1979 : Top à Raymond DOMENECH

A la fin des années 70, France Football créait une nouvelle rubrique, très intéressante. Située en troisième page de l'hebdomadaire, cela s'appelait "Top à...." et le 3 avril 1979, c'est Raymond DOMENECH qui ouvrait le bal. DOMENECH était alors un des meilleurs joueurs de notre championnat, sélectionné en équipe de France, il effectuait alors sa première saison à Strasbourg. Une première saison qui allait se terminer quelques jours plus tard avec le premier titre de champion du club alsacien et du père Raymond par la même occasion. Mais si Domenech est en une de cette rubrique c'est aussi et surtout parce qu'il est un personnage à part dans le paysage du football français. Joueur mal aimé du grand public depuis ses débuts professionnels, il est déjà maître dans l'art de la provocation. L'interview qui suit le prouve encore, où il se plaint d'être hué sur les terrains et continue de jouer la provoque avec des phrases du genre "je suis contre la liberté de la presse". Je n'ai rien changé (hormis juste un ou deux commentaire en jaune), voici telle quelle l'interview de 1979, bien dans son temps avec ces grands sujets d'actualités qui finalement le sont encore aujourd'hui, comme le nucléaire, la peine de mort ou la prison... Comme quoi, hormis la moustache de Raymond, il n'y a pas grand chose qui a changé depuis 35 ans en France, la société se pose les mêmes questions et Domenech était déjà bien dans sa peau de mal aimé.  

- Votre carte d'identité?
- Raymond Domenech, né le 20 janvier 1952 à Lyon. Un mètre soixante et onze, soixante-huit kilos. Marié, une fille, Karen, trois ans. (Estelle Denis n'avait que 3 ans à l'époque)

- Vos différents clubs ?
- J'ai débuté à l'Olympique Lyonnais, à l'âge de huit ans, et J'y suis resté jusqu'en septembre 1978. Après quoi je suis venu à Strasbourg, où mon contrat court pour jusqu'en juin 1981. (Et il ira jusqu'au bout de son contrat avant de signer au PSG)

- Vos différentes sélections en équipe de France ?
- Contre la Tchécoslovaquie ce sera ma huitième sélection (et dernière). J’ai successivement joué contre l'Eire, l'Islande, l'Allemagne de l'Est, la Belgique, la Pologne, la Hongrie et le Danemark.

- Considérez-vous l’équipe de France comme une récompense ?
- Non, car sous le mot «récompense » se cache une nuance péjorative qui ne convient évidemment pas à la notion d'équipe de France. Je préfère que l'on parle de promotion. Car, en fait, il s'agit d'une accession à quelque chose de plus haut que ce que l'on peut connaître dans la vie de tous les jours. 

- Avez-vous la sensation que vous trainerez jusqu'à la fin de votre carrière votre sale réputation ? 
- Je crois effectivement que j'aurai toujours mauvaise réputation auprès du public, malgré mes déclarations et malgré les efforts des arbitres pour corriger le tir en ma faveur. De toute façon, je m'en suis accommodé. En effet, après une période où les sifflets du public m'ont fait mal, je dois dire que maintenant ils exercent exactement l'effet inverse, c'est-à dire qu'ils me stimulent.

- L'injustice vous parait-elle un mal nécessaire en ce bas monde ?
- Sujet délicat. Il faudrait dix pages pour décider de cela.

- Ce qui vous révolte le plus sur terre ?
- La bêtise.

- Pensez-vous que c'est une bonne chose d'avoir diffusé « Holocauste» à une heure de grande écoute ?
- Non, pas spécialement, dans la mesure où la façon romancée utilisée pour aborder ce problème grave a pu en fausser l'impact. La jeunesse a pris ce film comme un documentaire, alors que ce n'en était pas un, il ne faut pas l'oublier. Aussi il y a pu y avoir confusion dans l'esprit de ces jeunes, Je crois de toute façon qu' il y a d'autres moyens de toucher la jeunesse. Par une bonne information dans les écoles notamment.

- Le dernier film que vous avez vu au cinéma ?
La dernière fois que je suis allé au cinéma, c'était à Lyon et cela remonte déjà à un certain temps. J'avais alors vu « Sonate d'automne » d'Ingmar Bergman.

- Vos acteurs préférés ?
- Robert Hossein, Jean-Louis Trintignant.

- Vos actrices préférées ?
- Aucune en particulier il faut dire que je suis un peu mysogine ! (de toute façon il est plus TV en ce qui concerne la gente féminine)

- Votre metteur en scène préféré ?
- Bergman.

- Le dernier bouquin que vous avez lu ?
- « Le Facteur humain », de Graham Greene.

- Entre une bande dessinée et un recueil de poèmes, que choisiriez-vous de feuilleter ?
- La bande dessinée. Mais attention, je veux parler des bonnes bandes dessinées qui se font maintenant

- le spectacle que vous ne voudriez rater à aucun prix ?
- Aucun

- Y a-t-il des choses ou des évènements de l'existence susceptibles de vous tirer des larmes ?
- Non. Ou du moins, il n’y a rien Qui me soit arrivé pour l'instant Qui ait pu provoquer en moi ce genre de réaction. (il faudra un Mexique-France en coupe du monde 2010 pour le voir pleurer)

- Ce qui vous fait le plus rire dans la vie ?
- Les gens Qui savent jouer sur les mots. A cet égard, j'ai beaucoup de plaisir à écouter un type comme Raymond Devos. (c'est sûr que c'est vole un peu plus haut qu'un "va te faire enculer")

- Pour ou contre la liberté de la presse ?
- Absolument contre. Car j'estime que la vie privée des individus, par exemple, ne peut être violée. C'est un procédé inadmissible. 

- Pour ou contre l'énergie nucléaire ?
- Ma première réaction est d'être contre. Par peur de ce qu'elle suppose. Mais d'un autre côté, il faut que le monde évolue, et l'on sait que cela ne peut pas se faire sans Quelques risques, sans quelques bavures, parfois. L'énergie nucléaire, à ce titre, peut aider à résoudre certains problèmes, alors ... Mais je crois qu'il faut être conscient des dangers qu'elle contient. Et ils sont grands.

- Pour ou contre la peine de mort ?
- Contre. Parce que tuer un homme, fût-il un assassin, c'est commettre un autre assassinat, si l'on veut cela dit, il faudrait aussi que les peines de prison qui sont prononcées à l’adresse des criminels soient fermes et définitives.

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