Lyon - Nottingham Forest 1995

L’apologie d’un 0-0 et d’une élimination à la clef.

Aussi bizarre que ça puisse paraitre bon nombre de supporters gardent un bon souvenir de cette rencontre malgré tout de même une énorme frustration au coup de sifflet final. Ce match est un 1/8ème de finale retour de la coupe de l’UEFA. L’OL fait une saison très moyenne mais à réalisé un très grand exploit au tour précédent. Les hommes de Guy Stéphan ont déjoué les pronostics en sortant le leader invaincu du calcio de l’époque: La lazio de Rome (voir le sujet Lyon – Lazio 1995). Le match aller 15 jours plus tôt fût symptomatique des rencontres de coupe d’Europe entre club français et anglais. Lyon pense maitriser son adversaire quand sur une erreur de concentration, Florent Laville lâche son joueur. S’en suit un cafouillage entre Sassus et Olmeta et Laville qui commet l’irréparable, en dernier défenseur il remplace Olmeta dans les buts. 83ème minute, le verdict est implacable : Péno + rouge pour Laville. Le plus cruel arrive, Olmeta repousse le tir en force de Stuart Pearce mais sur Mc Grégor qui offre la victoire à Forest. Au vu de la rencontre les lyonnais peuvent nourrir beaucoup de regrets, surtout que la seule occasion dangereuse avant ce coup du sort était une frappe de mammouth de Jean-Christophe DEVAUX que le parfum de l’Europe transcende et que Mark Crossley a eu toutes les peines du monde à repousser. Voici le résumé en vidéo du match aller.


15 jours plus tard, le 05 décembre 1995, dans un froid glacial Gerland a fait le plein. 40 000 spectateurs. La foule est bigarrée. Les jeunes supporters remplissent les virages et trouveraient anormal de chuter après avoir sorti l’ogre romain et les anciens, eux, sont venus voir les gones faire chuter l’ancien monstre européen de la fin des années 70 (vainqueur de la coupe d’Europe des clubs champions 1979 et 1980 avec le génial Trevor Francis).

Votre serviteur était dans les tribunes du haut de ses 18 piges ce soir là. Moi je faisais parti de la première catégorie. Mon paternel m’avait accompagné et lui se range plutôt dans la seconde (d'un côté je voyais mal mon vieux scandé :"supporter du virage, accrochez vous au grillage" et dévalez tout le virage au premier but de l'OL). Au coup d’envoi c’est un sacré pari qu’à pris Guy Stephan, en laissant les clefs de la baraque aux jeunes du centre de formation pour remonter le but de retard. Au coup d’envoi ils sont 7 espoirs du club dans le 11 de départ. Si la présence de Florian Maurice et Sylvain Deplace n’est pas une surprise. Celle de leurs camarades de promotion Claude-Arnaud RIVENET et Jean-Marc Moulin est déjà plus surprenante. En outre 3 des vainqueurs de la Gambardella 1994 un an plus tôt sont sur la pelouse. Jean-Christophe DEVAUX, véritable révélation de cette épopée européenne. Ludovic GIULY qui explose cette année en l’absence de Franck Gava blessé.

Enfin Cédric BARDON est le 7ème ancien pensionnaire du centre de formation de l’OL a débuté la rencontre. Cédric BARDON a été lancé par Jean Tigana à Lyon et il est alors le plus grand espoir du club. Depuis ses débuts à l’OL et ce dans toutes les classes de jeunes, il a toujours impressionné ses observateurs. Curieusement après des rentrées en fanfare la saison précédente à 17 ans ! (il inscrira son premier but en Division 1 juste avant ses 18 ans), Guy Stephan ne lui accorde quasiment pas sa confiance. Comme si il ne devait être que le remplaçant de l’indéboulonnable Flo Maurice et pourtant ce match, malgré l’absence de buts va prouver que les deux hommes peuvent jouer ensemble et même de le faire très bien.

Pour encadrer ses jeunes a peine sortis du centre de formation (à eux 7 la moyenne d’âge est de 21 ans et 3 mois), Stéphan compte sur 4 de ses cadres. Au milieu Eric Roy, en défense Jean-Luc Sassus habitué des joutes européennes avec le PSG et le brésilien Marcelo. Enfin et bien entendu, le capitaine de l‘équipe est l’incomparable Pascal Olmeta. J’adorais ce gardien et comme à chaque match à Gerland, le portier corse harangue les supporters après avoir frappé la barre avec son avant-bras. C’est un truc tout con mais de revoir la vidéo ça va rappeler pas mal de souvenirs. Et pas qu’aux supporters lyonnais car je pense qu’Olmeta, personnage entier, à laissé que des bons souvenirs de Bastia à Marseille, en passant par Toulon et le Racing (je suis en train de préparer l'intégrale d'Olmeta mais ça prend du temps).


La rencontre peut débuter. La première occase glace le sang des 40 000 spectateurs. On joue depuis 7 ou 8 minutes, quand lors d’un magnifique jeu en triangle, Jason Lee dévie le ballon de la poitrine dans la course de Stephen Howe qui s’engouffre dans la surface. Sa reprise frôle le montant d’un Olmeta aux fraises sur ce coup-là. Ce coup de tonnerre n’assomme pas la jeune garde lyonnaise, au contraire elle se révolte. La suite c’est un jeu fluide, plein de vitesse d’exécution et c’est beau à voir. Comme un symbole j’ai choisi cette action juste après la grosse frayeur causée par Howe. Jean-Christophe DEVAUX récupère le ballon en défense, relance sur Cédric BARDON qui après un contrôle aérien porte une superbe accélération. Il transmet à Ludo GIULY qui trouve Flo MAURICE. MAURICE fixe et sert dans la course Sylvain DEPLACE qui tente sa chance sans se poser de question. Ça ne passe pas loin du tout et surtout c’est de bon augure pour la suite. Voici l’action en vidéo.


La première mi-temps est un festival. Maurice et Bardon forme une paire complémentaire et tour à tour ils mettent la pression sur Mark Crossley qui est héroïque. Juste avant la mi-temps et dans la même minute, le gardien anglais va revêtir l’habit de sauveur pour Forest. Tout d’abord sur un coup franc de Flo Maurice, il se détend de tout son long pour sortir la balle en corner. Sur le corner c’est Bardon qui ouvre le score, enfin c’est ce que tout Gerland a cru mais Crossley d’un incroyable réflexe repousse l’échéance.... se dit-on. Voici le résumé de la première période :


Au retour des vestiaires, on reprend les mêmes et on continue là où on s’était arrêter, c'est à dire sur un bon attaque-défense.

Les jeunes lyonnais poussent et ne manquent pas d’envie. Mais il y aura toujours Crossley, et quand Giuly arrive enfin à tromper le gardien, c’est un défenseur anglais qui contre du pied et sauve le but. A l’entame du dernier ¼ d’heure l’entraineur lyonnais décide de sortir Bardon et Rivenet tous deux excellents par Assadourian et Chavrondier. Erreur de coaching, la fin de match est triste. Assadourian et Maurice ne se trouvent pas, ne combinent pas. Quand à Chavrondier il ne sait pas où se placer alors que Rivenet avait magnifiquement tenu le côté droit. Les joueurs savent qu’ils ont laissé passer leurs chances et la frustration va s’exprimer. Flo Maurice va connaitre le même sort que son pote Flo Laville à l’aller. Sauf que là c’est un mauvais geste qui lui vaut un rouge. Maurice n’a pas supporté le fait-play britannique et y est allé de sa petite mandale à 5 minutes de la fin. Il faut dire que dominer un adversaire pendant 75 minutes, ne jamais trouver la faille et en plus se faire chambrer, il n’a que peu apprécié le bouillonnant avant-centre qui était un joueur assez sanguin au final. L’OL se fait éliminer mais tombe avec les honneurs. Le public remercie son équipe et c’est des « merci l’OL » qui tombe des tribunes. Ce qui prouve qu’on peut prendre du plaisir à voir un 0-0 et une élimination de son équipe. Il faut dire qu’au-delà du spectacle offert c’est surtout les perspectives d’avenir qui réjouissent les supporters lyonnais qui rentrent chez eux. Devant, la paire Maurice-Bardon associé pour la première fois ensemble dès le coup d'envoi à tenu toutes ses promesses. Et dire que les deux gamins ont respectivement 22 et 19 ans.

Pour leur donner des ballons le petit lutin Giuly est un joueur incroyable et si Rivenet n’est pas extraordinaire ce n’est pas grave, Franck Gava sera bientôt de retour. Pourtant l’OL ne va pas axer sa progression sur ses jeunes mais va s’en servir. Maurice, Giuly et à un degré moindre Bardon, vont être vendu à des prix d’or les saisons suivantes pour acheter plusieurs joueurs expérimentés. L’OL va ainsi acquérir des joueurs comme Delmotte, Violeau, Carteron, Fournier… qui vont permettre à l’OL de rentrer dans une nouvelle ère où chaque année le club va participer à la coupe d'Europe puis à la ligue des champions à la fin des années 90. En tout cas à une heure où l’OL purge son effectif (entraineur, joueurs cadres) pour mettre à la tête le responsable du centre de formation, ce n’est pas forcément une mauvaise chose. D’autant qu’avec les champions d’Europe espoirs 2010 Faure, Kolodziejczak, Grenier et Lacazette auxquels il faut ajouter Gonalons et Pied, l’OL a un sérieux vivier de jeunes talents qui demandent qu’à éclore.

Avant de voir les deux équipes, voici la fiche du match



Pascal OLMETA
Christophe BRETON
Jean-Luc SASSUS
Christophe DEGUERVILLE
Jacek BAK
Florent LAVILLE
Laurent CASANOVA
Franck GAVA
Eric ROY
Sylvain DEPLACE
Stephane ROCHE
Eric ASSADOURIAN
Florian MAURICE
Claude-Arnaud RIVENET
Ghislain ANSELMINI
Ludovic GIULY
Olympique Lyonnais 1995-96
Franck CLARK
Marck CROSSLEY
Richard CLARK
Colin COOPER
Des LYTTLE
Steve CHETTLE
Stuart PEARCE
Stephen HOWE
Alf-Inge HAALAND
Chris BART-WILLIAMS
David PHILLIPS
Scot GEMMILL
Steve STONE
Ian WOAN
Paul Mc-GREGOR
Andrea SILENZI
Brian ROY
Jason LEE
Kevin CAMPBELL
Nottingham Forest 1995-96













 P.S : Merci à Claude pour les superbes vignettes de Forest

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