Euro 1984 : Un gamin nommé Dragan STOJKOVIC

Juste avant le prochain France-Serbie, on va revenir sur les relations étroites en matières de Football entre la France et l'Ex-Yougoslavie tout en restant dans notre cadre des Championnats d'Europe. Un joueur qui résume tout ça, c'est Dragan "Pixie" Stojkovic. L'histoire de Dragan Stojkovic est étroitement liée à la France et ce pour plusieurs raisons comme on va le voir et qui vont plus loin que son simple passage à l'OM. Tout d'abord le jeune gamin, meneur de jeu du modeste club de Radnicki Nis, fait ses grands débuts internationaux à 18 ans contre la France. Le 12 novembre 1983 il remplace à la 60ème minute Dusan Pesic (Fiche du match et fiche des sélections de Pixie en serbe), Stojkovic signe alors un long bail avec la sélection de Yougoslavie puis de Serbie, comme lui imposera l'histoire, au total une carrière internationale qui s'étalera de 1983 à 2001 avec des fortunes diverses. Pourtant tout démarrait bien, pour sa seconde sélection il marque son premier but et la Yougoslavie l'emporte au Portugal (2-3) pourtant si redoutable à la veille de l'Euro français. Il est également de la partie pour le dernier match préparatoire en Espagne (nouvelle victoire de prestige 0-1 sur les terres espagnoles). Pixie a accroché le bon wagon et en même temps la Yougoslavie est un candidat sérieux à l'aube du championnat d'Europe en France. Lors de ces trois derniers matchs amicaux, elle a accroché la France (futur vainqueur), puis elle est parti battre l'Espagne (futur finaliste) sur ses terres et a infligé la même sanction au Portugal (futur demi-finaliste). Seulement l'Euro 84 des yougoslaves va être un cauchemar. Une première défaite 2-0 face aux belges puis une raclée 5-0 face aux solides danois. Le sélectionneur Tedor VESELINOVIC est dans l'œil du cyclone. Le principal reproche qu'on va lui faire sera d'aligner des joueurs certes brillants mais qui ne marquent pas et en premier lieu le futur sochalien Mehmed Bazdarevic est visé. Lors de la déroute face au Danemark, le sélectionneur le sort au bout de 27 minute au profit de Dragan STOJKOVIC justement. Stojkovic justement est vu par la presse française comme la seule satisfaction de ces deux matchs, provoquant, tentant sans cesse, bien loin de l’image de ces coéquipiers perdus par toutes les permutations du coach et qui errent comme des âmes en peine sur le terrain. Si bien qu'avant d'affronter le France déjà qualifié mais qui veut assurer la première place, la Yougoslavie doit changer. C'est ainsi qu'au milieu de terrain pour contrer le quatuor magique Platini-Giresse-Tigana-Fernandez, Dragan STOJKOVIC fait ses grands débuts de titulaire dans une compétition majeure, il a fêté ses 19 ans 3 mois plus tôt. Pour nous français c'est la première occasion, mais pas la dernière, de voir le talent de ce gamin. Voici une petite compil de quelques gestes qui ont affolés les français à Geoffroy Guichard.


Et la Yougoslavie sous cette impulsion, ce souffle de jeunesse fait plus que perturber les grands favoris du tournoi. Logiquement la Yougoslavie mène 1-0 en rentrant au vestiaire mais bon ensuite il faudra seulement 15 minutes au génie de Platini pour rétablir la logique des bookmakers (voir le sujet les 9 buts de Platini à l'Euro 84). Reste qu'en fin de match l'arbitre, Mr Daina va donner l'occasion à Pixie Stojkovic de briller. Les yougoslaves obtiennent un penalty justifié, Radanovic le tire et Joël Bats l'arrête de façon superbe. Seulement il faut le retirer et là l'arbitre a un peu fumé. Après match il dira qu'il a fait retirer le penalty parce que Bats avait bouger avant le tir, vous vous ferez votre avis en regardant les images ci-dessous mais moi je l'ai déjà fait. Reste que du coup c'est Pixie stojkovic qui prend ses responsabilités et hop du haut de ses 19 ans, le gamin ne tremble pas pour enlever la toile d'araignée. Imparable :



La Yougoslavie part après 3 défaites mais avec des espoirs seulement pour Stojkovic la saison n'est pas finie puisqu'il part à Los Angeles faire les jeux olympiques et là encore il va croiser la route des français. Les deux équipes s'affrontent en demi-finale et les français s'imposeront 4-2 en prolongations avant d'aller cueillir l'or. 

Avec Radnicki Nis en 1984
Dragan repartira lui avec une médaille de bronze. Mais une saison marathon qui va laisser des traces, championnat, championnat d'europe, jeux olympiques, il va connaitre sa première grave blessure (hélas pas la dernière) et ne joue pas un match la saison suivante. Il revient plus fort en 1985-86 et part alors au sein du plus grand club du pays : L'Etoile Rouge de Belgrade et son statut va définitivement changer. Fini d'être le remplaçant de Bazdarevic ou Susic, dès 1987 il devient un titulaire de la sélection, mieux un joueur cadre. Il faut dire qu'en Yougoslavie, Stojkovic explose tout, marquant des buts à la pelle (voir les sujets : Le slalom à la Maradona de "Pixie" STOJKOVIC et Le bijou de Dragan "Pixie" STOJKOVIC avec l'Etoile Rouge de Belgrade). Avant les fantastiques campagnes européennes de l'Etoile Rouge on va retrouver notre Stojkovic encore pour une première. A l'occasion d'un Yougoslavie-France du 19 novembre 1988 qui marque les grands débuts de  Michel PLATINI sélectionneur. On annonce le pire à des bleus en déconfitures avant de se rendre à Belgrade et pourtant les bleus font plus que jeu égal et aurait pu l'emporter sans un Stojkovic des grands soirs sur son aile droite. Ce diable de Pixie a fait souffrir pendant 90 minutes un Manu Amoros qu'on a rarement vu aussi dépassé.  Les yougoslaves vont revenir deux fois au score avant de l'emporter dans les dernières minutes sur cette magnifique reprise de volée, qui envoient les yougoslaves à la coupe du monde 1990. 


Autant en 1984 on avait vu un Stojkovic qui n'était qu'un jeune espoir comme le foot yougoslave en a tant mis au monde mais là en 1988 on a pu admirer un futur grand d'Europe, mais qui n'aura jamais de chance. Lors de la saison 1988-89 l'Etoile Rouge est près de créer la sensation en poussant dans ses derniers retranchements le grand Milan AC des Van Basten et Gullit mais en 1991 quand le club de Belgrade remporte enfin la coupe aux grandes oreilles, Dragan Stojokovic est parti une saison trop tôt à Marseille finaliste malheureux. On se souvient des larmes de Boli mais Stojkovic n'était pas moins malheureux de voir ses potes repartir avec la coupe lui qui aura vécu la pire blessure de sa carrière et ne sera plus jamais le même. Ensuite il sera prêté à Vérone puis ira au Japon et on pensait qu'on ne le reverrai plus dans une grande compétition internationale mais c'était mal connaitre Stojkovic. 

En effet au sommet de sa gloire avec la sélection yougoslave il échouera aux tirs aux buts en 1/4 de finale de la coupe du monde 1990 alors qu'ils ont dominé pendant 120 minutes les argentins de Maradona. Cette génération, va arriver au sommet après ce mondial (Prosinecki, Boban, Savicevic, Pancev, Boksic, Jugovic...) se dit-on seulement la guerre va éclater et les yougoslaves vont être exclus de l'Euro 92 (je ne m'éternise pas car je vais en reparler dans les prochains jours). Fini la Yougoslavie, enfin pas tout à fait. Si on voit apparaître des équipes de Croatie ou de Bosnie, la Yougoslavie demeure mais la formation est ce qu'on appelle aujourd'hui la Serbie (je ne parle que de football). Et c'est de nouveau en France qu'on revoit Pixie Stojkovic, il nous revient à la coupe du monde 98 (Ah si Mijatovic n'envoie pas son penalty sur la barre en 1/8ème face aux hollandais ! Je suis sûr qu'on aurait eu une finale pour la 3ème place explosive avec la Croatie mais bon avec des si). Il participera à l'Euro 2000, seulement son second après celui de 1984 soit 16 ans après. Tout de même, il aura pas été béni par les dieux du football de Stojkovic, son genou qui lâche juste après son arrivée à Marseille, une guerre qui l'empêche de gagner cet Euro 92 ! Des tirs aux buts maudits (finale coupe d'Europe des clubs champions ou coupe du monde) alors qu'il avait tout pour devenir un des plus grands un égal d'un Platini ou Maradona. En attendant comme il manquait la vignette de Stojkovic dans l’album de 1984, nous on répare cela avec la vignette n°179 de l'album OSP-EURO 1972-1992 :

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