Le retour de Diego Maradona à Boca Juniors

Le 10 Juillet 1995, Boca reçoit Colon dans son antre de la Bombonera transformée en méga plateau de télévision pour un grand show qui laissera le football un peu de côté. La cause : le grand retour de Diego Armando Maradona dans son club de cœur. Les images qui illustrent le sujet, hormis la première qui est issu de l'Album traditionnel argentin de figuritas pour la saison 1995, sont issues de l'album commémoratif sur Diego Maradona "Maradona, mejor jugador del siglo" sorti en 2001. J’avais déjà évoqué cet album et mis quelques vignettes assez originales, dans le sujet Mexico 86 : Diego Maradona. Vous trouverez également quelques vignettes issues de l'album du centenaire de Boca Juniors, un peu de diversité ne faisant jamais de mal. Après un faux retour à Newell’s Old Boys et surtout une coupe du monde 1994 où convaincu de dopage il purgea une longue suspension on pouvait penser que Diego mettrait fin à sa carrière. Mais c’était jugé trop vite Maradona. Sans club et pour retrouver les sommets, Diego s'inflige un traitement de forçat: il suit un régime draconien, fait de la musculation, se lève aux aurores pour s'entraîner tout seul et une fois la suspension de la FIFA levé, il retourne chez lui, à Boca.

Mauricio Macri, président de Boca, réalise le rêve de tous les Xeneizes de revoir leur Diego revêtir de nouveau la tunique jaune et bleu. Diego est dans les conditions optimales pour revenir, l’entraineur est Carlos Bilardo l’homme qui a responsabilisé Diego en 1986 en lui donnant le brassard de l’Albiceleste avec la réussite que l’on sait (voir le sujet sur l'Argentine avant le mondial mexicain. Mexico 86 : Présentation de l'Argentine). Mais cela ne s’arrête pas là, Diego aura comme attaquant devant lui, Claudio Caniggia. Le tandem dévastateur de la coupe du monde 1990 est reformé, avec quelques années et cures de désintoxication en plus. Le jour du grand retour, en revanche ce sera un peu n’importe quoi. Plus fort encore que l’émission Sacrée Soirée de Jean-Pierre Foucault et ce même à sa grande époque. Le Bombonera porte bien son nom, bombée à rebord , prête à exploser, dans l ‘assistance tout le gratin de Buenos Aires et d’Argentine est là. Entre le moment où Diego et ses coéquipiers arrivent sur le terrain et le coup d’envoi, il se passe 4 minutes ! Une éternité, où l’on prend photos, où tout le monde veut être pris à côté de Diego (le mec avec la perruque me fait trop rire). Puis comme dans l'ancien show de TF1, y’a des jolies nanas qui viennent l’embrasser et lui font une surprise. Là je crois que c’est le bouquet. Mais je parle trop, la vidéo va être bien plus éloquente :


Alors ? Un peu too much non ? Mais bon c’est Diego.
Comme le dira pas la suite son co-équipier de l’époque et ancienne gloire de Toulouse, Beto Marcico : « Pour les supporters de Boca, c’était le retour de Dieu, c’était dingue. A son retour, tous les matchs à domicile étaient pleins à craquer. C’est simple, les gens suivaient même le match devant le stade. » Mais malgré les efforts de Diego, le poids des ans, les deux ans d’inactivité lui faisait payer le prix fort sur son jeu, son physique. Marcico, toujours lui, confirme : « Même s’il avait 35 ans, il y a des qualités techniques qu’on ne perd pas. En revanche, c’est sûr que physiquement il avait du mal à faire la différence. Du coup, il compensait en jouant beaucoup en remise ou en offrant un maximum de passes décisives. Mais il continuait de faire la différence, même sur une jambe. » Incapable de peser sur une rencontre comme il le faisait autrefois, ses éclairs de génie pourtant pouvait faire basculer le sort d’une rencontre. Comme ce but superbe contre le Belgrano de Cordoba.


Hélas malgré une attitude impeccable sur le terrain et dans le vestiaire avec ses co-équipiers ses vieux démons allaient ressurgir. Beto Marcico raconte les anecdotes du vestiaire de Boca à l’époque, c’est très intéressant :  
« il avait de vraies affinités avec les plus jeunes, malgré l’évolution de la société argentine, il n’y avait pas du tout de chocs de générations. Il dansait avec les jeunes dans le vestiaire. Il les encourageait beaucoup aussi. Ce qu’il faisait souvent également, c’est que 30 minutes avant les matchs, pour s’échauffer, il jonglait avec un bouchon de bouteille ou une orange, des trucs que je n’avais jamais vus faire auparavant. Le type était là, en train de te parler tout en jonglant, et ça ne tombait pas… Et il chambrait beaucoup et tout le monde, il charriait beaucoup si tu étais mauvais sur le terrain, si tu ratais une passe, lui ne te loupait pas. Il te chambrait aussi beaucoup sur ton look ou sur ta gueule. »

Mais l’ancien joueur de Toulouse évoque aussi la face sombre de son retour. C’était un joueur différent, il était en train de lutter contre la drogue, il était très critiqué par la presse, il était attaqué de toutes parts, et s’était créé une armure pour se blinder contre les journalistes. Il était hospitalisé certes à cause de ses problèmes de drogue mais aussi de la pression médiatique. Une pression médiatique incroyable qui penchera beaucoup dans la balance de ses problèmes de drogues. Une toxicomanie beaucoup trop présente à la fin de sa carrière pour permettre de revoir le grand Diego. Entre quelques cures de désintoxication il chausse de temps en temps les crampons avec Boca mais une blessure contre Colo-Colo le 25 octobre 1997 mettra définitivement fin à sa carrière. De toute façon depuis quelques mois, Boca jouait avec une jeune numéro 10 de 18 ans, tout comme lui, recruté à son plus jeune âge à Argentinos Juniors : Juan Roman RIQUELME (voir le sujet le 1er match de Riquelme avec Boca Juniors)

1 commentaire:

  1. "Un peu too much non ? Mais bon c’est Diego"

    +1000. C'est tout à fait ça, sur le terrain et en dehors. Un type avec qui les normes ne s'appliquent pas. Comme je suis content d'avoir été en âge de le voir jouer en direct...

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