On continue de balayer, avant ce France-Serbie, le football de
l’ex-Yougoslavie à travers quelques sujets tout en gardant un œil sur nos rétros
spéciales championnats d’Europe et en lien avec le projet OSP-EURO 1972-1992.
On a évoqué des joueurs, des équipes ou des matchs mais l’album OSP-EURO1972-1992 c’est aussi la présentation de stades mythiques des championnats d’Europe.
A ce titre il y en a un très particulier, qui a accueilli la finale de l’Euro 76 et
son dénouement hitchcockien avec la Panenka de Panenka, le mythique Marakana de
Belgrade ! Un stade à part en Europe, si bien d’ailleurs qu’il a un nom
brésilien en hommage à la célèbre enceinte de Rio et qui a eu son impact dans
le fait qu’on a appelé les yougoslaves, les brésiliens de l’Europe. Un
journaliste yougoslave décrivait ainsi le Marakana après être arrivé en retard
lors d’un derby avec le Partizan : « c’était comme descendre dans le cœur
d’un volcan ».
Cette phrase résume parfaitement ce qu’est le Marakana car
il y fait référence à sa topographie, son architecture et à ses supporters, en
fait à tout ce qui fait un stade et on va revenir sur tous ces points. Un des aspects si particulier du Marakana c’est vraiment sa
topographie pour cette arène qui est une cuvette creusé dans le sol de
Belgrade. L’actuel Marakana est construit sur le site de l’ancien stade du SK Jugoslavija
(le Sporting Club de Yougoslavie en français) ancienne gloire du football
yougoslave champion en 1924 et 1925 et qui sera dissout après la guerre de
1945, une partie des effectifs du club seront fusionnées avec d’autres pour
former l’Etoile Rouge de Belgrade. Le stade était alors une enceinte de 30 000
places qui sera totalement rasé en 1959, devenu obsolète avec le rayonnement de
ce nouveau club très populaire de l’Etoile Rouge de Belgrade et qui commence à
aligner les succès dans les années 50 (champion 1951, 1953, 1956, 1957 et 1959)
et les soirées européennes de prestige. Le nouveau stade ne sera pas à la place
de l’ancienne enceinte mais en dessous. Ainsi pendant 3 ans les terrassiers de
Belgrade vont se livrer à un chantier pharaonique. Le Marakana sera 12 mètre en
dessous du terrain naturel et pour y parvenir les équipes de terrassements vont
excaver pas moins de 350 000 m³ de terres et 15 000 m³ de roches.
Le résultat est un stade unique, où le sommet des tribunes
est au niveau de la chaussée comme on peut parfaitement le voir sur ce cliché :
Du coup on comprend mieux dans cette cuvette la sensation de
se trouver dans un cratère d’autant que les formes architecturales du stade
amplifient ce sentiment d’être au cœur d’un volcan. Mais les soirs de match le
volcan se réveille et c’est aussi ce public chaud bouillant qui va faire la
légende du Marakana. Dans les premiers temps le stade parait gigantesque avec
sa capacité de 100 000 personnes. D’ailleurs c’est pour cette raison, de
plus grand stade d’Europe (ou presque) que le stade de l’Etoile Rouge
deviendra à jamais le Marakana en référence au stade de Rio, le plus grand du
monde et son record de 200 000 spectateurs. Le Marakana est inauguré le 1er
septembre 1983 pour un match de championnat entre l’Etoile Rouge et le NK
Rijeka avec une afluence de 55 000 spectateurs. Mais la légende veut que
ce soit lors du premier derby avec le
Partizan que le nom de Marakana va naitre. Sans chiffres officiels on annonce
plus de 108 000 spectateurs et après le match on compara ce nouveau stade
à celui de Rio en le « yougoslavisant »
avec un K à la place du C. Le derby
avec le Partizan est aussi un facteur important dans la légende du Marakana car
il faut savoir qu’au delà de la grande rivalité sportive entre ce qui va
devenir les deux meilleurs clubs de l’Ex-Yougoslavie (les deux a avoir jouer
une finale de coupe d’Europe des clubs champions), les deux stades ne sont
séparés que par une centaine de mètres comme vous pouvez le voir sur la vue
satellite :
Et puis il va y avoir les soirées européennes qui vont
participer à la légende du Marakana, une réputation qui traverse alors les frontières. Le 23
avril 1975 en demi-finale de la défunte coupe d’Europe des vainqueurs de
coupes, ce ne sont pas moins de 96 070 billets qui seront vendus (record
officiel du club) et on parle ce soir là d’une affluence de plus de 110 000
personnes (tout de même plus de 14 000 resquilleurs ça fait pas mal pour
croire les rumeurs mais bon). Et puis il va y avoir l’âge d’or de l’Etoile
Rouge à la fin des années 80 et début des années 90 avec des matchs de
légendes, les duels âpres avec le grand Milan AC de Gullit et Van Basten et la
fameuse demi-finale de 1991 face au Bayern de Munich. Après l’avoir emporté 2-1
à Munich au retour les yougoslaves sont menés sur le même score et on se dirige
vers une inexorable prolongation. Quand dans les dernières minutes, l’expérimenté
Augenthaler veut dégager un centre mais dévisse complètement et envoie le
ballon dans ses propres filets qui envoient l’Etoile Rouge en finale face à
Marseille et on connait la suite. A Belgrade, tout le monde sait que c’est le
Marakana qui a fait trembler Augenthaler et qu’en fait le buteur c’est tout simplement le 12ème
homme. Une action de plus pour que le mythe se perpétue et les
belgradois se plaisent à l’entretenir à chaque renversement en coupe d’Europe.
Il faut dire qu’ils ont été nombreux dans l’histoire mais pourquoi ? Dejan
Stankovic, l’actuel capitaine de la Serbie à son explication, il s’agit du tunnel : « La
magie du Marakana ? Le tunnel ! Un long et beau tunnel. Ca raconte tant,
un tunnel. J'ai toujours voulu savoir ce que pensaient les joueurs adverses en
y passant. Tu es dans ce trou, et tu entends le grondement de la foule…» Comme
une arène pour les gladiateurs ou plutôt les esclaves qui allaient être jetés
en pâture et qui passant par l’entrée des artistes entendaient le grondement de
la foule, ne sachant pas à quelle sauce ils allaient être mangés (et ce n’est
pas une métaphore). Pour vous donner une idée de ce que ça fait d’entrer dans
le Marakana voici un visioparama à 360°, je vous conseille de cliquer sur le
croix pour mettre en plein écran, c’est superbe :
Bon je sais il manque la foule et les chants mais je trouve que c’est super bien fait de se retrouver au centre du volcan même éteint. Aujourd’hui le Stade est beaucoup moins impressionnant que lors des grandes soirées européennes évoquées précédemment. Au milieu des années 90 pour être mis aux normes de sécurité de l’UEFA, la capacité a été ramené à 60 000 places. Une réduction drastique mais ce n’est rien comparé à la révolution qui devrait voir le jour en 2015 :
En attendant que la société chinoise qui a gagné l’appel d’offres construise cet ensemble de tours, centres commerciaux et avec un stade qui sort du sol, voici les deux vignettes du Marakana pour l’album OSP-EURO 1972-1992. Le Marakana du temps du championnat d’Europe 1976, la vignette n°41 et celle du Marakana d’aujourd’hui la vignette n°43 :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire