Le but de Gérald PASSI à la dernière seconde de la finale 1991

Finale de la coupe de France 1991 Monaco-Marseille

2 ans après la grande finale de 1989 entre ces deux équipes, monégasque et marseillais se retrouvent au Parc des Princes. Les marseillais eux sont abattus ils viennent d'échouer aux tirs aux buts face à l'étoile Rouge de Belgrade quelques jours auparavant, 10 pour être précis. Monaco viennent armer d'un esprit de revanche, face à un OM qui leur ont enlever leur titre de champion depuis 3 saisons et surtout après la défaite deux ans plus tôt au même stade de la compétition. La finale dans un stade entièrement acquis à la cause des phocéens tournent pourtant rapidement à l'avantage des monégasques, qui maitrisent les débats. Alors est-ce que les marseillais avaient encore la tête à Bari ? ou est-ce que les monégasques voulaient faire payer aux marseillais leurs 3 saisons de disette ? Il y a un peu des deux je pense.

En tout cas le dénouement, à la dernière seconde de cette finale, fut aussi heureux d'un côté que malheureux de l'autre, c'est Jean-Luc ETTORI qui raconte :« Lors de cette finale face à Marseille, la tension était palpable. La grande majorité du stade était en bleu et blanc. Ils n’attendaient qu’une Coupe de France pour accompagner leur titre de champion. Nous, on était bien décidés à ne pas la leur donner. Nous avons bien maîtrisé la rencontre. En fin de match, Arsène Wenger fait rentrer Ramon Diaz et Gérald Passi, le premier est le passeur décisif pour le but du deuxième, à la 90ème minute ! C’était magnifique.». Ce but le voici en vidéo :

Les soucis de Bernard LACOMBE avec ses chaussures

Les faits sont graves et se passent à Lyon lors de la saison 1977-78. Une saison où l’Olympique Lyonnais ne faisait pas forcément la une des journaux pour ses prestations sur le terrain. Le sujet du jour concerne ses deux vedettes : Serge CHIESA et Bernard LACOMBE. Le titre de l’Equipe qui relate cette sale affaire est sans équivoque : « Mini-crise à Lyon : Lacombe et Chiesa menacés d'exclusion » L’OL déjà mal en point sportivement, (le club se sauvera in-extremis cette saison lors de l’ultime journée et encore au profit d’un meilleur goal-average que les malheureux lensois) n’avait pas besoin d’une affaire qui déstabilisera un groupe déjà très fragile. Voici les faits relatés par le quotidien : " la crise couve à Lyon. Alors que le club vient d'effectuer un redressement méritoire après un catastrophique début de saison, de sordides questions d'intérêts publicitaires, menacent de nouveau la sérénité de l'équipe. En bref : le club est sous contrat avec une marque d'équipements et Chiesa et Lacombe ayant signé, à titre individuel, avec une autre marque (PONY), entendent porter des chaussures de cette marque. Les deux parties se retranchent derrière des textes qui ne brillent pas par leur clarté. Personne ne semble vouloir céder et un comité directeur exceptionnel de l'OL convoqué aujourd'hui, pourrait être amené à prendre des "mesures énergiques" qui ne seraient autre que l'exclusion de Chiesa et de Lacombe de l'équipe qui doit jouer à Nice demain. Au-delà du cas lyonnais, on assiste sans doute à une nouvelle "guerre des marques" et l'opposition entre l'intérêt des clubs et les intérêts individuels des joueurs ne peut être pris à la légère car on est sans doute là au cœur d'un problème clé du professionnalisme ... ". 

Plus tard Bernard LACOMBE se souvient très bien de cet épisode de sa carrière : « on jouait Nantes ! On avait gagné 1-0 et c'est moi qui avais marqué le but en écrasant un peu les mains de Bertrand-Demanes. Avec mes chaussures. C'était des Pony alors que l'OL avait signé un contrat équipementier avec Adidas. Avant le match, l'un des 2 présidents de l'époque, M.Perrot, avait dit à Mémé ( Jacquet ...) qu'il était hors de question qu'on joue, Serge et moi, avec nos chaussures, avec un logo vert de surcroit. Mais Mémé a rétorqué qu’il ne pouvait pas se passer de nous. Alors, on s'était réunis pour discuter, avec le représentant de PonyJean-Claude Bouttier, le représentant de Pony, avait même envoyé un huissier, ce qui n'avait pas été bien accepté par le club. Donc, on avait pu jouer avec nos chaussures. C'était important : Serge et moi, tous les mois, nous recevions une somme d'argent de la part de Pony ce qui n'était pas inintéressant. L'histoire ensuite duré 2 mois jusqu'à ce qu'on trouve un arrangement ». 
L’arrangement sera simple, les deux joueurs revinrent dans le giron d'Adidas avec chacun un contrat individuel. Cette affaire en amènera une autre et Bernard LACOMBE sera encore dans le coup, c’est celle des chaussures noires de l’équipe de France pour le premier match de la coupe du monde en Argentine. Mais ceci est une autre histoire et on en avait déjà parlé sur Old School Panini dans ce sujet : "L'histoire des chaussures noires des bleus". En tout cas, on le verra dès le mondial argentin, Nanard avait bien laché PONY pour ADIDAS, il n'y a pas de doute :

Bulgarie – France du 02 Mai 1985 (България – Франция : 2 Май, 1985)

Un mois après le périlleux déplacement à Sarajevo, un autre test grandeur nature attend les champions d’Europe à Sofia. Les bulgares ont encore en travers leur défaite sur le fil et ce pénalty sévère du match aller (voir le sujet sur le France – Bulgarie du 21 Nov 1984). Ils veulent être les premiers à faire chuter les invincibles français. De son côté Henri MICHEL reconduit son groupe en bloc, il faut dire que la prestation des bleus avait de la tenue tout de même (voir le sujet sur le Yougoslavie – France du 03 Avril 1985). Le groupe est le même à une exception. Fin de l’entente cordiale, BOSSIS revient, BATTISTON sort. Le message n’a pas changé. Le sélectionneur prône tout simplement un peu plus de suite dans les idées : « Nous devrons montrer la même rigueur qu’en Yougoslavie, et une plus grande plénitude de jeu quand nous serons en possession du ballon » « Si on en a les moyens » ajoute-il prudemment et plus doucement. En effet, cette période de l’année est généralement peu propice aux Français, bien souvent émoussés par des séries de matchs rapprochés. En ce printemps 1985, c’est particulièrement exact pour les bordelais, qui dans la semaine précédent le stage, ont dû se vider contre la Juventus, puis jouer un match en retard au Parc face au Racing. Le genou droit d’Alain GIRESSE, lui ne tient pas le choc.

Un étirement des ligaments oblige son proprio à abréger son séjour parisien et ne sera pas du voyage en Bulgarie. Heureusement quelques visas sont prêts en avance. Mesure nécessaire tant les voyages en Europe de l’Est étaient compliqué du temps du rideau de fer. Ils figurent sur les passeports de l’auxerrois Jean-Marc FERRERI et sur celui du monégasque Daniel BRAVO. FERRERI revenant de blessure, Henri MICHEL choisi tout naturellement le « petit prince » pour remplacer Gigi. Le lendemain, les A et les espoirs s’envolent ensemble pour Sofia. Les espoirs emmenés par un certain Basile BOLI volent en éclats la veille du big match. Un 4-0 net et sans bavure. Le lendemain, jour de match, MICHEL prend sa décision, c’est TOURÉ qui prendra la place de GIRESSE. Dans le stade du Levski Sofia la rencontre démarre sous un grand soleil. Un soleil qui va jouer un bien mauvais sort. La France perd le toss et bien entendu les bulgares choisissent le bon côté celui qui tourne le dos du mont Vitosha d’où le soleil, à travers, ses crêtes aveuglent ceux qui lui font face. Dans les buts BATS, qui ne porte jamais la casquette va le regretter. 11ème minute, le capitaine bulgare DIMITROV, seul au second poteau, ouvre la marque après un corner de GUETOV et un trouage monumental de BATS qui s’en excuse : « J’étais persuadé d’avoir le ballon. Je suis complètement passé au travers ».

Ce capitaine bulgare Georgi DIMITROV on le connaitra bien en France car il signera à St-Etienne juste après la coupe du monde. Il reste toutefois 79 minutes de jeu. Plus qu’il n’en faut pour égaliser. Mais les français n’auront pas la lucidité, plus la lucidité, plus le coup de reins nécessaires pour concrétiser leur domination, surtout en première période. LE roseau bulgare pli mais ne rompt pas. Au contraire il va même contrer de plein fouet les français. A l’heure de jeu, les bleus encaissent un second but de SIRAKOV, imparable celui-là après un nouveau corner de GUETOV A noter que SIRAKOV aussi viendra en France mais quelques saisons plus tard, en 1992 à Lens. Décidément le championnat de France aime bien accueillir ses anciens bourreaux. Voici ce but en vidéo :


Le tour est joué. La Bulgarie mène 2-0 et ne lâchera plus sa proie. Après quinze matchs sans défaites, l’équipe de France est tombée. PLATINI, conserve malgré tout sa bonne humeur et y va de sa boutade après le match « on ne devrait plus jouer en mai ». La remarque fait sourire mais n’est pas dénouée de tout sens. En 30 ans l’équipe de France n’a gagné que 3 matchs en mai face à…. L’Iran, La Tunisie et les USA. La Bulgarie, une fois de plus (et ce ne sera pas fini), se montre comme la bête noire des français et les terrassent à chaque fois qu’ils viennent à Sofia. Les bulgares se relancent bien dans ce groupe très difficile et à la fin obtiendront eux aussi leur billet pour la coupe du monde mexicaine. Voici la planche panini de la Bulgarie du mondial Mexico 86. Cliquez sur l’image pour la voir en taille optimale et vous verrez une bonne partie des joueurs qui ont fait chuter les champions d’Europe


La fiche du match + le diaporama.





Les 12 français qui ont foulé la pelouse maudite du stade Vassil-Levski












Dans la série il n'y a pas que Trifon : Pat BYRNE

Pat  BYRNE l'irlandais


Voilà un joueur et une anecdote qui me plait bien. ce milieu de terrain irlandais, après des débuts dans son pays, a fait une carrière aux Etats-Unis puis en Angleterre à Leicester. La vignette ci-dessous date de 1981. Ensuite à 26 ans il signe en Ecosse aux Hearts of Midlothian. et c'est là que ça devient intéressant. Bien que joueur professionnel à Édimbourg, Pat BYRNE choisit de vivre à Dublin sa ville natale. Môssieur faisant la traversée en bateau que pour les matchs le week-end. Ce petit cirque durera deux saisons, quand lassé, les dirigeants écossais le cèderont gratuitement aux Shamrock Rovers, club de Dublin. Pat BYRNE finira sa carrière en Irlande et deviendra même international et élu meilleur du pays en 1985.

Yougoslavie – France du 03 Avril 1985

Comme on l’a vu sur la route du Mexique, l’équipe de France a fait un parcours sans faute, avec 3 victoires en 3 matchs (voir les sujets contre le Luxembourg, la Bulgarie, la RDA). L’année 84 elle a été tout bonnement parfaite avec 12 victoires en 12 matchs. 1984 fût la plus belle année du football français. Mais les bleus ont beau être champion d’Europe, champion olympique, pratiqué du beau jeu, il lui manque tout de même une chose. Pas un titre ou un succès mais une aptitude. En compétition, voici en effet des lustres que la France ne s’est pas imposée sur terrain adverse à l’exception de matchs gentillets à Chypre ou Luxembourg ? Au Parc des Princes, toutes les équipes se prennent les pieds dans le tapis. A l’extérieur, ce sont les bleus qui se retrouvent le nez dans le gazon. Avant le mundial en Espagne, les 3 déplacements des éliminatoires s’étaient ainsi soldés par autant de défaites aux Pays-Bas, en Belgique et en Irlande. Henri MICHEL en fait son principal objectif et décide que l’équipe de France doit devenir exportable, à la manière de l’équipe de RFA des années 70, dominatrice sur tous les terrains d’Europe.
En un mois d’intervalle, l’équipe de France à 2 déplacements périlleux qui vont donner à l’ancien nantais l’occasion de transmettre son message : « Nous devons être capables d’imposer nos qualités et notre football chez l’adversaire. Dans notre situation, il faut placer la barre très haut ». Tous les joueurs en sont convaincus. Surtout Platini. « A l’extérieur, on ne peut être que meilleurs. Et maintenant, ce sont les autres qui ont peur de nous. Profitons-en… »

A l’aube de ce printemps 1985, les bleus débordent de bonnes résolutions. Mais pas de certitudes. Voici plus de 4 mois que l’équipe de France n’a pas connu de rassemblement. Henri MICHEL voulait conclure un match France-Italie dans le cadre du nouveau stade Louis II à Monaco, en février, mais aucune date n’a pu être trouvée. Projet abandonné. Avant le déplacement à Sarajevo du 03 avril 1985, MICHEL décide donc de rallonger le stage d’une journée et convoque de nouveau 17 joueurs au lieu de 16. On note ainsi les retours de Thierry TUSSEAU, José TOURÉ et l’ancien niçois, Gérard BUSCHER, auteur de 19 buts avec Brest. Mais c’est la défense qui suscite le plus de commentaires. On y découvre en effet William AYACHE, autre héros de l’aventure olympique, et Léonard SPECHT, revenu en grâce après 3 ans d’absence. « A une époque j’ai bien cru que je ne reverrai jamais l’équipe de France » confie le bordelais. C’est pourtant un absent qui fait plus parler de lui. Un certain Patrick BATTISTON, qui ne veut plus jouer arrière droit mais dans l’axe. Le Bordelais s’explique : « J’ai maintenant l’habitude du poste de libéro. Dans la mesure où Max Bossis l’occupe en équipe de France, je préfère renoncer à la sélection. Je ne possède plus les automatismes d’un arrière latéral ». Caprice ? Coup de froid dans le groupe ? Le coup de froid c’est Max BOSSIS qui l’attrape, avec une bonne grosse angine la veille du stage. Un forfait qui apaise tout le monde et le débat se noie. BATTISTON sera le libéro tricolore à Sarajevo aux côtés de Léonard SPECHT.

Le déplacement se fait dans une Yougoslavie plongé dans l’hiver. Les bleus atterrissent à Sarajevo couvert par 10 cm de neige. Les joueurs des deux équipes se croisent à l’Hôtel Holiday Inn tout neuf et construit pour les J.O d’hiver 1984. Des retrouvailles assez chaleureuses, il faut dire que footbalistiquement les deux nations sont très proches et on compte en 1985 plus de 120 joueurs qui sont passés un jour dans le championnat de France et dans les années 80 ce chiffre va sérieusement augmenter. Le match n’a rien d’amical pourtant. Normal. Une semaine plus tôt les yougoslaves ce sont donnés une grosse frayeur contre le Luxembourg, à Zénica. Un but de Gudelj les a sauvés de l’humiliation, mais pas des sifflets de leur public. Qui accepterait mal une défaite contre la France. Deux joueurs nantais effectuent leur rentrée à cette occasion. HALILHODZIC d’un côté, AYACHE de l’autre. Commentaire du français : « L’avantage, c’est que je connais Vahid, L’inconvénient c’est qu’il est emmerdant ». Il n’est pas le seul. D’’entrée de jeu, les yougoslaves laissent trainer les crampons. Ils cherchent l’épreuve de force. « On critique les italiens, mais je ne les ai jamais vus jouer comme ça » dira PLATINI à l’issue de la rencontre.


Les bleus essaient de ne pas répondre à la provocation, et d’imposer leur meilleure arme : le football. En première période, ils sont bien près d’y parvenir. 

Surtout AYACHE qui, lancé à la perfection par GIRESSE, se présente seul devant le gardien Stojic. Hélas le jeune nantais croise trop son tir. Après la pause le jeu devient moins dur. Mais le coup de barre succède aux coups de tatanes. Passées 10 bonnes minutes, les français commencent à tourner en rond. Et les yougoslaves, visiblement satisfait à la perspective d’un nul, ne sortent plus guère de leur camp. Le 0-0 se dessine et inexorablement les deux équipes se séparent sur ce score vierge de parité. Côté français on nourrit des regrets au vu de la première heure de jeu. Mais le challenge d’Henri MICHEL est en parti réussi, l’équipe de France n’a pas perdu en déplacement. Mais bon ce n’est que la première étape d’un périple difficile et reste encore à franchie le col bulgare et allemand de l’est.

Avant de voir les joueurs français qui ont foulé la pelouse de Sarajevo ce 03 avril 1985, voici la fiche dela rencontre :













Cédric BARDON, l’ex futur Marco Van Basten

Voilà Cédric BARDON à 34 ans vient de raccrocher définitivement les crampons après une carrière atypique et exotique au final. En tout cas aux antipodes de celle qu’on lui promettait. Car Cédric BARDON fût l’un des plus grands espoirs du football français au milieu des années 90. Quand il fréquentait le centre de formation de l’Olympique lyonnais il avait pour surnom, le futur Marco Van BASTEN. Déjà qu’en équipe première il y avait Florian MAURICE, le futur Jean-Pierre PAPIN. Un peu ridicule cette propension a désigné des successeurs mais bon les médias l’ont toujours fait et on l’a encore vu avec les débuts tricolores de Marvin MARTIN. Pour revenir à Cédric BARDON, même si je n’aime pas le terme de futur Van Basten, il faut reconnaitre que le gamin envoyait du steak (je préfère cette expression même si on l’enseigne pas aux écoles de journalisme). Tous ceux qui l’ont vu joué avant ses 18 ans, seront de mon avis. C’était un truc de fou. Gamin il arrive au centre de formation de l’OL en 1986, il a tout juste 10 ans. 5 ans plus tard il connait ses premières sélections en équipes de jeunes et il est appelé chez les bleuets en moins de 15 ans. Il y côtoie Pierre DUCROQ avec qui il connaitra toutes les sélections jusqu’en Espoir ou encore Benjamin NIVET. Il fera une seule saison en moins de 15 ans mais plantera 6 fois en 9 rencontres.

Ensuite il intègre les moins de 16 ans et c’est à cette époque qu’on commence à entendre parler de lui à Lyon. Déjà il sera champion de France avec l’OL dans cette catégorie et chez les bleuets marquera 20 fois en seulement 15 rencontres. C’est à ce moment que j’ai entendu parler de lui pour la première fois. La France se déplaçait dans un pays du Bénélux, j’ai zappé le pays mais je me souviens que les bleus l’ont emporté 6-0 avec 5 buts de Bardon qui avait droit à un sujet dans le Progès (journal de Lyon) après cet exploit. Du coup dans Le Progrès à défaut de le voir en équipe première on était renseigné sur ses exploits dans les équipes de jeunes, car il ne va pas s’arrêter là. Lors des saisons 1993-94 et 1994-95, les années Tigana, BARDON est au firmament. Il intègre le groupe pro de l’OL et casse tout chez les moins de 18 ans. Toujours chez les bleus il affole les compteurs avec 16 buts en 21 rencontres. Il est également champion de France des moins de 18 ans et avec une génération pleine de talents (Debec, Devaux, Morestin, Charpennet, Linares, Fiorese, Giuly et Fouret qui vont tous passer professionnel en 1ère et 2ème division) il va l’être l’un des artisans d’une incroyable démonstration de force en coupe Gambardella. Défaits en finale l’année précédente (battus 1-0 par le RC Lens), le groupe de Joisé BROISSART n’a pas changé et est plus mature. En finale 1994 à Dijon, l’Olympique Lyonnais corrige Caen avec un 5-0 historique à ce stade de la compétition.

Cédric BARDON est la vedette de cette génération dorée de l’OL et est le premier à intégrer le groupe pro devant Giuly, Devaux ou Fiorèse par exemple. TIGANA, après la victoire en Gambardella, compte sur lui pour la saison 1994-95. Même si Domenech l’avait aligné en fin de saison 92-93 (à 16 ans et demi, il dispute sa première rencontre en division 1 au Havre, le 1er Mai 1993 pour une défaite 2-0 puis après plus rien). Il va faire ses grands débuts en professionnel peu avant ses 18 ans. Mais bon ça ne s’annonce pas évident pour lui car si Florian MAURICE est un titulaire indiscutable, pour BARDON il va falloir batailler avec James DEBBAH, Laurent DELAMONTAGNE, Stéphane ROCHE et Stéphane PAILLE pour grappiller du temps de jeu. D’autant que l’OL démarre la saison en trombe ! Et pourtant le jeune BARDON apparait dans les listes de matchs comme remplaçant. Lors de la 11ème journée, le 1er octobre 1994 il fait ses grands débuts sur la pelouse de Gerland en rentrant dans le dernier ¼ d’heure face à Nice, je me souviens qu’à l’époque peu de gens le connaissait en dehors de Lyon hormis tous les recruteurs des plus grands clubs européens. La journée suivante à Montpellier est a marquer d’une pierre blanche dans sa carrière. L’OL est dominé et mené 1-0 quand Tigana fait rentrer son jeune espoir qui d’une superbe volée du gauche égalise 3 minutes après sa rentrée (score final 2-2). Nous sommes le 11 octobre 1994 et Cédric BARDON marque son premier but chez les pros 4 jours avants ses 18 ans.

11 OCT 1994 Montpellier -Lyon : Premier but de Bardon chez les pros
TIGANA va le conserver dans ce rôle de joker, qui lui va bien finalement. Lyon joue bien et Bardon sauve encore une fois les meubles en égalisant en fin de matchs 3 journées plus tard face à Bordeaux. Son premier but à Gerland est le 28 octobre 1994 et son égalisation permet d’ arracher le point du nul (1-1). Mais après ça va un peu plus se compliquer pour lui. Alors que Tigana en fait son joker, Bernard Lacombe va intervenir pour « préserver » Bardon selon ses propos et souhaite qu’on ne l’expose pas trop, histoire d’assurer sa progression et qui ne se brûle pas les ailes comme un certain Paganelli.

La comparaison est toujours de Nanard. Voici une manifestation d’autorité dans le jardin du technicien Tigana qui n’apprécie peu ces coutumes et c’est d’ailleurs la principale raison de son départ (l’omniprésence de Lacombe, hein pas le souci autour de Bardon). La suite, c’est l’accession de Guy Stéphan et qui lui fera bien comme ce que lui dira de faire Bernard Lacombe. Bardon ne joue quasiment plus avec les pros. Il est remplaçant toute la saison et ne rentre qu’en toute fin de match. Et chose rare, mais en sélection il devient décevant. Un seul but dans sa saison en 5 matchs. Alors Bardon à 19 ans n’est il déjà plus qu’une ancienne étoile filante ? Non il va rebondir. La saison 1996-97 débute et BARDON voit l’avenir encore plus sombre quand l’OL recrute Alain CAVEGLIA. Il est clair que ce n’est pas encore cette saison qu’il fera parti des petits papiers de Guy Stephan. Et c’est là que vraiment je ne comprends pas (mais je ne les ai jamais compris) les choix de cet entraineur. L’année d’avant il avait associé Maurice et Bardon ensemble pour un match extraordinaire de l’OL (voir le sujet Lyon-Nottingham Forest 1995) et même avec un 0-0 et une élimination à la clef, cette association était pleine de promesses tant l’OL s’était crée d’occasions. Maurice avec sa technique et son sens du but devant et Bardon en 9 et ½ qui tourne autour de lui avec sa vitesse, voilà un tandem que tout Gerland voulait voir. Mais non Stéphan maintenait le fantôme Assadourian, titulaire inoxydable.

Mais un évènement triste va relancer Bardon. A Nantes en début de saison Flo Maurice se blesse gravement (rupture tendon d’achille) et Bardon est propulsé avant-centre de l’équipe. Avec Cavéglia ça fonctionne pas mal et Bardon inscrit 6 buts en une demi-saison. Bardon réalise une si bonne saison qu’à l’OL on envisage l’impensable : vendre Flo Maurice car le club a désormais une solution de rechange. Bardon qui lors de cette saison 96-97 termine sa carrière chez les jeunes avec une excellente saison et 5 buts en 7 rencontres chez les espoirs. Au final des moins de 15 ans aux espoirs, Bardon aura crevé la baraque inscrivant 47 buts en 60 sélections. Un ratio qui va le desservir à plus d’un titre. Tout d’abord comme on l’a vu au début du sujet, Bardon très jeune a attiré sur lui les médias et les recruteurs comme une lampe attire les moustiques lors d’une soirée d’été. Du coup on ne l’a pas laissé s’exprimer naturellement et la levée de bouclier de Lacombe, avec le recul, aura produit l’effet inverse. Cette soi-disante protection lui aura été plus néfaste qu’autre chose alors qu’il montrait des choses très intéressantes dans ce rôle de joker. En outre sa renommée l’a empêché que l’OL ne le prête dans un autre club le temps de s’aguerrir plutôt que de couper les citrons en attendant sa chance. Mais bon de toute façon ce n’est pas une pratique du club cette variante. Enfin et surtout cette carrière prolifique chez les jeunes ne lui aura pas rendu service car elle l’aura catalogué dans un rôle d’avant centre qui finalement n’étais pas son poste de prédilection. Si il est facile de dire une telle chose alors qu’aujourd’hui sa carrière est finie, il y avait des signes qui nous montraient cette tendance. Par exemple après le départ de Maurice, Bardon ne vas tenir qu’une saison. Son ancien protecteur lui jouant un bien mauvais rôle en le positionnant sur l’autel des sacrifices. Bernard LACOMBE est devenu l’entraineur de l’OL (Voir le sujet le carton 8-0 de l’OL face à l’OM) et il pratique un football ultra-défensif, avec un seul attaquant. Cédric BARDON est cet attaquant qui s’épuise à conserver le ballon et servir d’appui pour que l’équipe remonte en bloc. Ce travail herculéen rince le jeune attaquant comme le fût les écuries d’Augias. Lui au profil d’attaquant de soutien perd son football isolé comme il est et surtout il va souffrir d’un mal qu’il ignorait jusque là : la concurrence.

Car si jusque j’évoquais des raisons qui ne lui étaient pas propre, BARDON tout au long de sa carrière va souffrir de la concurrence et affecter sa confiance. Et on sait à quel point la confiance est importante pour un attaquant. Bardon est devenu un attaquant qui ne marque plus. A Lyon la concurrence s’appelle JOB et KANOUTE et du coup Aulas vend Bardon qui bénéficie d’une bonne côte sur le marché malgré une saison calamiteuse. Paul Le Guen qui vient d’être intronisé entraineur du Stade rennais, convainc ces dirigeants d’investir sur l’ancien espoir. Et cela s’avère payant, dans un premier temps. Associé à Shabani Nonda, le duo de la route de Lorient va frapper fort toute la saison, ce qui confirme que Bardon est meilleur derrière un solide attaquant. 15 buts pour Nonda et 8 pour Bardon et surtout une fin de saison en boulet de canon pour l’ancien attaquant de l’OL qui permet à Rennes d’accrocher l’Europe et de réaliser une des meilleures saisons de son histoire. 2 matchs marquent la fin de saison. A 5 journées de la fin Rennes (4ème) se déplace à Lyon (3ème) pour un show Bardon. L’ancien attaquant des gones pour son retour dans son stade, se rappelle aux bons souvenirs de ses anciens dirigeants. Il ouvre la marque, ensuite il enclenche la vitesse supérieure pour griller la politesse à toute la défense lyonnaise et n’est rattrapé que par Coupet qui le fauche dans la surface. L’arbitre est généreux avec l’OL et n’accorde que le pénalty alors que le portier lyonnais aurait pu voir la fin du match en tribune sans qu’il y ait à crier au scandale. Nonda transforme le péno et Rennes mène 2-0 à Gerland. Et aurait même pu mener 3-0 si le poteau n’avait pas sauvé l’OL sur une formidable reprise de Bardon, homme du match. La journée suivante est tout aussi décisive pour les bretons, qui reçoivent Paris dans un autre duel pour l’Europe.

Là aussi Bardon brille de mille feux. C’est lui qui offre un caviar à son pote Nonda pour l’ouverture du score. Paris égalise mais la fin de match est rennaise et Bardon est sur tous les coups. C’est lui qui d’une superbe demi-volée du gauche offre la victoire aux rennais dans les derniers instants. Bardon quitte le terrain sous les ovations. Il vient de réaliser pour l’instant sa meilleure saison chez les pros. Malheureusement la suite de sa carrière à la Route de Lorient sera émaillée du même souci face à la concurrence. Mis en concurrence avec El Hadji DIOUF, BARDON perd son rendement et son football. Sa saison 1999-2000 est décevante et celle d’après est pire il est fantomatique. En 2001, il est donc transféré au voisin guinguampais. A l’En avant Guinguamp il retrouve son camarade de promotion Fabrice Fiorèse. Mais cette fois les rôles sont inversés. Si au centre de formation de l’OL Bardon était la vedette, en 2001 au Roudourou c’est Fiorèse qui tire la couverture sur lui. Et pourtant Bardon va renaitre de ses cendres dans les côtes d’Armor, redevenant un attaquant inspiré et comme à Rennes pour sa première saison il va inscrire 8 buts et va livrer bon nombres de belles copies. La saison suivante est une copie conforme de sa 2ème saison en Ile et Vilaine. De bons débuts, notamment lors de la 1ère journée, où il est l’un des principaux artisans de la remontée folle face aux champions de France lyonnais (3-3 au final). Mais son compteur but va rester bloqué très tôt à 4 unités et va finir la saison sur le banc. Cette fois c’est la concurrence de Malouda et Drogba qui lui causera du tort.


La saison suivante est pire et même catastrophique. Guinguamp joue le maintien et Bardon est redevenu fantomatique.

Le club descend en 2ème division et Bardon est transféré au mercato d’hiver au Havre. On le revoit réapparaitre mais ce n’est que l’ombre de lui-même. Il reste une demi-saison et part dès l’entame de l’exercice 2005-06 pour un challenge improbable en Bulgarie. Cédric BARDON va avoir 29 ans et n’a jamais réussi à se débarrasser de cette étiquette d’éternel espoir qui lui colle à la peau. En Bulgarie pourtant sa carrière va changer et ce dans plusieurs domaines. Dans l’ordre : son positionnement sur le terrain, son statut de joueur et enfin son palmarès. Tout d’abord sur le terrain. Cédric BARDON évolue désormais au Levski Sofia mais plus comme attaquant mais milieu offensif. Le résultat est incroyable et Bardon qu’on croyait fini va refaire parler de lui. Tout d’abord dès sa première saison où Bardon et le Levski Sofia vont être champions de Bulgarie grâce à des actions de la sorte de son milieu offensif, épanoui à ce poste :


Si on peut douter du niveau du championnat bulgare, les prestations du Levski sur la scène européenne vont dissiper les doutes. Engagé dans la coupe de l’UEFA, les bulgares vont réaliser une superbe campagne. Le Levski Sofia élimine au 1er tour Auxerre grâce notamment à un superbe but de Bardon. Un Bardon qui tel le phénix renait de se cendres sur tous les médias français qui montre le but en boucle de celui qu’on croyait disparu.

Mais cette année là figurera au tableau de chasse du Levski (dans la formule marathon de l'UEFA : éliminatoires + phase de poules + éliminatoires) le Dinamo de Bucarest, Marseille, Heerenven entre autres dans la phase de poule. En 1/8ème de finale Le Levski Sofia élimine un favori de l'épreuve, les italiens d'Udinese. Les bulgares n’échoueront qu’en ¼ de finale face à Schalke 04. Le Levski la saison suivante sera celle de l’apogée et fera de Bardon une idole à tout jamais dans le cœur des supporters de Levski et qui me font dire pourquoi il a changé de statut. Fini le rôle d’éternel espoir. Ce changement de statut s’est opéré en 3 actes auprès des supporters. Tout d’abord le championnat. Le Levski conserve sa couronne nationale et Bardon avec le numéro 10 Borimirov, sont les principaux artisans de cette réussite. Ensuite la coupe de Bulgarie. Le Levski arrive en finale face au Litex Lovetch. 0-0 au bout de 90 minutes. On joue les prolongations lorsque le Levski bénéficie d’un pénalty. Bardon, prend ses responsabilités et le tire, BUT. Le Levski l’emporte 1-0 sur ce but de son meneur de jeu français. Les supporters sont aux anges et vivent la plus grande saison de l’histoire du club.

Bardon idole du Stade Georgi Asparoukhov
Car enfin, si le club a brillé su la scène nationale c’est en coupe d’Europe que Bardon aura fait parlé le plus de lui. Fort de leur bonne campagne en UEFA la saison précédente, le LEVSKI est prêt à entamer le marathon de barrages qui attend chaque année le champion de Bulgarie pour accéder aux poules de la ligue des champions. Surtout qu’en général le dernier morceau est un gros bonnet. Cette année là pas d’exception avec le Chievo Vérone qui depuis le scandale Moggi est devenu l’une des plus solides formations du calcio. Dans un stade en ébullition, le Levski offre à ses supporters une victoire pleine d’encouragement 2-0, le second but étant de notre Cédric BARDON national sur péno. Sur la vidéo ci-dessous vous verrez la folie dans le stade après le péno. Au match retour, le Levski réalise l’exploit de ramener un 2-2 qui les qualifie avec encore un but de Bardon. Voici ces deux buts en vidéo :


C’est la première fois qu’un club bulgare se qualifie pour les poules de la ligue des champions l’exploit n’est pas mince. Bon la suite, c’est 6 défaites pour 6 matchs dans le groupe de la mort : Barcelone, Chelsea et Werder de Brême. Mais Bardon dispute la LDC et retrouve de vieilles connaissances, au Barça c’est son camarade de promotion Ludo Giuly et à Chelsea son pote de Guinguamp, Didier DROGBA. Alors qu’après 2 saisons et demie sa carrière est au firmament, des troubles extra-sportifs avec ses dirigeants vont casser la belle histoire bulgare de Cédric BARDON.

S’il entame la saison 2007-2008, pour des raisons qu’il refusera de préciser en interview, BARDON déclare qu’il ne rejouera plus au Levski. Un retour en France est évoqué, notamment à Nantes qui va retrouver la ligue 1. Mais c’est un autre choix que va faire BARDON, un joli contre-pied même, puisqu’il signe en Israël dans un club dont j’ignorais totalement l’existence. Bon d’un côté je n’ai jamais revendiqué d’être un esthète du football israélien. BARDON passe 6 mois au Beni Yéouddah (honnêtement vous le connaissiez ?) et je ne vais pas vous faire la messe, là j’ai perdu sa trace. Autant en Bulgarie avec le site du Levski en anglais j’arrivais à voir les vidéos des matchs, autant là l’hébreu c’est resté de l’hébreu pour moi. Et puis une nouvelle fois on a vu ressurgir Bardon là où on ne l’attendait pas. Tout le monde ne parlait que du petit poucet de la ligue des champions 2008-2009, l’équipe de Famagouste, club de Chypre. Ce club m’était aussi familier que le Beni Yéouddah, et paf on voit que dans l’effectif figure Cédric BARDON. Un Bardon de nouveau à la une des médias avec son but à San Siro et Famagouste qui arrache un nul historique face à l’Inter de Milan (3-3).

 Décidément ce garçon aura une trajectoire des plus surprenantes. Il reste une saison à Chypre et retourne au Levski Sofia de nouveau champion et qui compte sur ce nouveau spécialiste des barrages de la LDC. Les bulgares échouent sur la dernière marche des barrages face aux hongrois de Debrecen, malgré un but superbe de Bardon au match aller à Sofia. En tout cas quand on sait que Debrecen s’est retrouvé dans la poule de l’OL ça doit lui laisser bien des regrets car je suis sûr qu’il aurait aimé rentrer sur la pelouse de Gerland avec la petite musique de la ligue des champions. Il effectue une dernière saison en Bulgarie avant de revenir en France durant l’été 2010. Il signe en national à Fréjus mais ce n’est pas une réussite. Une vingtaine de match et toujours des bouts de matchs, un seul but, le retour au Pays n’est pas des plus glorieux. Bardon raccroche les crampons au bout d’une saison. Apparemment il serait retourné dans la région lyonnaise pour devenir entraineur de l’AS Pusignan. Affaire à suivre pour ce joueur dont on a tant parlé quand il était jeune mais qui au final aura une carrière que personne lui prédisait.
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