Gérald PASSI

1986, l’hiver fut rigoureux et la France se réchauffaient en écoutant Gold et Images, groupes toulousains qui trustaient les premiers rangs du Top 50. Mais à l’automne c’est un autre groupe qui allait mettre du baume au cœur des français, celui des pitchounes de Jacques SANTINI emmené par un homme que l’Hexagone allait découvrir : Gérald PASSI. Passi un autre artiste qui ne chante pas mais qui joue une autre musique avec ses pieds. Pied gauche, pied droit, il jongle avec le ballon comme le compositeur sur sa portée musicale. Car c'est bien un artiste que ce footballeur qui n'a dans son comportement aucun des ingrédients des combattants modernes. Il ne se veut pas solide, robuste, fonceur, impitoyable, ou bien vif, jaillissant, rapide, endurant. Sa conception du football n'est liée qu'à la seule présence du ballon, pour lequel il conçoit une tendresse paternelle. Surtout depuis cette soirée mémorable où un ballon lui a donné des bonheurs fous. En quelques minutes, le 22 octobre 1986, le destin de Gérald Passi a basculé.


Tout a débuté la saison précédente, Passi rejoint Toulouse et son jeune entraineur, Jacques SANTINI qu’il a côtoyé à Montpellier. Le premier débutait sa carrière pro tandis que le second achevait la sienne dans l’Hérault. Toulouse fît une très belle saison, récompensée par une place en coupe de l’UEFA. Le premier tour devait être dantesque pour les Toulousains qui affrontaient le Napoli du roi Diego, tout juste couronné champion du monde au Mexique. Toulouse s’en sortaient avec les honneurs et les napolitains aux tirs aux buts. Voir le sujet sur ce Toulouse-Naples. Le second tour était tout aussi effrayant, avec au menu les soviétiques du Spartak de Moscou et son épouvantail dans les buts Rinat DASSAEV. Le match aller avait lieu au stadium de Toulouse ce 22 octobre 1986, le jour où Passi entra dans la lumière. Les mésaventures des clubs français (Élimination au 1er tour de Paris, Lens et Nantes) faisaient le bonheur médiatique de Bordeaux et de Toulouse. Les toulousains ayant les faveurs des médias après leur exploit face au Naples de Maradona. Les télévisions, les radios, la presse écrite, tous les grands noms de la presse française étaient au stadium ce soir là. Et ils ne virent qu’un seul homme Gérald PASSI, à la réussite insolente, qui fera plier à lui tout seul le Spartak et Dassaev, meilleur gardien du monde. Un hat-trick, une facilité, une soirée où tout lui réussissait. Avant de voir comment Passi a vécu ses événements, voici ses 3 buts pour ce rafraichir la mémoire. Le dernier est mythique, ses feintes sur Khidiatouline et surtout Bubnov font quitter leurs slips aux défenseurs soviétiques.


Passi revient sur sa réussite et ses trois buts dans un article de Onze sortit après le match aller (mais avant le match retour qui verra Toulouse sombrer à Moscou 5-1 et se faire éliminer) : « Bien sûr que j'ai eu cent pour cent de réussite. Quand j'ai revu les buts, je ne me souvenais pas qu'il s'était passé autant de choses lors de chaque action. Autant dire que ça se fait instinctivement. Je mets cela sur le compte de l'entraînement. A force de répéter les mouvements, on les exécute machinalement ». En revanche son traitement médiatique après ce match de rêve l’agace rapidement et lassé de répondre toujours aux mêmes questions, sur le même match, il lâche : « Cela m'irrite un peu. Ma carrière n'a pas commencé et ne s'est pas achevée ce jour-là! ». Et pourtant sa carrière a basculé ce jour-là . Ce fut l'étincelle, le coup de foudre, l'explosion, la perfection au millimètre. Certains supporters qui, ce soir-là, n'avaient pas reconnu leur Gérald ont laissé entendre qu’il avait trempé ses chaussures à crampons dans un bénitier. 

La réalité est bien sûr tout autre. Concours de circonstance, coïncidence, appelez cela comme bon vous semble, Gérald, sachant qu'il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, est beaucoup plus réaliste et terre à terre: « Je sais maintenant ce qu'est l'état de grâce. Pas un geste que je tentais n'était inutile. Toutes les décisions que je prenais étaient judicieuses. Sur tous les contrôles, le ballon collait au pied, les passes étaient bien dosées, les tirs cadrés. ». Que d’assurance pour un joueur qui végétait en division 2 quelques mois auparavant et qui ne voyait pas forcément son destin dans la peau d’un footballeur pro : « Je n'étais pas un fana du foot, reconnaît Gérald. Mais dans la famille, c'est l'ambiance football depuis toujours. Entre Franck et moi, il y a eu un esprit de compétition. Frank, plus accrocheur, plus teigneux, m'a entraîné. Il en voulait davantage. C'est grâce à lui que je me suis fait violence. ». Et la consécration suprême ne tarde pas à arriver pour Passi. 

Le TFC est l’une des plus belles formations du pays, si bien que g âce à ses exploits dans la ville rose, Passi élargit sa palette de couleurs et rejoint logiquement les bleus. Sa première sélection (en avril 1987, face à l'Islande) coïncide avec le dernier match international de Michel Platini. Est-ce à dire que Gérald est le nouveau Platoche? Pas si simple... Ses débuts sont encourageants, il marque 2 buts en match amical (contre la Suisse et l'Espagne) mais sa prestation fantomatique face à Chypre en éliminatoire de coupe du Monde le condamne ainsi qu’Henri MICHEL et une bonne flopé de joueurs. Passi (ainsi que les Ferreri, Vercruysse, Stopyra et autres joueurs de grands talents) va payer le fiasco d’Henri MICHEL, qui n’aura jamais réussit à gérer l’après Platini.

Passi gamberge, et c'est la loose à Toulouse suite au départ de Santini. Gérald rejoint Monaco l'été 1990. Face à la mer, pas de Calogero mais Passi retrouve le moral et une équipe talentueuse (Djorkaeff, Weah), les Monégasques terminant à la 2ème place du championnat derrière l'OM. Les deux équipes se retrouvent en finale de coupe de France : devant la tribune Auteuil, Passi marque à la dernière minute de la rencontre après un beau une-deux avec Ramon Diaz (voir le sujet sur ce fameux but de Passi). La saison suivante, Gérald Passi participe à la belle aventure européenne de Monaco, qui s'incline en finale de la coupe des coupes face à Brême, quelques jours après la tragédie de Furiani.

Lassé des casinos de la French Riviera, Passi ne rêve plus que du Géant Casino de Saint-Etienne : il choisit donc de rejoindre les Verts et leur nouvel entraîneur : Jacques Santini, toujours lui. A l'image de l'équipe, Passi réalise une très belle saison 1992-1993. Il fait partie des points forts d'une équipe dotée de joueurs talentueux (Bell, Cyprien, Kastendeuch, Moravcik) et généreux (Despeyroux, Bouquet). Remarquable passeur, Passi est également buteur : il marque ainsi à 6 reprises lors de sa première saison stéphanoise. En février 1993, il ouvre le score à Gerland et les Verts gagnent le derby 2-0. Face à l'OM, en quart de finale de la coupe de France, Passi inscrit un but sur une action mémorable : Moravcik efface deux Marseillais côté gauche en faisant passer le ballon derrière sa jambe d'appui par une talonnade pour lui-même. Il sert ensuite Passi qui se trouve à l'entrée de la surface, légèrement à gauche de la cage. Passi décoche alors une frappe violente qui touche la barre, rebondit juste derrière la ligne, puis remonte dans les filets derrière la barre.

Les Verts éliminent Marseille, mais ils échouent aux portes de l'Europe, aussi bien en championnat (les Stéphanois terminent à la 7ème place du classement) qu'en coupe de France (les Canaris éliminent l'ASSE à Geoffroy-Guichard en demi-finale). Là encore à l'image de l'équipe, Passi réalise une saison 1993-1994 très moyenne. La « dream-team » voulue par le duo Guichard-Larqué déçoit, et Gérald est blessé une partie de la saison. Il joue 14 matches de championnat, et marque 2 fois : contre l'AS Cannes de Lemasson, Ferhaoui et Priou et contre le TFC de Kastendeuch (le défenseur stéphanois a été contraint de quitter l'ASSE en debut de saison suite à l'arrivée de Laurent Blanc). Les Verts terminent à la 11ème place, et Jacques Santini est remplacé par son adjoint, Elie Baup, dès lors tout ne sera plus pareil pour Passi dans le Forez. Après un début de championnat prometteur (4 victoires et 3 nuls lors des 8 premiers matches), les Stéphanois s'effondrent et Gérald ne veut pas voir ça. 

Confronté à des problèmes physiques, il demande un entretien à Michel Vernassa et l'informe qu'il souhaite mettre un terme à sa carrière. Afin d'alléger la masse salariale du club, le nouveau président des Verts répond favorablement à la demande de Passi : il le licencie, en lui accordant 800.000 F d'indemnités. Après avoir accepté le coût du saqué, Passi révèle son goût du saké et son amour Durix, Franck : il trompe le monde et part à Nagoya en janvier 1995 pour rejoindre « Pixie » (Dragan Stojkovic) et Arsène Wenger, son ancien entraîneur monégasque.

Après cette année au Japon, Gérald Passi met un terme à sa carrière de footballeur et réalise son rêve : devenir designer. Diplômé du « Strate Collège designers » d'Issy-les-Moulineaux (promo 1999), Passi s'est établi à Annecy depuis quelques années. Il imagine et conceptualise des produits, notamment industriels, pour des marques et des sociétés.

Souce :
Onze Novembre1987
Aloisio, dan le topic Gérald PASSI sur le Forum Foot Nostalgie

Diaporama Gérald PASSI


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