Euro 88 - Michel VAUTROT

Alors là je ne pensais pas un jour faire un post sur un arbitre. Tout d'abord car dans les albums Panini il n'y a jamais de vignettes sur les arbitres quasiment. Le seul que je connaisse est l'album de l'Euro 88 avec en dernière page tous les arbitres de la compétition. Moi je trouve que l'initiative était bonne, dommage qu'elle n'est pas eu d’écho. Ensuite il faut l'avouer que sur OSP on revient sur des buts qui nous ont fait rêver, des matchs qu'on arrivent pas à oublier et pour ça il faut un bon arbitre. Et ne dit on pas qu'un bon arbitre est un arbitre qu'on a pas vu du match ? Pourtant j'ai trouvé que faire le sujet sur Michel VAUTROT était plus qu'intéressant, dans son contexte de l'Euro 88 et sa super médiatisation en France mais aussi sur le bonhomme et son histoire. Tout simplement passionnante et attachante. Le contexte je vais pas trop m'attarder mais il faut savoir qu'au mois de juin 88 les médias sportifs français n'avaient d'yeux que pour Michel VAUTROT et ses 2 assesseurs (Gérard Biguet et Rémy Harrel). La faute aux bleus d'Henri Michel, champion sd'Europe en titre qui se sont fait éliminés lamentablement de la compétition un an plus tôt déjà. Ainsi quand on apprend que c'est Michel VAUTROT qui va arbitrer la prochaine finale (et qu'il n'y a aucun risque que la France soit en finale pour l'en empêcher) les médias français s'emballent. Et ils s'intéressent à son parcours, à son histoire.
Michel VAUTROT tout petit adore le football et au moment de prendre sa première licence, la fatalité du destin va le frapper. Si Michel semblait voué au foot hélas le foot n'était pas fait pour lui. Les médecins décelaient rapidement une maladie du coeur, un manque de globules blancs. La sanction tombait, inéluctable et sans commission d'appels : Il était suspendu à vie de toute activité physique. Avec le recul quand il revient sur sa jeunesse Vautrot disait :"Je n'ai jamais pu jouer au foot, ni pratiquer un autre sport. Ça se voit quand je cours....". Sujets à de nombreux évanouissements, Michel VAUTROT va rater deux années complètes de scolarité, remplacées par deux séjours prolongés au lit. Les journaux sportifs devenant son meilleur compagnon et le jeune garçon était devenu accroc à la radio surtout les soirs de multiplex. Ce Franc-comtois suit un soir, sa soeur au stade de Besançon où elle vend des programmes, l'adolescent devient supporter du Racing Franc-Comtois avant d'en devenir un des dirigeants à....17 ans. Le président l'avait alors pris en amitié.  Incroyable mais vrai, alors que les autres dirigeants, notables de la ville, arrivent aux réunions en Mercedes, BMW du dernier cru, Vautrot lui débarque sur son solex et il raconte ce qu'on devine aisément : "Cela ne plaisait pas à tout le monde de voir un blanc bec dans l'assistance". Pourtant il ne vas pas s'arrêter là dans sa façon de déranger, il fustige l'attitude de ses homologues dont l'analyse des échecs du club se résumait ainsi :"J'étais ébahi par les analyses de match, la fuite des responsabilités. Quand on perdait, c'était la faute des arbitres. Et quand le public ne venait pas c'était la faute de la presse". Un soir il prenait son courage à deux mains et élève la voix contre ce raisonnement et sa défense des arbitres lui coûtent tout simplement sa tête, il est renvoyé à ses études et son solex, fin de sa carrière de dirigeant. Alors pour prouver aux dirigeants bisontins qu'il connait le règlement aussi bien qu'eux (principal raison évoqué de son renvoi),  il écrit à la ligue histoire de passer un examen théorique. Non seulement il réussit haut la main le test mais en plus il reçoit une convocation pour un examen pratique. "C'était un gag. je ne voulais pas être arbitre et de toute façon je ne pouvais pas. Mon médecin me l'interdisait". Sauf que là c'est énorme et finalement certaines histoires tiennent souvent un peu de choses. Son médecin, heureusement pour lui, ne connaissait rien au football et l'autorise à arbitrer en lui disant :"Vas-y, ça te fera prendre l'air", Vautrot racontera qu'en fait son docteur s'imaginait que l'arbitre, comme au tennis, restait dans le rond central sans courir. Voilà comment Michel VAUTROT se retrouvera tout de noir vêtu, un sifflet à la bouche. Michel Grimpera les échelons rapidement, devenu enseignant (prof d'économie) il arbitre en division 1 à 27 ans puis devient arbitre international à 30. Il fait le tour du monde et devient peut être le tout meilleur dans son domaine à force de respect et d'humour. Pour le prouver une seule anecdote, ma préférée. Un soir à Strasbourg, ça chauffe avec l’entraîneur local et les mots de Gilbert GRESS vole. Voici ce qui figure dans le rapport de l'arbitre à la ligue. l’entraîneur Gilbert Gress fit ce reproche :"S'il y a hors-jeu là, je veux bien me les couper" et Michel VAUTROT, digne d'un Desproges, de conclure :"La commission tranchera". Excellent.

P.S : La Finale de 88 sera le sommet de sa carrière. On se souviendra de la tête de Gullit, de la volée incroyable de Van Basten, du penalty de Belanov arrêté par Van Breukelen mais jamais de Michel VAUTROT, signe qu'il a fait un bon match.

2 commentaires:

  1. Quelle réplique !
    En général ce genre de réponses on les a après le bon moment, mais là c'est au poil.
    Il était cool le Vautrot, il méritait cette apothéose...et belle photo avec les deux capitaines, Alex !

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  2. Je connais bien Michel Vautrot : cette réplique ne me surprend pas de lui.Outre que Michel soit un ancien collègue mais surtout un ami, c'est un grand Monsieur, généreux et disponible (quand on arrive à le coincer entre deux déplacements dans le monde....pour la FIFA). Il mérite cette consécration.

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