Hugo GATTI est-il gâteux ?

Dans mes archives, alors que je relisais le France Football de septembre 1990 où on y voyait Emmanuel PETIT en légionnaire…une autre petite brève m’a fait sourire, le retour d’Hugo GATTI à 46 ans sur les terrains de première division argentine. Deux ans après son dernier match avec Boca Juniors c’est le retour officiel du légendaire gardien de but qui remporta avec Boca : la Copa Libertadores en 1977 et 1978 ainsi que la coupe intercontinentale en 1977 (pas d’édition en 78 pour défendre leur titre). Hugo GATTI c’est « El Loco », le gardien fou, une légende vivante de la Bombonera, plus de 400 matchs avec Boca mais le problème c’est qu’il n’a jamais voulu lâcher sa place. Comme le bonhomme en plus a toujours eu une haute estime de lui-même il a fallu employer les grands moyens du côté de Boca pour faire place au très talentueux, également, mais surtout très jeune Navarro Montoya. Ainsi en novembre 1988 il fût écarté sans ménagements malgré tous ses hauts faits d’armes au sein de la maison dans un scandale et une polémique sans précédent du côté du club le plus titré d’Argentine. Car « El loco » c’est l’idole de tous les supporters de Boca Juniors. Hugo GATTI c’est un joueur à part, un fou certes mais aussi un gardien comme on en fait plus. El Grafico au moment de sa première retraite et à l’heure de faire le bilan, l’avait décrit ainsi : « Gatti c’était plus qu’un gardien, c’était un libéro qui avait le droit de se servir de ses mains ». J’adore cette phrase. Mais El Grafico l’avait enterré un peu vite après son dernier match avec Boca car depuis et jusqu’à son retour en septembre 1990, les habitants de Buenos Aires pouvait le voir s’entrainer tout seul dans le même parc de la ville et toujours il clamait qu’il demeurait le meilleur gardien de but argentin. Bon il faut savoir que pourtant après le mondial 90, tout le pays n’avait d’yeux que pour le héros Goycochea mais l’opinion publique Gatti n’en a jamais tenu compte pour s’auto-juger. Ainsi après avoir signé son contrat en 1990 avec le Deportivo Espanol (club de première division à l’époque mais qui flirtait souvent avec le bas du tableau) voici ce que déclarait Hugo GATTI, toujours fidèle à lui-même « Pour ce club, c’est une excellente affaire, car je vais attirer des milliers de supporters. D’ici à trois semaines, je serais fin prêt pour mon grand retour et vous verrez, les stades seront trop petits ». Ainsi l’Argentine va pouvoir revoir le « gardien fou » à l’œuvre,  il va enfiler à nouveau ses maillots colorés, ses shorts moulants avec ses petites socquettes et l’éternel bandeau dans les cheveux. Prêt à nous refaire son action préférée, « le coup de dieu » comme disent les journalistes argentins. A savoir dès qu’il sort de ces buts, lors d’un face à face avec l’attaquant, Gatti plie le genou à terre maintenant les bras en croix dans une figure très pieuse, d’où le surnom mais surtout très efficace.
Autre domaine où Gatti est efficace ce sont les pénaltys, dans sa carrière il en a arrêté 26 en championnat argentin. Un record co-detenu avec son plus grand rival : Umbaldo Fillol (bon GATTI détient un autre record qui favorise ses statistiques, car  avec 765 matchs en première division il est le joueur le plus capé de l’histoire du championnat argentin) .

Fillol et Gatti vont se disputer pendant des années le titre de portier n°1 du pays et quand en 1978, Luis César Menotti le sélectionneur tranchera en faveur du gardien de River Plate, Gatti ne l’acceptera jamais. Si en 1977 il est absent pour cause de blessure, il ne retrouvera plus jamais sa place lui qui était déjà présent à la coupe du monde…66 en Angleterre. GATTI entre 78 et 82 se répandra dans la presse et clamera à qui veut l'entendre qu’il est le meilleur gardien au monde. Ainsi GATTI attaquera sans cesses son rival et son sélectionneur durant ces 4 années, extraits : « Fillol et moi nous avons deux styles totalement différents. Nous sommes deux excellents gardiens de but sauf que moi je ne reste pas 90 minutes sur ma ligne ». « Je suis le meilleur de tous et ce n’est pas la peine de lancer des polémiques sur nos styles différents, notre complémentarité avec les autres joueurs puisque je suis le meilleur de tous ! ». Cette dernière déclaration date de 1982, année où il est élu meilleur joueur d’Argentine mais toujours pas n°1 aux yeux de Menotti. Et huit ans après pour son come-back alors qu’un journaliste lui demandait si ce retour à 46 ans ne risquait pas de ternir son image, déjà passablement écornée lors de ses dernières saisons à Boca, Gatti-le-fou a répondu : « physiquement, je suis plus en forme que jamais. Avec ce que je vois en ce moment dans le foot argentin je peux même vous assurer que je peux y jouer les yeux fermés ». Il est énorme ce gardien, cela ne m’étonne pas que ce soit le pote de Diego Maradona, d’ailleurs une des citations les plus célèbre de Gatti date de 1980 et met en scène El pibe de Oro. Donc Boca vient de prendre une raclée à Argentinos Juniors, 5-2 et ce gamin de 19 ans nommé Diego Maradona vient de lui marquer pas moins de 4 buts. GATTI est interrogé après le match sur ce nouveau phénomène du football argentin et « El Loco » en toute simplicité répondra : « Maradona ? Oui c’est un petit gros (Gordito en VO) qui joue pas trop mal au ballon ». L’année suivante, Diego arrive à Boca et les deux hommes deviendront copains comme cochons et je dis pas ça car ils adoraient se rouler dans la boue.
Enfin pour conclure, GATTI bien qu’ayant connu une fin de carrière difficile à Boca, se retrouve toujours dans toutes les équipes honorifiques (équipe du siècle…). Pour tous les supporters de Boca il reste le meilleur gardien de l’histoire du club

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