En tout cas au début de la
compétition, quand la Grèce a débuté les phases de qualifications, personne n’aurait
misé un kopek sur la sélection grecque ! Un premier match et une défaite à
la maison face à l’Espagne puis pour le second match une défaite à Kiev en
Ukraine sur le même score. Pourtant au retour d’Ukraine, les hommes d’Otto
Rehagel vont se changer en une machine de guerre intraitable, une version footbalistique
de la tortue des légions romaines. En qualifications 6 victoires pour leurs 6
derniers matchs dont une en Espagne face à la Roja. La Grèce accède ainsi à une
compétition majeure pour la première fois depuis 10 ans et son voyage aux
Etats-Unis pour la coupe du monde 94. C’est seulement la deuxième fois que les
grecs participent à la phase finale d’un championnat d’Europe après la
figuration de l’Euro italien de 1980 (On peut aussi inclure la coupe du monde
94, dans le rôle de figurant). Mais pour le sélectionneur allemand hors de
question cette fois de faire le voyage que pour voir du pays, la Grèce à un
plan d’attaque ou plutôt un plan de défense. Il faut dire que la brillante
campagne de qualifications a nourri les ambitions des joueurs, ainsi Zagorakis,
de loin de meilleur joueur de la sélection pendant cet Euro dira : « Nous
goûtions la joie d'être qualifiés. Nous étions tous heureux Les attentes
étaient simples : nous voulions juste montrer que ce que nous avions fait lors
des deux années précédentes n'était pas un coup de chance. Que les résultats
obtenus en éliminatoires pour remporter notre groupe n'étaient pas un coup de
chance ». Et la confiance les grecs vont en prendre du rab dès le
match d’ouverture. Alors qu’ils affrontent en match d’ouverture le pays
organisateur, favori pour la victoire finale, les grecs vont jouer un sale tour
à tout le peuple portugais qui pensait que la victoire était déjà acquise avant
le coup d’envoi. Les grecs baignaient au milieu de cette ambiance où tout le Portugal
faisait la fête et eux voulaient tout simplement montrer que la victoire, les
portugais allaient être obligés d’aller la chercher au plus profond d’eux-mêmes.
Le problème pour la formation lusitanienne c’est que Karagounis allait ouvrir
le score dès la 7ème minute et que là la tâche allait devenir encore
plus difficile que remonter le Styx pour sortir du royaume d’Hadès. Face à un
mur grec, les salves portugaises n’ont aucune efficacité et ce sont même les
grecs qui doublent la mise en seconde période, le but de Cristiano Ronaldo dans
les arrêts de jeu, ne changent rien, la Grèce frappe fort et d’entrée et ce n’est
qu’un début. L’Espagne est le suivant, la Roja n’arrive pas à battre la Grèce
qui se qualifie pour les ¼ de finale, se permettant même le luxe de concéder une
défaite face à la Russie, déjà éliminée, lors du dernier match. En ¼ de finale
les grecs ont un gros morceau devant eux avec les français tenant du titre. La France
qui a fait le sans faute en qualifications et qui sort premier de sa poule
(voir le sujet Euro 2004 : France - Angleterre, tragédie en 4 actes) souffre bizarrement d’un
problème de confiance. Le naufrage sud-coréen est encore dans la tête et les premières
sorties lors de cet Euro ne taisent pas les critiques sur un jeu tricolore, il
est vrai, assez pauvre. Mais l’efficacité est là, Zidane, Henry et Trézeguet
peuvent à chaque instant faire basculer la rencontre sur un exploit individuel
ou en parfait renard exploitant la moindre erreur de l’adversaire. Curieusement
la France va se faire sortir de cet Euro alors qu’elle va livrée son meilleur
match. Mais Otto Rehagel, tel Ulysse va sortir son cheval de Troie pour
éliminer la formation de Jacques Santini.
Enfermés dans leur surface de réparation,
les grecs laissent les français s’échouer sur les buts de Nikopolidis quand au
milieu de la seconde période, après avoir endormis les français dans un faut
rythme, les attaquants hellènes vont sortir de leur cachette pour frapper les
bleus dans leur sommeil. Centre de Zagorakis et tête de Charisteas, le score ne
bougera plus. Angelos Charisteas n’est pas le meilleur attaquant d’Europe, il
est même très loin d’un Thierry HENRY alors au sommet de son art mais il a une
qualité qui fait grandement défaut au gunner, il a un excellent jeu de tête. Ah
si Henry avait eu un jeu de tête un peu correct il aurait eu son ballon d’or et
ce soir là à Lisbonne les français seraient passer en demi-finale car qu’est qu’il
a raté à plusieurs reprises, dont une dans les toutes dernières minutes dont on
dit qu’il est plus difficile à mettre dehors que dedans. Mais la fatalité
frappe l’équipe de France qui voit cette surprenante équipe grecque affronter la
République Tchèque dans une demi-finale qui va tourner à l’affrontement
physique. La séduisante République Tchèque va affronter 11 guerriers grecs, qui
tels les spartiates de Léonidas aux Thermopyles vont repousser toutes les
attaques des équipiers de Nedved. Le futur ballon d’or va d’ailleurs passer une
sale soirée, enfin une courte soirée car il sort sur blessure à la 40ème
minute victime du traitement de faveur tout particulier que lui réserve ses
gardes du corps d’un soir. Comme contre la France, la Grèce subit et frappe en
contre quand l’adversaire si y attend le moins. Cette fois-ci il faut attendre les
prolongations et une tête de Dallas pour que le miracle puisse commencer à
naitre dans tous les cœurs des supporters grecs à Athènes, dans tout le pays et
aussi dans le monde entier où toutes les diasporas exultent à chaque sortie
victorieuse. Toutes les capitales du monde se réveillent avec des trottoirs
jonchées d’assiettes brisées ! Et ce n’est pas fini.
En finale, les grecs
retrouvent les portugais qui ne vont pas se faire surprendre une seconde fois.
Le Portugal est monté en puissance dans cette compétition. Après le fiasco du
tournoi d’ouverture, Fico et ses coéquipiers ont battus les russes, l’Espagne,
éliminé l’Angleterre et sortit les Pays-Bas. Rien ne peut plus les arrêter
maintenant vers leur premier sacre dans une compétition majeure et surtout pas
11 grecs qui ne savent que défendre. Sauf que pour ceux qui ont vu France-Grèce
quelques jours plus tôt vont avoir la curieuse sensation de voir un remake lors
de cette finale. Alors si au cinéma les remakes sont légions, au football je ne
connaissais pas de version aussi aboutie. Vous changer juste les acteurs, où
portugais succèdent aux français et hop on remet le même scénario. Une défense arque
boutée devant les cages de Nikopolidis et on attend la 2ème mi-temps
pour frapper en contre l’adversaire et on ne se fait pas chier avec des
variantes. Centre et tête de Charisteas, but. Comme disent les américains il y
a un sentiment de « déjà vu ». Là aussi, le score ne bougera plus et
la Grèce réalise le plus grand exploit de l’histoire des championnats d’Europe.
Il est impossible en quelques ligne de décrire la folie, l’hystérie qui s’empare
de la Grèce, de la diaspora grecque dans le monde entier. Les joueurs ne sont
plus des footballeurs, ils sont devenus des héros tels Ulysse ou Achille. Une
phrase résume le changement de statut des joueurs grecs : « La
Grèce antique avait 12 dieux, la Grèce moderne en a 11 ».
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