La campagne européene du FC Nantes 1979-80

Le FC Nantes 1980 fût une des plus belles formations de l’histoire des canaris ou tout du moins l’équipe qui écrivit une des plus belles page de l’histoire du club des bords de l’Edre. Champion de France avec 26 victoires en 38 matchs, les nantais vont surtout s’illustrer en coupe d’Europe, chose assez inhabituel pour ce club qui avait alors du mal à passer l’hiver sur la scène européenne. Les canaris suite à leur victoire en coupe de France face à Auxerre, entame leur campagne européenne 1979-80 dans la défunte coupe d’Europe des vainqueurs de coupes. Les hommes de Jean VINCENT s’offrent un premier tour tranquille et assez pittoresque. Ils rencontrent un club d’Irlande du Nord : Cliftonville basé à Belfast. A l’époque la destination n’est pas des plus touristiques suites aux conflits en Irlande du Nord. Henri MICHEL témoigne de leur arrivée à Belfast : « Nous avions en apparence, un adversaire facile en la personne des irlandais de Cliftonville. Nous étions arrivés à Belfast le mercredi seulement mais notre match n’avait lieu que le jeudi. L’hôtel était à 20 km de la ville et il était assez désagréable de voir les policiers et les chiens qui le gardaient. En ville c’était encore pire avec les fouilles incessantes ». Quand au match, Jean VINCENT n’était pas rassuré comme si le climat pesant de l’Irlande du nord pesait aussi sur les esprits nantais, voici son discours lors de la causerie d’avant match : « Il ne faut pas s’attendre à une partie de plaisir, ils vont se battre comme des chiens pendant 90 minutes. iL faudra donc jouer avec le plus de sérieux possible ». La suite c’est le charme des 1ers tours de coupe d’Europe d’antan (mais qui étaient pourtant souvent fatals au club français) : un stade champêtre, des adversaires qui fournit un ballon dégonflé, ce qui entrainera l’agacement du capitaine Henri MICHEL qui ne cessera d’harceler l’arbitre pour en changer et ne récoltant qu’un long et inexorable refus. 

Le stade de Cliftonville
 Henri MICHEL d’ailleurs ne gardera pas un grand souvenir de cet arbitre, le match fût assez triste et logiquement Nantes ouvrit la marque par Rampillon puis ce fût un match sans histoire jusqu’à la dernière minute. 

On joue les dernières secondes quand l’argentin Victor TROSSERO marque le second but qui ne souffre d’aucune contestation, le juge de touche d’ailleurs remontait au centre du terrain mais l’arbitre central indiquait que le temps réglementaire était écoulé et ne valida pas ce but alors qu’il n’avait même pas sifflé le coup de sifflet final. Les nantais râlent pour la forme mais ne se font pas d’illusions et se pressent de rentrer au vestiaire prendra la douche le plus vite possible pour rentrer à la maison.
Le match retour à Saupin fut plus agréable aux nantais. 1er but de Victor TROSSERO à la 3ème minute puis d’Eric PECOUT enchaine tout de suite un second but. Trossero-Pécout super tandem d’attaquant pourtant les deux hommes seront en concurrence toute la saison au poste d’avant centre et les petites tensions de vestiaire qui s’en suivront seront les seuls points d’ombre dans cette superbe saison nantaise. Au final ce sera un gentil 7-0 que les nantais passeront au nord irlandais. Un triplé de Pécout et un doublé de Trossero avait régalé le public de Saupin (Rio et Rampillon pour les autres réalisations).

Au tous suivant cap à l’est face au toujours redoutables roumains du Steaua Bucarest. Le match aller à lieu à Saupin et Jean VINCENT joue la prudence. Henri MICHEL évolue en défense, Enzo TROSSERO est au milieu à la récupération et en ce début de match il est dépassé par la vitesse des milieux roumains qui arrivent par vague sur les cages de Bertrand-Demanes qui sauve les meubles jusqu’à la mi-temps avec un 0-0 bien payé pour les nantais. Dans le vestiaire Henri MICHEL recadre et pousse une gueulante sur ses co-équipiers à qui il reproche un manque singulier d’ambition et d’agressivité. Et en capitaine exemplaire, c’est Henri MICHEL qui va montrer l’exemple, à l’heure de jeu il sort de sa défense et son débordement est conclut par un centre qui trouve la tête victorieuse de Pécout, Nantes mène 1-0. Le public de Saupin se dit qu’après avoir souffert leurs protégés avaient fait le plus dur et pourtant… Il ne fallait pas partir pisser après l’ouverture du score, 7 minutes plus tard le score était de 2-1 pour les roumains qui renversèrent totalement la situation. 

Heureusement les nantais n’ont pas le temps de se poser des questions, que ce diable d’Eric Pecout égalisait à 2-2 partout. C’est alors que Jean VINCENT allait abattre son joker et lancer dans le bain : José TOURE 18 ans et demi. On joue la 76ème minute et le futur « brésilien » remplace le milieu défensif Enzo TROSSERO. Comme la semaine précédente à Bastia, c’est le remplaçant Touré qui va offrir la victoire aux nantais dans les dernières minutes et gagner le statu de joker de l’équipe ! Victoire à l’arraché mais score peu avantageux avant un périlleux déplacement en Roumanie avec un maigre avantage et deux buts encaissés à domicile.
D’ailleurs les roumains ne tardent pas à retrouver leur élan de la 1ère mi-temps du match aller, la rencontre a à peine débutée que les vagues successives commencent à déferler sur les cages de Bertrand-Demanes et au ¼ de jeu l’attaquant Ionescu ouvre la marque logiquement et qualifie « virtuellement » le Steaua pour les ¼ de finale. Or ce but va être le tournant du match, alors qu’à ce moment là on aurait pas misé un kopek sur les chances nantaises tant ils étaient baladés sur le champ de patates roumain. En effet, les joueurs de Bucarest ont lieu de continuer à pratiquer leur football qui asphyxiait les canaris, décident de fermer et surtout de muscler le jeu. Les débats tournent aux vinaigres et les agressions des roumains font naitre l’esprit de révolte chez les nantais qui a défaut de répondre présent dans le jeu vont répondre coup pour coups aux roumains et le plus malin à ce petit jeu c’est Henri MICHEL qui provoque STOICA, un pitbull roumain qui ferait passer un Van Bommel pour un enfant de cœur. Sur une énième faute de Stoica déjà dans le collimateur de l’arbitre, Henri MICHEL veut tirer vite le coup franc STOICA se fige devant le ballon, MICHEL d’un discret coup de pied dans le tibia de notre roumain lui met la cafetière en ébullition, direct du droit de la part de Stoica sur le capitaine nantais qui esquivé magnifiquement, l’arbitre à côté ceinture le roumain avant qu’il tente le gauche sur le nantais et l’expulse directement. 

Les nantais à 11 contre 10 comme par miracle retrouvent leur jeu et font circuler la balle, et dans le bourbier de Bucarest il est impossible à 10 roumains de tenir ce rythme et ce qui devait arriver arriva, à l’heure de jeu Pécout, encore lui, égalise et en fin de match et Loïc Amisse offre une victoire de prestige au canaris qui on fait parler le métier et le sang-froid. Les nantais passeront l’hiver au chaud et reviendront au printemps suivant pour affronter un autre club de l’est.
Au mois de mars 1980, c’est en URSS que les nantais doivent se rendre pour leur ¼ de finale de coupe d’Europe des vainqueurs de coupes. Nantes affronte le Dynamo de Moscou mais n’ira jamais dans la capitale soviétique. En ce mois de Mars l’hiver russe est encore là et la rencontre est programmée en Georgie à Tbilissi. Ce match coupa court à la légende des nantais « romantiques » pratiquant un football enlevé mais ratant les grands rendez-vous européens. Les nantais ont retenu les leçons de la double confrontation face aux roumains et ce sont d’authentiques combattants qui entrent sur le pelouse à Tbilissi, se battant sur chaque ballon come des mordes faims. 

Une agressivité nécessaire en coupe d’Europe qui passent par quelques cartons jaunes mais les nantais ont retenus les leçons du passé et ils savent qu’il n’est pas possible de faire une grande campagne européenne sans cartons jaunes ! La suite fût logique et récompensa des nantais qui ajoutaient le réalisme à leur domination : 56ème minute Tusseau d’une magnifique chevauchée logea une superbe frappe des 30 mètres qui fit mouche ! La fortune sourit aux audacieux et Tusseau plein de culot fut justement récompensé. Puis à quelques minutes de la fin Pecout inscrit son 7ème but de cette campagne européenne en 5 matchs. Nantes tiens son exploit, une victoire 2-0 en terre soviétique et en ¼ de finale. Les portes des ½ finale sont grandes ouvertes.
Mais le 19 mars 1980 pour le match retour c’est un coup de tonnerre qui s’abat sur le stade Marcel Saupin ! Alors que les nantais sont venus nombreux voir leurs protégés se qualifier facilement pour les ½ finale de la C2 ils voient leurs efforts du match aller anéantis car à la 38ème minute ce sont les soviétiques du Dynamo de Moscou qui mènent 0-2, tout est à refaire. La réaction viendra de celui qui a tant apporté à ce club, son capitaine Henri MICHEL qui 3 minutes après le second but moscovite pris les choses en mains alors que coéquipiers, staffs et spectateurs étaient abattus. D’un tir pur, puissant, précis MICHEL soulageait tout un stade et tout un pays devant les postes de télévision. Puis ce fut à nouveau le Joker TOURE qui égalisa à la 70ème minute. 2-2 Saupin respire mais hélas à la 88ème minute KOLESOV redonne l’avantage aux moscovites et va faire souffrir les palpitants des supporters nantais. Les dernières minutes sont angoissant car un autre but encaissé éliminerait les nantais mais cela ne se produira jamais et les nantais tiennent enfin leur billet pour le dernier carré d’une coupe d’Europe.
Le tirage au sort en a décide ce sera le FC Valence du champion du monde Mario KEMPES….

En attendant voici l'équipe de antes 1979-80

Jean-Paul BETRAND-DEMANES
Jean-Marc DESROUSSEAUX
Michel BIBARD
Maxime BOSSIS
Patrice RIO
Thierry TUSSEAU
Oscar MULLER
Enzo TROSSERO
Henri MICHEL
Gilles RAMPILLON
Loïc AMISSE
José TOURE
Bruno BARONCHELLI
Eric PECOUT
Oscar Victor TROSSERO
Jean VINCENT




















P.S : Pour tous les amoureux du FC Nantes je vous conseille vraiment ce lieu : FCN MUSEUM

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