Juninho, meilleur brésilien de l'histoire du championnat de France

Juninho Pernambucano, de son véritable nom Antônio Augusto Ribeiro Reis Junior a été choisi par les fidèles lecteurs d’Old School Panini comme le joueur brésilien ayant eu la plus grosse influence sur le championnat de France.
Milieu relayeur aux statistiques d’attaquant, gonflé d’un plamarès long comme un jour sans pain, 2 fois champion du Brésil, 7 fois champion de France, Juninho n’aura qu’un seul regret celui de n’avoir jamais remporté la ligue des champions lui qui avait remporté la Copa Libertadores avec Vasco de Gama en 1998. Portrait de ce joueur hors du commun, sûrement le plus grand joueur de l’histoire de l’Olympique Lyonnais.

Les débuts et le Futsal

À sa naissance, il est baptisé du même nom que son père, Antônio Augusto Ribeiro Reis. Pour le différencier de celui-ci, il a très rapidement porté le surnom de Juninho que l'on donne aux personnes ayant « Junior » dans leur nom. Pernambucano fait référence à l'État où il a grandi, le Pernambouc, situé dans une des régions les plus pauvres du Brésil, le Nordeste mais Juninho lui est le cadet d’une famille aisée de 5 enfants. JUNINHO se fait connaitre via le championnat de futsal (football en salle) discipline très populaire au Brésil avec son championnat professionnel. Pour certains observateurs sa technique de frappe, surtout sur ses coups francs, en rupture et avec une très grande souplesse de la cheville proviendrait de ses années futsal, où le jeu plus rapide ne laisse pas le temps d’armer sa frappe comme sur un grand terrain à onze contre onze. A 19 ans, remarqué par le grand club local il signe au Sport Club de RECIFE où il décrochera ses premières mines et ses premiers trophées.

Au sommet avec Vasco de Gama

A 20 ans, JUNINHO s’est fait un nom au Brésil (on le distingue dorénavant de Juninho Paulista, star de la Séléçao) et les grands clubs de Sao Paulo et de Rio de Janeiro veulent attirer la perle dans leurs rangs. Le Vasco de Gama le sort de l’anonymat du Pernambouc en le recrutant en 1995. Ce club basé à Rio de Janeiro offre une médiatisation incomparable à ce travailleur qui, à défaut d’être un jeune prodige, franchit tranquillement les paliers qui mènent au très haut niveau. JUNINHO développe sa technique sur coup francs, qu’il travaille sans cesse et multiplie les exercices après les entrainements, il le fera tout au long de sa carrière et expliquera à chaque interview que son secret pour ses coups francs, c’est le travail et encore le travail. 

Je me souviens d’un match en coupe de la ligue face à Lens où les nordistes avaient éliminés l’OL aux tirs au but après un match nul 1-1. Le fantôme Wagneau ELOI (un seul but en championnat cette saison là) avait inscrit un magnifique but sur coup franc. Le journaliste demande l’avis du spécialiste Juninho qui répond que c’est un très beau coup franc, il doit beaucoup travailler à l’entrainement. Le journaliste répond que justement ELOI vient de déclarer qu’il n’en tirait jamais à l’entrainement, Juni enchaine de suite avec : « alors il devrait les travailler et il en marquerait beaucoup plus ». Cela montre l’état d’esprit de JUNINHO, certes pas le plus talentueux brésilien que le pays ait connu mais un travailleur patient qui a su élever son niveau tout au long de sa carrière à force de travail et de sacrifices.
JUNINHO va briller avec le Vasco de Gama remportant deux fois le titre de champion du Brésil en 1997 et 2000 et surtout il rentre définitivement dans le cœur des supporters en 1998 en remportant la copa libertadores notamment après sa prestation et son but en demi-finale face à River Plate au stade Monumental, c’est au même moment qu’il va intégrer pour la première fois la sélection nationale. Voici le but, magnifique :


Par contre en 2001 l’histoire d’amour entre Vasco et Juni va tourner vinaigre, les deux parties ne sont pas d’accord sur l’avenir du joueur. Vasco veut proposer une éventuelle prolongation de contrat alors que JUNI veut partir en Europe, d’autant que les premiers contacts avec l’OL ont eu lieu via Marcelo Kiremitdjian. JUNINHO va montrer alors qu’en plus d’être un superbe tireur de coups francs, il a un caractère bien trempé. JUNI ne jouera pas pendant les 6 premiers mois de l’année 2001 et gagnera son bras de fer en quittant le Brésil pour la France à l’été 2001.

Juni et L’OL monstre français des années 2000

C’est un Juninho en cours de forme et inconnu du grand public qui débarque en France. C’est sur TLM, télé lyonnaise, que j’ai appris sa venue, je me souviens qu’ils le présentaient comme un milieu offensif avec une bonne frappe notamment sur coup francs, le tout appuyé avec un ou deux buts sur coup franc et une frappe de loin avec Vasco. Après la venue d’Edmilson et de Claudio Caçapa quelques mois avant, Juninho était la troisième recrue lyonnaise faite avec l’appui de l’ancien gone Marcelo Kiremitdjian. Comme pour les 2 premières, le résultat était probant, les supporters pouvaient être confiants. Juni débarque dans une équipe qui tourne à plein régime, terminant la saison 2000-2001 comme un boulet de canon. Sauf que Santini à l’intersaison va perdre quelques éléments de son équipe. Dhorasoo dont le comportement hors du terrain exaspérait Santini a été prêté à Bordeaux et les dirigeants lyonnais ont vendu contre deux belles offres Steed Malbranque (contre l’avis de Santini, le coach lyonnais souhaitait en faire son meneur de jeu) et l’attaquant Steve Marlet. SANTINi dois donc repenser l’organisation de son milieu de terrain et trouver des solutions pour remplacer Dhorasso et Malbranque qui étaient les animateurs du jeu. Si il dispose depuis la stage de préparation de Juninho, les dirigeants lyonnais vont casser la tirelire dans les dernières heures du mercato pour faire venir le meilleur joueur du dernier championnat Eric Carrière. 

C’est un bien pour un mal car Santini est bien embêté ne sachant pas trop comment associer les deux joueurs. Si Juninho démarre la saison comme titulaire, le contre coup de ces 6 mois sans jouer va lui faire passer l’hiver et une bonne partie du printemps sur le banc de touche et l’OL est cloué derrière le leader lensois. Au printemps et progressivement Juni retrouve ses jambes et du temps de jeu, l’équipe finit fort et rattrape Lens pour offrir une finale du championnat, du jamais vu. Avec 2 points de retard, sur Lens, une victoire à Gerland face aux sangs et or permettrait aux lyonnais d’empocher leur premier titre de champion ! Santini n’utilise plus Juninho comme milieu offensif mais comme milieu relayeur, il a pris la place de David Linarès dans ce rôle. En fin de saison L’OL évolue en 4-4-2 avec un milieu en losange. Le regretté Marc Vivien-Foé n’est plus la tour de contrôle devant la défense, Santini lui préférant Philippe Violeau, à sa gauche il a Pierre Laigle et à sa droite David Linarès avec devant ces 3 hommes, un véritable meneur de jeu avec Eric Carrière. Juninho en fin de saison donc gagne du temps de jeu en remplaçant Laigle ou Linarès tout d’abord en cours du jeu puis sur les feuilles de matchs. Pour la « finale » SANTINI innove, tout d’abord il maintient Violeau, Linarès et Laigle à la récupération mais place Juninho en meneur de jeu. Le Brésilien fait un match énorme, l’OL l’emporte 3-1 et est champion. Pour beaucoup d’observateurs, Juninho est un véritable numéro 10 et la concurrence va être dure entre lui et Eric Carrière. La saison suivante un nouveau coach arrive en la personne de Paul Le Guen qui redistribue les cartes, il place Juninho derrière Carrière à la récupération avec Violeau, si l’OL est décevant et remporte un second titre difficilement, elle le doit surtout aux exploits de son milieu brésilien réalisant une saison énorme !! Avec 13 buts (souvent décisifs comme contre Auxerre, Lens ou à Nice) il est le meilleur joueur de l’OL et Le Guen qui a sauvé sa peau in extremis pendant l’hiver va se servir de Juninho comme homme de base pour construire son OL et que reprendra Gérard Houiller par la suite. Le Guen est convaincu que Juninho doit jouer milieu relayeur, c’est le poste où il s’exprime le mieux, où il peut conserver le ballon par sa technique, son tempo et donner le rythme au jeu lyonnais. Pourtant il n’a pas les armes ou les ressources pour bâtir son projet et continue de balader Juninho au gré des opportunités et contraintes tout au long de la saison suivante. 

C’est en 2004-05 que les aléas vont permettre à Le Guen de révolutionner le jeu des triples champions de France et de réaliser pleinement son projet, en passant d’un 4-4-2 à un 4-3-3. Ce qui va changer la donne c’est la blessure de Giovanne ELBER au tout début de la saison, devant son indisponibilité Le Guen va revoir son schéma tactique et passer à un milieu à trois ou plutôt à 5. Devant la défense il place la nouvelle recrue Mamadou « Djilla »Diarra (un des meilleurs joueurs de l’histoire de l’OL aussi), à ses côtés deux milieux relayeurs, Micakël Essien et Juninho. Sur les côtés, à gauche on trouvera Florant Malouda et à droite Sidney Govou redescendu d’un cran. Devant un seul attaquant Pierre-Alain FRAU puis Sylvain Wiltord au cours de la saison. Cet OL là devient une machine inarrêtable, dominant le championnat et commençant à faire peur en Europe. Juninho est l’hommede base de cette organisation et le relais du coach sur le terrain, ce sera encore plus vrai avec l’arrivée d Gérard Houiller. Houiller garde le même système, il remplace juste Essien, parti à Chelsea, par le portugais Tiago récupéré dans le cadre de la transaction. L’OL gagne en fluidité ce qu’il a perdu en puissance au milieu de terrain et élève son niveau de jeu pour devenir quasi irrésistible. Houiller fait de Juninho son capitaine et avec l’appui de la direction, starifie le meneur de jeu, ce qui par la suite créera plus tard des tensions dans le vestiaire pourtant si harmonieux à l’époque. Sans adversaires en championnat c’est sur la scène européenne que sont attendus les lyonnais et Juninho est au sommet de son art, malheureusement jamais les lyonnais ne décrocheront le saint Graal, un arbitrage douteux en Hollande et un manque d’expérience criant en Lombardie laisseront des regrets à Juni sur ses rêves de soulever la coupe aux grandes oreilles.  Et pourtant Juni aura souvent brillé en LDC, voici son but contre Brême, un de mes préférés :


Avec la Séléçao

C’est à cette période que Juninho intègre la séléçao mais n’arrive pas à s’imposer comme titulaire au désarroi de tous les grands spécialiste, tel Socratès, qui déclarera : « Juninho méritait d'être titulaire. Au contraire de Ronaldo. Un mec qui se présente à un Mondial en pesant 97 kg. Ce n'était pas une Coupe du monde de sumo. En Allemagne, il était obèse. Ce n'était pas un athlète. Lui et Adriano c'étaient deux arbres plantés en attaque » Mais le sélectionneur Carlos Alberto Pareira à trop de choix dans le secteur offensif et aligne en même temps sur le terrain : Cicinho, Kaka, Ronaldinho, Robinho, adriano et Ronadlo devant ses 4 défenseurs !! La formule ne marche pas et Pareiara doit revoir sa copie en se privant tout à tour d’un des joyaux offensifs pour faire jouer Emerson ou Juninho. Juni du coup grappille pas mal de temps de jeu sous le maillot auriverde et l’équipe remporte brillamment la coupe des confédérations en 2005 et est favori pour la coupe du monde en Allemagne. Juninho participe au mondial 2006 mais débute sur le banc, en phase de poule il inscrit un but superbe, prouvant qu’il peut être décisif autrement que sur coup franc et surtout prouve que l’équipe, est plus équilibré avec lui.


Cependant après un parcours sans faute, le Brésil chute de haut, face à la France une fois de plus. Déçu Juninho tire sa révérence sur la scène internationale après 40 sélections et 6 buts pour se consacrer à son club

Juni tient la baraque grâce à ses coups francs

A Lyon, malgré les distancions naissantes du vestiaire, l’OL continue de rafler les titres car l’équipe même si elle ne domine plus autant les débats et à plus de mal à imposer son jeu, elle possède toujours une incroyable assise défensive, avec un système où les hommes peuvent tourner sans rompre le schéma de jeu et surtout faire la différence sur coups de pieds arrêtés, l’arme de base des succès lyonnais dans les années 2000 et avec un tireur de la trempe de Juninho, l’OL possède alors ce qu’il se fait de mieux en Europe tout simplement. Au-delà des 44 buts inscrits en compétions officielles avec l’OL sur coup francs directs, il faut ajouter tous les coups-francs et corners qui se sont avérés des passes décisives. Voici un but symptomatique de cette période. En 2007-08, l'OL connait des difficultés mais s'en sort grâce aux exploits de Benzema et les coups francs de Juninho. En demi-finale de coupe de France contre Sedan, alors que les eux équipes n'arrivent pas à se départager, c'est le remplaçant Juninho qui débloque la situation à quelques minutes du terme, le sauveur :


L’équipe s’est amusée à compter sur coups-francs et dans le jeu, le nombre de buts ou passes décisives de Juninho sur tous les buts lyonnais durant cette période, le résultat est éloquent, sur les 8 saisons à l’OL Juninho a été décisif sur 40% des buts olympiens, c’est tout simplement incroyable.

Le seul bémol sur sa carrière lyonnaise sera sur son « foutu » caractère et les relations avec les autres joueurs. Il y aura un incident entre Govou et lui à l’été 2007 puis il sera à l’origine de la mauvaise adaptation de Fabio Santos au club, les hommes ne s’entendant pas du tout. Tout cela créera des tensions fortes dans le vestiaire lyonnais que seuls les bons résultats empêcheront qu’ils éclatent au grand jour. Malheureusement tel l’œuf et la poule, les tensions deviendront plus forte et les résultats moins bons sur la fin de sa carrière lyonnaise. Cependant plus que tous ses chiffres (44 coups francs directs, 100 buts avec l’OL) c’est son absence qui prouve à quel point il a été un grand joueur au sein du club. Depuis son départ l’OL se cherche et ne trouve pas de formule au milieu de terrain, pire l’équipe se fait dominer dans l’entrejeu là où résidait sa force dans les années 2000.

Juninho reviendra peut être un jour à l’OL il en a toujours émit le souhait en tout cas et dans ses dernières années en tant que joueur, voilà comment il décrivait ses relations avec les lyonnais : « Avec le temps et les résultats, j’ai construit une histoire d’amour et obtenu la reconnaissance du public. Ce qui me donne du plaisir, c’est que les gens soient contents de ce que je fais sur le terrain. J’éprouve plus de joie à donner du plaisir qu’à en recevoir »
Petit portefolio de Juni, incroyable milieu de terrain et qui aura révolutionné l’histoire de l’OL et dominé le championnat de France pendant 7 saisons, la première image est un tableau de la meilleure équipe de tous les temps de Vasco de Gama, malgré son départ rocambolesque du club les supporters ont toujours garder en mémoire ses exploits avec Vasco, au passage il côtoie des gars comme Roberto Dinamyta, Mazinho, Edmundo ou Romario:


5 commentaires:

  1. Super article et hommage sur un joueur qui manque terriblement à l'OL (c'était autre chose que Gourcuff, oh oui...).

    Je me souviens en effet de cette excellente anecdote sur le coup franc aussi improbable que fantastique de Wagneau Eloi, vraiment révélatrice du professionnalisme de Juninho, certains devraient d'ailleurs méditer là dessus...

    Pour la petite histoire, j'ai retrouvé le coup-franc d'Eloi, dingue !

    http://www.youtube.com/watch?v=JkacXrpB9ts

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  2. Super Félix !! J'adore les petits compléments (vidéos) qui font rebondir le sujet. Il est incroyable ce coup franc !! Gourcuff il faut lui laisser le temps et quand l'OL aura un entraineur avec un schéma directeur on pourra juger

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  3. Super article Alex (one more time) j'ai bcp apprécié ce joueur, je me souviens d'un reportage dans stade 2 lors d'une trève hivernale où il est au Brésil avec son pote Cris et ils jouent ds la piscine comme des gamins !!

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