Quelques images, forcément,
agitent encore notre mémoire malgré les années et cette soirée du 18 mai 1994 à
Athènes. Souvenirs éternel, 19 ans plus tôt c’était Athènes. Et le Barça. Et le
Milan. Des noms qui frappent, des légendes qui courent toujours aux frontières
du continent. Sans que l’oubli, un jour, ne risque d’atténuer la portée de l’exploit.
Ce n’était qu’un match, qu’une finale, depuis pourtant, à chaque fois que les
acteurs milanais de la rencontre repensent à ce match ils n’arrivent pas à
poser les pieds sur terre car ce soir-là ils ont livré le match parfait. On
voit toujours le lob de SAVICEVIC qui s’envole dans le ciel d'Athènes, le masque déchiré de bonheur de Marcel DESAILLY au moment de
pousser le seul cocorico de la saison la plus noire du football français. On
surprend encore Fabio CAPELLO, debout, le long de la ligne de touche hurler ses
recommandations alors que son Milan mène 4-0. On distingue l’hystérie qui s’est
installée sur le banc des remplaçants et l’on imagine aussi, derrière et plus
haut dans la tribune d’honneur, les visages de Papin, Van Basten, Baresi et
Costacurta, écartés, blessés ou suspendus, mais réunis, cette fois loin de la
douleur, sur une même ligne de bonheur. Un Van Basten heureux quand il viendra
hisser la coupe d’Europe au-dessus de sa tête. Marco une dizaine de matchs en
deux saisons, mythe déstabilisé par une cheville en verre. Mais un Van BASTEN
ravi, comme si il avait joué. Et malgré ses 19 titres, il savoure ce 20ème
trophée et c’est un immense rayon lumineux qui laisse percer son sourire. Sûr,
il aurait aimé ce football, ce style, cette identité nouvelle que s’est offert
Milan ce soir du 18 mai 1994.
Mais que s’est-il donc passé ce
mercredi 18 mai 1994 ? Comment le Milan froid d’une année de glace a-t-il
pu se ménager une telle métamorphose ? Comment le Milan AC a-t-il pu donner pendant 90 minutes
une leçon de football à l’équipe que toute l’Europe appelait la « Dream
Team » ? Tout simplement parce que ce Milan ce soir-là courait,
jouait tout simplement, laissant couler une imagination trop longtemps
contenue. On le croyait capable d’atteindre cette unité, cette fluidité, cette
idée de la perfection, mais on le savait, aussi, maîtrisé et bridé par son
mentor, Fabio Capello. On se rappelait donc les quelques mots de Jean-Pierre
PAPIN au bar de l’hôtel juste avant la rencontre aux journalistes de France Football : « Très
tôt dans la saison, j’ai compris que je ne jouerais pas. L’orientation était
claire : Milan évoluerait avec un minimum d’attaquants. Je ne sais
pas si, aujourd’hui, nous serons capable
de nous élever au rang de Barcelone ». Parce que la terreur catalane
devait souffler sur Athènes. Obligatoirement. Normalement. Et Cruyff l’avait
dit, et Stoïchov annoncé sous les effluves à peine dégagés d’un titre largement
fêté samedi et dimanche derniers, trois jours avant une autre finale. La faute.
Entre l’intox, la provoc et une trop grande assurance (« ça se sentait sur
le terrain avant le début du match, explique Massaro. Les espagnols ne doutaient
pas de leur victoire »), le Barça, n’avait-il pas cherché, tout simplement
à se rassurer ? L’histoire, alors, a dérapé décrivant les contours d’un
scénario inverse. Milan dans le rôle du toréador, Barcelone dans la peau du
taureau à achever.
Quelques héros, quelques
préretraités, alors dans ce rôle des banderilleros ont donné à l’image tout son
relief. C’est sûrement un symbole que Daniele MASSARO soit devenu dans la nuit
d’Athènes l’emblème milaniste. Quand il a posé la première mine dans le but de
Zubizarreta, il a dû penser très forts à ses débuts à Monza une quinzaine d’années
plus tôt. A des passages peu convaincants à la Fiorentina et à la Roma. A ces
années ‘attentes, dans le placard de Milanello, avant ce jour. Il a dû se
signer pour mieux comprendre qu’il y a une justice quelques part et oublier ce
destin maudit un an plus tôt, toujours au mois de mai, un autre soir de finale
à Munich. « Là-bas, oui j’ai manqué deux occasions, mais je ne crois pas
que Milan était au top à ce moment-là. Nous n’étions pas sortis du championnat.
Il fallait continuer de se battre. Cette saison, la compétition s’est arrêtée
plus tôt alors que nous avions fait la différence plus tôt ». Daniele a
déjà oublié la défaite face à Marseille et il a raison, car ce soir-là il peut
savourer et se repasser le film de son match, de ce match parfait et trouvé l’épanouissement
à 33 ans. Double buteur, et extraordinaire au marquage de Ronald KOEMAN
(Meilleur buteur de la ligue des champions cette année-là malgré le fait qu’il
joue libéro avec 8 réalisations). Le joueur néerlandais, enlisé, sera
méconnaissable ce soir-là. Et Massaro de conclure son interview post-match :
« Je n’ai pas souvenir d’un match aussi plein du Milan. Tout a marché au
millimètre près ». Il aurait envie d’arrêter sa carrière sur cet instant
mais non, il ira, honneur suprême, au mondial américain.
La prestation de
Massaro fût époustouflante mais que dire de celle de Marcel DESAILLY ? Marcel
ensorcelé par Capello. Marcel, fonceur, régulateur, distributeur qui soulève sa
deuxième ligue des champions en 12 mois. Mais ce n’est pas en défense que
évoluait Marcello et Capello sur le sujet : « Je ne comprends pas qu’en
France on ne le place pas à son véritable poste. Au milieu, dans le rôle qu’il
tient à Milan, il est le meilleur au monde ». Et même si pour moi Marcel
DESAILLY fût le meilleur français de la coupe du monde 1998 et le meilleur défenseur
du mondial, je suis de l’avis de Capello, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu un
joueur à lui tout seul dominé un milieu de terrain adverse comme il a fait ce
soir-là. Non seulement il a annihilé les offensives lancés par les Guardiola et
Bakero mais il a été aussi la première rampe de lancement du jeu milanais.
Desailly, jubile, lui qui essuyait toutes les critiques après son transfert
surprise en automne « Ce fut particulier parce que personne ne m’attendait.
J’étais, disait-on, condamné à attendre la saison prochaine. Mais il y avait
Capello. Il m’apprécie. Il sait que je soulage sa défense grâce à mon boulot au
milieu de terrain ». Tout Milan en a conscience. Ce soir-là, avec Massaro
et Savicevic, il est le héros et l’âme des tifosi milanais et qui se paiera le
luxe même de parachever son œuvre avec le dernier but de la rencontre et étonnant
de maîtrise lors de son face à face avec le portier catalan ! Même JPP est
heureux, il a gagné enfin sa coupe d’Europe même si il n’a pas joué la finale
et avant de partir à Munich il rappelle aux journalistes qu’il a pris part à la
campagne triomphante «Je reste, avec Massaro, le meilleur buteur de cette
équipe en coupe d’Europe avec 4 buts. J’ai également disputé 26 rencontres du
calcio (13 buts). J’ai pris ma part dans ce succès ». Et oui il a raison
JPP de le rappeler même si sa saison a été noire (Equipe de France + remplaçant
au Milan) mais quand il parle de son milan, de son football, il a encore les yeux
qui brillent. Fini le scepticisme avant la rencontre devant les journalistes :
« Le foot, c’est ça. Impressionnant. Jamais je n’aurais soupçonné que ce
Milan-là avait les moyens de pratiquer un jeu aussi complet et offensif. Ça me donne
des regrets. On aurait pu remporter le Calcio avec du panache. Demain
peut-être, les italiens et les dirigeants du club en prendront-ils conscience.
Cette saison est donc peut-être un mal pour un bien. La leçon, c’est que le
Milan s’est révélé à lui-même ». Voici le résume en vidéo de la
rencontre avec quelques témoignages :
![]() |
Dessin dans France Football du 24 mai 1994 |
Milan AC 1993-94 By Panini
Sebastiano ROSSI
Mauro TASSOTTI
Paolo MALDINI
Demetrio ALBERTINI
Alessandro COSTACURTA
Franco BARESI
Stefano ERANIO
Zvonimir BOBAN
Jean-Pierre PAPIN
Roberto DONADONI
Marco SIMONE
Mario IELPO
Christian PANUCCI
Marcel DESAILLY
Gianluigi LENTINI
Daniele MASSARO
Et comme dans l'album 1994 il n'y a pas la vignette de Dejan SAVICEVIC voici celle de la saison suivante 1994-95 :
FC Barcelona 1993-94 By Panini
Et les traditionnelles notes du match par France Football :
hello, please dont you have a scan of Richard WITSCHGE card in a better resolution ? thanks
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