Capitaine des champions d’Europe 1976, Anton ONDRUS a fait
un passage de 4 ans en France dans un quasi anonymat. Il faut dire que le solide gaillard avait posé
ses valises aux bords du Lac Léman à Thonon les Bains alors modeste pensionnaire de notre division 2 à deux groupes. Anton ONDRUS ce n’était pas le premier venu, avec un C.V international bien rempli et aujourd’hui on peut se poser la question
comment Thonon les bains a-t-il fait à l'époque pour attirer un des meilleurs stoppeurs d’Europe ?
ONDRUS un sacré défenseur, trimbalant sa longue carcasse d’un mètre quatre
vingt dix sur les terrains du monde entier avec la Tchécoslovaquie de 1974 à
1980. 58 sélections pour ce stoppeur qui pouvait aussi jouer libéro et au jeu rugueux et dur sur l’homme. Avec la sélection, tout
commença en mars 1974 en amical face à la RDA et se termina avec le match pour la troisième place à l’Euro
80. Le championnat d’Europe c’est le graal da sa carrière et surtout avant
cette troisième place en Italie c’est celui de 1976 en Yougoslavie qui restera
comme le plus grand moment de sa carrière. Capitaine de la sélection
Tchécoslovaque, l’Euro 76 est le point culminant de l’histoire du football
Tchécoslovaque, devant même les deux finales de coupe du monde disputées en
1934 et 1962. Le parcours de la sélection tchécoslovaque est homérique. Avant
de se rendre en Yougoslavie pour la phase finale, les tchécoslovaques ont du
terminer premier de leur poule devant l’Angleterre et le Portugal s’il vous
plait. Et comme récompense ils ont eu le droit d’affronter l’URSS en match
aller-retour pour les ¼ de finale du championnat d’Europe. Cette double
confrontation face au grand frère tortionnaire dépasse de loin le cadre du football.
2-0 à Prague et 2-2 à Moscou suffisent pour valider leur billet en demi-finale
à Zagreb. Cette demi-finale il faudra la disputer face au monstre qu’est la
Hollande de Cruyff. Les oranje mécaniques sont les grands favoris de la
compétition et tout le monde s’attend à voir la bande de Cruyff triompher. Cruyff
qui est la grande vedette comme le prouve cette image du toss entre les deux
capitaines. Ondrus est trempé jusqu’aux os tandis que l’arbitre abrite sa
majesté Johann 1er avec son parapluie. Image incroyable
Il est évident que les deux joueurs n’ont pas le même statut
et pourtant Ondrus va faire mordre la poussière aux attaquants bataves dans
cette nuit pluvieuse de juin 1976. La démarche mal assurée avec ses jambes
arquées, surmontée d’une bouille de bébé bien joufflu, le capitaine
tchécoslovaque est un défenseur intraitable, mécanique voir raide sur le terrain.
Plus grand que ses adversaires il ne mise pas uniquement sur son physique pour dominer
ses adversaires, ancien avant centre de qualité, il a le goût du geste
spectaculaire et n’hésite pas à se projeter à l’avant toujours avec panache. Ce
soir là c’est ce récital qui livrera pour écœurer les hollandais qui sombrent
3-1 avec une ouverture du score signée Ondrus lui-même avec un joli coup de
boule pour ce maitre des airs :
Bon notre homme sera le joueur de la rencontre car c’est lui qui égalise
pour les hollandais avec un joli CSC. Reprise
de volée pleine lucarne dans les buts d’Ivo VIKTOR. Bon sans conséquence car
ses coéquipiers Nehoda et Vesely inscriront deux buts en prolongations pour une
victoire historique des tchécoslovaques sur les hollandais ; Le magnifique
CSC d’Ondrus :
La finale on la connait tous, les tchécoslovaques battent
aux tirs au but les allemands champion d’Europe et champions du monde en titre
à la surprise générale avec la Panenka de Panenka en conclusion holywoodienne.
Le Capitaine ONDRUS, qui marque le 3ème tir au but de son équipe,
peut soulever le premier trophée majeur de la sélection tchécoslovaque. Anton ONDRUS
à 26 ans et est au sommet de sa carrière où avec son club du Slovan Bratislava
il remportera deux titres de champions (1972 et 1975) et une coupe de
Tchécoslovaquie en 1974.
Il restera en Tchécoslovaquie jusqu’à ses 30 ans, âge
légal pour un footballeur tchécoslovaque pour envisager un départ à l’étranger.
Après l’Euro 80 il part chez un grand d’Europe le Clubb Bruges. Mais en Belgique,
le club de la Venise du nord connait un passage moins bien (lutte pour éviter
la relégation bien loin des finales européennes de 1976 et 78) et Ondrus ne
reste pas en Belgique. ONDRUS en effet va passer du plat pays aux Alpes !
Bon il y a
quelques trous dans sa carrière que je n’arrive pas à expliquer. Il quitte
Bratislava en 1979-80 et on le retrouve que lors de la saison 1981-82 à Bruges.
Idem que fait-il en 1982-83 ? Sûrement une année sabbatique pour préparer
le foncier car c’est à 33 ans qu’on le revoit sur les terrains pour attaquer la
saison 1983-84. Mais là c’est à la surprise générale qu’on le voit apparaitre à
Thonon les Bains, modeste pensionnaire de la division 2 française (le CS Thonon
a disparu en 2007 après être descendu en Promotion d’Honneur Régionale). Attention
si aujourd’hui on a du mal à comprendre que Thonon, équipe disparue, puisse
attirer le capitaine des champions d’Europes, un des meilleurs stoppeurs d’Europe
il faut savoir que cela rentrait dans une politique assez ambitieuse du club
savoyard. Avec des recrues qui s’appellent également Gilles de Rocco ou Patrick
Parizon, l’équipe entrainée par Jean-Pierre Carayon à quelques prétentions à l’aube
de la saison 1983-84. Treizième la saison précédente, Thonon attire l’œil des
spécialistes dans cette pré-saison avec un recrutement intéressant et même
surprenant avec el revenant Ondrus venant de nulle part. France Football n’hésite
pas même à classer le club dans les outsiders pour les barrages avec l’arrivée
d’Ondrus qui devrait, à lui-seul, stabiliser la défense, maillon faible des savoyards
lors de l’exercice précédent.
L’hebdomadaire, qui à l’époque méritait son
surnom de bible du football, a vu juste. Ondrus tient la baraque et Thonon joue
bien des tours dans cette première partie de championnat. LeE gardien Gilles De
Rocco ne s’y trompe pas et dès la 2ème journée déclare : « Cette
saison nous devrions mieux faire car l’équipe est bien plus forte en défense et
l’état d’esprit aussi ». ONDRUS est le plus régulier et le mieux noté des
joueurs de Thonon qui au soir de la 10ème journée est 5ème
avec un match en moins à quelques encablures des deux gros olympiens (OL et OM
favoris pour la montée). Ce soir là dans leur stade Joseph Moynat, citadelle
des alpes imprenable, Thonon ne fera qu’une bouchée de Martigue et attire les
commentaires avisés de la presse dont Ondrus meilleur joueur du match. On peut
lire ainsi : « Pendant 90 minutes, par sa présence et son autorité au
poste de stoppeur, Ondrus joue précis et utile ». A Joseph-Moynat les plus
grands se prennent les pieds dans le tapis, que ce soit l’OM ou l’OL personne
ne viendra gagner. En fait Thonon baissera de pied qu’en janvier et comme par
hasard quand Ondrus se blessera et manquera un mois de compétition. Oh une des
blessures les plus stupides de l’histoire. Après une qualification en coupe de France
contre Saint-Dizier (2-1 après prolongations) on fait la fête dans le vestiaire
Thononais et on ouvre une ou deux bouteille de champagne. Alors est-ce que
parce que le magnum de champagne est plus lourd qu’une bouteille de Pilsner
Urquell que Anton a le geste qu’il ne faut pas ! Il lâche la bouteille qui
vient s’écraser sur son pied, en fait sur son gros orteil. Le verdict tombe,
rupture du tendon de l’orteil. Opération obligatoire et à l’arrêt forcé pour le
meilleur joueur de l’équipe jusque-là. Il reviendra en fin de saison et reprendra
son rôle de métronome.
La saison suivante est encore plus énorme. Thonon joue
les premiers rôles, longtemps dans les 4 premiers du championnat, le club
savoyard termine 5ème et loupe de rien les barrages où tout est
possible. Après suivra deux saisons plus chaotique avec une relégation en
division 3 à la fin de l’exercice 1986-87. Malgré un Ondrus toujours fidèle au
poste et plus régulier que jamais. Il ne rate quasiment aucun match, marque sur
quelques montées et ne compte pas en rester là. Perdant son statut
professionnel, à 37 ans il part jouer encore deux saisons en Suisse. Mais il
aura fait un passage remarqué dans notre division 2 malgré un âge plus qu’avancé.
Il faut dire que dans un championnat assez dur physiquement Anton ONDRUS était
armé pour répondre lui qui restera le meilleur joueur de l’histoire de Thonon
et sans aucune contestation le seul champion d’Europe a être passé par ce club
désormais disparu.
Super bonhomme que j'ai connu à Thonon pendant 2 ans et qui a permis à Thonon d'être aux portes de la D1
RépondreSupprimerIl touchait 10000 euros par mois et logé .