Mexico 86 : Karl-Heinz RUMMENIGGE

Au Mexique, la RFA doit prouver plusieurs choses. Non seulement, elle doit avoir du succès - succès que le sélectionneur Franz Beckenbauer a lui-même déjà défini comme une demi-finale. Mais en plus, elle doit y ajouter la manière. Gagner tout simplement ne suffit plus. Depuis la Coupe du monde en Espagne, il y a quatre ans, les entrées dans les stades ont continuellement baissé. Avec l'avènement du tennisman Boris Becker a surgi une concurrence sérieuse dans les horaires de la télé. Bref, il ne suffit plus de gagner, il faut lainer en beauté. Gagner, c'est un mot que Karl-Heinz Rummenigge ne connaît plus depuis longtemps. Certes, au classement du ballon d'or, il a toujours très bien figuré ces dernières années. Mais ce qu'on lui reproche en RFA, c'est de n'avoir jamais bien négocié un tournoi international. Ni en 1982 lors de la Coupe du monde, ni en 1984 lors du Championnat d'Europe, en France, il n'a convaincu les envoyés spéciaux de la presse écrite et parlée. La Coupe du monde au Mexique s'annonce aussi noire. Les deux derniers matches de préparation de la RFA avant le départ pour le Mexique, Karl-Heinz Rummenigge ne les a pas joués. Beckenbauer l'a retenu pour l'aventure mexicaine sans connaitre exactement son état de santé. Karl-Heinz Rummenigge : « Je n'ai pas joué par prudence. Trop de fois déjà, j'ai recommencé trop tôt. ». Là, Rummenigge fait allusion à l'Inter de Milan. « A la fin de la saison, les matchs importants se sont succédés à un rythme diabolique. Je ne voulais pas rater ces rencontres, car. Même blesse, je suis important pour le club. » C'est vrai, et c'est tout le dilemme de Karl-Heinz Rummenigge. S'il joue, on ne pense pas qu'il est handicapé, on attend toujours de lui une grande prestation. Hélas, son dernier grand match en équipe d'Allemagne remonte loin, au 23 mars 1985, quand lors de la victoire par 6-0 contre Malte, il avait inscrit deux buts. Depuis, il n'a plus marqué en sélection. Pourtant, Franz Beckenbauer est déterminé à aligner le duo Rummenigge – VöIler en attaque. Klaus Allots remplacerait Rummenigge en cas de blessure de celui-ci et Pierre Littbarski jouerait en faux ailier droit au cas où Beckenbauer opterait pour une formation plutôt offensive. Le kaiser justifie son choix : « Kalle est un joueur tellement expérimenté que je ne veux pas renoncer à lui. - Pourtant, vous ne pouvez pas être satisfait de ses dernières sorties officielles. - Non. Je vais parler avec lui. Un capitaine doit se défoncer pour son équipe. Là, il y a encore un manque chez lui. » 

Sepp Piontek. L’entraîneur des Danois, qui rencontreront la RFA le 13 juin pour le dernier match du groupe E, a regardé attentivement le récent RFA - Brésil, match remporté 2-0 par l'Allemagne. « J'ai eu l'impression que Rummenigge ne connaissait pas exactement sa position sur le terrain. Il a vieilli. A mon avis, ce n'est plus un attaquant de pointe. D'autre part, il n'évolue pas non plus comme un milieu de terrain. » Mais avant la confrontation choc, Rummenigge doit d'abord guérir. Il souffre d'une déchirure des fibres musculaires d'un genou. Blessure qui traîne parce que deux fois Rummenigge a trop précipité la reprise de l'entraînement. Désespéré, Rummenigge a commenté ainsi la situation : « Je commence à me sentir athlète, mais plus footballeur. » Ne pas pouvoir frapper dans un ballon le gène beaucoup. Beckenbauer et Koppel lui ont fixé une échéance. Pas Karl-Heinz Rummenigge. Au point qu'il songe très sérieusement' déclarer forfait pour ce fameux match d'ouverture, à Queretaro, au grand désespoir du Kaiser. « Actuellement, je ne peux faire que des exercices légers et des assouplissements. Après le match du 4 juin, il restera peut-être encore six rencontres, alors je reste prudent. » Au sein de la délégation, on commence à se poser des questions. Rummenigge : « Une chose est sûre : je ne ferai plus la même faute qu'en Espagne. Là, je m'étais blessé lors du premier match contre l'Algérie et j'ai continué à jouer malgré cette blessure. J'étais capitaine et, à l'époque, je pensais qu'il fallait que j'assume mes responsabilités. Ça voulait aussi dire jouer blessé. C'était une erreur. » 

La Coupe du monde en Espagne lui revient en mémoire et, cette demi-finale contre la France est encore très présente. « J'ai d'abord été sur le banc de touche, et j'ai souffert. La France menait par 3-1 et nous étions cuits. Mais ça ne leur suffisait pas, ils ont voulu nous humilier. J'ai dit à Jupp DerwalI: " faites-moi entrer, je dois jouer. Maintenant. Sur-le-champ!" Puis, j'ai touché le ballon pour la première fois et j'ai marqué. Le reste fut gigantesque. Un match Qui m'a marqué plus que tout autre. » La formule, Qui a fonctionné il y a quatre ans, fonctionnera-t-elle cette année encore? Il est permis d'en douter car le nom de Karl-Heinz Rummenigge ne brille plus autant qu'autrefois. Kalle le sait bien. Mais il mise sur son expérience : « Je sais toujours jouer au football. Je n'ai pas besoin d'entraînement technique. L'important, c'est que mon genou guérisse. » Avec ou sans Rummenigge, le capitaine de la RFA est optimiste pour la Coupe du monde: « Il est vrai que nous avons des difficultés à développer notre jeu, que nous comptons trop sur tes contres. Mais quelle équipe n'a pas de difficultés dans ce domaine ? J'ai vu les Brésiliens, les argentins, les italiens, les anglais, tout le monde est en train de travailler son système de jeu, de chercher la bonne formule. Seuls les Français me semblent parfaits en ce moment. Leur façon de battre l'Argentine, Même sans Giresse et Platini... chapeau! Au plan technique et en ce qui concerne les idées surprenantes, la France me paraît plus forte encore qu'il y a deux ans, lors du Championnat d'Europe. C'est au fond la meilleure équipe qu'on puisse voir en ce moment sur la terre. Mais attention! Le meilleur ne finit pas toujours par gagner la Coupe du monde! ». Toni Schumacher, le gardien de la sélection (le capitaine, quand Rummenigge ne peut pas jouer) n'a pas mâché ses mots lors de la concentration avant le départ pour le Mexique. Jamais, déclarait le gardien du FC Cologne, jamais depuis qu'il fait partie de la sélection, une équipe n'était partie pour un grand tournoi aussi mal préparée. Kalle partage-t-il cette opinion? : « Certes, il y a beaucoup de blessures qui ont gêné la préparation. Ce qui me rend optimiste, malgré tout, c'est que toutes les équipes allemandes, quelle que soit la manière dont elles sont bâties, savent lutter, faire front à la pression si l'enjeu est grand. Là où d'autres craquent, nous nous surpassons. Ainsi, si nous n'avions pas été qualifiés pour la Coupe du monde, nous n'aurions pas perdu contre le Portugal, je vous le garantis ». Optimiste Karl-Heinz Rummenigge et surtout pas loin du tout de la vérité.

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