Le jour où KLINSMANN a fait pleurer PRUNIER

Nous sommes le 9 janvier 1993 et c’est la première journée des matchs retours après la trêve hivernale. Pour le compte donc de la 20ème journée, l’AS Monaco reçoit l’AJ Auxerre et l’attaquant allemand va exploser la défense bourguignonne en inscrivant un quadruplé qui donne la victoire 4-0 aux siens. Mais le plus étonnant à la fin du match c’est que les médias ne se sont pas précipité vers l’attaquant monégasque hauteur d’un match parfait mais vers William PRUNIER qui craque littéralement, fond en larmes devant les journalistes et leur déclare que c’était ce soir son dernier match de foot, du moins dans ce pays. Mais comment on en est arrivé là ? Il faut en fait remonter au match aller de la 2ème journée au tout début du mois d’août 1992. Ce jour-là à l’Abbé Deschamps malgré le fait que l’AJA ait atomisé Monaco 4-1, pourtant un favori pour le titre, la presse ne vas pas s’attarder sur l’exploit bourguignon mais le traitement qu’a fait subir William Prunier à Jürgen Klinsmann. Il faut dire que l’attaquant allemand a de quoi faire peur, pour son premier match en France, il a réalisé un doublé et Monaco l’a emporté facilement 4-0 face à Toulon. Il n’aura fallu que 26 minutes pour l’ex attaquant de l’Inter pour trouver le chemin des filets dans notre championnat. Une adaptation rapide qui ravit son capitaine Jean-Luc ETTORI qui dira après la rencontre « Pour nous il a déjà fait oublier George Weah ». Donc quand il arrive à l’Abbé-Deschamps, son garde du corps du jour est prévenu et William PRUNIER qui était un joueur dur sur l’homme ne va pas faillir à sa réputation. Le problème c’est que comme Klinsmann était l’attraction de ce début de championnat il y avait une caméra isolé sur lui pendant la rencontre et le lendemain on a pu voir un sujet avec toutes les « petites fautes » et les coups donnés par Prunier à l’attaquant allemand. S’en suivra une cabale dans la presse et surtout un Prunier pris en grippe par tous les publics de France à chaque déplacement de l’AJA. Donc lors du match retour, Prunier n’est pas dans son assiette au moment de retrouver Klinsmann et fait un non match.
Face à un attaquant de classe mondiale ça ne pardonne pas, 4 buts pour son adversaire direct (ah le marquage individuel si cher à Guy Roux) et un Prunier qui craque avant la fin du match. Une scène surréaliste, Prunier voit le journaliste de TF1 Pascal Praud derrière les panneaux publicitaires et là le défenseur auxerrois, quitte le terrain, saute pardessus le bastingage et dit au journaliste « Viens après le match, j’ai une déclaration importante à faire » puis retourne sur la pelouse. Guy ROUX qui a assisté à la scène, se précipité auprès de son défenseur dès que l’arbitre siffle la fin du match et ramène au vestiaire un William Prunier livide. Les journalistes eux guettent la sortie du vestiaire bourguignon et quand « la Prune » sort il leur dit de les suivre.

Plus loin dans les travées de Louis II, il se lâchera, la gorge nouée et les larmes aux bords des yeux : « Je suis français et dans mon pays on me siffle. Je n’en peux plus. Je veux dorénavant quitter la France. J’arrête. On en a trop fait autour de moi. Je ne le supporte plus » Puis débordée par l’émotion il craque complètement et ajoute « J’en ai marre j’arrête. Je quitte Auxerre. Demain matin, je ne serais pas au décrassage et demain soir je ne serais pas d’avantage présent au rendez-vous de l’équipe de France A’. On me siffle, on ne veut donc plus de moi. Je m’en vais, je m’en fous. Oui je me fous du tout ». Devant des journalistes interloqués, déstabilisés qui lui répondent « mais il vous reste un contrat de 4 ans » il répond : « Mais vous savez ce que je vis depuis des mois ? Vous le savez ? On m’a tué. Je suis un homme et j’ai une petite fille de deux ans. J’ai l’impression de ne plus avoir de dignité ». Alors l’interview improvise revient sur la rencontre de ce soir et « la Prune » se livre, confies son blues et sa détresse aux journalistes présents : « Ce match, j’y ai pensé pendant toutes les fêtes de Noël. C’était une fixation. J’étais complètement obnubilé. Hier soir, ce fût pire, je n’ai pratiquement pas dormi. Je savais avant le match que je vous dirais tout. Oui, je savais que je mettrais ma carrière française en l’air. Parce que je me sens mal depuis des mois ». Incroyables révélations et de l’autre côté lui Klinsmann, est ivre de bonheur et n’imagine pas le calvaire de son adversaire du jour, il déclare même après le match « On a parlé de guerre entre Prunier et moi, mais ce soir je n’ai jamais rencontré un défenseur aussi fair-play. Ce gars-là je vous assure je l’ai trouvé sympa ». Tu m’étonnes le gars il t’a laissé planter 4 fois ! Pour la petite histoire Prunier après un peu de repos finira la saison avec Auxerre avant de partir à l’OM et Klinsmann restera deux saisons sur le Rocher, deux très bonnes saisons où il marquera énormément de buts. En deux saisons, il inscrit 30 buts en championnat, 4 en Ligue des champions (dont certains très décisifs) et en sélection, il inscrira 15 de ses 47 buts sous le maillot de la Manschaft lors de ses deux saisons monégasques. Hélas pour le public français il quittera le stade tristounet de Louis II pour la chaude ambiance de White Hart Lane où il connaîtra une véritable Klinsmannia à Londres. Mais de tout ça on en reparlera très bientôt. En attendant voici les 4 buts de Klinsmann face à Auxerre.

1 commentaire:

  1. C'est pas Klinsmann qui l'a fait pleurer, c'est tous ces nazes qui sifflaient. J'étais a un de ces matches, ou le public adverse sifflait dès que Prunier avait la balle... J'arrivais pas a y croire! Personne ne tiendrait le coup longtemps! Il était un défenseur pas très doux, mais pas un criminel quand-même... ça m'avait fait de la peine!

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