José Luis CHILAVERT

Élu meilleur gardien de l’année par la IFFHS (The Internationall Federation of Football History & Statitics) en 1995, 1997 et 1998, José luis CHILAVERT n’est pas le premier venu à ce poste si particulier de gardien de but. Ce titre honorifique, instauré depuis 1987, est une sorte de ballon d’or des gardiens de buts puisqu'il est décerné par un panel de journalistes selon le calendrier annuel. Au tableau d’honneur des joueurs primés, avec trois couronnes, le gardien paraguayen ce classe derrière Buffon et Casillas (4 titres chacun) et est accompagné de Walter Zenga et Oliver Kahn tous deux primés trois fois aussi. Mieux en 1996, il sera même élu joueur de l’année en Amérique du Sud, succédant ainsi à Enzo Francescoli et précédant Marcelo Salas, excusez du peu. Au final il accompagne des joueurs tels que Zico, Maradona, Tevez, Valderrama ou encore Juan Roman Riquelme dans ce prestigieux palmarès.

Si tous ces titres peuvent paraitre bien honorifiques voir usurpés pour ceux qui l’ont connu à Strasbourg il faut savoir qu’il y a eu deux carrières pour José Luis Chilavert. Une première qui va connaitre son apogée en 1998 et cette coupe du monde en France et une seconde après le mondial, où trahit par une prise de poids impressionnante « Chila » ne sera plus qu’un gardien de but de 115 kg qui n’empêchera pas par exemple le RC Strasbourg de descendre en deuxième division. D’ailleurs à cause de son poids « mammouth » il se fera licencié du RC Strasbourg et cela se soldera par un procès aux Prud’hommes. Mais en France nous n’avons pas eu la chance de voir le grand Chilavert, sauf un certain 28 juin 1998 à Lens où il nous a fait ronger nos ongles pendant 113 minutes !

C’est surtout en Argentine que José Luis CHILAVERT va devenir le meilleur gardien du monde et aussi une star. Il débute dans son Paraguay natal et signe rapidement un premier contrat à l’étranger dans un championnat plus réputé, celui de la Primera Division argentine à San Lorenzo. C’est à ce moment là qu’il devient international, il a tout juste 19 ans. Ensuite il file vers la vieille Europe et ce grand espoir part dans un club huppé de la liga, le Réal Saragosse. Son expérience espagnole est mi-figue mi-raisin. Titulaire indiscutable lors de ses deux premières saisons, Chilavert se permet même lors de l’exercice 1989-90 d’inscrire son premier but en tant que joueur professionnel. Lors de la 21ème journée, Saragosse reçoit la Sociedad et à la 88ème minute le club local obtient un pénalty. Chilavert execute la sanction et permet aux siens de l’emporter 2-1. Ce sera son plus haut fait sous les couleurs de Saragosse car le club n’arrive pas à atteindre un classement à hauteur de ses ambitions. Si bien que la saison suivante en 1990-91, Chilavert perd son statut de portier numéro 1 et est renvoyé sur le banc par l’ancien gardien titulaire : Andoni CEDRUN.


Pour Chilavert c’est le retour aux sources et dans un championnat qui lui plait, l’Argentine. Il signe alors à Velez qui n’est pas forcément un des grands d’Argentine à l’époque. Chilavert vient tout de même avec un sacré costume à l’époque car il doit remplacer une légende : Ubaldo Fillol (champion du monde 1978 et élu meilleur gardien de la coupe du monde). Chilavert est recruté car l’aurte gardien du club est une vieille connaissance d’Old School Panini : Julio César Falcioni l’actuel entraineur de Boca Juniors mais qui à 35 ans alors ne représente pas l’avenir contrairement au revanchard de 26 ans qu’est Chilavert. Au Velez Sarsefield, José Luis Chilavert va devenir une star et ce pour plusieurs raisons. La première et c’est celle qui va le faire connaitre du monde entier, c'est parce qu’il est un gardien qui marque des buts et beaucoup de buts. Chila ne se contente plus de tirer les pénaltys, il tire aussi les coups francs et très bien. Ainsi on le voit réaliser des coups francs majestueux contre les plus grands clubs du pays. Regardez celui-ci contre Boca Juniors :


Mais le plus célèbre, qui a fait le tour du monde, c’est celui de 60 mètres face à River Plate !!(Boca-River Chilavert ne fait pas de jaloux dans le superclasico). Ce qui me fait marrer dans ce but, c’est ce qu’on du voir en direct les argentins devant leur TV, voici la vidéo de ce but de fou, comme retransmis par la TV argentine le jour du match :


Mais il ne devient pas le meilleur gardien du monde parce qu’il fait le buzz sur les TV du monde entier avec ses coups francs. Le gardien devient un leader de ce qui va devenir la meilleure équipe d’Argentine mais aussi d’Amérique du Sud. Avec l’arrivée de l’entraineur Carlos Bianchi, Velez remporte 3 fois le titre de champion d’Argentine en l’espace de 5 ans. Le Velez Sarsfield remporte même la Copa Libertadores en 1994. Cette année là, Velez bat en finale les double tenants du titre, le Sao Paulo FC de Télé Santana certes orphelin de son maitre à jouer Raï partit au PSG (voir à ce titre le sujet Sao paulo champion du monde 1992). Velez bat Sao Paulo aux tirs aux buts dans leur stade avec un Chilavert qui arrêtera un tir au but et qui mettra le sien, et oui bien sûr il a tiré son péno. Remportant la Copa Libertadores, le Velez part à Tokyo la même année au mois de décembre pour affronter le Milan AC en finale de la coupe Intercontinentale. Vous savez le Milan AC de Capello qui avait donné une leçon de football au Barça de Cruyff en Ligue des Champions (4-0) 6 mois plus tôt. Et bien le Velez ne fait qu’une bouchée de ce Milan et en l’emportant 2-0 devient le meilleur club du monde. Le succès en revanche n’a aucune influence sur le caractère de chien fou du gardien paraguayen, multipliant les sorties de routes, les agressions physiques ou verbales à l’encontre de ses adversaires. Adulé au Velez ou au Paraguay, Chilavert devient le joueur le plus détesté d’Argentine pour son arrogance et ses frasques sur et en dehors des terrains. Une des plus célèbres reste tout de même ce joli glaviot envoyé dans l’œil de Roberto Carlos, on voit la classe du bonhomme après une défaite.



Mais cela ne gâche en rien son talent, voici une vidéo que j’adore. Un coup franc de Maradona avec Boca Juniors (voir le sujet sur le retour de Diego à Boca). Le ballon file dans la lucarne, on a l’impression de revoir le Diego de Naples mais surgissant du diable vauvert, Chila se détend pour préserver sa toile d’araignée, c’est impressionnant et surtout c’est une belle image de voir Diego, dégouté venir taper dans les mains de Chila.


Avec Velez, Chilavert va tout gagner ! 3 titres de Champions d’Argentine, 1 coupe Intercontinentale, 1 copa libertadores (équivalent de la ligue des champions), 1 copa sudamericana l‘équivalent de la coupe de l’UEFA). En 9 années il dispute 341 rencontres avec le Velez et il inscrit 48 buts ! Dont un triplé le 28 novembre 1999 face à Ferro Carril Oeste en championnat. 3 pénaltys dans la rencontre, c’est plus fort que Franck Leboeuf (voir le sujet l’homme qui a permis à Franck Leboeuf d’inscrire un hat trick) ou surtout Palermo qui, la même année, lui en ratera 3 de pénaltys dans une et même rencontre (voir le sujet la malédiction de Martin « el loco » Palermo). C’est avec ce statut de meilleur gardien du monde que Chilavert arrive avec le Paraguay en France pour la coupe du monde 98 (comme on l’a vu il est élu 3 fois meilleur gardien du monde en 4 ans entre 1995 et 1998).

Bien que lourd et un peu pataud, Chilavert justifie sa réputation au sein d’une équipe ultra défensive. Il faudra le but en or de Laurent Blanc pour bouter le Paraguay hors du sol français. Chilavert impressionant au cours de la rencontre, sera le paraguayen le moins abattu par ce but. Car c’est lui qui, un par un, va relever ses coéquipiers effondrés aux quatre coins de la pelouse de Bollaert. Après le mondial et à 35 ans on va revoir notre gardien en France, Chilavert signe un contrat record pour s’engager au RC Strasbourg en mal de résultats. Après de brillantes qualifications en coupe d’Europe au milieu des années 90, Strasbourg a plus de mal et tente alors un coup de poker en engageant Chilavert.

Mais le gardien paraguayen est méconnaissable. Personnellement je me souviens de l’avoir vu à Gerland prendre un 5-0 face à l’OL et être l’ombre du Chilavert vu trois ans plus tôt en huitième de finale de coupe du monde. Strasbourg ne joue pas l’Europe au contraire, le club connait une humiliante rétrogradation aux vues des ambitions du début de saison, Chilavert payé un pont d’or reste au club en D2 et continue d’être le gardien de l’équipe nationale. Il emmène le Paraguay au mondial 2002, inscrivant 4 buts lors des éliminatoires en Amsud, excusez du peu. Les buts c’est ce qui le sauve un peu lors de sa fin de carrière, car le bonhomme est bien trop en méforme physique pour le haut-niveau. A Strasbourg il gagnera tout de même une coupe de France ! En finale, Le club alsacien bat Amiens et Chilavert inscrit le tir au but décisif. En 2004 après un retour en Argentine suite à son licenciement par Strasbourg, Chilavert (à 39 ans) raccroche les gants comme on dit pour un boxeur, d’ailleurs l’image lui va bien, car sur la fin il a plus le physique d’un catcheur mexicain que d’un footeux. D’ailleurs il n’y a qu’à voir cette comparaison, à gauche on le voit avec son premier club au Paraguay en 1984 et celle de droite à la fin de sa carrière à Velez en 2004. Bon c’est vrai il y a 20 ans entre les deux clichés mais tout de même !!

José Luis CHILAVERT qu’on l’aime ou qu’on le déteste, on est forcé de reconnaitre qu’il a marqué l’histoire des gardiens de buts. Au cours de sa carrière professionnelle il a inscrit 62 buts et sur ces 62 buts il y en a 8 en sélections. La sélection Paraguayenne, Chilavert la fréquenté de 1989 à 2003, une performance qui pour beaucoup en font le meilleur joueur de l’histoire du pays. Aujourd’hui Chilavert est devenu un homme d’affaires qui continue ses frasques et des déclarations foudroyantes. Sur le net on peut voir des vidéos où il se bat dans l’aéroport d’Asunción avec un homme d’affaires argentin qui ne l’avait pas remboursé ! Au fait vous savez dans quel bizness il s’est lancé ? Le pinard, en effet il l’a lancé sa marque de vin (de la région de Mendoza en Argentine). Si le vin est à son image, ça doit être un vin qui a du coffre :

Et puis si ça ne marche pas pour le Pinard, Chila pourra donner son nom à un sandwich, voici celui qu’il préfère :

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