SOCRATES n'était pas une putain

Socrates est parti, le monde du football a non seulement perdu un de ses plus beaux représentants sur le terrain mais aussi peut être son plus noble ambassadeur en dehors. Car avec Socratès le football ne s’arrêtait pas lorsqu’il quittait le terrain et il ne laissait pas non plus son honneur et ses valeurs aux vestiaires avant de débuter une rencontre. Socrates c’était plus qu’un excellent joueur de football, c’est un homme qui a marqué l’histoire du football brésilien et peut être bien plus. Alors pourquoi un titre aussi choc ? Parce que pour moi Socrates c’est l’anti Christine Deviers-Joncour du football. L’ancienne maitresse de Roland Dumas avait sorti un livre confession « la putain de la République » où elle disait que finalement c’est tout le système politique qui était corrompu et qu’elle n’était qu’un maillon de ce système et qu’il ne fallait pas la juger personnellement. Plus récemment dans la même lignée que cette « catin de la république », je parlais des bouquins de Jean-Jacques Eydelie qui ne volait pas plus haut (Voir le sujet quand Jean-Jacques Eydelie Balance). En effet pour l’ancien protagoniste de l’affaire OM-VA, ce sont les autres qui ont crée le système et lui n’était qu’une victime. Hélas je trouve qu’il oublie vite que si il a particpé à la corruption de ses anciens coéquipiers valenciennois c’est parce qu’on lui avait promis une place de titulaire lors de la finale de Munich quelques jours plus tard. Je ne vais pas épiloguer là-dessus une nouvelle fois et je ne vais pas juger leurs attitudes, si petites soient elles. En revanche ce que je sais et ce sur quoi je vais m’arrêter, c’est que Socrates lui était grand. Et pour étayer mes propos je crois que je vais débuter par citer Jean-Paul Sartre. Dans son discours sur l’existentialisme, Sartre disait : « on a toujours le choix, même le choix ultime » facile à dire plus difficile à faire car il faut du courage et des convictions qui passent au dessus de ses intérêts personnels dans des affaires de corruptions comme on vient de l’évoquer. Socrates lui, était un existentialiste ! Car il a refusé ce système.

Depuis sa mort bon nombre d’articles sur sa carrière sont sortis à droite et à gauche et beaucoup parlent de son échec dans le calcio et qu’il n’y était resté qu’une saison. Il faut savoir que si Socrates est parti d’Italie c’est parce qu’il a refusé la corruption. Tel un boxeur on lui a demandé de se coucher avant une rencontre mais Socrates a refusé d’aller au tapis, il a refusé de se coucher, il n’est pas une putain du football. Il a raconté cette scène lorsqu’il était joueur et pas 10 ans après comme certains. Il explique son expérience italienne : « Je me suis retrouvé dans un pays complètement arrêté, doté d'un football absolument corrompu (...) Ça a toujours été comme ça, le Calcio. Les résultats sont manipulés, tout le système est corrompu. Les joueurs les arbitres, tous! C'est une mafia. Une mafia très bien organisée. » Et d’ajouter cette anecdote « Le capitaine de la Fiorentina Pecci (Eraldo Pecci) est arrivé dans le vestiaire et a dit: " Aujourd'hui c'est match nul les gars“. J'ai répondu “ Comment ça match nul? T'es fou? "Il a répété "match nul". Alors j'ai dit "Ne comptez pas sur moi". Pendant les 45 minutes que je suis resté sur le terrain, je n'ai pas reçu un ballon. Et, le match s'est terminé par 0- 0. C’était le TotoCalcio (loterie sportive italienne) qui dictait tout. L'objectif, ce n'était pas le championnat, mais les paris... »

L’ambassadeur du Joga Bonito

Mais la légende de Socrates prend ses racines bien avant cet épisode italien. Lui qui va redonner ses lettres de noblesses au football brésilien. En France on va découvrir le « Docteur » au mois de mai 1981 lors d’une tournée du Brésil. L’actualité nous offrait le débat Mitterrand-Giscard qui cristallisait toutes les attentions alors que le « nouveau » Brésil promettait une rupture avec son passé récent et les années réalistes pendant lesquelles le onze au maillot or reniait son jeu au profit d’une option occidentalisée, défensive et brutale, mais ils y perdirent leurs titres (4ème en CM 1974 et 3ème en 1978) et leur âme… A la tête de la Séléçao, Télé Santana qui va prôner le jeu, la créativité et le mouvement, ce sera l’apologie du « Joga Bonito » le vrai, avant que le terme devienne générique et serve de slogan à chaque nouvelle campagne des Auriverde.

Pour mener à bien sa politique télé Santana s’appuie sur deux meneurs de jeux, deux numéros 10, deux joueurs d’envergures mondiales, Zico et Socrates. Si Zico est connu du monde entier depuis ses exploits avec Flamengo et le Séléçao, Socrates est moins connu car il évolue dans un club qui ne fait pas encore parler de lui (mais ça va rapidement changer) et qu’il a intégrer la sélection auriverde il y a peu. Pour autant, Télé Santana en fait son capitaine et du coup cela intrigue les journalistes français. Ainsi avant la rencontre, France Football pour présenter le capitaine brésilien se fend d’un sujet assez sommaire : « Le capitaine égaiement du type longiligne. Extrêmement intelligent. Sait jouer et faire jouer ses coéquipiers. Engueule ceux-ci quand il le faut. "Le toubib" comme on l'appelle, possède une belle technique en mouvement dont les talonnades enchanteront le Parc. ». Les brésiliens viennent au Parc faire une démonstration, Zico et Socrates étalent toute la palette de leurs talents. Le premier cité inscrit le premier but de la rencontre, un but qui rentrera dans l’histoire (voir le sujet Zico l’homme au 500 buts). Socrates inscrit le dernier but du Brésil celui du 3-0 sur un caviar de Zico, c’est magnifique. Voici le but en vidéo et écoutez les commentaires de Denisot à l’époque qui dit que même le Parc se met alors à applaudir les brésiliens.


Au lendemain de la rencontre, les journalistes sont plus dithyrambiques sur Socrates et son alter-ego Zico. Surnommés Docteur Socrates et Mister Zico voici quelques commentaires élogieux, lus après la démonstration brésilienne sur le sol français (victoire 3-1). " Il y eut un coté symbolique dans le faIt que deux des trois buts brésiliens du Parc furent marqués par Zico et Socrates. Cela parce que, tous les confrères du plus grand pays d'Amérique du Sud nous l'ont certifié, les deux bonshommes sont les meilleurs d'une fournée que Santana a mise sur le marché depuis février 1980. A vrai dire, les deux Individus en question sont de véritables monstres sacrés au Brésil. Le premier, Zico, depuis déja un bon bout de temps, le second avec son nom a faire envie aux hellénistes et son visage à la Jésus Christ, depuis beaucoup moins longtemps puisqu’ 'il ne fréquente la sélection carioca que depuis une paire d'années. Tous deux sont les meneurs de jeu du Brésil, version Télé Santana. Tous deux sont les buteurs d'une équipe qui depuis un an s'est tourné vers une pratique offensive des plus séduisantes. Tous deux, enfin, ont dans les jambes, le cœur et l 'âme une semblable envie de s'amuser et de tourmenter des défenseurs adverses qui ne savent plus comment les prendre."

Puis de s’arrêter plus précisément sur le cas Socrates. "Socrates, c’est le type calme et renfermé dans toute sa splendeur. Sa formation de docteur en médecine doit bien y être pour quelque chose. Quand l’on fréquente un peu les couloirs des hôtels où prennent quartier les Brésiliens, on ne le voit jamais errer dans ses lieux. Il dit : « J'ai mieux à faire dans ma chambre, comme lire ». L'intellectuel, en quelque sorte. Sûrement cela n'a-t-il pas échappé à Télé Santana quand il a choisit d'en faire le capitaine de sa bande d'artistes". Ainsi pendant des années le short court, les jambes grêles et la tête haute, Socrates va incarner le football à la sauce Télé Santana, fait d'un jeu aux touches de balle subtiles, de mobilité, d'inspiration et de technique individuelle mise au service de l'équipe. Mais Socrates ce sera aussi l’homme qui fera renaitre la démocratie au sein du football brésilien

La démocratie Corinthienne

Si Socrates s’est arrogé une place de choix dans le football brésilien par ses prestations sur le terrain, on va voir que ce diplômé de la fac de médecine au nom de philosophe, va peser sur la démocratisation de son pays via son équipe des Corinthians et de copiner avec un Lula alors simple militant… quand le football change la vie d’un pays. Il y a près de trente ans au Brésil, en pleine dictature militaire, les joueurs s’emparent du pouvoir au sein des Corinthians de Sao Paulo. Socrates était alors un de leurs leaders.

De 1981 à 1985, le football connut au Brésil une de ses aventures les plus extraordinaires. Connue sous le nom de "Démocratie Corinthiane", elle vit les joueurs des Corinthians de Sao Paulo prendre les commandes de leur club, et ce alors que règne la dictature militaire, sous l’oppression de laquelle le pays se trouvait depuis 1964. Le régime tenait alors le football sous sa coupe, dont il manipulait les compétitions à coups de constructions de stades et d’accessions artificielles à la première division, s’assurant ainsi un semblant de popularité ou de paix sociale. Dans ce système, les joueurs n’étaient plus que des pions ne bénéficiant d’aucun droit, appartenant à vie à leur club (mise en place d’un système de contrats qui inféode les joueurs à leurs clubs avec le contrat à vie qui est imposé partout) et subissant des conditions de vie extrêmement précaires, à l’exception de quelques privilégiés. Au sein des équipes, ils étaient infantilisés par des dirigeants corrompus ou carriéristes passant du registre du paternalisme à celui de l’autoritarisme: "Quatre-vingt-dix pour cent des joueurs ont une condition de vie inhumaine. Soixante-dix pour cent gagnent mois que le salaire minimal. Si les joueurs l’acceptent, [les dirigeants] sont paternalistes. Sinon, ils sont autoritaires", déclarait Socrates.

Pour que cette histoire commence, il fallait l’intervention d’un hasard heureux. Alors que les Corinthians évoluent loin de leur lustre sportif. En 1981, l’équipe, qui compte pourtant dans ses rangs des internationaux comme Socrates, Wladimir ou Zenon, est au fond du trou. Les joueurs sont en conflit avec leur présidence, ne foutent pas un pied devant l’autre sur le terrain, sont relégués en deuxième division: c’est la crise. Alors, qui dit crise dit remaniement et la présidence échoit en novembre 1981 à un sociologue de trente-cinq ans, Adilson Monteiro Alves, ancien leader universitaire qui a effectué quelques séjours en prison. Il propose aux joueurs de prendre en main leur destin, remplace le système des primes par un intéressement aux recettes de billetterie et de télévision, redistribue les bénéfices à tous les employés. Surtout, ces mesures, ainsi que toutes les décisions concernant la gestion sportive de l’équipe, sont débattues et adoptées par les joueurs eux-mêmes: ils abolissent ainsi les mises au vert (En brésilien, elles s’appellent concentraçao, un terme militaire qui signifie rassemblement des troupes, c’est alors un message fort envoyé à la junte militaire au pouvoir), décident de la façon de préparer les rencontres ou d’organiser les déplacements, et vont jusqu’à choisir les renforts et l’entraîneur! Le premier coach élu est, symboliquement, Zé Maria, un joueur de l’effectif (champion du monde 1970) qui poursuit aussi une carrière de conseiller municipal, histoire de frapper les esprits avant que Jorge Vieira ne prenne la suite. Socrates se souvient: « Nous voulions dépasser notre condition de simple joueur-travailleur pour participer pleinement à la planification et à la stratégie d’ensemble du club. Cela nous a amené à revoir les rapports joueurs-dirigeants ». Quel est le mode de fonctionnement de cette démocratie au jour le jour? Très simple: “Les points d’intérêt collectif étaient soumis à la délibération puis au vote de tous”, affirme Socrates. Chaque décision –horaires d’entraînement, heures de départs au stade…– fait donc l’objet d’un mini-scrutin auquel prend part l’ensemble de l’encadrement de l’équipe première, joueurs, dirigeants, soigneurs, chauffeurs de bus, masseurs… Un homme, une voix. De l’autogestion pure et simple. Autre sujet majeur : l’argent. Opposés aux primes de matchs, les membres des Corinthians optent pour une redistribution des richesses plus égalitaire: chacun touche un pourcentage sur les recettes aux guichets du stade et sur le sponsoring. Surtout, les joueurs des Corinthians enterrent totalement le mythe du footballeur soumis à la discipline, au régime, à la musculation etc. Les joueurs prennent ainsi l’habitude de se retrouver après les matchs pour des barbecues. Sur des photos, on les voit taquiner la guitare ensemble, la bière à la main et la clope au bec. Ces hommes-là sont libres, tout simplement et le plus important : ils gagnent !! Alors que le club est soumis au régime sec depuis des décennies, l’équipe remporte deux championnats paulistes de suite en 1982 et 1983.


Au fur et à mesure que leurs revendications sont satisfaites, les Corinthians quittent un peu plus le terrain du football pour poser de vraies questions nationales. Une évolution normale, selon Socrates: “Au départ, nous voulions changer nos conditions de travail ; puis la politique sportive du pays ; et enfin la politique tout court”. Lorsqu’en 1982 la publicité fait son apparition sur les maillots de foot au Brésil, Socrates et ses potes sautent sur l’occasion: ils dominent le championnat de Sao Paulo. Floqué dans le dos: “Democracia”. Tout un programme. Puis, pour la première élection au suffrage universel du gouverneur de Sao Paulo, le message est encore plus explicite: “Dia 15, vote” (“le 15 – jour de l’élection –, votez !”). Un peu plus tard, en 1983, le mouvement se trouve finalement le nom qui le fera passer à la postérité: démocratie corinthiane. Au même moment, le syndicaliste Lula fonde le Parti des Travailleurs. La rencontre entre les deux principaux pôles de résistance au Brésil est inévitable. “Quelques joueurs des Corinthians, Wladimir, Casagrande, Socrates et Luis Fernando, ont adhéré au Parti de travailleurs”. Lula et Socrates deviennent amis même si par la suite Socrates refusera d’entrer dans la vie politique brésilienne, racontant « Quand Lula est arrivé au pouvoir, il y a eu une liste de ‘ministrables’ qui a circulé, et j’étais dedans, mais j’ai pris les devants, et j’ai dit ‘non’. Je ne crois pas trop à la politique institutionnelle ». Pourtant Socrates aura toujours mené le combat politique sur le terrain ainsi les Corinthians deviennent un enjeu national. Le Brésil s’est divisé en deux. D’un côté, les activistes pro-démocratie et les dirigeants de gauche ont pris position pour la démocratie corinthiane. Et de l’autre, tout ce que le pays comptait de conservateurs s’est mis à la vilipender. La presse, notamment, était très dure. Si certains journalistes soutenaient individuellement le mouvement, les journaux étaient à la botte du pouvoir. Cette opposition culmine en décembre 1983, à l’occasion de la finale du championnat pauliste qui oppose les Corinthians à Sao Paulo. En déboulant sur la pelouse, et sachant que le match est retransmis à la télévision dans tout le pays, les joueurs des Corinthians déploient une banderole en forme de bras d’honneur au pouvoir en place: “Gagner ou perdre, mais toujours en démocratie”. Pour la petite histoire, les Corinthians s’imposent 1-0 sur un but de Socrates.

Les échecs de Socrates

Si on peut dire que son passage à la Fiorentina fut un échec c’est surtout ceux de la coupe du monde 82 et 86 qui ont le plus marqué la carrière de Socrates. On peut entrer dans l'histoire du football avec les habits des perdants magnifiques: tel fut le destin de la Seleçao de Télé Santana, vaincue à la Coupe du monde 1982 par le fameux réalisme italien, puis lors de l'édition 1986 au terme du mythique France-Brésil. En Espagne, à Sarria, un triplé de Rossi en quarts de finale élimine la brillantissime équipe de Zico, Junior, Cerezo, Falcao et donc Socrates, auteur de l'égalisation à la 12e minute... et d'un but sur une action d'anthologie refusé en fin de match qui aurait peut-être changé le cours des choses. Voici le but qu’il marque à Dino Zoff, j’ai toujours adoré ce but, car on voit a quel vitesse pouvait évoluer Zico et Socrates et quand le ballon frappe la craie de la ligne de but italienne j’ai toujours eu l’impression que Socrates venait de tirer un coup de fusil.


Ce Brésil était considéré par bon nombre de brésiliens comme la plus belle équipe de son histoire, celle qui représentait le mieux, l’identité footballistique du Brésil. J’étais longuement revenu sur cette question dans le sujet : Pourquoi le Brésil n’a pas été champion du monde en 1982 ? Pourtant Socrates aura tout tenté dans ce mondial, c’est lui qui avait fait chuter Dassaev lors de la première rencontre, d’anthologie entre deux adversaires au sommet de leur art et un portier soviétique infranchissable. Il fallait tout le talent de Socrates pour fait chuter l’ogre soviétique ce jour-là :


Quatre ans plus tard, au Mexique l'ultime tir au but de Luis Fernandez, point d'orgue (et point final) de l'épopée des Bleus des années 80, sonne aussi pour le Brésil, plus tristement, le glas des illusions et de l'innocence: une des plus belles équipes de son histoire, la plus dévouée à la beauté du jeu, fait le constat de son échec, Socrates sera alors à tout jamais associé à la plus belle équipe du Brésil mais qui n’a jamais rien gagné. Socrates a donc été l'acteur de cette double histoire – du football et de la démocratie brésilienne – en étant bien plus qu'un footballeur. Le constat que ces moments de grâce ne furent que le crépuscule d'une idée du jeu à la fois comme accomplissement esthétique et comme expression citoyenne ne doit pas amoindrir, aujourd'hui, l'ampleur de l'hommage. Et pour finir sur une belle note et retenir que le meilleur, voici une compil du maestro et de sa grande spécialité la talonnade. Vous verrez c’est étonnant et efficace. Son ouverture du talon pour trouver son attaquant est fabuleuse.


Sources :
Pour réaliser ce sujet j’ai pioché dans mes nombreuses lectures. En voici la liste :
Le monde.fr au 5 Décembre 2011
La démocratie Corinthienne sur les Cahiers du Foot.fr
L’équipe du 5 décembre 2011
Du 12 mai 1981
Du 19 mai 1981
Du 6 décembre 2011
Le site de Foot Nostalgie avec un topic spécial Socrates
Et aussi et surtout le forum Foot Nostalgie, dont le portfolio ci-dessous est tiré (merci Mama)

2 commentaires:

  1. quel but au parc des princes!!

    la passe de Zico est absolument géniale (la sortie à contre temps de Castaneda sympa aussi :-))

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  2. Superbe travail, et quel joueur !

    Merci.

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