Paninomorphologie - Le "druide" Daniel LECLERCQ

Tout jeune Daniel LECLERCQ était supporter du VA, une vocation fortement inspiré du paternel : « Mon père m’emmenait souvent à Valenciennes assister aux matches car il était passionné de football. Moi je jouais dans les rues de Trith en compagnie des copains ». Pourtant rapidement le jeune Leclercq va se faire remarquer, il témoigne : « Un jour Valenciennes organisa un tournoi pour les gosses. J’avais 9 ans. On disputait le tournoi par équipes de 3 et c’est mon équipe qui a remporté le tournoi. J’y avais gagné un équipement de Valenciennes »

Le jeune Daniel est heureux avec son survet' tout neuf, mais pur les dirigeants de V.A le gamin a tapé dans l’œil et Léon DESMENEZ, qui s’occupe alors du centre de formation de V.A rend visite aux parents LECLERCQ pour demandé que le jeune Daniel prenne une licence au VAFC et viennent s’entrainer le jeudi matin (pour les plus anciens ça va rappeler des souvenirs, mais à l’époque la journée des enfants n’étaient pas le mercredi mais le jeudi). Daniel LECLERCQ signe donc sa première licence au VAFC à 9 ans. En jeune Daniel, va connaitre une progression régulière en connaissant les honneurs des sélections régionales (en cadet il est dans l’équipe régionale du Nord) puis nationales (il comptera 16 sélections en équipe de France junior). C’est à cette époque où l’international junior va faire ses grands débuts avec les pros de Valenciennes. 

C’est Gaby ROBERT qui le lance dans le grand bain, Daniel signe son premier contrat de stagiaire. LECLERCQ devient rapidement international amateur, international militaire et enfin international espoirs. Le parcours classique du futur international qui depuis son arrivée en équipe de France junior ne quitte plus les diverses étapes en bleu. Daniel est un des grands espoirs du football français mais est toujours stagiaire, il ne passera pas pro à Valenciennes. En effet LECLERCQ quitte le nord pour la canebière, répondant aux sollicitations de l’OM, d’ailleurs il ne se cache pas sur les motivations de son choix : « Les propositions que m’avaient faites l’OM étaient plus intéressantes que celle de VA pour passer professionnel ».

A Marseille la concurrence est rude, LECLRECQ joue alors milieu de terrain et arrive tout de même à s’imposer malgré son jeune âge. La valse des entraineurs, n’empêche pas l’OM d’être sacré champion de France, LECLERCQ est champion pour sa première année pro. La saison suivante, l’instabilité des entraineurs continue tel une saga de l’été sur le banc marseillais et LECLERCQ est prêté alors à Angoulême (honnête pensionnaire de division 1 à l’époque même si c’est difficile à le croire aujourd’hui). Daniel passe 6 mois là-bas avant de revenir à l’OM pour 2 saisons où il s’impose comme un titulaire à part entière. Pourtant dans cet atmosphère de chaises musicales au niveau des coachs mais aussi des joueurs, Daniel LECLERCQ ne se sent pas à l’aise et demande à partir à la fin de la saison 1973-74. LECLERCQ signera alors avec le club qui le marquera à vie : le RC Lens

Le milieu de terrain, au vu de ses années lensoises est assez amer sur son bilan à l’OM malgré le titre de champion : « Parfois je me dis que j’ai perdu mon temps en allant à Marseille. Mais j’y ai appris beaucoup et j’aurais peut être appris plus si on m’avait fait plus confiance. Mais je ne regrette rien puisque cela m ‘a permis de jouer la coupe d’Europe des clubs champions contre la Juventus de Turin » Dans ses confidences, il livre une info intéressante : «j’ai failli aller en Espagne, à Valence en 1972-73 après un match amical que nous avions disputé, et ce qui m’avait fait plaisir à l’époque, c’est que l’homme qui m’avait remarqué était l’entraineur de Valence qui s’y connaissait sans aucun doute puisqu’il s’appelle DI STEFANO. Mais le transfert ne s’est pas fait » Ce n’est pas sous le soleil de la costa dorada que LECLERCQ va finir sa carrière mais sous celui du pays artois, une nouvelle qui ravit sa femme valenciennoise.

A Lens la carrière de Daniel LECLERCQ prend un tournant en reculant d’un cran, LECLRECQ devient le libéro de l’équipe. Pas tout de suite, il joue d’abord milieu de terrain et à un objectif cadrer les jeunes loups du RC Lens, son expérience (il n’a que 25 ans pourtant) doit canaliser la fougue des jeunes attaquants lensois et doit donner le tempo au milieu de terrain. Mais LECLERCQ brille par son jeu long et nous sommes en 1975, l’Allemagne de Beckenbauer est championne du monde et le Bayern de Munich n’arrête pas de remporter la coupe d’Europe des clubs champions, cela inspire les dirigeants lensois. Comme « le Kaiser », Daniel LECLERCQ va devenir un milieu de terrain reconverti libéro, qui sera la rampe de lancement des offensives lensoises. L’initiative est payante et le RC Lens joue les premiers rôles en championnat. Confidence d’un dirigeant de l’époque sur la re-position de LECLERCQ en défense centrale : « Si nous l’avions maintenu milieu de terrain, actuellement nous serions comme l’année dernière, à l’ouvrage pour le maintien, alors que nous disputons le titre grâce à l’influence qu’il exerce comme dernier défenseur »

LECLERCQ va devenir « le druide » celui qui va guider la jeunesse lensoise à écrire des belles pages du club. Un surnom lié à un physique particulier, j’ai trouvé une coupure de presse de l’époque dans un quotidien régional, qui m’a assez amusé, voici la description du « Druide » : Pour ce qui est de l’allure, on ne saurait lui imputer des grâces aériennes. Les épaules tombent plutôt. Et puis, il y a ces satanés cheveux. Non seulement il les porte très long, non seulement il en perd, mais encore leur teinte attire irrésistiblement le regard albinos. Un énorme albinos, étirant sous les 185 centimètres, accusés sous la toise, 160 livres environ, d’une chair blanche laiteuse

C’est sûr qu’il est difficile sous de point de vue de comparer l’allure dégingandée du « druide » avec la classe et l’élégance naturelle du « kaiser ». Pourtant la comparaison tient à l’époque dans le jeu, Beckenbauer réinvente le poste de libéro dans les années 70 et LECLERCQ sera le premier à suivre cette voie en France, émerveillant par son jeu long le championnat de France. Il sera même le meilleur joueur de la saison 1976-77 aux étoiles France Football devant des joueurs comme Henri MICHEL, Michel PLATINI, Alain GIRESSE et tant d’autres. Pourtant le « druide » malgré une brillante carrière ne connaitra jamais les honneurs de la sélection, curieux pour un joueur qui avait suivit toutes les étapes préliminaires. Le « druide » aura tout de même marqué l’histoire du RC Lens et le fera encore en tant qu’entraineur quand il dirigera les sang et or en 1998 pour remporter le seul titre de champion de l’histoire du club.


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