1980, Auxerre champion de D2 et armé pour l'avenir

Auxerre est mal en point en ligue 1 et pour la première fois de son histoire professionnelle, le club s’est séparé de son entraineur en cours de saison, la preuve que le torchon brûle au sein de la maison bourguignonne. Alors est-ce la fin d’une histoire extraordinaire, d’un club amateur (lorsque Guy Roux arrive en tant qu’entraineur joueur le club est en Division d’honneur soir l’équivalent de la CFA aujourd’hui) devenu une institution dans le monde du football professionnel ? Si je ne vais pas me prononcer sur cette question, je voudrais quand même insisté sur un point particulier, celui au départ de l’aventure : le titre ce champion de Franc de division 2 en 1980. Alors certes ce qu’a accompli Guy Roux à Auxerre est extraordinaire, un titre de champion de France, 4 coupes de France et quelques épopées européennes qui ont chauffées le cœur des français dans les années 80 et 90, palmarès impressionnant pour une ville de 36 000 habitants ! Et bien si avec le recul on se dit que tous ces titres, cette longévité en ligue 1 est peut être extraordinaire, on va voir que son ascension en division 1 et le « maintien » si cher au coach au bonnet pendant toutes ses saisons, ne doivent rien au hasard et sont le fruit d’une professionnalisation progressive du club et de ses infrastructures dans les années 70, avec comme point d’orgue ce titre de 1980, qui annonçait à la France entière qu’Auxerre arrivait et pas seulement pour faire un tour gratuit.
Ce sujet, j’ai voulu le faire après avoir retrouvé un France Football qui parlait de la montée d’Auxerre datant du 27 mai 1980. Auxerre vient de battre Cannes au stade de l’Abbé Deschamps pour la dernière journée et termine donc première du groupe B devant Avignon. Ce qui signifie que le club de Guy Roux évoluera la saison suivante en division 1 (En finale du championnat de D2, l’AJA battra Tours et sera donc champion de D2). Si l’ascension n’est aucunement une surprise, la saison précédente la jeune équipe bourguignonne s’était hissée jusqu’en finale de la coupe de France, la rédaction de France Football n’hésitait pas à miser l’avenir sur le club de l’Yonne, extrait de la présentation de l'AJA lors du bilan de l’année en D2 au lendemain de la dernière journée : « Quelle accession fut plus méritée que celle de l'AJ Auxerre ..., pour les efforts réalisés depuis plusieurs saisons et la progression enregistrée ? » et de poursuivre : « Car, en aucun cas la montée en Division 1 ne saurait être considérée comme une aventure. L'accession parmi l'élite sera sans nul doute un virage difficile à négocier pour l'AJ Auxerroise, mais il faut bien reconnaître que le Comité directeur du club bleu et blanc a mis tous les atouts de son côté. ». 
En fait les gros doutes sur l’avenir de l’AJA, tout juste sacré roi de D2, ne se posent pas au sein du club ou dans la presse mais à la mairie. Guy Roux le sait et après la 34ème journée, il déclare dans la presse : « c’est maintenant que les problèmes vont se poser ». Les problèmes ? Non le problème celui de l’accord de la mairie, car sportivement personne n’est étonné du succès des joueurs vu que c’était l’objectif numéro 1 de la saison, non l’inquiétude vient de la municipalité qui n’était pas aussi enthousiaste que les dirigeants au fur et à mesure que la saison s’écoulait et que la division 1 s’approchait. Sur le terrain sportif, l'objectif avoué en début de saison, la Division 1 récompense ainsi six années de travail et d'efforts, six années au cours desquelles Guy Roux et ses hommes ont bâti un édifice. La finale de la Coupe de France de la saison précédente devant Nantes avait déjà laissé un avant-goût de ce que pourrait être la trajectoire des Auxerrois dans les prochaines années. De l'avis général d'ailleurs, Serge Mesones et ses camarades auraient probablement obtenu le titre lors de l'exercice 1978-79, s'ils n'avalent consenti de gros efforts sur la Coupe. En vérité, cette fantastique aventure vers le titre de D2 et l'accession en D1 a profité et l'expérience acquise a permis aux Bourguignons de prendre conscience de leurs possibilités. 
Mais un autre match attend les auxerrois et il faut désormais gagner celui sur le terrain politique et comme à Auxerre, celui-ci sera une affaire d’hommes. Si la municipalité a laisser entendre des doutes pour l’AJA à mettre en place des structures dignes de la division 1 et du coût que cela engendrait, le club bourguignon va pouvoir compter sur un appui de poids et pas n’importe lequel. Jean-Pierre Soisson lui-même, ministre de la jeunesse et des sports et qui est aussi le maire d’Auxerre, l’homme est un ami de longue date du président Jean-Claude Hamel et 2 jours après l’ascension sportive du club, il tranche après avoir reçu Hamel à l’hôtel de ville. Le ministre des sports déclare alors à la sortie de la réunion, à la presse, d’un ton sans équivoque : « la ville suivra ». En clair, le maire a pris ses responsabilités et a clos le débat au plus grand bonheur de Guy Roux. L’entraineur bourguignon, ne cache pas sa joie : « Moi qui suis très difficile avec le maire et la municipalité, je suis cette fois très satisfait. Les efforts nécessaires les plus urgents seront accomplis immédiatement par la municipalité et nous avons donc une chance de nous en sortir la saison prochaine ». Hamel lui en remet une couche, « la municipalité a compris nos besoins et a fait un très gros effort » Ainsi la municipalité s’engage au cours des prochains mois à financer en grosse partie, l’aménagement du stade de l’Abbé-Deschamps et apporter son aide au fonctionnement de l'enceinte bien que le stade soit la propriété du club. Et surtout la mairie va financer en grande partie la création d’un centre de formation. 
Le maire Jean-Pierre Soisson déclare pour justifier ses choix et ses décisions : « L’accession de l’AJA en division 1 est une chose extraordinaire. Je serais aux côté des auxerrois pour les aider » au vue des 30 années qu'ils vienne de s'écouler, on ne peut pas lui donner tort, et l'AJA a beaucoup fait pour la renommée d'Auxerre en France mas aussi en Europe.. Comme quoi l’histoire de l’AJA en division 1 ne s'est pas seulement construite sur le terrain et comme à Auxerre, depuis plus de 30 ans, tout se règle entre hommes et sûr qu’il y a du avoir une ou deux bouteilles de Chablis ouvertes pour discuter de tout cela. En tout cas l’avenir a montré que l’AJA et la mairie ne s’étaient pas trompés sur la politique à mener pour stabiliser le club au sein de l’élite en investissant dans les infrastructures.
Cela peut paraître simple mais c’est tout de même un sacré tour de force de la part du club bourguignon d’avoir attiré des fonds publics pour moderniser l’Abbé Deschamps et crée un centre de formation qui tout deux appartiennent au club. En tout cas contrairement à beaucoup de clubs à l’époque, Guy Roux ne s’est pas précipité sur le marché des transferts pour essayer d’attirer des joueurs d’expériences et/ou des internationaux, il a préféré miser sur le long terme. Bon cela dit cela n’empêchera pas Guy Roux de flairer les bons coups, il fera signer au cours de l’été Joël Bats barré à Sochaux par Albert Rust, et surtout dès la finale de D2 jouée, il part en Pologne pour faire signer Gregorz LATO !! Tout simplement le meilleur buteur de la coupe du monde 74. Et si le transfert ne se fera pas, Guy Roux prouvera qu'il est vraiment malin. En Pologne il ne revient pas bredouille et il a trouvé le remplaçant de Josef Klose, un certain Andrzej Szarmach. L’international polonais sera le monsieur plus de cette formation auxerroise pour les opérations maintiens. 
Szarmach avec 84 buts lors des 4 premières saisons de l’AJA en première division a grandement aidé le club bourguignon, qui va trouver ainsi son mode de fonctionnement pendant de longues années. Des jeunes encadrés (le centre de formation va tourner à plein régime pendant des années) par des anciens venus se relancer (Bats la première saison, mais tant d'autres par la suite, Roche,Scifo,Blanc...) et des internationaux, surtout débarqué de la filière polonaise de l’AJA (Szarmach étant l’un des nombreux polonais passé par l’AJA). Peut être est-ce parce que l’AJA s’est écarté de ses fondamentaux que le club aujourd’hui souffre autant ? Peut-être aussi qu’aujourd’hui le club n’a plus autant de soutien politique et surtout financier pour remplacer les joueurs partis au cours des dernières saisons ?
AJ Auxerre, champion D2 1979-80. Debout de gauche à droite: Szeja, Borel, Denis, Roque, Noël, Cuperly.  
Accroupis de gauche à droite: Brot, Schaer, Mesones, Truffaut, Klose.

1 commentaire:

  1. la fameuse anecdote de Guy Roux qui, quand il a fallut investir l'argent gagné grâce à la première finale de coupe de France, avait le choix entre recruter Olivier Rouyer (international à l'époque) et construire le centre de formation, a choisi le centre de formation.

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