Les grandes rivalités : Everton – Liverpool Chapitre 2

Chapitre 2 : 1985-86 La revanche des Reds


Dans le premier chapitre de cette grande rivalité entre Everton et Liverpool, on avait vu la domination des deux équipes des rives de la Mersey sur le football anglais mais aussi européen lors des saisons 1983-84 et 1984-85. On s’était arrêté sur l’année 85 avec le triomphe D’Everton, champion avec 13 points d’avance sur son dauphin et meilleur ennemi : les Reds.

Les Blues avaient aussi remporté la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe et perdu seulement en prolongation de la finale de la Cup face à Manchester United, loupant de peu un triplé historique. Pendant ce temps là, Liverpool abandonnait ses trophées. Tout d’abord on vient de le dire, sa couronne de champion d’Angleterre au profit d’Everton mais aussi la coupe d’Europe des clubs champions dans la finale tragique du Heysel. Le Heysel, ses 39 morts et ses centaines de blessés devaient à jamais marquer l’histoire du football européen et britannique. La première conséquence est le bannissement des clubs anglais de toutes compétitions internationales. Un drame pour Everton que beaucoup considéraient en 1985 comme la meilleure équipe d’Europe et que tous les anglais voyaient déjà soulever la coupe aux grandes oreilles en 1986. La saison 1984-85 marquait le triomphe d’Everton et le déclin des Reds, pour bon nombre d’observateurs on avait assisté à un passage de témoin. D’autant qu’Everton attaquait la nouvelle saison avec un renfort de poids et la venue du meilleur attaquant du pays : Gary LINEKER. On va voir qu’il ne faut jamais enterrer un champion trop vite.

1ère Partie : Le championnat

Retour sur la saison 1985-86, saison particulière où aucun club ne prenait part à une coupe d’Europe et qui va mettre aux prises pour le titre final les deux voisins de Liverpool. On pourrait dire une nouvelle fois et ce pour la troisième saison d’affilée. Everton champion sortant, va affronter dans un duel sémillant le Liverpool FC, désireux de reprendre sa couronne nationale, remportée sept fois en dix ans (1976, 1977, 1979, 1980, 1982, 1983, 1984). Seuls Nottingham Forest (1978), Aston Villa (1981) et Everton (1985) ont donc pu battre les Reds dans l’intervalle 1976-1985, preuve de l’exceptionnel niveau atteint par le club anglais, entraîné par Bob Paisley puis par Joe Fagan. Mais les Reds vont connaitre une petite révolution à cette intersaison. Fagan n’est plus le manager de l’équipe, c’est Kenny DAGLISH qui reprend les rênes, tout en continuant de chausser les crampons. Une tradition en Angleterre qui aime bien les entraineurs-joueurs. Chacun des deux voisins compte un buteur d’exception ... Gary Lineker à Everton comme on vient de l’évoquer et Ian Rush à Liverpool. Lineker remporte le duel des canonniers puisqu’il termine roi des buteurs en 1986, avec 30 buts et il est également élu meilleur joueur du championnat par ses pairs. Mais c’est Rush qui devient champion d’Angleterre puisque Liverpool devance Everton au final (Liverpool champion avec 88 points devant Everton 86 dans un duel épique) Durant cette saison 1985-1986, le derby de Goodison Park a vu une victoire de Liverpool le 21 septembre 1985 (3-2 pour les Reds). Liverpool est alors deuxième du classement derrière Manchester United, loin devant Everton qui se traîne à une médiocre sixième place, eu égard à leurs ambitions.

Au match retour, les Toffees viennent battre les Reds dans leur fief d’Anfield en février 1986 (2-0). Prenant les commandes du championnat à son rival du jour, les joueurs d’Everton comptent une longueur d’avance sur leur ennemi numéro 1, le grand Liverpool FC. Mais malgré cela, les Reds de Liverpool devanceront au final leurs voisins d’Everton. Le tournant de la saison, alors que les deux équipes font une fin de parcours exceptionnelle, se situe le 31 mars 1986 pour le compte de la 36ème journée. Everton se déplace à Old Trafford et fait match nul face à M.U tandis que les Reds l’emportent 2-0 à Anfield contre Manchester City. Liverpool double son voisin et ne se fera plus rattraper. Reste la Cup, où l’édition 1985-86 nous réserve une finale tant attendue entre les deux meilleures équipes du pays : Liverpool affronte Everton pour un mano à mano au sommet.

2ème Partie : La Cup

La finale de la Cup, chaque mois de mai : c'est d'abord le respect de la tradition. Cent mille spectateurs, qu'il pleuve ou qu'il fasse beau. Ouverture des portes à 13 heures précises. Une heure plus tard, tour de reconnaissance du terrain par les deux équipes aux élégants costumes officiels. Les alentours de Wembley sont embouteillés depuis le matin. Chaque pub, sur la route, est, dès l'ouverture, ceinturé d'un essaim de supporters dont la plupart sont vêtus aux couleurs de ses favoris avec les obligatoires écharpes et casquettes. Cette année, ce fut le rouge de Liverpool el le bleu d'Everton. C'était la première fois que les deux gloires de Liverpool se rencontraient à ce stade de la compétition. Pour la cent-cinquième édition de la Cup. Dans le passé, les deux clubs s'étaient rencontrés onze fois : six victoires pour Liverpool, cinq pour Everton, mais jamais encore au niveau de la finale. Pour la sixième fois, un club champion (Liverpool) allait tenter le doublé : exploit réussi par Preston (en ... 1889), Aston Villa (en ... 1897), Tottenham (en 1961) et Arsenal (en 1971). Record de recette battu, pour cette finale au sommet que tout le pays attend. Everton jouait la finale pour la troisième année consécutive, égalant le record d'Arsenal (de 1978 à 1980). Quatre victoires à l'actif des Bleus : 1906, 1933, 1966, 1984. De son côté, Liverpool avait gagné deux fois seulement : 1965 et 1974. C'était la troisième fois que les deux équipes se retrouvaient à Wembley pour y jouer une finale: 0-0 en 1984 pour la Milk Cup (ancienne version de la coupe de la league) et, la même année, victoire d'Everton pour le Charity Shield. Cette année les « bookmakers » avaient enregistré des paris légèrement en faveur de Liverpool, pour son titre de champion, bien sûr, mais aussi parce que, psychologiquement estimait- on, les Reds se présenteraient dans un état d'esprit plus décontracté.

Il restait, cependant, à considérer la composition des deux équipes après une longue saison et une rude bataille entre les deux formations. Du côté d'Everton, un seul inconnu, le gardien Bobby Mimms qui remplaçait depuis quelques semaines le titulaire Neville Southall, victime d'une grave luxation à la cheville. Stevens, Van Den Hauwe, Ratcliffe, Mountfield, Reid, Steven, Bracewell, Sheedy, Sharp et Lineker étaient les dix autres titulaires. Six d'entre eux, Stevens, Ratcliffe, Mountfield, Reid, Steven et Sharp, allaient jouer leur troisième finale, tous comptants sur la percussion de leur attaquant Lineker, meilleur joueur anglais de l'année. Du côté de Liverpool, aucun joueur n’avait encore disputé pour les Reds une finale de Cup, ceux-ci ayant pour la dernière fois joué à ce stade devant Manchester United en 1977. Pas besoin tout de même de présenter les Grobbelaar, Lawrenson, Whelan, Hansen, Daglish ou Ian Rush, piliers du club. Comme on l’avait vu dans le sujet sur la présentation de l‘équipe d’Angleterre 1986 il n’y avait aucun joueur de Liverpool dans l’équipe aux trois lions. Mais où étaient donc passé les Anglais dans cette équipe ?

Un joueur du Zimbabwé (Grobbelaar), quatre Ecossais (Nicol, MacDonald, Hansen, Dalglish), trois Irlandais (Beglin, Lawrenson, Whelan), un Danois (Molby), un Gallois (Rush) et un Sud-Africain d'origine (Johnston), le seul à pouvoir se targuer d'avoir joué dans une sélection anglaise, celle des moins de vingt et un ans. Et en ce qui concerne l'entraîneur, on l’a vu, il est écossais car il s’agit de Kenny Dalglish qui, à l'âge de trente-cinq ans, est entraîneur-joueur de Liverpool depuis le début de la saison. Un homme peu bavard qui avait répondu la veille de la rencontre « Mon pronostic pour demain? Temps chaud et ensoleillé! » En fait, en ce samedi 10 mai à Londres, ce fut du vent soufflant en tourbillon, des nuages d'abord menaçants puis laissant entrevoir quelques rayons de soleil. Température fraîche pour la saison. Et toujours le respect de la tradition : présentation des deux équipes au Duc et à la Duchesse de Kent juste après que la foule ait entonné en chœur l'hymne de la finale : «Abide with me.» 15 heures précises lorsque l'arbitre donna le coup d'envoi. Ce fut d'abord à Everton d'imprimer à la rencontre un rythme impitoyable. Un 4-4-2 d'une organisation parfaite où les arrières latéraux et les demis se relaient sans cesse sur les ailes pour donner des ballons à ces grands attaquants de choc que sont Sharp et Lineker. D'abord, un quart d'heure d'observation puis la machine bleue se mit en marche. La demi-heure de jeu n'était pas écoulée que sur passe de Reid, Lineker avait glissé le ballon hors de portée de Grobbelaar en deux temps. 1-0 pour Everton à la mi-temps.

Ce que dit Kenny Dalglish à ses joueurs (et équipiers), nul ne le sait, mais toujours est-il que Liverpool allait aborder la seconde partie de la rencontre dans un tout autre état d'esprit. C'était au tour des joueurs d'Everton de marquer quelque peu le pas. Et comme c'est dans l'esprit de Liverpool de compter sur l'usure progressive de l’adversaire, il fut décidé de faire monter d'un cran le Danois Molby. Une tactique qui allait payer puisque Molby fut à même, à la 57' minute, de transmettre une balle en or au buteur des Reds, Rush, qui rétablit la parité entre les deux clubs. Cinq minutes plus tard, une nouvelle diagonale de Molby prenait à revers la défense d'Everton, surprenant même la vigilance de Dalglish, mais Johnson était là : 2-1 pour Liverpool. Kendall décidait alors de jouer le tout pour le tout: il remplaçait l'arrière droit Stevens par le petit milieu de terrain, Adrian Heath pour tenter de renverser la vapeur. Mais laisser seulement trois défenseurs pour protéger le gardien Mimms, ce n'était pas sans risque et cela allait coûter bien cher aux Bleus. Laissé libre sur la gauche du terrain, Molby transmit à Whelan pour une nouvelle transversale qui trouva lan Rush qui, d'un tir-canon rectiligne, abattit d'une part Everton et d'autre part l'appareil qu'un photographe avait imprudemment laissé trop près des filets de Mimms.
Voici les buts de la rencontre en vidéo :


Rush allait encore avoir une occasion de réaliser le hat-trick, ce qui de toute façon n'aurait rien changé à l'affaire. Liverpool allait ramener sur les bords de la Mersey un trophée qui le fuyait depuis douze ans. C'était un triomphe total pour Kenny Dalglish qui, non content d'être le premier entraîneur-joueur à remporter le championnat anglais, venait d'entrer dans la légende après cette victoire en finale de la Cup. Avec ce doublé, les Reds retrouvaient leur statu de meilleure équipe du Royaume. Ci-dessous l’interview de Ian RUSH juste après le coup de sifflet final


LIVERPOOL 1986

Kenny DAGLISH (Manager)
Bruce GROBBELAAR
Alan HANSEN
Mark LAWRENSON
Alan KENNEDY
Phil NEAL
Steve NICOL
Jan MOLBY
Kevin Mc DONALD
John WARK
Ronnie WHELAN
Sammy LEE
Paul WALSH
Ian RUSH
L’équipe de Liverpool 1985-86
EVERTON 1986

Howard KENDALL
Howard KENDALL – Manager de l’année
Neville SOUTHALL
Derek MOUNTFIELD
Gary STEVENS
Pat VAN DEN HAUWE
Kevin RATCLIFFE
Paul BRACEWELL
Adrian HEATH
Peter REID
Kevin SHEEDY
Trevor STEVEN
Gary LINEKER
Graeme SHARP
Paul WILKINSON

L’équipe d’Everton 1985-86

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