Le carton 8-0 de l’OL face à l’OM en 1997

Avant le sommet « Olympico » de cette saison, je suis revenu tout d’abord sur la raclée que les marseillais avaient infligée aux Lyonnais pour leur retour en D1 et bien 7 ans plus tard les positions sont inversées. L’OM revient de deux années forcées en D2 et l’OL vient, lui, de connaitre bien des tourments avec un de ses saisons les plus agitées pour ce club traditionnellement calme en coulisses. Il faut dire que la décision de prendre Guy STEPHAN comme successeur de Jean TIGANA deux ans plus tôt n’avait pas été la meilleure décision du Tandem Aulas-Lacombe, mais bon le présent nous prouve qu’ils pouvaient faire pire. STEPHAN n’aura jamais réussi à imposer son autorité dans le vestiaire et malgré un exploit lors de sa première saison en coupe d’Europe (voir le sujet Lyon – Lazio 1995) son bilan est catastrophique, l’OL régresse de 10 places en une saison! Et le début de saison 1996-97 quant à lui, ne démarra pas sous les meilleurs hospices malgré un effectif renforcé avec des joueurs aguerris tel l’international Christophe COCARD et surtout Alain CAVEGLIA qui réussira tant de belles choses avec ce maillot olympien sur le dos. 

A ces vieux guerriers des joutes du championnat que sont les Olmeta, Sassus, Gava, Cocard, Cavéglia s’ajoutent les jeunes du centre de formation comme Flo Maurice, Flo Laville et surtout les jeunes pousses de la Gambardella 1994 (victoire 5-0 en finale contre Caen !!) avec les Ludo GIULY, Cédric BARDON (l’ex futur Marco VAN BASTEN) et Jean-Christophe DEVAUX. A coup sûr cet OL en 1996 a certainement l’un des effectifs les plus prometteurs de la division 1 qui pourraient même poser des problèmes aux grosses écuries que sont Monaco ou Paris. Mais il n’en sera rien, fin octobre au bout de 13 journées le club est à une très, trop modeste 13ème place. L’équipe se déplace à Auxerre le 25 octobre 1996 et les joueurs vont saborder le match et sacrifier ce coach qui n’aura jamais réussi à s’imposer. Verdict sans appel, une valise 7-0 et Jean-Michel AULAS qui vira l’entraineur illico, de mémoire c’est la seule fois en 24 ans de présidence qu’il le fera (un certain Claude PUEL doit apprécier cette statistique). La seule excuse qu’on peut trouver à Guy STEPHAN c’est la grave blessure de Flo MAURICE en début de championnat. L’OL se déplace à Nantes pour le compte de la 5ème journée (2 sept 1996) MAURICE ce soir aura une rupture du tendon d’Achille, blessure grave et surtout très rare chez les footballeurs. MAURICE sera absent quasiment toute la saison et l’OL sans son attaquant vedette ce n’est plus l’OL. Pour aller plus loin sur cette blessure, et là ce n’est que mon avis personnel, elle est le point de rupture (sans jeu de mot mal placé) de l’ascension de Flo MAURICE qui ne retrouvera jamais plus son niveau qu’il affichait depuis 2 saisons et demi et qui en faisait le grand espoir du foot français, fin de la parenthèse mais rien que d’y repenser ça fait un pincement au cœur car qu’est ce qu’il était bon et complet cet avant centre. C’est un débutant au poste d’entraineur qui remplace Guy STEPHAN,

Bernard LACOMBE qui assure l’intérim lui qui connait si bien la maison et pourtant les soucis ne sont pas terminés. Le 20 décembre 1996, pour le compte de la 23ème journée et juste avant la trêve des confiseurs, l’OL s’incline à Gerland 0-1 face au FC Nantes (décidemment oiseau de malheur des lyonnais cette année là) et à la fin de la rencontre dans le vestiaire lyonnais ça va être l’incident. OLMETA s’approche de SASSUS l’insulte avant de lui collé un crochet du droit qui sèche un Jean-Luc SASSUS K.O. Tout serait parti quelques semaines plus tôt d’une sortie dans une boite de nuit lyonnais où Jean-Luc SASSUS aurait « flirté » avec la copine de l’époque d’Olmeta (une présentatrice du juste prix dont j’ai oublié le nom, je ne suis pas très fan des ragots à la Voici de toute façon). Les deux joueurs à la reprise se réconcilient et l’avocat d’Olmeta organise une petite rencontre entre les deux hommes et quelques journalistes pour une poignée de mains. 

La mise en scène de la réconciliation, Olmeta était déjà prêt à faire de la Télé-réalité
 Mais Aulas ne décolère pas et au final va se séparer des 2 hommes. Olmeta file en Espagne à l’Espanyol de Barcelone et Jean-Luc SASSUS sert de monnaie d’échange avec l’ASSE pour l’arrivée de Greg COUPET. La reprise est très compliquée alors. Le public de Gerland est un peu lassé des désillusions sportives depuis 1 an et demi et en plus il vient de perdre le chouchou de Gerland et capitaine de l’équipe ! Le tout pour le remplacer par un stéphanois, l’éternel rival même quand le club du Forez est en D2. COUPET fera preuve de caractère et non seulement il arrivera à s’imposer dans ce contexte difficile pour faire une grande carrière à Lyon mais en plus il réussira, lui l’ancien vert, à devenir l’un des favoris de Gerland et faire oublier l’ancienne idole OLMETA. Peut être est-ce un vestiaire assainit ou l’apport de Lacombe, mais l’OL finit mieux et à l’aube de cette ultime journée de la saison il est à la lutte pour arracher une place qualificative pour l’intertoto.

Pour l’OM la saison fut beaucoup plus calme. De nombreux anciens qui étaient revenus sur la Canebière pour que l’OM retrouve l’élite sont partis à la retraite une fois leur mission accomplie (Amoros, Casoni, Dib). Le club a beaucoup recruté pour ses retrouvailles avec la division 1: Pedros, Lechkov, Kopke, Gravelaine, Franceschini, Malusci et Eric Roy à son rival du jour. La saison de l’OM fût moyenne avec une 11ème place et plus rien à espérer avant son déplacement du côté de Gerland. D’ailleurs pour les phocéens leur saison est déjà fini vu que la semaine précédente ils avaient réussi leur challenge de battre leur rival parisien pour le retour du « clasico » à la française. Victoire 1-0 sur un péno d’Eric ROY. Donc ce sont deux équipes avec une motivation différente qui arrivent sur la pelouse. L’OM a réussi son contrat de promu à savoir se maintenir et offrir une victoire face au PSG tandis que l’OL doit absolument s’imposer pour arracher l’intertoto.
Si l’OM se présente dans une configuration très classique, Bernard LACOMBE lui ose réaliser un souhait qu’il avait depuis longtemps en tête, aligné 5 joueurs à vocations offensives d’entrée ! Ainsi au début du coup d’envoi on trouve sur la pelouse : Florian MAURICE, Christophe COCARD, Ludovic GIULY, Alain CAVEGLIA, Franck GAVA et aussi…. Karim BENZEMA ! Et oui Karim « Benzebut » BENZEMA était sur la pelouse juste avant le début du match, comment ça vous me croyez pas ? Oui il avait 10 ans ! Mais le voici en photo :


C’est lui qui est devant Marcelo et l’autre tête blonde c’est Sandy PAILLOT (qui depuis quelques saisons, joue à Grenoble) BENZEMA et PAILLOT, deux des plus jeunes espoirs du club, offrent un bouquet pour le départ de deux joueurs de l’OL qui disputent là leur dernier match à Gerland, Franck GAVA et MARCELO. GAVA aura régalé Gerland pendant 5 saisons et MARCELO qui lui aura bien plus apporté à l’OL en tant que recruteur au Brésil (Il est à l’origine des venues d’Edmilson, Caçapa ou encore Juninho à l’OL). Florian MAURICE dispute également là son dernier match mais à ce moment de la saison on l’ignorait tous et peut être même lui aussi.

Le match débute, avec un OM qui n’a rien à perdre ni à gagner et un OL ambitieux. Le match débute de façon très âpre les duels sont virils et au bout de 40 secondes de jeu, Galtier est sanctionné pour une faute sur Christophe Cocard dans un duel musclé, sur le coup Franc Kopke renvoie le ballon qui revient immédiatement devant ses buts (ce sera d’ailleurs le fil rouge de cette mi-temps) et Cavéglia ouvre le score. On joue depuis une minute. S’en suit un match équilibré avec des duels musclés mais ce soir là dès que l’OL attaque il marque et on le sent qu’à chaque instant du match dès qu’il se projette vers l’avant, les attaquants rhodaniens trouvent la solution sans que les joueurs de l’OM n’arrivent à les arrêter. Ce soir là tous les attaquants lyonnais ont brillé mais si je devais en sortir un du lot ce serait Franck GAVA qui pour son dernier match avec l’OL à quasiment livré une première mi temps parfaite. Replacé dans l’axe il s’illustre tant dans la récupération que dans l’organisation du jeu ou les contre-attaques. Le 2ème but de la rencontre illustre parfaitement ces propos, il récupère le ballon dans son camp dans les pieds d’un marseillais, lance Giuly qui remonte le ballon et remet à Gava, ce denier sans contrôle, lance Maurice seul face au but. Je sais que la défense marseillaise n’y était pas ce soir-là et que la charnière Malusci-Galtier ne doit plus jamais être reconduite après avoir autant bu la tasse mais là, ça allait très très vite ! 

Le 3ème but ressemble étrangement au second Giuly et Gava encore combine au milieu de terrain à une touche de balle et c’est encore une cavalerie blanche qui fonce sur le but de Kopke, Gava opportuniste marque pour ses adieux à Gerland. Ensuite par deux fois c’est Giuly qui trompe le portier allemand. Le second but du jeune n°10 de l’OL est là encore magnifique dans sa construction, débordement de Cocard, Gava laisse passer entre ses jambes et Giuly fusille de près un Kopke livré en pâture ! 5-0 et on joue depuis seulement 25 minutes ! Le 6ème but ? Un classique : GAVA qui lance MAURICE seul face à Kopke (encore un jeu à une touche de balle). C’est deux joueurs ont été au sommet de leur carrière en 1994-95 quand l’OL terminera 2ème derrière les intouchables nantais de Coco Suaudeau. A eux deux ils dynamitaient les défenses adverses, la saison suivante ce fût GAVA qui était blessé et le duo n’a que très peu joué ensemble et cette année là c’est Flo MAURICE qui s’était gravement blessé à Nantes. Le PSG avait dépensé des millions lors de l’été 1997 pour reformer ce duo terrible mais hélas pour le football français, ces deux là ne retrouveront jamais leur niveau du milieu des années 90.

Ensuite à la 35ème minute, un jeu à trois entre Gava, Cocard, Caveglia et Cavégol s’enfonce dans la défense phocéenne comme un couteau chaud dans du beurre pour tromper Kopke qui tel Tom HANKS est bien « seul au monde ». La mi-temps est sifflée sur ce score incroyable de 7-0. L’armada offensive lyonnaise a fait capituler la défense phocéenne qui a étrangement baissée les armes. En seconde mi-temps l’OM se ressaisit et Gili fait sortir un Christophe Galtier dépassé dans tous les duels, un jour sans. L’OM encaissera un 8ème et dernier but. Comme un symbole, Ludovic GIULY, le lutin de Gerland inscrit un but de la tête alors qu’il est le seul lyonnais devant le but au milieu de 6 défenseurs de l’OM !! La messe est dite, les marseillais de toute façon avaient lâché le match depuis longtemps. GIULY s’offre un triplé et à seulement 20 ans, il réalise une de ses saisons les plus complètes avec 16 buts en 37 matchs (son meilleur total dans les 2 domaines de sa carrière). Sa vitesse de percussion était incroyable et il se trouvait les yeux fermés avec Gava sur le terrain, dommage qu’Aimé JACQUET n’est jamais cru en lui, de toute façon GIULY connaitra tout au long de sa carrière bien des tourments avec les différents sélectionneurs. Voici la vidéo des 8 buts de ce match :


Avant de présenter la fiche de match et les 2 équipes en intégralité, je vais vous raconter une petite anecdote sur ce match. Ceux qui me connaissent savent que j’ai passé ma jeunesse dans les travées de Gerland et les autres l’auront compris en lisant ce sujet. Bref fidèle abonné du virage nord je ne ratais que très peu de matchs durant une saison et cette année là j’ai assisté à 18 matchs sur 19 de championnat ne loupant que … cet OL-OM. 

Je m’étais laissé convaincre de partir en vacances dans le Var juste avant la période des examens avec une dizaine d‘amis, une sorte de spring break à l’américaine où le rosé de Bandol remplaçait les margharitas. Parmi ces camardes de bringues figurait un autre blogger que vous connaissez bien, un certain Max l’ancien du blog : les anciens joueurs. Bref le samedi soir bien qu’on avait une soirée, on a trouvé un transistor dans la vieille baraque où on logeait pour chopper le multiplex. Enfin quand on arrive à tomber sur Europe 1 ou RMC, je m’en souviens plus je suis honnête, on entend le commentateur gueulé un «une minute d’arrêt de jeu à Gerland et ce score incroyable de 7-0 ». Nous on en revient pas et on n’a pas la trop la notion du temps, l’apéro devait pour y être un peu aussi, bref on pense que le match est fini et qu’on a gagné 7-0. Max prend l’initiative d’arroser ça et file en cuisine préparer quelque chose digne de la prestation de nos favoris. Moi devant le transistor j’attends qu’on revienne à Gerland pour donner la liste des buteurs quand j’entends « et c’est la mi-temps à Gerland » ! Non c’est pas possible j’ai pas entendu ce que je viens d’entendre ! Je me revois encore descendre les escaliers 4 par 4 en gueulant à mon pote Max : « c’est la mi-temps ! C’est la mi-temps !! ». C’est curieux mais après, en revanche, je ne me souviens plus très bien de la soirée, Max avait du bien bosser en cuisine encore ;-).

C’est vraiment une période de l’histoire de l’OL que j’adore, peut être ma préférée devant celle des 7 titres aussi bizarrement que ça puisse paraitre. L’amalgame avec des joueurs comme Gava, Olmeta, Caveglia puis après Coupet Carteron… associés aux jeunes du centre de formation : Maurice, Giuly, Bardon, Devaux, Malbranque…C’était pour les supporters de l’OL une équipe avec une véritable identité et un groupe qui s’est trouvé et qui n’a cessé de progresser. Car avec ce 8-0, l’OL participera à l’intertoto, qu’il remportera et se qualifiera pour la coupe de l’UEFA, en 98 l’OL sera 6ème et cette fois directement qualifié pour l’Europe, puis 3ème en 99 et 2000, 2ème en 2001 puis 7 fois champion. Si il est incontestable que l’aventure européenne de l’OL a débuté lors de ce 8-0 et qui continue aujourd’hui avec une 15ème saison consécutive européenne, moi j’irais plus loin sur ce match et cette fin de saison. Pour moi c’est à partir de ce moment là que l’OL à commencé sa croissance jusqu’en 2008, année historique marqué en juin par un doublé, inédit, coupe et championnat de France. 2008 sera aussi marqué quelques semaines plus tard par la fin de la razzia de trophées et l’arrivée de Puel à Tola Vologe. J’ai mâché le futur travail des historiens du foot, mais il n’était pas compliqué de ressortir une date de la fin du règne lyonnais sur le football français.

La fiche du match :
24 Mai 1997
Olympique Lyonnais – Olympique de Marseille : 8-0
Division 1 – 38ème journée, 28 250 spectateurs (dans 3 tribunes, le virage sud étant complètement rasé pour sa reconstruction avant la coupe du monde)

Buteurs :

1e Caveglia
8e Maurice
15e Gava
20e Giuly
25e Giuly
29e Maurice
35e Caveglia
54e Giuly

Composition des équipes :
  
OLYMPIQUE LYONNAIS
OLYMPIQUE MARSEILLE
Grégory COUPET
Andreas KOPKE
Jean-Christophe DEVAUX
Alberto MALUSCI
Florent LAVILLE
Christophe GALTIER (-> 56’)
Marcelo KIREMIDJIAN(-> 80’)
Hamada JAMBAY
Ghislain ANSELMINI
Chris MAKIN
David LINARES (-> 68’)
Olivier ECHUAFNI
Franck GAVA
Eric ROY
Alain CAVEGLIA
Jean-Philippe DURAND
Ludovic GIULY
Bernard FERRER
Florian MAURICE (-> 76’)
Mehdi BEN SLIMANE (-> 65’)
Christophe COCARD
Marc LIBBRA
LACOMBE (Entraineur)
GILI Gérard (Entraineur)
DEGUERVILLE (<- 68’)
Victor AGALI (<- 56’)
Cédric BARDON (<-76’)
Ludovic ASUAR (<- 65’)
Jacek BAK (<-80’)


 Et voici les équipes version Panini :

Olympique Lyonnais 1996-97

Pascal OLMETA
Jean-Luc SASSUS
Ghislain ANSELMINI
Florent LAVILLE
MARCELO
Laurent CASANOVA
Sylvain DEPLACE
Alain CAVEGLIA
Franck GAVA
Ludovic GIULY
Christophe COCARD
Florian MAURICE
Cédric BARDON



























Olympique de Marseille 1996-97

Andreas KOPKE
Hamada JAMBAY
Jean-Christophe MARQUET
Alberto MALUSCI
Ivan FRANCESCHINI
Eric ROY
Yordan LETCHKOV
Jean-Philippe DURAND
Olivier ECHOUAFNI
Reynald PEDROS
Xavier GRAVELEINE
Tony CASCARINO
Marc LIBBRA




















P.S Merci à David pour les images de l’OM

2 commentaires:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...