La chute d'INDEPENDIENTE

Le Club Atlético Independiente est l'un des plus grands clubs d'Argentine et d'Amérique du Sud. Un géant qui a régné sur le football sud-américain dans les années 60 et 70. Les Diables Rouges ont remporté 7 Copa Libertadores (l'équivalent de la Ligue des Champions en AMSUD) ce qui en fait le club le plus titré du continent. Dans ce palmarès le CAI conserve encore une longueur d'avance sur Boca Juniors. D'ailleurs Boca Juniors et Independiente sont désormais les deux seuls clubs à n'avoir jamais quitté la première division depuis l'avènement du professionnalisme en Argentine en 1931. Mais cela va changer dans les prochains jours. Après River Plate en 2011, c'est au tour de l'un des 3 grands clubs historiques argentins de connaître une relégation encore impensable il y a quelques années. Le football argentin souffre économiquement et comme solution, l'AFA avait réformé son championnat pour protéger les « grands » clubs avec un système de relégation pondéré sur les 3 dernières saisons. Ainsi si l'un des grands clubs argentins connaissait une baisse de régime, il ne fallait pas qu'il soit mis en danger avec une menace de relégation en fin d'exercice. Alors d'un point de vue extérieur ce système ne semble pas très équitable mais il faut tout de même relativiser et garder à l'esprit que cette réforme à suivi le pillage du vivier argentin par les clubs européens. Le football en Europe est désormais bien plus riche que celui d'Amérique du Sud et je ne parle pas seulement des grands championnats européens mais aussi ceux par exemple de Russie, de Turquie ou de Grèce qui viennent recruter de plus en plus tôt les jeunes joueurs argentins. Et c'est pour cela qu'aujourd'hui on voit des géants, comme River il y a deux ans et aujourd'hui Independiente, être en danger. Car si ces grands clubs arrivent à connaître 3 exercices en difficultés et se faire reléguer, c'est qu'ils traversent une crise structurelle. Et il est facile de mettre le doigt dessus. Dans les années 60-70 et jusqu'au milieu des années 90 (en fait jusqu'à l'arrêt Bosman), le chemin pour un joueur argentin était assez clair. Le jour où il arrivait à percer et faire une ou deux bonnes saisons au plus haut niveau, il filait ensuite dans l'un des grands clubs du pays (Boca, River, Independiente, Racing, Argentinos, Newell's, Velez...) avant de rêver d'Europe. Aujourd'hui les grands clubs argentins ne jouissent plus de ce privilège et quand Boca, River ou Independiente s'intéressent par exemple à un jeune défenseur de Godoy Cruz, ce dernier vingt ans auparavant ne rêvait que de signer dans l'un de ces 3 clubs mythiques. Aujourd'hui il envoie bananer ces 3 géants et part négocier entre le Vitesse Arnheim ou le PAOK Salonique. Cet exode à mis la hiérarchie du football argentin à plat.
Estadio Libertadores de América
Pour les Diables Rouges d'Independiente cela se vérifie complètement. Le club connaît son apogée dans les années 70. Même si dans les années 60 le club est trois fois champions et remporte deux Copa Libertadores en 1964 et 1965 c'est surtout dans la décennie suivante que le club s'impose comme la meilleure formation d'Amérique Latine et c'est la «era dorada» (l'âge d'or) d'Independiente. Pendant 4 saisons d'affilées, le C.A.I remporte la Copa Libertadores (1972, 1973, 1974 et 1975) ce qu'aucun autre club n'a réussi à réaliser, plus une coupe intercontinentale en 1973. Les diables rouges sont alors emmenés par le duo Bochini-Bertoni et s'installe durablement comme le meilleur club du pays. En 1984 toujours avec Ricardo Bochini le C.A.I remporte à nouveau la Copa Libertadores. La 7ème du club et la 5ème pour Ricardo Bochini qui jouera 740 matchs avec le C.A.I entre 1972 et 1991 ! Au sein d'Independiente à noter la présence d'un jeune joueur talentueux nommé Jorge Burruchaga. Dans la foulée, les Diables Rouges vont remporter la Coupe Intercontinentale face aux grands Reds de Liverpool. Ce succès 1-0 est très important en Argentine car c'était la première confrontation sportive entre les deux pays depuis la guerre des Malouines. 

C'est dire si Independiente a une reconnaissance particulière chez les argentins avec tous ces succès internationaux surtout à une époque où la scène internationale pointait du doigt le pays (dictature militaire, non respect des droits de l'homme...). Le dernier succès d'estime sur la scène continentale sera en 1995 avec une victoire en Copa Sudamericana (l'équivalent alors de la coupe de l'UEFA) avec le retour aux affaires du banni Jorge BURRUCHAGA (Voir le sujet l'affaire : OM-VA en Panini). Mais depuis la fin des années 90, Independiente ne remportera qu'un seul tournoi (Ouverture 2002) avec la génération Gabriel Milito. Milito ne fera pas une carrière à la Bochini et partira à 22 ans pour Saragosse et depuis la tendance est à l’accélération dans l'exode des talents. Criblé de dettes, Independiente se sépare de sa pépite Sergio AGUERO alors que « El Kun » n'a que 18 ans ! Mais en deux saisons de 16 à 18 ans le petit génie à eu le temps de marqué 23 buts en 56 rencontres. Mais le problème c'est que tout d'abord l'argent de ce transfert record n'a servi qu'à comblé les déficits et pas d'investir dans d'autres joueurs ou dans la formation. Ensuite il est impossible pour n'importe quel club de sortir des gamins de 16 ans qui ont le talent d'Aguero tous les deux ans ! Enfin voilà comment Independiente à compromis son avenir et va laisser le seul Boca Juniors avec 83 saisons en première division en autant d'exercices. Comme River il y a deux ans, c'est la gestion calamiteuse des affaires du club qui va le conduire à sa perte. Dans un environnement structurel qui n'est plus favorable aux grands clubs du pays, les grandes maisons argentines n'attirent plus non plus les vedettes du continent. Fini le temps où on pouvait voir un Francescoli ou un Falcao se révéler à River Plate, un Cabanas brillé à Boca ou un Chilavert faire le spectacle à Velez, le football argentin n'est plus attractif.


Le retour des anciens ?

Même si on pourrait croire à un chemin de pèlerin en quête du cimetière des éléphants, cette solution est peut être la plus raisonnable pour les clubs. Les derniers clubs argentins a avoir remporté la Copa Libertadores sont Boca Juniors avec le retour de Juan Roman Riquelme et Estudiantes avec celui de Juan Sébastian Veron. Aujourd'hui la meilleure équipe du pays est Newell's Old Boys et eux ont très bien réussi l'amalgame entre les jeunes et les anciens qui sont de retour au pays comme les vieilles connaissances Gabriel HEINZE ou Lucas BERNARDI. Newell's pratique un football plaisant, en outre l'équipe vient de remporter le championnat et est en demi-finale de la Copa Libertadores où il fait figure de favori. Independiente eux n'arrivent pas à ramener les anciennes gloires à la maison. 90% de l'effectif à entre 18 et 23 ans et seul l'ancien Marseillais Eduardo TUZZIO (38 ans) apporte son expérience acquise sur le vieux continent. C'est trop peu et surtout malgré toutes ses qualités, un Tuzzio n'est pas un Veron ou un Riquelme. Je ne suis même pas sûr qu'il ait déjà joué un match de ligue des champions. 

Tout ceci fait qu'aujourd'hui Indpendiente va descendre en Segunda Divison. Un choc en Argentine mais le pire est peut être à venir. L'antichambre de l'élite argentine est dure et âpre, il suffit de le demander aux joueurs de River Plate. Et si les Millionarios ne sont restés qu'un an au purgatoire, il ne faut pas oublier que l'équipe possédait un duo d'attaquant qui aurait fait saliver beaucoup d'équipe en Europe avec l'incroyable Fernando Cavenaghi et le champion du monde David Trézeguet. Ce duo avait été d'une efficacité redoutable pour remettre River dans les bons rails mais à Independiente on n'annonce aucun renfort de choix et même en revendant le stade, le club ne pourrait pas payer une pige d'une seule saison à l'enfant prodigue Kun AGUERO. La remontée va être difficile et tout laisse à croire que les Diables Rouges vont commencer à goûter l'enfer seulement maintenant.


Pour illustrer cet article j'ai choisi de retenir la dernière équipe d'Independiente à avoir remporté un trophée international (1995). Vous y verrez des vieilles connaissances et grâce à OSP vous savez pourquoi JavierMAZZONI est venu à Nantes quand vous verrez sa vignette à côté de celle de Burruchaga :


Farid MANDRAGON

César VELAZQUEZ

José Tiburcio SERRIZUELA

Pablo Oscar ROTCHEN

Juan RAMIREZ

Guillermo RIOS

Juan Ramon JARA

Diego CAGNA

Roberto ACUNA

Jorge BURRUCHAGA

Gustavo LOPEZ

Daniel GARNERO

Roberto MOLINA

Javier MAZZONI

Cristian DOMIZI

Alberto CARRANZA


Ricardo BOCCHINI la légende des Diables Rouges

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