FRANCE - RFA 1982, la chronique tactique

Alors avant de se lancer dans la rencontre un peu d'analyse tactique avec deux formations qu'on a plus trop l'habitude de voir. Bon c'est un pas un domaine où j'ai l'aisance et la culture de mon ami Florent Toniutti qui officie sur « chroniques-tactiques » (anciennement e-foot). 

La tactique de la RFA

On va commencer côté allemand avec des champions d'Europe pas très sereins. Les joueurs allemands craignent le brio technique de leurs adversaires. À les entendre dans les interviews parler de ces français qui n'ont jamais rien gagné que c'est tout juste si l'ogre n'est pas bleu. Harald Schumacher revenu sur cette demi-finale pour France Football est affirmatif: « Pour nous, ils étaient les grands favoris de cette demi-finale. » Sans doute une façon de retrouver une unité après un tournoi jusqu'alors décevant. Hrubesch confirme les propos du gardien allemand « Avec Kaltz (son compagnon de chambre), on parlait de ce match et nous étions admiratifs des milieux de terrain français. Sans oublier Marius Trésor en défense. Quel joueur, quelle présence! C'était un honneur d'affronter une telle équipe! » Kaltz : « Platini, Giresse, Tigana ... De vrais artistes du ballon! Nous, nous manquions de sérénité. L'ambiance au sein de l'équipe était tendue. Nos prestations avaient été médiocres. Tactiquement, surtout, nous étions nuls et nous nous en sortions uniquement sur des exploits individuels. Nous aurions dû avoir un autre schéma de jeu, mais nous étions incapables de modifier notre système en plein match. Parce que c'était la France en face, nous étions nerveux. » Aussi parce que le groupe est tiraillé depuis le début, comme l'admet Bernd Franke, la doublure de Schumacher. « Certains joueurs prenaient leurs coéquipiers de haut et cherchaient le conflit en permanence. » La présence et la personnalité de Paul Breitner ne font pas l'unanimité, et c'est un euphémisme. La gestion très permissive de Jupp Derwall, le sélectionneur, n'arrange rien et conforte les clans et les critiques telles celles, prononcées à voix haute, de Hrubesch qui fustige son « manque de courage ». Et puis il y a les blessés: Hansi Müller, Stielike, qui souffre du dos, Karl-Heinz Rummenigge, victime d'une contracture de la cuisse et qui débutera sur le banc ce soir-là. Donc dans ces conditions, Jupp DERWALL aligne ce onze de départ : 
L’Allemagne évolue dans une sorte de 3-4-3 avec un libéro (Stielike), deux stoppeurs (les frères Foster avec Karl-Heinz dans la zone de Platini ou Six et Bernd sur Rocheteau). Un milieu droit Kaltz, un milieu défensif axial Dremmler et un milieu gauche Briegel. Un leader de jeu au milieu avec l'expérimenté Breitner et trois attaquants, enfin presque. Une pointe avec Fischer et deux joueurs exentrés au registre différent. Littbasrki à droite est un vrai attaquant, qui driblle, percute, un vrai ailier droit en somme et son pendant à gauche, le génial Felix Magath, plus meneur de jeu et passeur. 

La tactique française

La principale interogation réside en attaque avant cette demi-finale mais finalement Rocheteau sera bien titulaire. « Je m'étais fait une entorse du genou contre l'Irlande du Nord (Match référence avec une victoire 4-1 et une démonstration impressionnante de supériorité). Le ligament était étiré et on a décidé d'attendre le dernier moment pour trancher. J'avais peur de déclarer forfait. J 'avais perdu ma place après la défaite contre lAngleterre, mais je l'avais regagnée et j'étais en pleine bourre avec un doublé inscrit contre l'Irlande. Le matin, Michel Hidalgo m'a demandé si je me sentais d'attaque. Je lui réponds qu'avec une piqûre dans le genou, ça ira une heure avant le coup d'envoi pour calmer la douleur et un gros, gros bandage. » Depuis la causerie, les Bleus connaissent les onze titulaires. Pas de surprise, si ce n'est Didier Six préféré à Gérard Soler. Hidalgo se justifie: « J'ai dû faire un choix entre un droitier et un gaucher qui, de plus, évoluait en Allemagne. Rocheteau était donc droitier et davantage dans l'axe, Six gaucher et plus sur le côté. » Gérard Soler n'est pas surpris. « Le matin du match, je croise Michel Hidalgo. Il cherche ses mots, il me dit qu'il compte sur moi, mais ajoute: " "Didier connaît mieux les Allemands que toi : « On a discuté dix minutes. Mais je le savais depuis la veille. Mon épouse m'avait annoncé au téléphone que je ne jouerais pas! La femme de Didier Six lui avait dit que son mari était titulaire et moi remplaçant ! » (Et oui déjà les Wags ! Six excepté, l'équipe sera donc la même que celle qui a écrasé l'Irlande du Nord (4-1). Avec Jean-Luc Ettori dans le but. Le Monégasque a débuté le tournoi"comme titulaire malgré un manque d'expérience manifeste. « Avant la Coupe du monde, c'était plutôt Baratelli et Castaneda. J'étais le troisième larron. ,T'avais juste un match et demi avec l'équipe de France, une mi-temps contre la Grèce en février 1980, et un match amical contre la Bulgarie juste avant le stage de préparation. Si j'avais eu plus de vécu, avec Marius notamment, sans doute aurait-on eu un Ettori différent. »

Le choix du Monégasque, c'est Ivan Curkovic qui l'a fait. L'ancien gardien des Verts a accepté la proposition de Michel Hidalgo de rejoindre le staff pour prendre en charge les gardiens. « Ma mission avait débuté en septembre 1981. Et, à Salnt-Étienne, j'avais préparé mon successeur, Jean Castaneda. Dans mon esprit, il était le premier gardien, mais la situation a basculé lors du match de préparation perdu 1-0 devant le pays de Galles. Ce jour-là, il a semblé réaliser qu'il allait jouer un Mondial pour la France. La pression psychologique était manifestement trop forte pour lui et je l'ai dit à Michel Hidalgo. J'éprouvais le même sentiment pour Baratelli. On a donc choisi Ettori, jeune, courageux. Bien sûr, il n'était pas esthétique comme Dassaev (le gardien russe), mais il avait la confiance de ses coéquipiers. Et il a fait le boulot jusqu'au bout. ». La vachte pas tendre le Curko avec son successeur à Saint-Etienne. Les gardiens le maillon faible des bleus dans cette coupe du monde mais on comprend mieux pourquoi quand on voit les coulisses et ces tensions (voir le sujet Et si la France en 1982 avait connu un Knysna ?). Et voici comment se présente l'équipe de France en reantrant sur la pelouse de Sanchez Pizjuan : 
En théorie l'équipe de France joue en 4-4-2. Concrètement, son organisation de départ ressemble d'avantage à un 4-2-3-1 d'aujourd'hui mais avec uen variante qu'on a jamais vu depuis et 3 meneurs de jeu dans la même équipe ! Folie créatrice d'Hidalgo mais aussi destructrice ! Sans milieu de terrain sur le banc de touche ! Hidalgo doit remplacer Genghini blessé par Klatz par... Battiston arrière droit de formation et quand celui-ci se fait descendre par Schuamcher à son tour c'est Christian Lopez défenseur central qui se retrouve au milieu de terrain ! Les Larios et René Girard pas retenu sur le banc et présent en tribunes doivent encore fulminer. Pour le reste c'est un libéro (Trésor) avec trois défenseurs au marquage individuel, Bossis sur Magath, Janvion sur Fischer et Amoros sur Littbarski. A noter qu'Hidalgo a choisi d'inverser les arrières latéraux en fonction des attaquants allemands c'est ainsi que Bossis se retrouve inhabituellement à droite. Ensuite Genghini et Tigana en milieux positionnés plus bas. deux milieux offensifs avec un Platini tout de même en électron libre pas loin d'un neuf et demi. Sic à la lourde tache d'occuper le flanc gauche avec comme seul soutien Amoros tandis que Rocheteau est en pointe.

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