Bordeaux-PSV Eindhoven 1988 : Le contrat

Le titre du sujet est inspiré d’un article lu dans les dessous du foot (un excellent site que je vous conseille vivement de visiter))

Le 02 mars 1988 les Girondins de Bordeaux reçoivent le champion de Hollande le PSV Eindhoven de Guss HIDDINK en ¼ de finale de la coupe d’Europe des clubs champions. Ce match sera le théâtre d’une agression commandité et qui fera couler beaucoup d’encre. Retour sur les faits.
Bordeaux a des ambitions européennes décuplées après la plus belle saison de son histoire (voir le sujet sur les Girondins de Bordeaux 1986-87) et se fixe comme priorité d’être le 1er club français à remporter une coupe d’Europ après avoir échoué deux fois en ½ finale lors des 3 dernières saisons. Pour rappel les girondins sont battus par la Juve de Platini en ½ finale de la C1 en 1985 (voir le sujet sur Bordeaux-Juventus 1985) et en 1987 ils chutent aux tirs au but en demi-finale de la C2 à Leipzig (voir le sujet sur les frères Vujovic, où je reviens sur cette ½ finale). Bordeaux fait une bonne entame de campagne européenne an écartant les allemands de l’est du Dynamo de Berlin (2 victoires 2-0), par contre en 1/8ème de finale ils ont toutes les peines du monde à sortir les très modestes norvégiens de Lillestroem, 0-0 en Norvège et 1-0 à Lescure avec un but libérateur de Jean-Marc FERRERI. 

Bordeaux arrivent alors en ¼ de finale face au champion de Hollande le PSV Eindhoven. Si le club hollandais connait un renouveau grâce à son jeune entraineur Guus HIDDINK, on ne donne guère de chance aux hollandais dans cette compétition, eux qui ont laissé partir leur meilleur joueur à l’intersaison, un certain Ruud GULLIT parti pour le Milan AC. D’autant que le PSV a eu aussi beaucoup de difficultés pour accéder à ces quarts de finale, se débarrassant difficilement de formations modestes comme Galatasaray ou le Rapid de Vienne. Mais les hollandais ont un sacré technicien à la tête de l’équipe et Guus HIDDINK se moque d’avoir perdu son Joyau pour le Milan AC il appuie son équipe sur une défense de fer avec le gardien Van Breukelen et les défenseurs Gerets-Koeman-Nielsen-Heintze. Un homme dans ce dispositif et dans cette équipe à un rôle essentiel, il s’agit de Ronald KOEMAN. Ancien joueur du FC Groningue il passa d’abord par l’Ajax mais c’est au PSV qu’il deviendra l’immense joueur à la réputation sulfureuse (voir le sujet sur la meilleure équipe de Hollande de tous les temps). Robocop, son surnom, va tout éclater cette saison là : les stats, les murs adverses et les chevilles des attaquants. Il inscrira plus de 20 buts en championnat chiffre ahurissant pour un libéro, téléfoot se fendra même d’un reportage sur le bonhomme alors en tête du classement des buteurs et défenseur de son état juste avant la confrontation face aux girondins. Au total Koeman inscrira 51 buts en 98 rencontres avec le PSV un ratio que bien des attaquants aimeraient avoir. Mais Ronald KOEMAN s’est surtout un guerrier froid des rectangles verts ! Interrogé sur son efficacité sur ses coups francs il se plait à répondre : « le 1er coup franc du match je le tire en force dans le mur pour qu’après les adversaires restent à distance » ça donne le ton en effet surtout quand on se souvient de sa frappe de balle. Contre Bordeaux il va aller plus loin dans la provocation et le non fair play.

Le ¼ de finale débute à Lescure et les girondins prennent la mesure d’entrée des bataves. Aimé Jacquet aligne son équipe type : un 5-4-1 solide : Dropsy dans les buts, Thouvenel à droite et Zoran Vujovic à gauche. Une charnière centrale à 3 avec le jeune libéro Alain Roche et les deux stoppeurs Didier Sénac et Gernet Rohr. Au milieu à la récupération, les indéboulonnables René Girard et Jean Tigana, Jean-Marc Ferreri et José Touré étant en charge de l’animation offensive avec en pointe l’attaquant yougoslave Zlatko Vujovic. En face Hiddink dispose de son équipe type mais devant l’entame de match et les assauts bordelais change son dispositif dès la 12ème minute. Il fait sortir son attaquant danois Franck Arnesen pour le remplacer par Hans Gilhaus pour muscler le jeu au milieu et muscler est vraiment le mot. Bordeaux ouvre néanmoins la marque par Touré à la 21ème minute mais Gilhaus est rentré sur le terrain avec une consigne claire il doit museler par tous les moyens Jean Tigana l’homme le plus important dans le dispositif d’Aimé Jacquet. Le natif de Bamako l’ignore mais Hiddink vient de mettre un contrat sur sa tête ou plutôt sur sa cheville et son homme de main Gilhaus va prendre un malin plaisir à caresser les chevilles de Tigana : verdict une entorse doublée d’une profonde plaie qui font boiter le milieu bordelais, qui n’arrivera plus à tenir son rang et sortira en 2ème mi-temps, la douleur l’empêchant de courir. Le PSV reprend du poil de la bête et la maitrise des débats. 

Wim KIEFT égalise juste avant la mi-temps et le match s’est totalement inversé. Si au bout de 20 minutes un nul aurait été une bonne affaire pour le PSV à la sortie des vestiaires ce sont les bordelais qui se sentent soulagés de ce score de parité. Il faudra aller chercher la qualification au Philipps Stadion mais sans un Tigana diminué. Au retour les 2 équipes feront match nul 0-0 et le PSV passera, Tigana sur le banc rentrera à la 75ème minute et dès son entrée c’est le Robocop Koeman qui s’occupera de son cas en lui réservant un traitement de faveur. Mais plus que les coups portés ce sont les déclarations d’après match qui vont laisser un arrière gout amère. Koeman en conférence de presse déclarera sur l’attentat de Gilhaus au match aller : « Ce fut un geste de pure classe. Tigana était le plus dangereux, et il fallait le neutraliser à tout prix». Pour avoir fait l’apologie de la violence sur un terrain de football, l’UEFA décida de sanctionner Koeman de 3 matches de suspension (les deux demi finales et la finale). Il eut une réduction de peine et ne manqua que la demi-finale aller contre le Real Madrid.

Le PSV toujours aussi solide et froid, fera match nul à Madrid 1-1 et 0-0 chez eux. En finale après un 0-0, triste à mourir, face au Benfica de Lisbonne ils remportent pour la première fois de leur histoire la coupe aux grandes oreilles aux tirs aux buts. Le PSV réalise un triplé historique Coupe d’Europe-championant-coupe nationale mais laisse une pâle impression. En coupe d’Europe ils sont champions en ne remportant aucun de leurs 5 derniers matchs, se contentant de ne pas perdre et de casser le jeu et les chevilles des adversaires. Heureusement pour le football, quelques semaines plus tard, les « oranjes » remportaient le championnat d’Europe sous les exploits des Van Basten et Gullit et nous réconciliaient un peu avec le foot hollandais mais ceci est une autre histoire.

Voici la présentation des 2 équipes de ce quart de finale de triste mémoire :



Dominique DROPSY


Jean-Christophe THOUVENEL


Alain ROCHE


Eric PEAN


Gernot ROHR


Zoran VUJOVIC


René GIRARD


Jean TIGANA


Dominique BIJOTAT


Jean-Marc FERRERI




José TOURE




Zlatko VUJOVIC


Philippe FARGEON (voir le sujet sur Philippe FARGEON)


Aimé JACQUET



















Le PSV 1988 champion d’Europe 



Hans VAN BREUKELEN


Ronald KOEMAN


Ivan NIELSEN


Eric GERETS


Jan HEINTZE


Berry VAN AERLE


Willy VAN DE KERKHOFF


Soren LERBY


Hallvar THORESEN


Hans GILLHAUS


Gérald VANENBURG


Frank ARNESEN


Adick KOOT


Wim KIEFT


Guus HIDDINK

8 commentaires:

  1. Belle histoire mais je suis déçu de ne pas voir la gueule du boucher.

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  2. Mais c'est vrai Denis, j'en ai de ce joueur mais pas cette année là. Je les mettrais sur Facebook ou sur un .... quiz

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  3. Il est exact qu'à l'époque, cette histoire a fait couler beaucoup d'encre...surtout... en France !
    Bordeaux s'est fait piégé de manière discutable certes, mais ils se sont fait piégé, par plus malins, plus vicieux, plus calculateurs.
    Et de ce fait, cette coupe des champions 1988 ne restera pas dans les annales, avec ce vainqueur, le PSV, qui n'a fait rêvé personne, au terme d'une campagne quelconque et d'une finale sans but, sans jeu et sans panache face au Benfica qui n'a, à l'époque, rien proposé de mieux.
    Cela me permet de rebondir sur les Girondins, qui comme tu le dit, sortent d'une saison 86/87 historique et attaquent donc cette saison avec des ambitions renforcées.
    Mais, ce Bordeaux 87/88, est une équipe en fin de cycle, avec une attaque et un jeu assez pauvre pour prétendre décrocher le graal européen. En effet, Ferreri a du mal a prendre le jeu bordelais à son compte, Bijotat semble déprimer loin de la Principauté, Touré n'est plus le "brésilien" qui nous a fait rêvé quelques années plus tôt, et Fargeon, digère difficilement sa dernière demi-saison bordelaise où sa réussite était totale. De plus, certains cadres sont vieillissant à l'image de Rorh, Dropsy et Girard.
    Ajoutant à cela, une certaine lassitude du staff, Aimé Jacquet en tête, et nous avons peut-être une explication sur ce parcours européen finalement moyen.
    C'est dans tous les cas, le début de la fin, puisque la saison suivante, Jacquet sera limogé et certains cadres partiront vers d'autres cieux.
    Un dernier point pas forcément innocent : depuis ce match, Guus Hiddink, avec ses diverses formations entrainées, en a piégé d'autres et pas des moindres !

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  4. J'ai mis un commentaire, qui à priori, ne sera disponible qu'après vérification ???

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  5. Super commentaire Xavier.
    L'approbation n'est pas une censure, c'est le moyen le plus sûr que j'ai trouvé pour éviter le copiage lors des sessions du championnat mais jamais je réprimerais tes talents oratoires ;-) même si ils sont pas écrits

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  6. J'étais dans le stade, je me rappelle du silence qui a suivi l'agression ... glaçant, tout le monde savait que Tigana ne pourrait pas reprendre le jeu

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