus. Je n’ai pas été surpris par son éclosion. J’en suis en revanche flatté et content pour lui. Dans la surface c’est un peu Delio ONNIS. Quand je l’ai vu, j’ai tout de suite pensé ; celui-là, il doit se faire un coffre, prendre de la puissance. C’est tout. Car il avait toutes les qualités requises : rapidité, adresse, technique dos au but… Oui je me flatte et je me réjouis de sa réussite. J’avais donné mon aval sportif, on en pas tenu compte…
TREZEGUET au milieu de Bravo et Guérin
Luis a raison et jamais le Parc ne verra le duo Anleka-Trezeguet sous les couleurs du PSG car ce sera le tandem Henry-Trezeguet qui fera le bonheur de Monaco et de l‘équipe de France. Au fait voici la réponse au petit jeu de tout à l’heure et voici le jeune David avec les jeunes de Platense :


4 commentaires:

  1. Super article comme toujours.

    De Trezeguet, je me souviens, non pas de son but vainqueur en 2000 (enfin, si aussi !!), mais de son "discours" à l'arbitre juste après l'expulsion de Zidane en 2006. Je suis sur qu'il a demandé à l'arbitre de LUI mettre le rouge, qu'il a plaidé, en vain, la cause (indéfendable) de Zidane.

    Et puis, il y a eu le TAB raté, et les larmes à l'hôtel de ville de Paris....

    Sacré bon joueur que ce Trezeguet ! Merci à lui et à OSP de nous en reparler !

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  2. Une petite coquille: ALICANTE et non pas MALAGA.

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  3. Super article... une seule petite coquille: club espagnol : Alicante et non pas Malaga.

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  4. mon joueur préférer Trezegol mais salutations depuis l'Algerie

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