Antonio CARECA et la vieille sorcière

Antônio de Oliveira Filho dit CARECA, l’origine de son surnom provient d’un clown nommé Carequinha qui faisait rire tout le Brésil au début des années soixante. Pour la petite histoire j’ai longtemps cru que Careca était le petit frère de Jairzinho (la faut aux médias français qui le présentait de la sorte) mais en fait il n’y a aucun lien de parenté, c’est juste la presse brésilienne qui l’a appelé comme ça car elle estimait, à juste titre, que Careca était le digne héritier du « petit jair » au sein de la séléçao.
Avant-centre rapide, technique, puissant, en un mot complet, que le monde entier découvrait pendant la coupe du monde 1986 et que pourtant on a failli ne pas voir sur le sol mexicain sans sa visite au fin fond de l’Amazonie chez une vieille sorcière. C’est que Careca avant l’intervention de la vieille « chamane » pense qu’il est maudit avec les coupes du monde. En 1982 alors qu’il est convoqué par Télé Santana il doit déclarer forfait pour le mondial espagnol 4 jours avant le début des festivités à cause d’une pubalgie et en 1985 il est absent des terrains plus de 6 mois à cause d’un virus que les médecins n’arrivent pas à soigner. Careca devant l’impuissance des apothicaires traditionnels décide d’aller voir une vieille dame en Amazonie qui soigne à partir des plantes qu’elle récolte dans la forêt équatoriale. Les brésiliens emploient le terme de sorcière alors qu’en France on parlerait plutôt de rebouteux. 

N’empêche que le résultat est efficace, Careca quitte son lit et retrouve les terrains et va connaitre une grande année 1986. Champion du Brésil avec Sao Paulo et meilleur buteur du championnat il va réaliser une coupe du monde incroyable marquant 5 buts en 5 matchs et sera élu meilleur joueur brésilien de l’année. Personnellement c’est lors de cette coupe du monde 86 que j’ai découvert cet attaquant qui ne faisait pas que rester dans la surface et qui participait grandement au jeu. Il marquera d’ailleurs cinq buts dans cette compétition.. Pour Old School Panini mais surtout pour mon plaisir personnel voici les 5 buts de Careca pendant cette coupe du monde. Il y a des buts de raccroc comme celui face à l’Algérie, mais surtout il y a des conclusions d’actions magnifiques, ce Brésil de Télé Santana était vraiment magnifique à voir évoluer.


 




Le dernier but contre la France est vraiment magnifique. Ce match, celle légende de plus de 120 minutes (voir le sujet France-Brésil 1986) Careca y a pesé de tout son talent, frappant sur le poteau puis sur la barre et poussant Bats à multiplier les parades. Careca est revenu sur ce match dans une interview, extrait : « 1982 avait été une grande déception, raconte-t-il. Je m’étais préparé, j’étais convoqué pour le Mondial et je me suis blessé à quatre jours du début de la compétition. C’est un mauvais souvenir. ». « Contre la France, nous nous sommes créé beaucoup d’occasions, mais on a perdu aux pénaltys. Sur ce match, pourtant, le Brésil a été meilleur.» Il complimente les Bleus : « Cette équipe avait de très bons joueurs, Platini, Fernandez, Tigana, mais elle a beaucoup défendu. » Careca ne peut surtout pas oublier Joël Bats : « Il était dans un jour exceptionnel, il a tout arrêté, même le pénalty de Zico. »
Mais si Careca a réussi à trompé Bats à la 17ème minute alors que ce jour là il était imbattable, j’ai l’explication : c’est que Careca avait fait disparaitre le gardien du PSG, regardez, sous un autre angle on ne voir plus BATS !! Encore un coup de se sorcière d’Amazonie, j’en suis sûr.



Si j’ai découvert CARECA au cours de son mondial, le joueur lui faisait déjà parler de lui depuis un bon moment. 

C’est à 18 ans que Careca va commencer à faire parler la poudre et de quelle façon. Son club formateurs le GUARANI F.C devient champion national en 1978 à la surprise générale coiffant toutes les grosses pointures. Lors du match décisif Guarani l’emporte 1-0 un but signé du gamin Antonio CARECA, à peine majeur. La légende est en route. Après 4 saisons au plus haut niveau et surtout des débuts avec la Seleçao, CARECA ne peut plus refuser les sirènes des grands clubs et part au Sao Paulo FC. Il y restera 5 ans, deviendra champion de l’état de Sao Paulo en 1985 avant d’être cloué par un sale virus comme on l’a vu plus tôt et va revenir plus fort que jamais, remporter son second titre national avec cette fois en prime le brassard de capitaine. Pour la petite histoire Sao Paulo remportera le titre face à ….Guarani. Même si il rate totalement son match, ratant un péno, CARECA depuis sa visite en Amazonie et sa visite « mystique » est comme protégé d’une aura, non ?




CARECA est alors « l’attaquant » du Brésil, son entente avec Muller est parfaite en club mais aussi en sélection où le tandem est reconduit par Télé Santana, il faut dire que les deux compères assistent à des séances d’entrainement très techniques : 


L’année 86 se conclue en beauté donc, pour Careca, ballon d’or brésilien, champion et meilleur buteur du championnat (25 buts), il peut quitter le Brésil avec le sentiment du devoir accompli, d’ailleurs les chiffres parle pour lui.
Avec GUARANI FC :
Entre 1977 et 1982 : 77 matchs de championnat pour 46 buts.
Avec le SAO PAULO FC :
Entre 1982 et 1987 : 188 matchs (toutes compétitions) pour 112 buts.

CARECA décide donc de rejoindre la vieille Europe et l’Italie. Il débarque en grande pompes au Napoli de Maradona tout juste sacré champion ‘Italie pour la première fois de son histoire. Le club de Maradona change alors vraiment de statut auréolé de son premier titre, il prend un virage sud américain avec cette magnifique triplette : Careca – Maradona – Alémao


La première saison de Careca est plutôt difficile à San Paolo, mais alors la seconde est incroyable ! Il plante 19 buts en 30 matchs de Série A, cependant le Napoli échoue par deux fois à la plus mauvaise place des compétitions intérieures. Second derrière le Milan des Van Basten et Gullit en championnat, les napolitains s’effondrent en finale de coupe d’Italie face à la Sampdoria de Gênes de Vialli et Mancini. En revanche sur la scène européenne, Naples et Maradona vont briller et remporter la coupe de l’UEFA la première et seule coupe d’Europe du club. CARECA marquera 6 fois lors des 12 rencontres européennes. 

CARECA ne rate pas les grands rendez-vous et c’est pour ça qu’il sera très populaire chez les tifosi. Lors de la finale de la coupe de l’UEFA face à Stuggart il s’illustrera lors des deux rencontres ( à l’époque la finale de la coupe d’UEFA se jouait en manches aller-retour). A l’aller, les napolitains sont cueillis à froid par les allemands qui ouvrent la marque à San Paolo (Gaudino 17ème). MARADONA égalisera à la 67ème avant que CARECA offre la victoire à la 88ème. Cependant 2-1 à domicile ce n’est pas un super score, il faudra à la bande à Maradona faire un résultat outre-Rhin. Et les napolitains vont frapper un grand coup à Stuggart, Alémao ouvre la marque tandis que Jurgen Klinsmann égalise dans le première ½ heure de jeu. Seulement avant la mi-temps, le jeune Ciro Ferrara redonne l’avantage avant que Careca, encore lui, scelle définitivement les débats. Naples mène 3 à 1 à l’extérieur à l’heure de jeu et peut gérer tranquillement. Pour l’honneur les allemands revient à 3-3 dans les arrêtes de jeux mais il leur aurait encore fallu 2 buts supplémentaires pour l’emporter.
CARECA et MARADONA sont au sommet et confirme la saison suivante en remportant pour une seconde fois le scudetto. Même si Careca ne finit pas en tête du classement des buteurs, il marque les esprits en marquant lros des grands rencontres, dans toute sa carrière en Italie, il marquera souvent face aux grosses écuries, comme le milan, la Juve ou l’Inter. Parmi tous ses buts dans le calcio (en 222 rencontres officielles avec le Napoli, Careca en inscrira 88) voici deux buts que j’ai choisi de mettre car je trouve qu’ils illustrent à la fois sa technique, son sens du jeu et du but, et qui sont l’œuvre d’un avant-centre très complet et on comprend pourquoi les tifosis napolitains l’adoraient !



Après 3 saisons en Italie et auréolé d’une coupe d’Europe et d’un Scudetto, Antonio CARECA à la lourde responsabilité de mener le Brésil à la victoire finale pour la coupe du monde qui à lieu sur la péninsule italienne. 

Careca et le Brésil sont les grands favoris de l’épreuve, eux qui ont brillamment remporter la copa america un an plus tôt. Careca à 30 ans, est sûrement au sommet de son art mais les échecs de 82 et 86 et du football samba de Télé Santana ont refroidi les esprits à la CBF. La Fédération Brésilienne veut remporter la coupe du monde qui leur échappe depuis 1970 (une éternité pour les brésiliens) et ne souhaite plus avoir le plus beau jeu au monde ils veulent juste le trophée. C’est une équipe rigoureuse avec un jeu calculateur qui débarque en Italie, cette équipe façonne par Lazaroni sera d’ailleurs appelé « Brésil DUNGA » cela résume bien l’état d’esprit de la Séléçao. CARECA, l’artiste, lui donne la mesure d’entrée en reformant le tandem qui lui sied bien avec son ancien coéquipier MULLER et signe un doublé lors de la première rencontre face à la Suède. Mais le Brésil ne convainc pas et après 3 succès sur la plus petite des marges, il affronte en 1/8ème de finale, l’éternel rival argentin. On assiste à un duel entre les mais Careca-Maradona, car si les hommes s’entendent à merveille sur le terrain, c’set le cas aussi en dehors. Les deux hommes sont toujours en contact et à un moment ils avaient envisagé d’entrainer le Napoli, un binôme avec Maradona entraineur et Careca adjoint. Maradona alors appelé au chevet de la sélection argentine le projet n’a pas vu le jour mais pendant la coupe du monde, Careca a confirmé que si l’occasion se présenterait il répondrait présent, extrait (il répond à une question si il souhait entrainer le Napoli) : « Oui, je l’ai dit. Mais pas en tant qu’entraîneur, mais adjoint de Maradona. Et je n’ai pas encore changé d’avis. Je vous informe à l’occasion que je suis toujours en contact avec Maradona, même après sa désignation à la barre technique de la sélection de son pays. »
Donc en 1/8ème de finale de la coupe du monde on assiste à un duel fratricide et si Careca maudit comme 4 ans auparavant frappe les montants à 2 reprises, c’est Diego, sur un exploit individuel, qui aura le dernier mot. Le Brésil non seulement sort en 1/8ème de finale mais a proposé un jeu indigne de sa réputation, les critiques pleuvent et Careca ne sera jamais champion du monde. IL tirera sa révérence quand il quittera l’Italie pour le Japon. En 11 années sous le maillot auriverde Careca aura marqué 29 fois en 60 sélections.
Le retour au calcio après le mondial sera d’une saveur particulière pour les napolitains. En effet MARADONA est suspendu 15 mois pour dopage, même si son jeune remplaçant, Gianfranco ZOLA, fait des merveilles mais ne remplace pas le maitre. Naples n’est plus l’ombre que lui-même et balbutie son football , seul Careca maintient son niveau de jeu malgré le poids des ans. Voici d’ailleurs le bilan comptable de CARECA à Napoli, saison par saison :

1987-88
Championnat : 26 matchs, 13 buts
Coupe d’Italie : 7 matchs, 5 buts
1988-89
Championnat : 30 matchs, 19 buts
Coupe d’Italie : 10 matchs, 2 buts
Coupe de l’UEFA : 13 matchs, 6 buts
1989-90
Championnat : 22 matchs, 10 buts
Coupe de l’UEFA : 7 matchs, 2 buts
1990-91
Championnat : 29 matchs, 9 buts
Coupe d’Italie : 6 matchs, 1 but
1991-92
Championnat : 33 matchs, 15 buts
Coupe d’Italie : 4 matchs, 2 buts
1992-93
Championnat : 24 matchs, 7 buts
Coupe d’Italie : 3 matchs, 3 buts.














A l’issue de cette ultime saison, Careca, à 33 ans, partira monnayer ses services dans la fructueuse Japan League pendant 2 saisons au Kashiwa REYSOL. 

Mais le cœur du brésilien sera définitivement resté à Naples où, selon lui, il a conne ses plus fortes émotions de footballeur. « les plus belles années de ma carrière je les ai passées au Napoli durant lesquelles j’ai joué aux côtés de Maradona et d’autres joueurs qui sont devenus très importants, comme Fabio Cannavaro et bien d’autres qui ont réussi par la suite une carrière d’entraîneur, à l’instar des Ferrara, Zola et le Français Laurent Blanc. »
Careca retournera bien au pays et raccrochera les crampons en 1999 à 39 ans et on le reverra apparaitre en 2005 à 45 ans pour un ultime retour dans un club de seconde zone mais la plaisanterie ne durera que quelques semaines.

Aujourd’hui CARECA a pleinement assumé sa reconversion et s’occupe d’un centre de formation, comme il l’explique : « Je m’occupe d’un centre de formation de centaines de jeunes de différentes catégories. Mon ami et ex-coéquipier Edmar s’occupe de la gestion et de l’organisation. Le but de notre centre ne se limite pas à la formation, à la découverte des talents pour ensuite les proposer aux clubs, mais nous travaillons aussi dans un cadre social pour aider nos jeunes sur le double plan culturel et éducatif »
Un artiste, un vrai, une idole de Naples qui a réussi à s’imposer malgré l’ombre du géant Diego en faisant vibrer le stade San Paolo à chacune de ses sorties.


5 commentaires:

  1. Les superlatifs vont finir par manquer! quel article splendide bravo! (la sorcière mdr)
    Careca, un vrai buteur, un pur numéro 9! mon premier souvenir de lui, le concours de danse avec Roger Milla en 1990, Brésil-Suède il marque et fait un pas de samba, maravilhoso!
    Le maillots du Napoli sont magnifiques

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  2. Je suis entièrement d'accord avec Tonino ! c'est une nouvelle fois excellent !

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  3. Arretez les gars vous allez me faire rougir. Lui c'était mon idole quand j'étais petit. après la coupe du monde 1986 je suis devenu grand fan de ce joueur donc je pense que ça se sent un peu que je voulais faire un gros papier sur le bonhomme. Ça fait des mois que je mets de côté les documents, les extraits d'interview..; Mais je ne me lasse pas de voir la dernière photo du sujet ! Elle est sublime !

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  4. Careca !

    J 'ai en mémoire ce but contre la france.
    En une action des plus somptueuse, le brésil efface toute la défense championne d 'europe...

    Il est vrai que le brésil a frappé deux fois sur le poteau.

    Mais c'est oublier les incursions incessantes de Amoros, le feu dans la surface allumé par Rocheteau. La faute du gardien sur Bellone...
    Et le collectif français qui est tout simplement au somme t de son art face à ceux que l'on considérerait comme les Dieux du football.

    Il est vrai que le brésil de 90 ne ressemblait en rien à celui de Tele Santana et son élimination malheureuse face à des argentins opportunistes laissera un bien pale souvenir de cette génération perdue...

    Mon dernier souvenir remonte à son élimination en coupe UEFA par le PSG en 92

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  5. Merci BUSCAPE, j'adore toujours tes commentaires ;-)

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