Mexico 86 : Oleg PROTASOV

Oleg Protasov la future grande vedette de ce mondial à en croire les autorités soviétiques. A vingt deux ans, il est là, blond, souriant, affable, indulgent, fair-play. Et déjà star au pays des tsars. Il est considéré par les journalistes de son pays comme le numéro 2 pour l'année 1985 et futur numéro 1 pour l’année 86. Son chef-d’œuvre à ce jour et avant de débarquer au Mexique: les 35 buts (en 34 journées soit 1,06 but par match) qu'il a inscrit lors du dernier Championnat d'URSS et qui lui ont permis de détrôner l'ex-crack arménien Nikita Simonian, champion olympique avec l'URSS en 1956, lequel avait réussi à marquer 34 fois en 1950. Coïncidence : Simonian est aussi au Mexique en cette fin de printemps, en tant que chef de la délégation soviétique. Excusez du peu. Mais, apparemment, le rondouillard Nikita n'en veut pas trop à Oleg PROTASSOV de lui avoir ravi son record. On dirait même parfois que Simonian prend un malin plaisir à couver le nouveau prodige rouge. Comme s'il s'agissait d'un trésor ...

Un trésor qui ferait assurément sauter le tiroir-caisse à l'Ouest, mais qui continue d'habiter chez papa-maman, dans la banlieue de Dniepropetrovsk, et attend toujours de s'offrir sa première voiture. « Je me contente d'emprunter celle de mes parents lorsque j'en ai besoin », précise-t-il. Pour aller où ? Eh bien, en premier lieu, au stade de Dniepropetrovsk où Il s'entraine quasi quotidiennement. Il est devenu une Idole après avoir eu, lui aussi, ses coups de cœur, Il y a quelques années, pour Oleg Blokhine. Étudiant en éducation physique, comment se situe-t-iI par rapport au gotha international ? Voici ce qu’il répond aux journaux occidentaux lors d’une conférence de presse avant le premier match du mondial pour les soviétiques, URSS-Hongrie : « J'ai déjà entendu dire que je figure parmi les dix meilleurs joueurs du monde. Mais, franchement, cela me parait exagéré. Je n'oublie pas que si je marque effectivement beaucoup de buts, je suis là pour ça ! »


A propos de ses buts, d'ailleurs, Protasov est comme les autres chasseurs de buts : Il se souvient de la plupart de ses réussites. Et dieu sait s'il en a déjà fait souffrir des gardiens, y compris Rinat Dassaev, son capitaine en équipe nationale. Son point fort ? : « Je pense savoir être là où Il faut, quand Il faut ».

Ce que l'on appelle le sens du but, l'opportunisme. Un Gerd Muller ou un Just Fontaine bis? Pas exactement, en vérité. Ne serait-ce que par ses mensurations - 1,86 m, 80 kg - qui obligent à le répertorier parmi les avants-centres costauds, dont le physique finit immanquablement par peser. Mais pour ce qui est du nez et de la malice, Oleg n'est pas en retard. Il a fêté son vingt-deuxième anniversaire le 4 février 1986. On dirait que l'avant-centre International de Dniepropetrovsk, son club de toujours, Qu'II ne désire d'ailleurs pas quitter pour l'Instant malgré quelques sollicitations de la part des grands d'URSS, est un précoce tout azimut. Sur le ballon, mais aussi dans la vie tout court. Ainsi, après avoir mis le nez à la fenêtre des grands en 1982, à dix-huit ans, à l'occasion d'un match contre le Dynamo de Kiev de ...Valéri Lobanovski, Il ne tarda pas à intégrer la sélection nationale juniors, puis l'équipe des espoirs soviétiques. Ce qui a, par exemple, valu au public toulonnais de le voir à l'œuvre en 1983. Or, moins d'un an après, voilà qu'II rejoignait carrément l'équipe nationale. Il faut dire qu’à 20 ans il réalise sa première grosse saison avec 17 buts en championnat. Il inaugure sa première cap le 28 mars 1984 à Hanovre face à la RFA. Un mois plus tard pour sa seconde sélection il marque l’un des 3 buts de la victoire 3-1 face à la Finlande. Le 2 juin 1984, le jeune avant-centre de 20 ans se fait remarquer du monde entier. Dans un match de gala à Wembley entre l’Angleterre et l’URSS, il entre en jeu à la 87ème minute alors que l’URSS mène 1-0. Pour son premier ballon sur un dégagement de DASSAEV de la tête, il prolonge et lance dans la course Blockhine, son idole, qui butte sur Peter SHILTON le portier anglais, mais Protasov en bon renard des surfaces, à suivi l’action et c’est lui qui rôde dans les 6 mètre pour clore la marque. Ce but le voici en vidéo :


L’arrivée d’un tel avant-centre, costaud, rapide mais surtout individualiste dans la surface de vérité suscite beaucoup d’interrogations. En effet comme on l’a vu dans la présentation de l’URSS 1986, la plupart des adversaires des soviétiques voyaient comme point faible dans la cuirasse de la machine Lobanovski, un manque de réalisme dans les 25-30 derniers mètres.

Comme si le souci de toujours faire la bonne passe, le bon décalage les empêchait de tenter leurs chances et de frapper aux buts. L’arrivée d’un Gerd Müller venu du froid avait de quoi susciter les plus grands craintes chez ces mêmes adversaires. C’est ce même Oleg PROTASOV qui marquera le but décisif face au Danemark (1-0) puis un autre tout aussi décisif un mois plus tard face à l’Irlande (2-0) dans les deux matchs couperets qui enverront l’URSS au Mexique. Malgré son habit de sauveur, PROTASOV reste humble mais confiant quelques jours avant l’ouverture du mondial, voici sa vision de la compétition : « C’est vrai, je crois en nos chances. Même si je me doute bien qu’il faudra bien se méfier au premier tour de la France et de la Hongrie » et de poursuivre : « Nous avons parfaitement résolu le problème de l’acclimatation, nous avons bien travaillé depuis que nous nous sommes réunis en stage de préparation. Je pense sincèrement que nous devrions être à la hauteur ».

C’est curieux tout de même de dire que les joueurs soviétiques se sont bien acclimatés, lorsque l’on sait qu’après le mondial, ils diront que lors de la première semaine d’entrainement au Mexique, les joueurs ont perdus, en moyenne, 3.5 kg. Mais bon c’est la méthode de communication façon Kremlin et Protasov l’a très bien intégré pour preuve, voici comment il décrit ses ambitions pour cette coupe du monde en réponse à une question sur une éventuelle quête du titre de meilleur buteur du mondial: « Pour moi, c'est surtout la performance de l'équipe qui comptera. Peu importe de savoir qui marquera, qui fera la différence lors de tel ou tel match »

PROTASOV, cinquante-deux buts ces deux dernières saisons en Championnat, dix buts en dix-sept rencontres internationales, dont huit en douze matches en 1985, est une des grandes vedettes annoncées de cette coupe du monde. Cependant la délégation soviétique faisait grise mine avant le premier match URSS – Hongrie, la grippe avait frappé et Protasov était forfait pour la première rencontre et même incertain pour la seconde, face à la France. Mais ceci on en reparlera plus tard.

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