Le jour où le FC Metz humilia le FC Barcelone chez lui

FC Barcelone-FC Metz, le 03 octobre 1984, en seizième de finale de la coupe d’Europe des vainqueurs de coupe  : 1-4 Pour le FC Metz au Camp Nou

Peut-être le plus grand exploit français en Coupe d’Europe de tous les temps. Ce jour là, le FC Metz, après avoir été ridiculisé (2-4) à St-Symphorien quinze jours plus tôt, a réalisé l’exploit de se qualifier à Barcelone en l’emportant 4-1. Le score du match aller laissant présager une simple excursion au pays catalan pour les lorrains,  fait que le match ne fut même pas diffusé à la TV Française. Ainsi la plupart des journalistes sportifs racontent que lorsqu'ils ont vu la dépêche arrivé, ils ont tout de suite pensé qu'il y avait une erreur de retranscription et que le score avait été inversé par maladresse. La légende veut même que Jean SADOUL alors président de la FFF, était dans sa voiture lorsque la radio a annoncé la victoire de Barcelone et qu’il a du s’arrêter au bord de la route pour récupérer (selon ces propos).

Pourtant le jour du match, dans leur hôtel barcelonais, les messins étaient sereins avant d'affronter l'ogre catalan. Ainsi Robert BARRAJA, le libéro de l’équipe déclare juste avant de prendre le bus qui les emmènes au Camp Nou : «Non je n’ai pas peur du tout. Je suis déjà dans le match. Nous nous sommes bien préparés et je reste persuadé que nous pouvons faire un truc. D’accord c’est le Barça, d’accord c’est le Camp Nou mais ce n’est pas possible; nous ne pouvons pas plus mal jouer que chez nous »
Sur ce point BARRAJA a raison, à l’aller les erreurs défensives grotesques étaient des offrandes pour les attaquants catalans qui en marquant 4 fois à l’extérieur avaient fait le plus dur. La rencontre démarre à 21h15, le Camp Nou est quasi désert seulement 20 000 âmes viennent assister à cette formalité, vu que dans tous les précédents européens, jamais un club n’ayant perdu 4-2 à domicile à réussi à se qualifier. Jean-Paul BERNAD sur cette petite affluence dira à la fin du match : « Avec 80 000 ou 100 000 spectateurs, le match eût peut être été différent mais enfin tant pis pour les barcelonais ». A noter que côté français, une centaine de supporters des grenats ont fait le déplacement par leurs propres moyens, ceux là s’en souviendront toutes leurs vies .

Les compos et le schéma de jeu au coup d’envoi :

Le FC Barcelone alignait son gardien remplaçant Amador dans le but. La défense mise en place par Terry Venables était très solide, avec quatre internationaux espagnols, Sanchez, Migueli, Alexanko et Julio Alberto. Au milieu de terrain, Munoz, Calderé et Schuster prenaient place. Devant, on retrouvait Carrasco, Perez et Archibald.
Du côté Messin, Marcel Husson faisait confiance à Michel Ettorre dans le but. Sa défense se composait de Claude Lowitz côté gauche, Luc Sonor à droite, et une charnière Zappia - Barraja. Dans l'entrejeu, on retrouvait Vincent Bracigliano, Jean-Philippe Rohr, tous deux formés au club, et Jean-Paul Bernad. En attaque, le trio prolifique comprenait Philippe Hinschberger, Jules Bocandé et Toni Kurbos.
Les 11 héros du Camp Nou
Le match

Le début de partie entrait parfaitement dans la logique, sous la conduite de l’allemand Bernd SCHUSTER, les catalans assiégeaient le but de Michel ETTORE. 

Mais cette fois, ils trouvaient à qui parler. Autant le gardien messin et ses partenaires avaient été inconsistants à Saint-Symphorien, autant ils inspiraient confiance ce soir-là.. Surtout ETTORE, bombardé en règle dès les premières minutes. Un calme impressionnant, des prises de balles nettes, sûres et précises, bref, le gardien en état de grâce qui peut vous sauver un match. CARRASCO trouvait cependant l’ouverture à la 37ème minute de jeu. Tout le monde savait à ce moment là que l’affaire était close et pourtant… Six minutes après l’ouverture du score, le FC Metz avait complètement retourné la situation. C’était tout d’abord le petit allemand d’origine yougoslave, Toni KURBOS, qui trompait AMADOR et ensuite le capitaine barcelonais SANCHEZ qui détournait dans ses propres filets un centre de Philippe HINSCHBERGER. 2-1 à la mi-temps pour Metz. Qui l’eût cru quelques minutes plus tôt ? Bien sûr à ce moment là on ne parle toujours pas de qualification, mais enfin les vainqueurs de la coupe de France ont eu une belle réaction d’honneur et montré qu’ils savaient jouer au ballon. Pendant la mi-temps les journalistes espagnols ont encore le sourire et continue de chambrer leurs homologues français. Pourtant, la petite troupe de journaliste français sont confiants, ils discutent entre eux et se disent que la fin de la première mi-temps laisse planer un sacré coup à jouer pour les messins, beaucoup plus frais physiquement que leurs homologues catalans et qui ont finis beaucoup plus forts cette première période.

Au retour des vestiaires, ce sentiment qu’un exploit est dans l’air grandit. Quadrillant parfaitement le terrain, prenant au fil des minutes l’ascendant sur SCHUSTER et les siens, les messins trouvaient encore une fois l’ouverture dans une défense incroyablement naïve. On joue la 56ème minute et KURBOS, encore lui, sur une remarque action à une touche de balle, partie du camp messin et terminée par une non mois remarquable passe lobée de BERNAD, battait pour la troisèlme fois, et un doublé pour lui, AMADOR, l’infortuné remplaçant d’URRUTI, portier titulaire des blaugranas. C’était la stupeur dans le stade et pour les lorrains présents, l’incroyable rêve prenait de plus en plus tournure. 1-3 pour Metz au Camp Nou face au grand Barça et avec encore 34 minutes à jouer plus les arrêts de jeu pour marquer le but qu’il les enverrait en huitième de finale mais surtout dans le panthéon du football français. Le match devient épique, SONOR et BARRAJA sont obligés de sortir sur blessures, Alain COLOMBO et le jeune Thierry PAULK les remplacent, mais la machine lorraine ne se grippe pas et continue à tourner plein régime malgré ces coups du sort. Le fantastique culot des messins, leur détermination à l’image d’ETTORE face à ARCHIBALD, allaient trouver récompense avec ce quitrième but significatif de qualification et d’exploit. On entrait dans les 5 dernières minutes lorsque Jules BOCANDE s’échappait sur le flanc gauche et adressait un centre, un premier qui fut contré tant bien que mal par un défenseur de Barcelone. La balle était récupérée par le joueur sénégalais. Son second centre trouvait qui ? KURBOS bien sûr, plein champ qui prenait tout son temps pour ajuster AMADOR pour une quatrième fois et hat trick pour l’attaquant lorrain. Le miracle, car c’en était un, avait lieu. Voici les buts de la rencontre en vidéo :


Échappant à toute explication rationnelle. Fruit d’abord de l’homogénéité d’un groupe, de sa solidarité comme lors de la finale de coupe de France face à Monaco quelques mois plus tôt. Marcel HUSSON dira de ses joueurs à l’issue de la rencontre « C’était des joueurs blessés d’avoir été ridiculisées à l’aller »

Jean-Paul BERNAD ajoutera : « Le rôle d’ETTORE a été primordial, il fallait tenir la 1ère demi-heure. A 2-1 à la mi-temps, j’y ai cru ».
Tous les messins sont interviewés à la fin du match, Jean-Philippe ROHR : « Une victoire qui n’a pas de prix ». Philippe HINSCHBERGER : « Un exploit sans précédent pour Metz ». Vincent BRACIGLIANO : « Super match, on ne nous attendait pas ». Claude LOWITZ ayant la palme du meilleur commentaire à mon goût : « ARCHIBALD, nous avaient traiter de charlots à la fin du match aller, et bien je lui retourne le compliment »
Le sauveur de Metz, en 1ère période, Michel ETTORE : « Pour moi c’est une revanche. Le match que j’ai réussi ce soir est une réponse à tous mes détracteurs. Pur l’équipe C’est super ce qui nous arrive ce soir, à Metz et dans toute la Lorraine, ça doit être la fête »
Marcel HUSSON aura le mot de la fin « Quand je disais que nous étions passés à côté de quelque chose de grand à l’aller, j’étais dans le vrai. Ce soir 11 joueurs sur les 16 inscrits sur la feuille de match sont issus du centre de formation. La voilà la force du FC Metz ».

Voici la présentation des équipes tout en vignette de l’époque. Les vignettes du Barça sont splendides !

FC METZ 1984-85


Michel ETTORE

Jean-Marc RODOLPHE

Vincent BRACIGLIANO

Alain COLOMBO

Fernando ZAPPIA

Philippe THYS

Jean-Paul BERNAD

Jean-Philippe ROHR

Robert BARRAJA

Jules BOCANDE

Philippe HINSCHBERGER

Tony KURBOS

Marcel HUSSON



















FC BARCELONE 1984-85


URRUTI

AMADOR

ALEXANCO

CALDERER

ALONSO
(le père de Xabi ALONSO, voir le sujet sur les ALONSO père et fils)

CARRASCO

CLOS

ESTEBAN

FRADERA

JULIO ALBERTO

MARCOS

SCHUSTER

ARCHIBALD

MIGUELI

MORATALLA
(aux côtés de Diego)

PEDRAZA

“PICHI” ALONSO

ROJO

SALVA

SANCHEZ
(devant Jorge VALDANO)

URBANO

VICTOR
(devant Hugo SANCHEZ j'ai bien l'impression)








2 commentaires:

  1. Merci de ce beau souvenir. Julot doit sourire, Là-Haut, en y repensant !

    La description de ce match, sur Footnostalgie, par un vendangeur saisonnier est exceptionnelle aussi.

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...