Le Crazy Gang de Wimbledon

Hier je vous parlais de Vinnie Jones et je vous disais qu’à Wimbledon, il n’était qu’un chien fou parmi la meute et bien imaginez vous 11 Vinnie Jones sur le terrain et vous avez à peu près le Crazy Gang de Wimbledon à la fin des années 80. Une équipe de hooligans en short, adeptes du kick n’ rush le plus basique de l’histoire du foot anglais avec 90 minutes de longs ballons devant la surface et une défense de morts de faim où le fighting spirit prenait tout son sens surtout le côté fighting. Et pourtant le Crazy Gang c’est aussi une success story les moins populaires de l’histoire du foot britannique. Car il s’agit d’une véritable success story, en effet le Wimbledon FC à partir de 1982, connut une ascension météorique, passant des bas-fonds de la Division 4 au ventre mou de l’élite, voir même mieux avec cette sixième place (sur 22 clubs) conquise à l’issue de l’exercice 86/87 et surtout la victoire en finale de la FA Cup face aux grands Reds de Liverpool en 1988 comme on va le voir en fin de sujet. Mais le public n’accrochera pas car si le Crazy Gang alliait des vertus so brittish : Kick n’rush et Fighting spirit, il les poussait à l’extrême et surtout il manquait le fair play et la touch : viril mais correct que l’Albion apprécie tant. Ces deux aspects du foot britannique les membres du Crazy Gang l’avaient oublié, n’hésitant pas à provoquer et insulter les adversaires, avant, pendant et après la rencontre. 

Et à l’image de Vinnie Jones, le tacle viril ne cherchait pas seulement à récupérer le ballon mais avant tout à blesser l’adversaire. Et tout le club était à l’image de Vinnie Jones, à commencer par le président, un fondu lui aussi. Sam Hammam, homme d'affaires libanais (qui paraît-il rêvait d’acheter Chelsea et faute de quoi s’était reporté sur Wimbledon sur conseil … d’un chauffeur de taxi), ce président aimait descendre à la mi-temps pour motiver ses gars : « Si vous perdez, je vous fais bouffer des couilles et de la cervelle de chameau ce soir ! ». Un président totalement fantasque qui promit, par exemple un jour, un chameau (décidément !) au buteur Dean Holdsworth s'il atteignait les 20 buts dans la saison, ou menaça les joueurs auteurs de mauvaise performance avec... des places pour l'opéra. Tactiquement le style Crazy Gang est assez simple à décrypter : Les joueurs de Wimbledon développaient un style de jeu particulièrement musclé et reposant principalement sur des grands ballons devant, ce que le coach Dave Bassett appellera le « route one football », et qui consistait, de façon moins imagée qu’il n’y paraît, à prendre la route la plus courte jusqu’au but adverse.

La presse détestait ce jeu basique, rugueux, si peu sophistiqué qu'il se trouva souvent taxé d'amateur. Gary Lineker déclara même un jour que le « meilleur endroit pour regarder un match de Wimbledon, c’est devant le télétexte de la BBC ». Les supporters adverses détestaient aussi, car le style était intense et s'avérait terriblement difficile à jouer. En coulisses c’était pire, les joueurs étaient excentriques, volontiers blagueurs et surtout impossibles à gérer. La plupart de temps, le coach devait faire le tour des pubs pour aller chercher ses joueurs avant le match, et c'est souvent saouls et dans des costards cramés que ces derniers se présentaient aux conférences de presse. La première, et unique, équipe de football punk en somme. Pourtant, cet équilibre sur le fil va créer un esprit d'équipe unique dans l'histoire, basé sur une résistance très prolétaire, à la « nous contre le monde entier ». Vinnie Jones, Eric « ninja » Young, Dennis Wise et Nigel Winterburn sont les plus célèbres des joueurs ayant donné ses lettres de noblesse au Crazy Gang. Des années de blagues potaches dont la fameuse rangée de fesses pour saluer l’adversaire :
Et pourtant c’est cette équipe de bras cassés qui va rentrer dans la légende, battant en finale de la Cup, le grand Liverpool ! Le 14 mai 1988 à Wembley, le Crazy gang a rendez-vous avec l’histoire.

A l’époque, l’Angleterre entière est sous le charme des Reds au jeu bien léché, au style continental « voir le sujet la rivalité Liverpool-Everton au milieu des eighties » et qui connait depuis une dizaine d’année une réussite sportive exceptionnelle : 8 titres de champion – dont le dernier conquis quelques jours avant la finale, 4 coupes de la Ligue, 1 Cup et surtout 4 Coupes d’Europe des Clubs Champions ! L’équipe de gentlemen menée par Kenny Dalgish est donné favorite par les bookies anglais (2 défaites seulement dans toute la saison jusque là) et la côte de Wimbledon est fixée à 33 contre 1 avant le coup d’envoi. Le public espère même mieux, que les Reds donnent une leçon aux bad boys de Wimbledon. Sauf que cette fois-ci, il n’y aura pas de happy end mais juste du courage et de la sueur à l’image de la première vraie action du match. Cette action résume le match, le style des deux équipes. Liverpool cherche à poser, construire, trouver les intervalles et en face ça défend comme on peut à l’emporte pièces et peu importe le style, il ne faut pas que le ballon rentre. Mieux, à la 37ème minute : un coup-franc de Dennis Wise trouvait la tête de Lawrie Sanchez, 1-0 pour Wimbledon. Le but typiquement anglais.


Wimbledon par la suite ne craquerait pas, solidarité, l’équipe rentre dans l’histoire même lorsque Dave Beasant devient le premier gardien à arrêter un pénalty durant une finale de FA Cup (pénalty tiré par John Aldridge). Ce succès de prestige marqua l’apogée du Crazy Gang, d’un certain style de jeu qui avait délaissé toute fioriture au profit de l’efficacité absolue.Voici cette équipe du Crazy Gang 1988 by Panini :
Au cours des années 90, le Crazy Gang laissa peu à peu la place à un Wimbledon plus conventionnel. Les piliers de l'état d'esprit originel quittèrent peu à peu le club et, parallèlement à l'installation confortable du club en première division, furent remplacés par des joueurs plus adaptés aux exigences du football d'élite. Le Wimbledon FC a depuis déposé le bilan, puis déménager en 2003 pour devenir le Milton Keynes Dons FC. Les supporters hurlèrent à la franchisation de leur club et se groupèrent pour créer l’AFC Wimbledon, véritable dépositaire du passé et des valeurs de l’ancien club, qui démarra son existence tout en bas de l’échelle au sein des divisions amateurs. Aujourd’hui cette équipe, devenue la plus médiatisée du monde à ce niveau de compétition, a emboîté le pas à son illustre devancière en montant de quatre divisions en cinq ans évoluant désormais aux portes de la Football League et du monde professionnel. Affaire à suivre….
Sources : 
Deux excellents blogs au passage

1 commentaire:



  1. Life is very fragile and people die all the time.
    Some died in Turkey in the past days. More died in my part of Europe because of some really bad floods in the past
    week. On monday I have witnessed a horrible car accident where some old woman died in front of me.
    You know what's the good part? There are more than 7 BILLION human beings still alive on this earth.

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