Les ciseaux de Luis, marque déposée

Ah les ciseaux de Luis !! J’avoue que c’est un peu par hasard que je suis retombé dessus sur Youtube alors que dans un coin de ma tête je voyais toujours ce geste de pantin désarticulé envoyé des missiles à Zubizarreta ! Le plus fort dans cette histoire c’est que Luis a frappé deux fois et deux fois face au gardien basque ! Le hasard ? Peut être pas pour l’enfant de Tarifa qui a toujours sorti des matchs énormes face à la « Roja » de sa terre natale. Le premier par exemple a une place importante dans la carrière de Luis. Nous sommes en 1988 et comme on l’a vu dans le sujet précédent, Euro 1992– France Suède 1 :1 l’équipe de France dirigé alors par Henri Michel allait très mal. Elle allait même très mal juste avant ce match amical à Bordeaux. Les maux de l’équipe de France datait d’un match catastrophique à Israël (le 27 janvier 1988) et dépassait le cadre du terrain. Dans la presse Manu Amoros tirait à boulet rouge sur ses coéquipiers et visait en première ligne le capitaine d’alors, Luis FERNANDEZ. Maladresse du défenseur de Monaco, qui voulait déclencher une prise de conscience collective en bougeant ses adversaires mais qui h »las va voir toutes ses flèches atterrir dans le jardin de Fernandez. Les médias détournant l’affaire dans une lute pour le brassard susceptible de vendre plus de papiers. Hélas au lieu d’éteindre l’incendie, Henri MICHEL appuie là où Amoros a blessé. Exit Fernandez et place au jeune Despeyroux pour le Tournoi de France qui suivait de peu le match amical en Israël (du 2 au 5 Février 1988), le sélectionneur s’explique : « Compte tenu du climat, pas très sain qui s'est installé autour d'elle depuis Tel-Aviv, je suis obligé d'aligner les joueurs les plus en forme du moment pour obtenir le résultat positif dont nous avons le plus grand besoin ». Le sang de Luis ne fait qu’un tour à l’annonce de son absence du groupe : « Je suis extrêmement déçu de ne pas jouer, avouait-il. J'ai le sentiment de trinquer pour Israël. Je n'approuve pas le comportement d'Henri Michel, qui devrait défendre le collectif au lieu de se référer à des états d'âme comme ceux d'Amoros »

Le parisien songeait même à claquer définitivement la porte des bleus avant de se raviser : « Je n’aurais dorénavant plus la même attitude vis-à-vis de l’équipe de France » déclare t-il devant la presse. La France remporte le tournoi sans convaincre après deux succès 2-1 sur la Suisse puis le Maroc. Mais le grand test pour préparer cette équipe de France qui allait attaquer les éliminatoires de la coupe du monde 1990 avec un esprit de revanche était fixé au 23 mars, face à un grand d’Europe : l’Espagne. Le match avait lieu au parc Lescure de Bordeaux et Henri Michel décidait d’aligner Luis d’entrée après une entrevue entre les deux hommes où le sélectionneur, selon ses mots, aurait exigé du joueur du Matra, se plis à une certaine discipline. Mais devant la presse le sélectionneur soutient son joueur et justifie sa décision de le titulariser ainsi : « Il faudrait être fou pour se passer d'un Fernandez au meilleur de sa forme. J'ai besoin de lui, et le sais très attaché à l'équipe de France ». Menés au score les bleus répondaient par l’intermédiaire de Gérald Passi et comme transcendé par l’égalisation méritée,  ils jouaient vite et bien et cela faisait une éternité que ce n’était plus arrivé. Et Luis allait d’un but spectaculaire faire rentrer la soirée bordelaise en un match de gala. Coup franc de Bijotat, remise à qui mieux mieux d’Yvon Le Roux et Zubizaretta qui dégage du poing sur Luis. Volée en ciseau des 25 mètres du capitaine français qui a vu le gardien ibérique avancé et qui n’a pas le temps de revenir sur sa ligne. C’est un Luis ivre de joie, revanchard qui offre la victoire aux bleus, une belle victoire de prestige, avec la manière et un but qui va rester dans les mémoires.


Trois ans et demi plus tard de nombreuses choses ont changé mais pas l’adversaire. Platini est devenu le sélectionneur et les bleus sont irrésistibles. Manu Amoros est toujours là, Luis aussi mais il a traversé bien des épreuves depuis. Après une grave blessure au genou on l’a cru perdu pour le football, c’est à Cannes qui rebondi alors que peu de clubs souhaitait miser sur lui. Lors de la saison 1990-91 c’est un Luis nouveau qui entraine l’AS Cannes sur les chemins de l‘Europe et c’est tout naturellement qui réintègre le groupe France. Ce 12 octobre 1991 à Séville, il est titulaire et c’st lui qui va ouvrir le score permettant aux français de l’emporter et de faire un sans faute dans les éliminatoires de l’Euro 92 (8 matchs, 8 victoires). Et regardez bien le but de Fernandez il va vous rappelez quelque chose, vu que Luis a ressortit le ciseau.


Avouez que la ressemblance, face au même adversaire qui plus est, est saisissante, non ? Luis signe sa marque de fabrique et désormais le modèle est déposé. Mais je trouve que c’est un geste très intéressant qu’on ne voit pas assez chez les milieux de terrains et pourtant…

Je ne sais pas pour vous mais je suis effaré de voir les milieux défensifs qui envoient dans les nuages tous les corners et centres qui sont renvoyés à l’entrée de la surface. Bon je ne suis pas dupe je sais qu’il respecte les consignes et qu’il vaut mieux envoyer le ballon dans les tribunes plutôt que d’essayer de le contrôler ou de le passer et de le perdre. C’est clair que les ballons perdus sur coups de pied s arrêtés est la première cause des contre attaques meurtrières mais bon quitte à frapper au but autant bien le faire et c’est là qu’il faut à mon avis revoir la question. Car il s’agit là d’un geste très difficile à réaliser, le ballon arrive sur vous rapidement, dans les airs et il faut se coucher parfaitement pour trouver le bon équilibre et frapper. Pour réaliser des buts comme ça il faut une grande maitrise technique à l’image du but de Jean-Michel Larqué en finale de coupe de France. Mais le plus souvent les milieux défensifs sont des porteurs d’eaux au bagage technique plus limité que les attaquants, adeptes des reprises de volées artistiques. Le ciseau de Luis Fernandez est une alternative, avec son saut de cabri, de frapper le ballon en équilibre. Cet équilibre étant provoqué par le mouvement de la jambe d’appui qui part avant la jambe qui frappe le ballon. C’est spectaculaire mais beaucoup mois difficile à réaliser qu’une volée classique avec le pied d’appui ancré au sol. En outre l’avantage, à mon sens, est que le geste se réalise plus rapidement car il n’y a pas besoin de se contorsionner pour trouver l’équilibre en armant sa volée. On le voit peu ce geste mais vous remarquerez qu’à chaque fois qu’il est tenté le ballon ne part pas dans les nuages, car l’équilibre du frappeur se fait beaucoup plus naturellement avec ce mouvement en ciseau. Ces dernières saisons en France, il y a un joueur qui l’a tenté à plusieurs reprises avec beaucoup de réussite c’est Matthieu Bodmer. Il l’a marqué de la sorte avec Lyon mais aussi le PSG mais vous en trouverez bien d’autres sur la toile je ne vais pas tous les citer ou les montrer ici. En tout cas pour moi j’associerais toujours ce geste à celui de Ferrnandez et aussi quelques part à Zubizarretta sa victime préférée.

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