Mexico 86 : José TOURÉ

Le grand absent

Avant le mondial et en pleine rééducation au centre de Saint-Jean de Monts en Vendée, José TOURÉ avait reçu les journalistes de Onze. Les propos cités dans le sujet qui suit sont extrait de cette interview. Tout a commencé ou plutôt tout s’est arrêté pour José un soir de mars 1986. Le FC Nantes tente une incroyable remontée face à l’Inter de Milan. Défaits 3-0 à l’aller, les canaris on refait une parti de leur retard menant 3-1 à la pause. A la mi-temps tout le monde croit à l'exploit, les nantais doivent inscrire 2 buts et au vu de la 1ère mi-temps ce scénario est tout à fait envisageable. Mais en face ce sont des italiens et ceux de l'Inter, plus que les autres, ont cette culture pour conserver un score, truquer un match et poser un rideau d'acier sur le terrain. Et au retour du vestiaire Fanna baisse le rideau sur William Ayache, véritable attentat, malheureusement alors que l'Italien doit recevoir un rouge le fougueux Der Zakarian se mue en justicier et frappe Fanna. Résultat le nantais est expulsé et l'italien reste sur le terrain. Le français bouillant depuis le coup d'envoi n'a pas maitrisé ses émotions tandis que les italiens font preuve de métier, tel qu'on le connait. Le jeu reprend et moins d'une minute après sur un long ballon aérien José TOURE se détend et retombe au sol, il ne se relèvera jamais, ruptures des ligaments croisé et adieu la coupe du monde au Mexique. Ce soir là on a vécu une scène digne de Tintin et de la Castafiore, où la cantatrice hurle et ensuite le cristal se brise. A la Beaujoire ce fut l’inverse, d’abord ce fut le genou qui se brisa et ensuite on entendit les hurlements !!


Les nantais ne sont plus dans le match qui termine à 3-3. Jusqu’à ce malheureux accident, José TOURÉ vivait une grande saison. Tout a commencé dès l’été 1985, quand Henri MICHEL l’appelle à la dernière minute pour la finale intercontinentale face à l’Uruguay. José est le meilleur joueur du match et marque le second but de la partie, où on peut admirer toute sa classe et sa technique :


La suite c’est une saison pleine tant chez les bleus que chez les canaris. Mais du coup c’est peut être parce qu’il réalisait sa meilleure saison que José TOURÉ a subi trop de coups trop de sollicitations ? Le principal intéressé ne réfute pas cette hypothèse : « C'est vrai que par ma façon de jouer, je suis assez exposé à prendre des coups. D'autre part, je suis un garçon généreux sur le terrain, n'hésitant pas à revenir quand il le faut, donc il est normal que mon organisme soit fatigué, surtout au terme de la saison française qui est longue et mal faite, puisque nous jouons le mardi, le mercredi, le vendredi, le samedi, bref, pratiquement tous les jours de la semaine. Les chirurgiens qui m'ont opéré me l’ont dit: dans ces conditions, il n'est pas surprenant du tout que mon genou est lâché ».

Et le match contre l’Inter a été celui de trop, TOURÉ, lui-même avoue qu’en première mi-temps il avait reçu un coup et sentait que son muscle ne répondait pas normalement mais il poursuit : « Mais je me suis dit aussi que le match était trop important pour faire du sentiment, et que cela allait tenir. A la mi-temps. Je me suis fait soigner, et en deuxième mi-temps, à la réception d'un saut, mon genou a viré. Et là, j'ai tout de suite senti que ça avait claqué! Il est resté bloqué ». « Lorsque je suis allé en consultation chez le professeur Leteneur, il a fallu se rendre à l'évidence. Le professeur s'en est immédiatement rendu compte en me manipulant, un croisé antérieur était touché. J'ai donc passé une radio du genou, une arthroscopie qui a confirmé que le croisé antérieur était pété, et aussi qu'il y avait des insertions du ligament du ménisque interne. A ce moment-là, l'avenir m'appartenait et le professeur m'a laissé maître de mon destin. J'avais le choix entre l'immobilisation pendant trois semaines, puis une reprise progressive sans être certain pour autant que le genou tienne, ou l'opération, qui était la solution de sagesse, la première solution pouvant avoir des répercussions sur la suite de ma carrière. Alors, je n'ai pas hésité et j'ai décidé de me faire opérer. Je savais très bien, en me faisant opérer, que je disais adieu à la Coupe du Monde, et une Coupe du Monde c'est quelque chose de très important dans la vie d'un footballeur. Mais je savais aussi que si je ne me faisais pas opérer, j'hypothéquais grandement suite de ma carrière. Surtout Je prenais, sans en avoir le droit, la place d'un camarade valide dans la liste de vingt-deux. Je n'aurais jamais pu faire une chose pareille. Ensuite, je n'aurais jamais plus pu me regarder dans une glace. Non, en me faisant opérer, je suis certain d'avoir pris la bonne décision. Je n’ose pas imaginer si je m’étais blessé en match préliminaire à Mexico ».

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