C’est à Toulon que David GINOLA a
été découvert, en deux temps. D’abord au Sporting Club repéré par Christian Dalger
et pouponné par Rolland Courbis mais c’est aussi au bord de la rade que Gino récoltera
tous les commentaires élogieux à 20 ans après avoir enchanté le festival international
espoirs de sa nouvelle ville durant l’été 1987. Il a alors 20 ans et on lui
promet une grande carrière pourtant tout ne fut pas si facile, contrairement à
ce que l’on pourrait penser pour « El Magnifico ».
« Jeune homme vous n’êtes
pas assez costaud. Nous sommes désolés » David GINOLA venait d’avoir 16
ans lorsque ce cruel verdict lui fut communiqué par les responsables du centre
de formation de l’OGC Nice. Depuis 4 ans déjà il fréquentait la section
sport-études de Nice : « Pendant la journée, je suivais une
scolarité normale raconte-t-il. Le soir, j’allais m’entrainer avec les jeunes
du centre de formation niçois qui eux « tournaient » à deux
entraînements quotidiens. Ce n’était pas facile. Parfois, j’arrivais en retard
aux séances parce qu’il y avait eu des problèmes sur la route ». De cette
longue période. David n’a conservé qu’un souvenir teinté d’amertume. « Ce furent
des années à problèmes constate-t-il. Je n’étais investi ni complètement dans
mes études ni complètement dans le football. D’autant que je n’étais lié par
aucun contrat à l’OGC Nice ». Curieusement, David Ginola ne sera pas
anéanti lorsque le GYM lui signifia son intention de ne pas le conserver en ses
murs. « J’étais junior première année lorsqu’à Nice, on m’a fait savoir
que je n’étais pas à la hauteur physiquement. Cette nouvelle ne m’a pourtant
pas démoralisé. Parce que je ne m’étais pas lancé de manière exclusive dans la
carrière de footballeur. Je n’avais pas mis tous les atouts de mon côté pour
réussir dans cette voie puisque j’avais mené mes études en parallèle. Jamais l’idée
d’abandonner le foot ne m’a traversé l‘esprit. C’est footballeur que je voulais
être. J’en étais sûr. J’ai eu aussi la chance de bénéficier du soutien moral de
mes parents qui m’ont aidé à revenir ». Cent cinquante kilomètres. C’est
approximativement la distance séparant Toulon et Nice. Et, que David GINOLA, âgé
de 16 ans et demi, parcourut sans hésiter pour faire un essai au Sporting Club
de Toulon. « C’était l’époque de Christian Dalger. Mon essai à Toulon s’est
parfaitement bien passé. Les dirigeants auraient voulu me faire signer un
contrat de stagiaire mais j’étais trop jeune. C’est pour ça que j’ai signé un
contrat d’aspirant ». David était toujours « petit et maigre »
selon ses propres termes et il raconte : « Ma première saison fut
mi-figue mi-raisin. Les entraîneurs ne croyaient pas trop en moi. Et puis il s’est
produit un phénomène curieux, en un an j’ai grandi de 15 centimètres ! ».
Du coup, les années où il revenait jouer avec l’équipe Pro cela l’amusait de
voir la réaction des gens du GYM : « Quand je retournais à Nice,
les gens n’en revenaient pas. Lorsque j’ai quitté le club j’étais maigre et
avec le Sporting j’accusais 1m87 pour 80 kgs ! ». Il faut dire que « Gino »
ne s’est jamais ménagé dès son arrivée dans le Var. David s’astreignit à un
travail de forcené. « Je suis devenu très exigeant envers moi-même. Après les
entrainements du centre de formation, je restais souvent pour travailler les
jongleries ou les frappes de balle… ». Et sans trop tarder, Ginola sera
récompensé de ses efforts. Le 30 novembre 1985, Dalger le fit débuter en
première division. Il n’avait pas encore 19 ans. « Mes véritables débuts
en D1, dit David, c’est à Bordeaux au mois décembre 1985 que je les ai
effectués. Car pour ce match j’étais titulaire d’entrée. Et de fût réellement
pour moi un évènement. Chez les Girondins, il y avait pas mal de joueurs qui
avaient participé au Mundial espagnol : Battiston, Giresse, Tigana….Vraiment,
ce fut un choc. Le tunnel qui mène au terrain…je n’en voyais jamais la fin ! ».
Un détonateur ! C’est ce que fut surtout pour David ce match contre
Bordeaux. « C’est une chance qu’on m’offrait en me faisant jouer. Je l’ai
attrapée à deux mains. Ensuite on m’a fait pratiquement jouer tous les matches
de cette seconde partie e championnat 1985-86. Il s’agissait presque à chaque
fois de matches au couteau. Nous jouions pour sauver notre place en D1. Malgré
mon jeune âge, j’ai dû faire face, du coup à de lourdes responsabilités. J’ai
su les assume. Et je me suis aguerri ».
En 1986-87, David GINOLA confirme qu’il est un
pion essentiel du Sporting Club et fit une trentaine d’apparitions sous
le maillot toulonnais. Le jeune Ginola progresse et notamment sur le plan
tactique, il se rappelle : « J’ai appris à mieux me placer sur
le terrain. A être plus défensif, chose qu’on ne m’avait jamais inculquée. J’ai
beaucoup travaillé ce point. Et je me suis aperçu qu’ayant progressé dans ce
domaine, je m’exprimais mieux sur le plan offensif ». A la fin de l’exercice
1986-87, Ginola fut retenu dans l’équipe de France espoirs pour le tournoi de
Toulon. Tournoi dont il fût élu meilleur joueur (son nom figure aux cotés des Alan
Shearer, Rui Costa, Thierry Henry, Juan Roman Riquelme ou Javier Macherano
autres lauréats couronnés à Toulon). « Pendant cette compétition j’ai évolué
comme milieu de terrain axial. Et le fait d’être numéro 10 m’a permis de m’exprimer
totalement. De manière complètement décontractée. J’avais quartier libre pour
mener le jeu ». A ce titre, « Gino » se confie alors après le
tournoi qu’il aimerait bien évoluer à ce poste de meneur de jeu dans un avenir
proche « A Toulon pour le moment Rolland Courbis me fait jouer milieu
gauche. Il est vrai que dans l’équipe, il y a des garçons comme Henry ou
Paganelli qui sont plus prédisposés que moi à tenir ce rôle de numéro 10, bien
qu’il n’y ait pas de meneur de jeu type à Toulon ». David devient
ambitieux et il reconnait lui-même que lors de ce tournoi il a véritablement
explosé « Ce tournoi a presque été pour moi une consécration après l’année
mouvementée que je venais de vivre au SC Toulon. Ce fût comme une bouche d’aération.
Je sais que dans ce métier, il est important de se faire un nom. Dans ce
domaine je sais que j’ai franchi un pas après le tournoi. Mais je demeure
parfaitement conscient que je n’ai pas entièrement traversé la rivière ».
Ginola arrive à maitriser le parfait équilibre entre humilité et lucidité sans
tomber dans le piège de la fausse modestie. Sûrement que son parcours difficile
dans les équipes de jeunes lui font raison garder face à cette fulgurante
réussite mais qu’en même temps il la croque à pleine dents après des années de
vaches maigres d’un point de vue de la reconnaissance sportive. Alors quand
débute la saison 1987-88 tout le monde lui promet la plus grande carrière,
Ginola savoure mais reste humble « Tout ce qu’on dit ou qu’on a dit sur
moi me fait plaisir. Mais même dans les moments de joie intense, il faut savoir
garder sa simplicité. J’ai eu tant de mal pour y arriver que je ne peux pas
attraper la grosse tête. Et si c’était le cas mon père aurait tôt fait de me la
dégonfler ». Ginola à 20 ans à l’aube de l’exercice 1987-88 et il est déjà
le joueur vedette de Toulon, tous les médias, dès qu’ils parlent de Toulon,
évoque son nom et voici l’avis de Christian Dalger directeur sportif du SCT et
qui a fait débuter Ginola en première division ainsi que celui de son entraîneur de l’époque Rolland Courbis sur ce jeune phénomène :
Christian DALGER : « Au
départ il possède toutes les qualités du footballeur moderne pour devenir un
très bon joueur et postuler à une carrière de haut niveau. A savoir des
qualités physiques, une technique aiguisée, un bon jeu de tête, une frappe de
balle efficace et une polyvalence certaine. Autant de choses qui peuvent lui
ouvrir des perspectives intéressantes. Mais il est encore jeune et sa marge de progression
s’avère de ce fait importante. Notamment sur les plans mental et tactique. A l’époque
où je l’ai fait débuter, il évoluait plutôt sur le côté droit, alors qu’aujourd’hui
il semblerait au contraire se situer plus résolument sur la gauche. Toujours
dans le même registre de milieu de terrain offensif. A priori il n’a pas encore
trouvé son véritable poste mais cela viendra naturellement. Il bouge beaucoup
et a tendance à garder un peu trop le ballon, comme tous les bons manieurs de
balle. Mais s’il continue à travailler avec rigueur, il devrait éclater
rapidement. Déjà sa récente sélection en espoirs, au Festival de Toulon, a dû
lui donner d’avantage d’ambitions ».
Rolland COURBIS : « Ce
n’est pas une originalité de dire que David a des qualités. Et sûrement tout
pour réussir une bonne carrière. Ginola, c’est un gars qui a les qualités de sa
jeunesse et qui ne se pose pas de questions. Il a une force de pénétration et
une capacité à passer son adversaire direct qui sont fort intéressantes. S’il
peut prétendre à devenir international A ? A son âge, je ne vois pas
pourquoi il ne pourrait pas. A condition, cependant d’améliorer deux ou trois
petit points que je me réserve de ne le dire qu’à lui-même. David Ginola s’est
souvent entendu dire, dans un récent passé : »Tu es le plus beau, tu
es le plus fort, tu as toutes les qualités pour devenir international mais personnellement,
lorsque je me retrouve seul avec lui, je ne suis pas aussi flatteur avec David.
Je considère que pour cette saison 1987-88,
il a un palier à franchir et on pourra en reparler à la fin de la saison ».
A la fin de la saison justement, après une magnifique 5ème place en championant, Ginola
partira pour le Matra Racing avec un énorme transfert qui fera le bonheur des
caisses du SC Toulon. Par contre pour « Gino » ce ne sera pas encore
le temps de l’envol international car que ce soit au Matra Racing puis au Brest
Armorique, il va connaitre coup sur coup deux relégations administratives mais
de ceci on en reparlera dans un prochain sujet.
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