Roberto CABANAS

International Paraguayen, Roberto CABANAS se fait remarquer aux yeux du monde entier lors du mondial mexicain de 1986. Ses prestations ne passent pas inaperçues et son doublé face à la Belgique lors du dernier match de poule (match nul 2-2) envoie le Paraguay en 1/8ème de finale. Le Paraguay se fera dominer par l'Angleterre 3-0. Mais Cabanas a marqué les esprits.
A plusieurs milliers de km, un homme, François Yvinec, Président su Brest Armorique, se jure de ramener l’oiseau rare au Stade Francis Le Blé. S’en suit un des transferts les plus rocambolesques de l’histoire.
Les dirigeants de l’America Cali ne veulent pas céder leur prodige, véritable patron sur le terrain et buteur attitré. Yvinec qui veut conclure l’affaire débarque personnellement en Colombie et est aussitôt mis sous surveillance policière. C’est que le président breton le veut à tout prix : " Quand j'ai vu Cabanas pour la première fois, j'ai tout de suite compris qu'il ne pourrait que plaire au public. Il est correct, il lutte avec une abnégation permanente comme le veut l'esprit de la région. En plus, il ajoute le spectacle et un côté artistique inégalable ...". Pourtant l’affaire ne va pas être de tout repos, Yvinec est bloqué pendant 1 mois et demi à Bogota, avec une procédure judiciaire sur le dos pour faux et usage de faux, Yvinec parvient à « s’évader » vers le paradis artificiel qu’est la ville de Brest, avec Roberto sous le bras. Départ clandestin en avion, escale à Caracas, puis Madrid pour enfin rentrer en Bretagne. 

Les médias français se ruent sur lui et à son arrivée et il passe au 20h, tout ca pour un joueur de foot. Brest a déjà trop d’étranger et la FIFA refuse la dérogation pour Roberto qui doit attendre la saison 88/89 pour jouer. Entre temps le club est descendu en D2. Qu’à cela ne tienne le club remonte illico et Roberto fait chavirer le cœur des brestois à coup de doublés et de retournés en pleine lucarne. La remontée a lieu via les barrages. Après avoir sorti Le Havre puis Nîmes, les brestois affrontent Strasbourg pour une place en D1. Après le 2-2 du match aller, c’est l’effervescence à Brest. Match âpre et disputé, Roberto s’éclate le nez en plein match : le maillot tout ensanglanté, il revient sur le terrain masqué tel un « zorro blanc » pour planter l’unique but du match, synonyme de retour parmi l’élite.

Roberto CABANAS entre dans la légende du foot brestois
 La saison suivante l’équipe se renforce avec l’attaquant international Gerard BUSCHER pour assurer le maintien et le duo Buscher- Cabañas fait des merveilles. L’entraineur Slavo MUSLIN avait son idée pour exploiter au mieux les qualités du paraguayen et que BUSCHER avant centre confirmé était l’homme de la situation "c'est dans un rôle de soutien derrière les attaquants que Roberto est le plus à l'aise. Ce n'est pas un sprinter ni un avant-centre qui fixe une défense. Mais il utilise bien les espaces sur les côtés et il est très fort dans la dernière passe. Il est plus performant lorsqu'il peut ainsi pénétrer par à-coups dans la surface adverse ... "

En fin de saison une offre énorme arrive sur le bureau de François Yvinec : Aulas propose 15MF pour le paraguayen, un joueur acheté environ 6MF. Roberto ira entre Rhône et Saône
A Lyon CABANAS n’arrive pas à s’épanouir et malgré une bonne saison à 10 buts et surtout une 5ème place significative de coupe d’UEFA, L’OL ne souhaite pas conserver un Roberto qui traine les pieds et ne cache pas son ennui. CABANAS livre dans la presse ses états d’âmes : "à Brest, j'étais le capitaine et le patron, tous les ballons passaient par moi. A Lyon, je suis attaquant et je ne touche pas beaucoup de ballons. Voilà le hic ..." et encore : "si je n'arrive pas à m'habituer au jeu de Lyon et au rôle qu'on m'a confié, pourquoi pas envisager de revenir comme joker à Brest, où je jouais en totale confiance et où je donnais confiance aux autres joueurs. Il est trop tôt pour en parler mais je n'écarte rien du tout. A Brest, j'ai vécu de très bons moments et j'y ai laissé beaucoup d'amis. Ici, à Lyon, c'est totalement différent. La ville est plus grande, plus froide, même si je trouve le temps ... trop chaud. En 3 ans à Brest, j'avais fini par m'habituer à la pluie et au vent qui me manquent aujourd'hui. J'avais du devenir un vrai breton ..."
Yvinec lui répond à son protégé et explique ses problèmes d’adaptation : "Si les Lyonnais l'ont engagé pour jouer n°9, il y a eu erreur sur la personne, Roberto étant fait pour jouer plus décroché et avec pas mal de liberté pour manœuvrer ... . Si Lyon ne voulait plus de Roberto et me le proposait, je le reprends tout de suite. On sait de quoi il est capable. Roberto peut, à la fois, être un organisateur et un finisseur ..."

Cependant à la fin de la saison Roberto ne retournera pas dans le Finistère mais regagne l’Amérique Latine, direction Boca Juniors. Voici comment avait été traité la nouvelle dans France Football à l’époque : " après avoir échoué à Lyon, Roberto Cabanas, parti mardi en "assassinant" son entraineur Raymond Domenech, a trouvé refuge à Boca Juniors où il a été prêté. Mais plus question de salaire de ministre puisque, à Buenos-Aires, il recevra 17500 F, environ, par mois. Quand à revenir à Lyon la saison prochaine, Cabanas n'a rien contre :
- simplement, il faudra que l'entraineur ait changé d'ici là ! "
Ah Raymond, il n’en a pas loupé beaucoup tout de même, voici ce qu’il disait en 1990 quand Roberto livrait ses états d’âmes : " Cabanas, comme tous les grands joueurs, a besoin d'être sans arrêt entouré. Il faut le choyer. Il faudrait le border le soir ... Ce n'est pas mon genre. C'est peut-être une erreur de ma part mais ce n'est pas dans mon caractère de le faire. Un professionnel doit s'assumer ..." 

Et si ça ne suffisait pas, Raymond en rajoute : "les gens attendaient beaucoup de lui ici. Ils attendent toujours d'ailleurs. Lorsque Roberto a commencé à manquer ce qu'il tentait, il a douté et il fait maintenant un blocage. C'est à lui tout seul de résoudre son problème. Il culpabilise alors qu'on l'encourage. Il doit mettre de l'ordre dans son crâne" En tout cas, Roberto tourne la page définitivement et à peine arrivé à Boca que Roberto est champion d’Argentine en remportant le tournoi d’ouverture et deviendra une des idoles de la bombonera.

Une chose que j’ignorais, c’est qu’après s’être fait remarqué à Cerro Porteño, le club de ses débuts, Roberto CABANAS ne rejoindra pas un club plus huppé d’Amérique du sud mais partira aux États-Unis monnayer ses services dans la très lucrative North American Soccer League a seulement 19 ans alors que ce sont plutôt les retraités qu’évoluent dans cette ligue. Pour preuve, CABANAS évolue au New York Cosmos avec ni plus ni moins que Franz BECKENBAUER et Johan NEESKENS venus eux en préretraite dans la grosse pomme. CABANAS sera champion en 1982 avant de se faire remarquer sur la scène internationale en Colombie à l’America’s Cali. Mais déjà à New York il avait le sens de l’acrobatie et marquait des buts improbables, regardez ce but un des plus incroyables que j’ai jamais vu (merci à Pilgrim 29 du forum foot nostalgie pour cette vidéo et à Shogun aussi pour les coupures de presse)


A la fin de sa carrière, Roberto s'est essayé comme entraineur notamment dans son ancien club, l’América Cali de 2007 à 2008 mais depuis il s'est totalement reconverti et est aujourd’hui un présentateur TV renommé en Colombie et il a un peu changé physiquement :


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